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词典释义:
totalitarisme
时间: 2023-09-26 12:50:56
[tɔtalitarism]

n.m. 1. 极权制,极权政体 2. 绝对权威型的性格,说一不二

词典释义
n.m.
1. 极权制,极权政体
2. 绝对权威型的性格,说一不二
Il est d'un totalitarisme qui fait le malheur de sa famille.他的脾气说一不二,家庭不幸。

近义、反义、派生词
近义词:
autoritarisme,  dictature,  omnipotence,  despotisme,  fascisme,  tyrannie
反义词:
démocratie,  individualisme,  libéralisme
联想词
fascisme 法西斯制度,法西斯政权; totalitaire 总体的,总括的; communisme 共产主义; libéralisme 主张; nazisme 纳粹主义; socialisme 社会主义; populisme 民众主义; capitalisme 资本主义; nationalisme 民族主义; fanatisme 狂热崇拜,盲信,入迷; marxisme 马克思主义;
短语搭配

Il est d'un totalitarisme qui fait le malheur de sa famille.他的脾气说一不二,由此造成家庭不幸。

原声例句

Mais comment déchirer au plus vite des millions de fiches de renseignements individuels, compilé pendant près de quatre années de totalitarisme ?

可是,如何以最快的速度,把这些在将近四十年的极权统治下编纂的几百万份个人档案完全销毁呢?

[那些我们没谈过的事]

Succès littéraire et commercial immédiat, cette fiction contre le totalitarisme est conspuée par une partie de la gauche qui lui reproche de trahir la cause socialiste.

它在文学和商业上立即获得了成功,这部反对极权主义的小说被一些左派人士蔑视为背叛了社会主义事业。

[历史人文]

De l'autre, le rejet du système soviétique et de son totalitarisme.

另一方面,拒绝苏联体制及其极权主义

[法国TV2台晚间电视新闻 2022年8月合集]

Ses deux projets-phare, la glasnost et la perestroika, les libertés et la transformation économique, visaient à faire émerger une URSS sans totalitarisme.

他的两个旗舰项目,公开和改革,自由和经济转型,旨在实现没有极权主义的苏联。

[Géopolitique franceinter 2022年8月合集]

L'histoire nous l'apprend : ce sont toujours les totalitarismes et les intégrismes qui interdisent la musique, brûlent les livres, détruisent le patrimoine, tentent d'effacer la mémoire de ceux qui les précèdent.

[同传2]

例句库

Comme d'autres pays membres de l'Organisation des Nations Unies qui se sont battus pour leur liberté, des milliers de Nicaraguayens sont morts en la conquérant, victimes d'un mouvement de balancier pervers qui passait de l'autoritarisme au totalitarisme.

与争取自由的联合国其他会员国的人民一样,数千尼加拉瓜人为自由而死亡,他们是权威主义与极权主义邪恶交替现象的牺牲品。

Les terroristes au Népal propagent la violence au nom de l'idéologie dépassée, rejetée et ratée du totalitarisme.

在尼泊尔的恐怖分子以极权主义之名传播暴力,而极权主义已经过时,受到否定,是行不通的。

Il faut absolument que la communauté internationale unisse ses efforts face aux tentatives visant à réhabiliter et à glorifier le nazisme et toute autre forme de racisme militant et de totalitarisme.

毫无必须巩固国际社会抵制恢复纳粹主义和其他形式极端种族主义和极权主义名声并将其理想化的企图的努力。

Aujourd'hui, j'engage notre pays à organiser une Olympiade pour la paix : quatre ans d'efforts les plus inlassables et un engagement vis-à-vis de la communauté internationale de combattre les maux qui ont maintenu notre communauté des nations dans la guerre, sous le totalitarisme et l'oppression.

今天,我保证我国将进行四年的和平奥林匹克运动:在四年里要坚持不懈地作出最大努力,并且要国际社会保证同使我们国际社会面临战争、极权统治和压迫的罪恶作斗争。

Cependant, nous nous débattons toujours dans les affres que nous a légué le totalitarisme.

然而,我们仍然在努力克服极权主义的消极遗产。

Ceux qui se sont récemment relevés d'un conflit ou libérés de l'emprise du totalitarisme n'ont pas nécessairement à leur disposition tous les éléments nécessaires au bon fonctionnement de la société civile.

那些最近刚从危机中复苏和从极权政体下摆脱的国家并不一定必须具备维持民间社会良好运行所必需的全部因素。

Depuis les élections d'avril 2008, qui ont amené les maoïstes au pouvoir, les officiers supérieurs de l'armée ont affirmé à plusieurs reprises que seule l'armée népalaise se tient entre le pays et le totalitarisme.

从去年4月选举导致毛派上台以来,高级军官一再声称,只有尼泊尔军队能够阻止国家走向极权主义。

Nous sommes fermement convaincus que seule une approche complète de ces questions complexes nous permettra de surmonter l'héritage du totalitarisme.

我们强烈认为,只有全面解决这些错综复杂的问题,我们才能克服专制历史遗留下来的问题。

La faction militaire de l'UNITA représente un des derniers vestiges du totalitarisme en Afrique.

安盟的军事派别是非洲极权主义的最后堡垒之一。

La faction militaire de l'UNITA représente l'un des derniers bastions du totalitarisme en Afrique.

安盟的军事派系是非洲最后几个集权主义据点之一。

法语百科

Benito Mussolini et Adolf Hitler, en 1937.

Mao Zedong et Joseph Staline, en 1949.

Le totalitarisme est l'un des principaux types de systèmes politiques avec la démocratie et l'autoritarisme. C'est un régime à parti unique, n'admettant aucune opposition organisée et dans lequel l'État tend à confisquer la totalité des activités de la société. C'est un concept forgé au XX siècle, durant l'entre-deux-guerres, avec une apparition concomitante en Italie, en Allemagne et en URSS. Le totalitarisme signifie étymologiquement « système tendant à la totalité. »

L'expression vient du fait qu'il ne s'agit pas seulement de contrôler l'activité des personnes, comme le ferait une dictature classique. Le régime totalitaire va au-delà en tentant de s'immiscer jusque dans la sphère intime de la pensée, en imposant à tous les citoyens l'adhésion à une idéologie obligatoire, hors de laquelle ils sont considérés comme ennemis de la communauté.

Les caractéristiques habituellement retenues pour définir le totalitarisme sont : un monopole idéologique, c'est-à-dire la conception d'une vérité qui ne supporte aucun doute, qui est imposée à tous et qui est généralement orientée vers la lutte contre les ennemis du régime, un parti unique contrôlant la totalité de l'appareil étatique c'est-à-dire disposant de l'ensemble des moyens de communication de masse qu'il utilise comme des instruments de propagande, qui crée des structures d'embrigadement de chaque catégorie de la société et qui dispose d'une direction centrale de l'économie. Le parti unique est dirigé idéalement par un chef charismatique et autour duquel est formé un « culte du chef », faisant de lui plus qu'un simple dictateur mais plutôt un guide pour son peuple, lui seul en connaissant les véritables aspirations. Un monopole de la force armée, un système à la fois policier qui a recours à la terreur avec par exemple un réseau omniprésent d'agents dormants et de surveillance des individus, basée sur la suspicion, la dénonciation et la délation ; et également concentrationnaire afin de pouvoir se prémunir contre tout individu potentiellement suspect. Ainsi ces systèmes ont systématiquement recours à l'emprisonnement, la torture et l'élimination physique des opposants ou personnes soupçonnées comme telles, et la déportation des groupes de citoyens jugés « suspects », « inutiles » ou « nuisibles ».

Les origines du concept

On peut définir le totalitarisme comme une idéologie qui « nie toute autonomie à l'individu et à la société civile et s'emploie à les supprimer autoritairement au profit d'une vision moniste du pouvoir et du monde ; recouvrant tous les aspects de la vie humaine, cette idéologie fonde et justifie la domination absolue de l'État ». À partir de cette définition simple et très généralement admise, ont été développées des interprétations et surtout des utilisations du concept de totalitarisme. Elles s'appuient en particulier sur l'analyse développée par Hannah Arendt (1906-1975) dans Les origines du totalitarisme (1951).

L'adjectif « totalitaire » (« totalitario ») apparut en Italie dès le mois de mai 1923 (on prête parfois son invention à Giovanni Amendola, opposant et victime du fascisme). Ce concept fut d'emblée un instrument de pensée et de lutte politique. Son emploi se répandit dans les milieux antifascistes italiens. Ainsi Carlo Sforza (libéral républicain), Gaetano Salvemini (gauche anticommuniste) et surtout Luigi Sturzo (démocrate-chrétien) furent dans l'Entre-deux-guerres des utilisateurs du concept de totalitarisme. En 1925, les théoriciens du fascisme reprirent de manière opportuniste le terme à leur compte, en lui attribuant une connotation positive, celle d'unité du peuple italien. Benito Mussolini exaltait sa « farouche volonté totalitaire », appelée à délivrer la société des oppositions et des conflits d'intérêts. Dans la seconde moitié des années 1920, l'ancien président du Conseil des ministres italien Francesco Saverio Nitti « aurait le premier établi des rapprochements entre la structure du fascisme italien et le bolchevisme ». Giovanni Gentile, théoricien du fascisme, mentionna le totalitarisme dans l'article « doctrine du fascisme » qu'il écrivit pour Enciclopedia Italiana et dans lequel il affirma que « ... pour le fasciste tout est dans l'État et rien d'humain et de spirituel n'existe et il a encore moins de valeur hors de l'État. En ce sens le fascisme est totalitaire... ».

L'écrivain allemand Ernst Jünger, par son exaltation de la « mobilisation totale », décrit les contours du totalitarisme. Il célèbre la guerre et la technique moderne comme annonciatrices d'un nouvel ordre, incarné par la figure de l'ouvrier-soldat, œuvrant au sein d'une société encadrée et disciplinée comme une armée. Selon lui, la Première Guerre mondiale avait marqué un tournant historique vers cette forme nouvelle de civilisation : pour la première fois dans l'histoire de l'Europe, les forces humaines et matérielles du monde industriel moderne avaient été mobilisées dans leur « totalité » pour accomplir l'effort de guerre.

La première utilisation du terme de totalitarisme pour désigner dans le même temps les États fasciste et communiste semble avoir été faite en Grande-Bretagne en 1929. Dans les années 1930, le concept fut utilisé sous la plume d'écrivains pro-nazis. Carl Schmitt employait ce terme pour mettre en lumière la crise du libéralisme et du parlementarisme et exprimer la nécessité d'une politique plus autoritaire. Simone Weil écrivait en 1934 : « il apparaît assez clairement que l'humanité contemporaine tend un peu partout à une forme totalitaire d'organisation sociale, pour employer le terme que les nationaux-socialistes ont mis à la mode, c'est-à-dire à un régime où le pouvoir d'État déciderait souverainement dans tous les domaines, même et surtout dans le domaine de la pensée. »

Emblème de l'Association de Soutien à l'Autorité Impériale (大政翼賛会, Taisei Yokusankai), le parti fondé le 12 octobre 1940 par Fumimaro Konoe, qui visait à implanter au sein de l'empire du Japon une structure totalitaire destinée à promouvoir la guerre totale.

Le régime autoritaire franquiste issu de la guerre civile espagnole s’est défini comme totalitaire dans ses premières années, affirmant ainsi sa parenté avec le fascisme, avant d'effacer ce terme de la constitution. Il en est de même du régime impérial japonais lors de la première partie de l'ère Shōwa, à compter de la constitution de l'Association de Soutien à l'Autorité Impériale. En 1940, dans une entrevue accordée au New York Herald, le ministre des Affaires étrangères du cabinet de Fumimaro Konoe, Yōsuke Matsuoka, n'hésitait pas à faire l'apologie du totalitarisme, prédisant sa « victoire sans équivoque dans le monde » et « la banqueroute du système démocratique ».

Dans le monde anglo-saxon, William Henry Chamberlin et Michael Florinsky ont été parmi les premiers à faire usage du concept de totalitarisme. Divers théoriciens de gauche, comme Franz Borkenau ou Richard Löwenthal, ont employé le concept « pour caractériser tout ce qui leur paraît nouveau et spécifique dans le fascisme (ou le nazisme), en dehors de toute comparaison avec le communisme soviétique ». Le concept de totalitarisme cristallisait également la réflexion sur les formes modernes de tyrannie et, plus particulièrement, sur la violence exercée sur autrui, qui semblait inséparable du fonctionnement des régimes nazi et communiste. Finalement, les traits fondamentaux qui ont dominé la discussion de l'après-guerre sur le totalitarisme étaient déjà présents dans les années 1930. Pierre Hassner affirme : « On peut dire qu'en un sens Hannah Arendt n'a fait que nouer en une synthèse géniale [...] les différents éléments en dégageant la logique qui les sous-tendait. »

Le pacte germano-soviétique, signé en 1939 entre l'Allemagne nazie et l'URSS, fut présenté par certains comme une illustration de l'apparition d'un nouveau type de régime (l'antithèse du libéralisme) qui ferait le lien entre les idéologies fasciste et soviétique. Par exemple, dans The Totalitarian Enemy, paru à Londres en 1940, l'ancien communiste autrichien Franz Borkenau voulait éclairer l'opinion publique sur les vrais enjeux de la guerre : il s'agissait de détruire le totalitarisme incarné dans le nazisme et le bolchevisme. Les différences entre ces deux courants étaient minimes pour l'auteur : le bolchevisme se limitait à un « fascisme rouge » et le nazisme à un « bolchevisme brun ». D'après Borkenau, la dynamique inhérente au marché capitaliste conduisait inévitablement à une centralisation et une planification de l'économie : la révolution totalitaire n'était rien d'autre que la révolution socialiste prophétisée par Karl Marx. Mais cette sous-estimation des différences entre le bolchevisme et le nazisme « ne diminue pas, selon Krzysztof Pomian, l'importance historique de Totalitarian Enemy. Y sont évoqués, en effet, presque tous les thèmes repris plus tard par l'abondante littérature consacrée au totalitarisme. »

Des définitions diverses

Définition selon Hannah Arendt

Parade en l'honneur de Staline, Dresde, Allemagne de l'Est, 1953.

La philosophe Hannah Arendt a apporté une définition du concept de totalitarisme dans son livre Les Origines du totalitarisme (1951). Selon elle, deux pays seulement avaient alors connu un véritable totalitarisme : l'Allemagne sous le nazisme et l'URSS sous Staline. Elle distingue toutefois des tendances ou des épisodes totalitaires en dehors de ces deux cas. Elle cite notamment le maccarthisme au début des années 1950 aux États-Unis ou encore les camps administratifs français où furent enfermés les réfugiés de la guerre d'Espagne.

Ces régimes n'admettent qu'un parti unique qui contrôle l'État, qui lui-même s'efforce de contrôler la société et plus généralement tous les individus dans tous les aspects de leur vie (domination totale). D'un point de vue totalitaire, cette vision est erronée : il n'y a qu'un parti parce qu'il n'y a qu'un tout, qu'un seul pays, vouloir un autre parti c'est déjà de la trahison ou de la maladie mentale (une forme de dédoublement de la personnalité, amenant à se croire plusieurs alors qu'on est un).

Le totalitarisme tel qu'il est ainsi décrit par Hannah Arendt n'est pas tant un « régime » politique qu'une « dynamique » autodestructive reposant sur une dissolution des structures sociales.

Dans cette optique, les fondements des structures sociales ont été volontairement sabotés ou détruits : les camps pour la jeunesse ont par exemple contribué à saboter l'institution familiale en instillant la peur de la délation à l'intérieur même des foyers, la religion est interdite et remplacée par de nouveaux mythes inventés de toute pièce ou recomposés à partir de mythes plus anciens, la culture est également une cible privilégiée. Hanns Johst avait ainsi écrit dans une pièce de théâtre : « Quand j'entends le mot culture, j'enlève le cran de sureté de mon Browning. » (Cette phrase a également été prononcée en public par Baldur von Schirach, chef des Jeunesses hitlériennes).

L'identité sociale des individus laisse place au sentiment d'appartenance à une masse informe, sans valeur aux yeux du pouvoir, ni même à ses propres yeux. La dévotion au chef et à la nation devient la seule raison d'être d'une existence qui déborde au-delà de la forme individuelle pour un résultat allant du fanatisme psychotique à la neurasthénie. La domination totale est réalisée : les « ennemis objectifs » font leur autocritique pendant leurs procès et admettent la sentence. Les agents du NKVD russe arrêtés avaient ainsi un raisonnement du type « si le Parti m'a arrêté et désire de moi une confession, c'est qu'il a de bonnes raisons de le faire ». Arendt remarque en outre qu'aucun agent arrêté n'a jamais tenté de dévoiler un quelconque secret d'État, et est toujours resté fidèle au pouvoir en place, même lorsque sa mort était assurée.

Les sociétés totalitaires se distinguent par la promesse d'un « paradis », la fin de l'histoire ou la pureté de la race par exemple, et fédèrent la masse contre un ennemi objectif. Celui-ci est autant extérieur qu'intérieur et sera susceptible de changer, suivant l'interprétation des lois de l'Histoire (lutte des classes) ou de la Nature (lutte des races) à l'instant « t ». Les sociétés totalitaires créent un mouvement perpétuel et paranoïaque de surveillance, de délation et de retournement. Les polices et les unités spéciales se multiplient et se concurrencent dans la plus grande confusion.

Contrairement aux dictatures traditionnelles (militaires ou autres), le totalitarisme n'utilise pas seulement la terreur dans le but d'écraser l'opposition. La terreur totalitaire continue même lorsque toute opposition est écrasée. Même si le groupe considéré comme un ennemi a été anéanti (par exemple les trotskistes en URSS), le pouvoir en désignera continuellement un autre. Hitler et les nazis avaient ainsi prévu l'extermination des peuples ukrainiens, polonais et russes une fois les Juifs éliminés.

Des purges régulières ordonnées par le chef de l'État, seul point fixe, donnent le tempo d'une société qui élimine par millions sa propre population, se nourrissant en quelque sorte de sa propre chair. Ce programme est appliqué jusqu'à l'absurde, les trains de déportés vers les camps de concentration et d'extermination de l'Allemagne nazie restèrent toujours prioritaires sur les trains de ravitaillement du front alors même que l'armée allemande perdait la guerre. Les régimes totalitaires se distinguent des régimes autoritaires et dictatoriaux par leur usage permanent de la terreur, contre l'ensemble de la population (y compris les « innocents » aux yeux même de l'idéologie en vigueur) et pas seulement contre les opposants réels. L'usage permanent de la terreur a pour corollaire celui de la propagande, omniprésente dans un État totalitaire.

Par ailleurs, le totalitarisme n'obéit souvent à aucun principe d'utilité : les structures administratives sont démultipliées sans se superposer, les divisions du territoire sont multiples et ne se recoupent pas. La bureaucratie est consubstantielle du totalitarisme. Tout cela a pour but de supprimer toute hiérarchie entre le chef et les masses, et garantir la domination totale, sans aucun obstacle la relativisant. Le chef commande directement et sans médiation tout fonctionnaire du régime, en tout point du territoire. Le totalitarisme est à différencier de l'absolutisme et de l'autoritarisme (où la source des lois, la légitimité du chef sont extérieures au pouvoir exercé par le régime, comme Dieu ou encore les lois de la nature, « même le plus draconien des régimes autoritaires est lié par des lois »). Dans le cas de l'autoritarisme, toute la société est hiérarchisée et le pouvoir se transmet de couche en couche, du sommet de la pyramide vers les bas alors que dans le cas du totalitarisme, aucune instance intermédiaire de ne vient relayer, voire atténuer l'autorité du chef totalitaire.

Dans son introduction d’une nouvelle édition de The Origins of Totalitarianism, en 1966, Hannah Arendt s’est opposée à l’usage idéologique du terme de totalitarisme concernant tous les régimes communistes à parti unique.

Michelle-Irène Brudny considère que la pensée de Hannah Arendt comporte des exagérations, dans sa prétention de tout englober : « le philosophe, parfois intrépide ou, plus sûrement, devenu téméraire par sa volonté obsessive de comprendre, se sent tenu, au risque du paradoxe, de produire une interprétation "générale". » L’ouvrage d'Arendt a néanmoins convaincu la majorité de l’opinion et reçu de nombreux éloges.

Définition selon Carl Joachim Friedrich

Dans les années 1950, le politologue Carl Joachim Friedrich et son assistant Zbigniew Brzezinski identifient comme « totalitaire » un régime dans lequel on trouve six éléments : une idéologie officielle, un parti « de masse » unique, la terreur policière, le monopole des médias, celui des forces armées et une économie planifiée.

Définition selon Claude Lefort

Claude Lefort fait partie des théoriciens du politique qui postulent la pertinence d’une notion de totalitarisme dont relèvent le stalinisme comme le fascisme, et considèrent le totalitarisme comme différent en son essence des grandes catégories utilisées par le monde occidental depuis la Grèce antique, comme les notions de dictature ou de tyrannie. Cependant, contrairement aux auteurs comme Hannah Arendt qui limitent la notion à l’Allemagne nazie et à l’Union soviétique entre 1936 et 1953, Lefort l’applique aux régimes d’Europe de l’Est dans la deuxième moitié du XX siècle, c’est-à-dire à une époque où la terreur, un élément central du totalitarisme chez d’autres auteurs, avait perdu sa dimension paroxystique. C’est à l’étude de ces régimes, et à la lecture notamment de L'Archipel du Goulag (1973) d’Alexandre Soljenitsyne, qu’il a développé son analyse du totalitarisme. Sans la théoriser en un ouvrage unifié, il a publié en 1981 : L'Invention démocratique : les limites de la domination totalitaire, recueil d’articles parus entre 1957 et 1980.

Définition selon Bernard-Henri Lévy

Bernard-Henri Lévy opère une critique du totalitarisme proche de celle d’André Glucksmann, et des prises de position que prend Michel Foucault en 1977. Centrée par Glucksman sur la question de la responsabilité de la philosophie allemande dans la construction du nazisme et du stalinisme, la critique qu'envisage Lévy, et sa définition du schéma totalitaire, se déplacent sur le terrain de la désirabilité de la révolution, selon des données que Foucault conçoit ainsi dans un entretien publié en 1977 : « Le retour de la révolution, c’est bien là notre problème. Il est certain que, sans lui, la question du stalinisme ne serait qu’une question d’école – simple problème d’organisation des sociétés ou de validité du schéma marxiste. Or c’est de bien autre chose qu’il s’agit, dans le stalinisme. Vous le savez bien : c’est la désirabilité même de la révolution qui fait aujourd’hui problème.»

Dans son essai, La Barbarie à visage humain, Bernard-Henri Lévy met en cause la positivité pure liée au désir de la révolution – non pas d'une révolution, mais de la révolution, décisive, radicale, finale –, et à l'optimisme conceptuel, délibéré et assumé, qui « dope » alors la pensée. L'optimisme ne dépend plus, dans ce cas, d'un trait de caractère, mais d'une construction idéologique. Désir du meilleur, l’optimisme ainsi conçu créerait la condition qui permet d’accomplir jusqu’au pire avec la conviction de s’améliorer sans cesse. Les totalitarismes, quelles que soient leurs différences par ailleurs, se reconnaîtraient, tant dans leur théorie que dans leur pratique, à l'exigence de requérir la perception d'une dynamique purement positive, optimisante et énergisante, associée à l'idée d'une providence toute-puissante et naturelle, qui mènerait nécessairement les hommes vers une « société bonne » méthodiquement « épurée » de ses éléments « corrupteurs ».

D'autres contributions à la réflexion philosophique sur le totalitarisme

Joseph Goebbels, ses enfants et des dignitaires faisant le salut nazi à la fête de noël 1937.

De nombreux philosophes, cherchant à trouver une explication aux tragédies du XX siècle, ont traité de la question du totalitarisme. Le courant philosophique recherchant « l’essence » du totalitarisme a mis l’accent sur son contenu idéologique et ses méthodes.

Le fascisme, le nazisme et le stalinisme ont été interprétés en tant que « religions séculières ». Le philosophe allemand Eric Voegelin a construit une analyse du XX siècle sur la base de cette notion. Les idéologies totalitaires remplaçaient la religion, car elles demandaient à leurs adeptes de croire à la promesse d’un salut sur terre.

Pour Marcel Gauchet, certains totalitarismes comme le stalinisme, le fascisme et le nazisme sont des « religions séculaires », des expériences de croyance qui entrainaient le fanatisme. Au delà de leur antagonisme premier, ce qui unit ces totalitarismes et font leur séduction est la restauration sous des formes modernes de sociétés passées qui étaient organisée par la religion: recours au culte de la personnalité, sacralisation du lien entre le peuple et l'État via le parti unique comme auparavant le clergé, obsession propagandiste et de l'unité de la foi.

Soutenue par plusieurs auteurs, l'assimilation plus ou moins poussée de l'idéologie totalitaire à la religion a été critiquée par Hannah Arendt pour qui le fait que l'idéologie accomplit une fonction similaire à celle de la religion ne justifie pas de confondre les deux notions.

Waldemar Gurian, historien et essayiste d’origine russe émigré aux États-Unis en 1937, a introduit la notion d’« idéocratie ». Selon Gurian, les totalitarismes bolchevique et nazi, en tant que régimes engendrés et structurés par une idée, étaient « idéocratiques ». L’idéocratie désignait toute forme d’organisation politique où il y avait fusion entre le pouvoir et une idéologie donnée. Le terme s’appliquait fréquemment aux régimes où un parti unique avait la mainmise sur l’appareil étatique.

L’historien israélien Jacob L. Talmon a également perçu le totalitarisme comme le produit d’une idée. D’après lui, le totalitarisme avait sa matrice dans la philosophie des Lumières. L’intelligentsia russe a été influencée par le messianisme politique du XVIII siècle, c’est-à-dire par l’annonce d’un avenir radieux et par l’affirmation qu’il existe en politique une vérité, une seule. Jacob Talmon considérait Jean-Jacques Rousseau (auteur de la théorie de la volonté générale), Maximilien de Robespierre (le premier praticien de la Terreur) et Gracchus Babeuf (le premier conspirateur communiste) comme des précurseurs du totalitarisme.

Alain Besançon a repris l'analyse du totalitarisme comme idéocratie : « L'idéologie n'est pas un moyen du totalitarisme mais au contraire le totalitarisme est la conséquence politique, l'incarnation dans la vie sociale de l'idéologie ». Comme Jacob Talmon, Alain Besançon voit dans la Révolution française la matrice du totalitarisme et porte un regard très critique sur l'héritage rationaliste des Lumières.

Le modèle totalitaire

Dans les années 1950, le concept de totalitarisme a été perfectionné en un « modèle » par des politologues soucieux d’aboutir à une catégorisation des régimes politiques. Le modèle du totalitarisme a été formé par opposition à d’autres modèles, comme les modèles des régimes « démocratiques-constitutionnels » et « autoritaires-conservateurs ».

Sous le titre de Permanent Revolution, Sigmund Neumann a publié une étude sur le totalitarisme en 1940. Il insistait sur le fait que l'État totalitaire menait une « révolution permanente », tandis que les autoritarismes traditionnels avaient généralement été conservateurs. Selon Neumann, le caractère principal des régimes totalitaires était d'institutionnaliser la révolution, ce qui leur permettait d'assurer leur propre perpétuation.

Mais lorsque les historiens s'emparent du concept, c'est beaucoup plus selon la définition fixée, à l'origine, par le politologue Carl Friedrich, qui a permis au concept de totalitarisme d'acquérir sa pleine légitimité dans le domaine des sciences sociales. L'ouvrage écrit par Friedrich et son jeune collaborateur de l'université Harvard Zbigniew Brzezinski est, selon Enzo Traverso, « le livre qui a le plus polarisé le débat pendant les années cinquante et soixante ». Leur analyse du totalitarisme a représenté pendant longtemps le traitement théorique qui a fait le plus autorité. Les deux auteurs présentaient un « syndrome » du totalitarisme comportant cinq caractéristiques fondamentales : (1) un parti unique contrôlant l'appareil d'État et dirigé par un chef charismatique ; (2) une idéologie d'État promettant l'accomplissement de l'humanité ; (3) un appareil policier recourant à la terreur ; (4) une direction centrale de l'économie et ; (5) un monopole des moyens de communication de masse. Dans cette vision, les dictatures totalitaires, en tant que forme nouvelle et extrêmement moderne d'autoritarisme, étaient la forme achevée du despotisme. De plus, les sociétés totalitaires étaient présentées comme fondamentalement semblables entre elles.

On peut y ajouter comme autres aspects pratiques, la prise en main totale de l'éducation pour la baser sur l'idéologie et la mise en place d'un réseau omniprésent de surveillance de l'individu. Une prépondérance était accordée au facteur technique : c’est la technologie moderne qui rendait le pouvoir politique capable d’avoir une emprise totale sur les populations. L’État totalitaire consistait en une énorme bureaucratie, laquelle faisait preuve d’une efficacité sans failles. Une des caractéristiques du totalitarisme était qu’il enrégimentait physiquement et mentalement la population. L’idéologie constituait un instrument de gouvernement sans pareil, par l'endoctrinement des populations. La propagande avait l’effet d’un lavage de cerveau, permettant d’obtenir l’assentiment du peuple. Selon Claude Polin, les idéologies totalitaires permettaient « de mettre les esprits même en esclavage, et de tarir toute révolte à sa source vive, en ôtant jusqu’à son intention même ».

Les politologues de cette période tiraient des conclusions très pessimistes à propos du futur. Selon eux, il était improbable que la dictature totalitaire, compte tenu de sa dynamique interne, s’effondre d’elle-même ou soit renversée par une révolution. Il y avait aussi d’énormes obstacles à la libéralisation du régime, étant donné la loi arbitraire et l’absence d’initiative démocratique. Les structures du totalitarisme le rendaient incapable d’évoluer, mais pas incapable de se reproduire. Cet État tout-puissant tâchait même d’étendre son emprise sur l’ensemble du monde. Les projets totalitaires de révolution mondiale semblaient seulement pouvoir être contrecarrés par une intervention militaire extérieure, comme cela s’était passé face au nazisme.

Dans son premier livre traitant du totalitarisme soviétique, Brzezinski mettait l’accent sur la mobilisation totale des ressources par l’État, sur l’anéantissement de toute opposition et sur la terreur générale. La purge, perçue comme le noyau du totalitarisme, « satisfait les besoins du système en dynamisme et en énergie continuels ». Dans cet ouvrage, Brzezinski prévoyait la constante aggravation du totalitarisme. Les mouvements totalitaires étaient particulièrement redoutables car « leur dessein est d’institutionnaliser une révolution qui progresse en étendue, et souvent en intensité, à mesure que le régime se stabilise au pouvoir. L’objectif de cette révolution est de pulvériser toutes les unités sociales existantes afin de remplacer l’ancien pluralisme par une unanimité homogène ».

La destruction de la société ancienne, par l’application croissante de mesures de coercition, était menée afin de reconstruire cette société et l’homme lui-même en fonction de certaines conceptions « idéales » définies par l’idéologie. « La terreur devient donc une conséquence inévitable, ainsi qu’un instrument, du programme révolutionnaire. » Dans son analyse du totalitarisme soviétique, Brzezinski accordait un grand poids à l’idéologie révolutionnaire qui, une fois prise en main par un parti unique bureaucratisé, engendrait un impact social total.

Le politologue reconnaît que « le système politique de Khrouchtchev n’est pas le même que celui de Staline, bien que les deux puissent être généralement décrits comme totalitaires. » Sous Khrouchtchev, la terreur a laissé place à une politique d’endoctrinement qui est devenue la principale caractéristique du système. Mais quand le dynamisme et le zèle révolutionnaires décroissent, « le système est renforcé par des réseaux de contrôle complexe qui imprègnent toute la société et mobilisent ses énergies à travers une pénétration très fine. »

Betty Brand Burch a résumé ainsi la définition classique du totalitarisme : « le totalitarisme est une forme extrême de dictature qui est caractérisée par le pouvoir illimité et démesuré des dirigeants, la suppression de toutes formes d’opposition autonome, et l’atomisation de la société d’une façon telle que quasiment chaque phase de la vie devient publique et donc sujette au contrôle de l’État. »

D'après la définition de Raymond Aron, le totalitarisme qualifie les systèmes politiques dans lesquels s'accomplit « l'absorption de la société civile dans l'État » et « la transfiguration de l'idéologie de l'État en dogme imposé aux intellectuels et aux universités ». L'État, relayé par le parti unique, exercerait en ce sens un contrôle total sur la société, la culture, les sciences, la morale jusqu'aux individus mêmes auxquels il n'est reconnu aucune liberté propre d'expression ou de conscience.

Un enjeu de débat

Un concept très politisé

L'emploi du concept de totalitarisme a été refoulé durant la période de la Seconde Guerre mondiale, du fait de l'alliance des démocraties occidentales avec l'Union soviétique dans la lutte contre l'Allemagne nazie. Le concept a connu son âge d'or à partir de la proclamation de la doctrine Truman, en 1947. L'analogie entre l'Allemagne de Hitler et la Russie de Staline laissait à penser que la Guerre froide était simplement une répétition des années 1930, car la Russie soviétique pouvait se comporter de la même manière que l'Allemagne dans l'entre-deux-guerres. Selon Les Adler et Thomas Paterson, le « cauchemar d'un "fascisme rouge" a terrorisé une génération d'Américains ». La notion de totalitarisme, qui a fait l'objet d'un nombre considérable de travaux et dont l'usage était très répandu, se formulait alors dans une connotation strictement négative.

Staline, Franklin Delano Roosevelt et Winston Churchill à la Conférence de Téhéran en 1943.

L'économiste Friedrich Hayek, dans La Route de la servitude, percevait le totalitarisme comme une conséquence inéluctable de l’application des mesures socialistes à l’économie. Il montrait que la socialisation de l’économie ne pouvait que déboucher sur la suppression totale des libertés, y compris des libertés politiques, donc que le socialisme était structurellement incompatible avec la démocratie. Friedrich Hayek pensait que des liens systémiques unissaient l’économie, le droit et les institutions politiques. S’opposer au libre fonctionnement des mécanismes du marché, dans lequel il voyait la source ultime de toute civilisation, reviendrait à installer un régime tyrannique. L’idée selon laquelle la planification économique serait le principe du totalitarisme a connu un important succès aux États-Unis. Dans The Fatal Conceit, Friedrich Hayek a repris une dernière fois sa critique du socialisme, qu’il considérait comme une erreur fatale et le produit de la vanité intellectuelle.

Pour Bertrand de Jouvenel, c'est la démocratie qui est totalitaire : il a ainsi intitulé l'un des chapitres de son ouvrage principal Du pouvoir « La démocratie totalitaire ». Il considère que la démocratie en laissant l'espoir à chacun d'accéder au pouvoir incite à la prise du pouvoir et non à la réduction de l'« arbitraire étatique », phénomène entraînant un renforcement toujours plus grand des États.

Dans les années 1970, la notion de totalitarisme a été adoptée par des intellectuels d’Europe de l’Est émigrés en Occident, tels Leszek Kolakowski, Michel Heller ou Alexandre Zinoviev. Bien des dissidents de l’Est reproduisaient au travers de leurs travaux les descriptions les plus classiques du totalitarisme. Ils ont insisté de manière unanime sur le succès des politiques totalitaires. D’après Kolakowski, le système stalinien était un « système politique où tous les rapports sociaux ont été étatisés et où l’État omnipotent se retrouve seul face à des individus réduits à l’état d’atomes ». Le stalinisme était « un marxisme-léninisme en action », c’est-à-dire le résultat inévitable de la mise en pratique de la vision du monde marxisme-léninisme.

Les critiques précoces adressées à la théorie du totalitarisme

Les recherches sur la notion de totalitarisme se sont effectuées dans le contexte politique de la Guerre froide, où le modèle libéral s'opposait au modèle communiste. Après avoir été instrumentalisé par le maccarthisme aux États-Unis dans les années 1950, le concept de totalitarisme a commencé à être désavoué au cours des années 1960 par la recherche empirique des sciences sociales, dans le cadre d'un mouvement général de remise en question du libéralisme, favorisée par la détente. De nouvelles interprétations sont alors apparues : d'une part l’hostilité générale envers l’URSS faiblissait, d’autre part, les nouvelles relations entre les États-Unis et l’URSS ont entraîné des échanges intellectuels entre les deux pays (les chercheurs occidentaux étaient autorisés, bien plus que dans le courant des années 1950, à travailler dans les archives et les bibliothèques soviétiques). Il apparaissait évident que, dans les faits, l’État soviétique n’était pas parvenu à « atomiser » la société ou à éliminer la vie privée : les théoriciens du totalitarisme avaient surestimé les capacités du pouvoir soviétique à contrôler la société, et sous-estimé les capacités de résistance des individus.

Richard Nixon et Nikita Khrouchtchev.

Tel qu'on l'avait connu, le système nazi ne manifestait aucun signe d'affaiblissement ou d'effondrement intérieur, au contraire, avant que la victoire alliée ne mette un terme à son existence. Or, après la mort de Staline, à partir de Khrouchtchev, l'Union soviétique avait commencé à changer, ce qui infirmait l’immobilisme prêté au système par le « modèle totalitaire ». La terreur s’était apaisée (pourtant considérée comme une caractéristique fondamentale du totalitarisme), le pouvoir personnel de Staline avait laissé place à une direction collective, des groupes de la nomenklatura bénéficiaient d’un rôle accru, la « purge permanente » avait laissé place au souci de sécurité de l’oligarchie. L’idéologie servait à la justification du pouvoir en place plutôt que de moteur dynamique de transformation de la société. Enfin, la consommation et l’économie parallèle progressaient et le pays s’ouvrait économiquement vers l’extérieur. Les théoriciens du totalitarisme comme Hannah Arendt et Zbigniew Brzezinski avaient mis au premier plan de leur analyse les formes extrêmes des dictatures dites totalitaires, qui se sont révélées, en URSS comme plus tard en Chine populaire, liées dans une très large mesure à la personne du tyran. La théorie du totalitarisme n’avait pas envisagé la possibilité que ces régimes s’engagent dans un processus d’apaisement de la dictature.

La pertinence du concept de totalitarisme et son utilité pour l’analyse historique et comparative ont alors été remises en question par une nouvelle génération de politologues américains. Ce concept, perçu comme une survivance de la Guerre froide, était accusé de sous-estimer la complexité des régimes auxquels il s’appliquait. Alexander J. Groth émettait des doutes sur la capacité du concept de totalitarisme à comprendre correctement l’Italie fasciste, l’Allemagne nazie et l’Union soviétique. Ce concept se concentrait sur les traits que ces régimes avaient en commun, alors que leurs différences méritaient une plus grande attention. Les Adler et Thomas Paterson partageaient cette opinion : « les différences réelles entre les systèmes fasciste et communiste ont été obscurcies ». Pourtant, poursuivaient-ils, les origines, les idéologies, les buts et les pratiques de ces systèmes étaient largement différents. La recherche historique a peu à peu mis en cause la légitimité du parallèle entre national-socialisme et communisme, en soulignant notamment la spécificité du génocide nazi, et plus généralement la singularité de régimes qui n’ont pas les mêmes origines.

Selon Robert C. Tucker, la comparaison entre l’Allemagne nazie et la Russie communiste était trop étroite. De plus, de nombreux auteurs convaincus que le régime soviétique découle de déviations historiques qui trahissent l'idéologie communiste, reprochent au « modèle totalitaire » d’établir une filiation entre le communisme, le bolchevisme et le stalinisme. Cette filiation considère le monde communiste comme un tout, et n’est que peu sensible aux différences existant entre les pays communistes. Dans un article, Herbert J. Spiro regrettait le fait que le terme de totalitarisme ait été un slogan anticommuniste durant la Guerre froide : l’usage propagandiste du terme « a eu tendance à obscurcir l’utilité qu’il pouvait avoir pour l’analyse systématique et la comparaison des entités politiques ». Benjamin Barber, pourtant ancien défenseur de la théorie du totalitarisme, appelait au dépassement d’un concept condamné « sinon par l’oubli, du moins par une désuétude croissante ». John Alexander ****trong, intellectuel conservateur, a lui aussi critiqué explicitement le concept de totalitarisme à la fin des années 1960, arguant qu’il n’était pas capable de rendre compte de l’évolution de plusieurs régimes communistes.

L’expérience de démocratisation menée en Tchécoslovaquie lors du « printemps de Prague » de 1968 a rouvert le débat sur le changement dans les pays communistes et sur les différences entre ceux-ci. Le paradigme du totalitarisme est ainsi entré en conflit avec les nouveaux domaines de recherche qui intéressaient les spécialistes en sciences sociales et les historiens qui s’ouvraient aux méthodes des sciences sociales. Le « modèle totalitaire », par exemple, n’encourageait pas les études portant sur les rapports et les différences entre le centre et la périphérie. Georges Mink par exemple, dans Vie et Mort du bloc soviétique, préfère parler de soviétisation/désoviétisation lorsqu'il s'agit d'aborder les pays du bloc de l'Est (URSS et pays satellites).

Néanmoins, l’idée de totalitarisme n’était pas complètement écartée : elle désignait une phase caractéristique des débuts de la domination communiste qui exigeait la mobilisation de la société, le plus souvent pour cause d’industrialisation. À la suite de cette phase d’industrialisation, l’élite révolutionnaire s’est bureaucratisée et la société communiste est devenue bien plus complexe et différenciée. C'est pourquoi, en comparaison avec l'Allemagne nazie de Hitler, certains chercheurs limitent la période totalitaire au régime de Staline, particulièrement dans ses dernières années (1950-1953), où la paranoïa de Staline atteignit son paroxysme. À partir de 1970, le constat que les régimes communistes n’étaient pas statiques, mais qu’ils traversaient au contraire différentes phases, faisait quasi-unanimité parmi les universitaires. Ils étaient nombreux à estimer que de nouveaux modèles théoriques étaient nécessaires pour étudier les États et les sociétés communistes dans la période post-stalinienne.

Dans la soviétologie, le débat autour de la notion de totalitarisme a opposé deux écoles historiographiques. L'« école du totalitarisme », après avoir été dominante aux États-Unis dans les années 1950-1960, a été contestée par une école « révisionniste », qui a remis en question les fondements de la soviétologie par le biais de l'histoire sociale.

Les critiques contemporaines

Portrait officiel de Mao Zedong.

Dans les sciences humaines, le terme a donné lieu à un débat qui n'est toujours pas clos. Le terme a donné lieu à de nombreuses définitions, différentes et parfois antagonistes selon les convictions des auteurs. Certains auteurs qualifient de totalitaires des régimes comme l'Allemagne sous Adolf Hitler, l'URSS sous Staline, le Turkménistan sous Saparmyrat Nyýazow, la Corée du Nord sous Kim Il-sung puis Kim Jong-il, le Cambodge sous Pol Pot (Khmers rouges), L'Iran sous Khomeini, Cuba sous Fidel Castro, la Chine à l'époque de Mao Zedong ou l'Afghanistan sous les Talibans. L'Empire du Japon de 1932 à 1945 ainsi que la Première République française du temps de la Terreur présentent de nombreux caractères totalitaires.

Les politologues des débuts de la Guerre froide ont beaucoup cité Hannah Arendt pour sa comparaison entre Allemagne nazie et Russie soviétique, mais contrairement à elle, ils n’ont pas creusé le problème du point de vue social et historique. Carl Friedrich et son école se sont bornés à l’analyse des régimes totalitaires une fois constitués, quitte à négliger la question de leurs origines. Comme le dit Enzo Traverso, « l’affinité essentielle entre l’Allemagne nazie et l’URSS était postulée sur la base d’une simple comparaison phénoménologique, statique, descriptive, jamais étudiée à partir de la genèse et de la dynamique de ces régimes. » Friedrich semble s’excuser : « pourquoi les sociétés totalitaires sont ce qu’elles sont, nous ne le savons pas ». D’après l'historien Enzo Traverso, la principale conséquence de l’application des concepts d’idéocratie et de religion séculière a été « de déshistoriser le fait totalitaire, qui ne sera pas étudié comme résultat d’un processus social et politique mais réduit à l’incarnation d’une idée. »

Par ailleurs, la pertinence du concept de totalitarisme, aussi bien que son application à l'Union soviétique en dehors de la période stalinienne, reste sujette à débat.

Dans un article au titre éloquent, Ian Kershaw marque ses fortes réticences à l'égard de la théorie du totalitarisme. Concernant le Troisième Reich, l'historien anglais conteste l'atomisation de la société civile, premier des traits du totalitarisme selon Hannah Arendt. Son étude sur la Bavière lui permet d'affirmer qu'une opinion populaire demeure, indépendamment de l'idéologie nazie. La société a su s'appuyer sur ses traditions pour exprimer ses doléances ou pour opposer une résistance ponctuelle, elle ne s'est donc pas réduite à « l'homme unique » dont Arendt parlait. Selon Kershaw, le concept de totalitarisme « aide, contre la propre volonté de la plupart de ses utilisateurs, à marquer les différences radicales qui existent » entre les deux régimes stalinien et nazi. Il conclut en considérant que « le concept de totalitarisme a un pouvoir essentiellement descriptif, très faiblement explicatif - ce en quoi il n'est peut-être d'ailleurs pas un concept ».

Dans leur ouvrage commun, paru en 2003, Alain Blum et Martine Mespoulet regrettent que l'« approche totalitaire postulant la nature essentiellement politique de l'histoire soviétique, la société n'a guère de place dans cette analyse ». Concernant l'Union soviétique, « le débat autour du totalitarisme a souvent occulté la complexité de l'organisation du commandement, et plus généralement des formes du gouvernement stalinien ». De manière plus directe, Roland Lew, historien spécialiste de la Chine maoïste, parle d'un paradigme « profondément obsolète », basé sur « une conception largement a-historique », qui « n'a continué à vivre et même à prospérer que grâce à l'affrontement idéologique ».

Le 25 janvier 2006, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe adoptait une Résolution sur la nécessité d’une condamnation internationale des crimes des régimes communistes totalitaires.

Le Parlement européen a exprimé à plusieurs reprises son opposition aux régimes totalitaires. Le 23 septembre 2008, il publiait une déclaration sur la proclamation du 23 août comme journée européenne de commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme . Le 2 avril 2009, il adoptait à la majorité absolue une résolution condamnant les régimes totalitaires, en particulier communistes et nazi.

Un concept indispensable malgré tout ?

Malgré les critiques, l’analyse au travers du prisme du totalitarisme n’a pas été abandonnée. De nombreux auteurs en ont défendu la valeur heuristique. Le Polonais Leszek Kolakowski reconnaissait qu’« un modèle parfait d’une société totalitaire est introuvable ». Mais d’après le philosophe polonais, cela ne constituait pas un obstacle sérieux à l’utilisation du concept, étant donné que les concepts employés pour décrire les phénomènes sociaux de grande échelle n’avaient jamais d’équivalents empiriques parfaits. Il pouvait y avoir des changements significatifs en URSS, mais sans transformation fondamentale du communisme, le contrôle total ayant toujours été l’objectif d’un parti qui se voulait omnipotent.

L'Américain Martin Malia s’est lui aussi inspiré de la pensée weberienne : le totalitarisme est un idéal-type, « toujours imparfaitement réalisé dans le domaine empirique ». Un idéal-type est une abstraction qui ne se retrouvera jamais telle quelle dans la réalité, mais qui permet néanmoins l’intelligibilité du phénomène sur le plan conceptuel, sa compréhension. Selon l'historien américain, le mot « totalitaire » ne veut pas dire que « des régimes de ce genre exerçaient de fait un total contrôle de la population (puisque c'est impossible), mais qu'un tel contrôle était leur aspiration fondamentale ». Les régimes tentent d'être totalitaires, mais la résistance des faits, de la réalité sociale ou économique, et la résistance active ou passive des populations, les en empêchent, et parviennent à préserver des espaces non-contrôlés.

La théorie du totalitarisme a connu un nouvel essor dans les années 1990. L'effondrement de l'URSS, en 1991, a partiellement donné raison à ses partisans. Les historiens de l'école révisionniste soutenaient majoritairement que le régime soviétique était un État moderne, puisqu'il était réformable. Or, les tentatives de restructuration menées par Mikhaïl Gorbatchev ont conduit à la ruine complète du système. Martin Malia annonça dès 1990 l'échec de la perestroïka dans un article publié anonymement qui connut un certain retentissement. Il y expliquait notamment que Gorbatchev échouerait parce qu'il restait trop « communiste » et que le système soviétique n'était pas réformable. Il présentait le régime « totalitaire » soviétique comme reposant sur quatre piliers intangibles : (1) « le rôle dirigeant du parti […] ; (2) la planification économique autoritaire ; (3) la police politique et (4) l'idéologie obligatoire ». Selon Malia, toucher à l'un de ces piliers, tous indispensables au maintien du système, revenait à provoquer son « écroulement total ».

Pour de nombreux historiens, le totalitarisme reste un concept-clé dans l'étude et la compréhension du XX siècle. Pour Enzo Traverso, il est « un garde-fou de la pensée » : il « condense une image du XX siècle dont l'oubli empêcherait de fonder une attitude responsable, tant sur le plan éthique que sur le plan politique, dans le présent ». En conclusion, l'historien italien juge le concept à la fois incontournable et insuffisant : « incontournable pour la théorie politique, soucieuse de dresser une typologie des formes de pouvoir, et pour la philosophie politique, confrontée à la nouveauté radicale des régimes visant l'anéantissement du politique ; insuffisant pour l'historiographie, confrontée à la concrétude des événements. »

Extension du concept au XXI siècle

Le mot « totalitarisme », entré dans le langage courant, est bien souvent utilisé sans les précautions méthodologiques nécessaires. Ayant une connotation forte, faisant penser aux régimes hitlérien et stalinien, il jette le discrédit facilement et marque les esprits. Il peut donc servir d'arme de propagande contre l'ennemi. L'usage du concept requiert une analyse approfondie de la société ou de la structure du groupe étudié, il faut en faire ressortir les catégories essentielles et les processus de dé-différenciation propres au totalitarisme.

Ainsi, la fin du XX siècle et le début du XXI siècle ont vu fleurir de nouveaux néologismes politiques contenant « totalitarisme ». Cet usage met l’accent sur le fait que les actions ciblées aboutissent à imposer un régime qui remplit les critères du totalitarisme.

Le film libertaire De la servitude moderne décrit quant à lui la mondialisation et le système économique et politique qui l'accompagne comme un « totalitarisme marchand » où l'homme serait réduit à la condition d'esclave.

Michel Rostagnat considère que l'essence du totalitarisme est la mise en face-à-face entre l'individu et l'État, en supprimant les corps intermédiaires.

L'historien spécialiste de l’antisémitisme Georges Bensoussan pense que l'État islamique n'est pas islamo-fasciste car le fascisme est un concept européen qui ne rend pas compte de l'aspect complètement étranger de Daesch, mais bien une idéologie totalitaire tout comme l'était les nazis.

Dans la fiction et les contre-utopies

Œuvres littéraires anti-totalitaires : Ievgueni Zamiatine, Nous Autres, 1920. Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes, 1932. Arthur Koestler, Le Zéro et l'Infini, 1945. George Orwell, La Ferme des animaux, 1945. George Orwell, 1984, 1949. Ray Bradbury, Fahrenheit 451, 1953. Ira Levin, Un Bonheur insoutenable, 1969. Alan Moore et David Lloyd, V pour Vendetta, 1990.

Ievgueni Zamiatine, Nous Autres, 1920.

Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes, 1932.

Arthur Koestler, Le Zéro et l'Infini, 1945.

George Orwell, La Ferme des animaux, 1945.

George Orwell, 1984, 1949.

Ray Bradbury, Fahrenheit 451, 1953.

Ira Levin, Un Bonheur insoutenable, 1969.

Alan Moore et David Lloyd, V pour Vendetta, 1990.

Films : Fahrenheit 451 de François Truffaut, 1966. THX 1138 de George Lucas, 1971. Soleil vert de Richard Fleischer, 1973. 1984 de Michael Radford, 1984. Brazil de Terry Gilliam, 1985. Bienvenue à Gattaca de Andrew Niccol, 1997. Equilibrium de Kurt Wimmer, 2003. Æon Flux de Karyn Kusama, 2006. V pour Vendetta de James McTeigue, 2006.

Fahrenheit 451 de François Truffaut, 1966.

THX 1138 de George Lucas, 1971.

Soleil vert de Richard Fleischer, 1973.

1984 de Michael Radford, 1984.

Brazil de Terry Gilliam, 1985.

Bienvenue à Gattaca de Andrew Niccol, 1997.

Equilibrium de Kurt Wimmer, 2003.

Æon Flux de Karyn Kusama, 2006.

V pour Vendetta de James McTeigue, 2006.

Dicton populaire allemand: Quelle est la définition d'une démocratie, d'une dictature et d'un totalitarisme ? En démocratie, tout ce qui n'est pas interdit est permis. Sous une dictature, tout ce qui n'est pas permis est interdit. Dans un totalitarisme, tout ce qui n'est pas interdit est obligatoire.

En démocratie, tout ce qui n'est pas interdit est permis.

Sous une dictature, tout ce qui n'est pas permis est interdit.

Dans un totalitarisme, tout ce qui n'est pas interdit est obligatoire.

Interprétations philosophiques : Selon François Furet (Le passé d'une illusion) ce sont les utopies qui produisent des systèmes totalitaires et l'antidote serait le pragmatisme : un point de vue partagé, dans de nombreux débats, par Alain Minc, Alain Finkielkraut, Bernard-Henri Lévy (La barbarie à visage humain). Selon Václav Havel (Pour l’identité humaine, 1984, L'amour et la vérité doivent triompher de la haine et du mensonge, 2007), le totalitarisme ne découle pas des utopies (qui se trouvent du côté des dissidents et des penseurs de travers de tout système) mais d'idéologies globalisantes et toujours coercitives, qui seraient par nature anti-utopiques et ouvriraient la porte à la bestialité et la prédation humaines.

Selon François Furet (Le passé d'une illusion) ce sont les utopies qui produisent des systèmes totalitaires et l'antidote serait le pragmatisme : un point de vue partagé, dans de nombreux débats, par Alain Minc, Alain Finkielkraut, Bernard-Henri Lévy (La barbarie à visage humain).

Selon Václav Havel (Pour l’identité humaine, 1984, L'amour et la vérité doivent triompher de la haine et du mensonge, 2007), le totalitarisme ne découle pas des utopies (qui se trouvent du côté des dissidents et des penseurs de travers de tout système) mais d'idéologies globalisantes et toujours coercitives, qui seraient par nature anti-utopiques et ouvriraient la porte à la bestialité et la prédation humaines.

中文百科

极权主义(英语:Totalitarianism,也译作极权政体、全能政体、总体统治、全体主义)或极权国家(英语:Totalitarian state),是一种政治学上的术语,用来描述一个对社会有着绝对权威并尽一切可能谋求控制公众与私人生活的国家之政治制度。

极权主义之概念在形成之初有着积极的含义,由威玛德国法学家、纳粹学者卡尔·施米特与一些意大利法西斯主义者在1920年代提出。施米特在其有关全能(all-powerful,即统治一切)政府之合法性的、具有相当影响力的作品中使用了「Totalstaat」一词。

冷战时期,这一概念在西方反共政治论述中尤为著名,通常被用以强调纳粹德国、法西斯主义国家与苏联***之间的相似性。

其它运动与政府组织亦会被定性为极权主义。历史上一个叫做西班牙右翼自治联盟的保守主义运动之领袖就曾经宣告其目的是「为西班牙带来真正的统一、全新的灵魂、极权的政体」,并且称「**不是终结,而是一个新的国家征战四方的手段。当时机来临,要么国会屈服,要么我们将消灭国会。」

名称来源

贝尼托·墨索里尼 1923年,反法西斯记者、政治家乔瓦尼·阿门多拉首次提出并阐述将极权主义之概念理解为一个国家的绝对政权。阿门多拉将意大利法西斯主义描述为一个从根本上与传统**不同的体制。后来这一术语在意大利著名哲学家、主要法西斯理论家乔瓦尼·秦梯利的作品中被赋予正面的含义。秦梯利用「totalitario」一词指出能够「绝对代表民族并指引全民方向」的新型国家之结构与目标。他将极权主义描述成一个社会,在这个社会中,国家意识形态能够影响或通过权力控制绝大多数公民。 本尼托·墨索里尼认为,这样一种体制可以将所有精神与人性的产物政治化:「国家掌控一切,没有例外,一切不得反抗国家」。 他宣称「我们必须一劳永逸地完成棋子的中立性。我们必须永远谴责『为棋子的安危而走棋』的准则——这就像『为了艺术本身而艺术』。我们必须组织棋手的突击队,并立刻开始为实现五年计划而走棋。」

早期概念与使用

澳大利亚作家弗朗茨·波克诺是最早在英文中使用「极权主义」一词的人之一。他在《**国际》(1938年)一书中评论称,极权主义之概念能够将苏联与德国的**归为一类,而非使两者分开。大韩民国首任总统李承晚在其《日本内外》(Japan Inside Out)(1941年)一书中用「极权主义」一词给日本在亚洲各国实施的统治归类,后者的统治手腕与奉行「个人比社会本身更加重要」之理念的**世界相抵触。伊莎贝尔·帕特森在《机器之神》(1943年)一书中同样使用这一词汇来描述苏联与纳粹德国的联系。 阿道夫·希特勒 奥地利出生的英国经济学家、政治哲学家弗里德里希·哈耶克在其有关为经济竞争作出辩护的经典著作《通往奴役之路》(1944年)中延伸并发展了极权主义概念。在该书的前言里,哈耶克对西方盎格鲁价值观与阿道夫·希特勒统治的纳粹德国作出了对比,称「德国国家社会主义者的『左』、『右』之争是社会主义者各派系间必然会出现的冲突」。而后他将德意志、意大利与俄罗斯相提并论,表示「这些国家在极权主义体系崛起之前的历史显示,只有极少数极权的特征我们并不熟悉」(第一章:抛弃之路)。 1945年,在一个名为《苏联对西方世界之影响》(The Soviet Impact on the Western World)的系列讲座(后来于1946年被编撰成书)中,英国亲苏联历史学家爱德华·霍列特·卡尔主张,「抛弃个人主义、投奔极权主义的潮流在(世界上)任何地方都毫无过错」,且苏联工业的发展与红军在击退德国的战役中所扮演的角色足以证明,马克思列宁主义是极权主义中最为成功的一种。卡尔认为,只有「盲目且无可救药者」才会忽视迈向极权的潮流。 在《开放的社会及其敌人》(1945年)与《历史主义的贫穷》(1961年)两部书中,奥地利裔英国哲学家卡尔·波普尔针对极权主义表达了具有影响力的评价。他对比了**的「开放社会」与极权主义,称后者扎根于坚信历史在可知的法则之下向着不可改变的未来进发。 德裔美国政治理论家汉娜·阿伦特在《极权主义的起源》中论述道,纳粹与**政权皆是新型的政府形式,且并不仅仅是原有**的演化版本。根据阿伦特的说法,极权政体之广泛吸引力源于其意识形态,此种意识形态为过去、现在与将来的不解之谜带来了令人宽慰且单一的答案。对纳粹主义而言,所有历史都是种族斗争的历史;对马克思主义而言,所有历史都是阶级斗争的历史。一旦这种前提被认可,国家的所有行为都可以被诉诸自然或历史法则的说法正当化,继而将威权国家的结构正当化。 除以上提及的人物外,许多有着不同学术背景与思想阵营的学者都曾经细致地研究过极权主义。在这一课题中,最为著名的评论家有雷蒙·阿隆、劳伦斯·阿若恩森、卡尔·迪特里希·布拉赫、兹比格涅夫·布热津斯基、罗伯特·康奎斯特、卡尔·约阿希姆·弗里德里希、埃克哈德·杰西、利奥波德·拉培兹、沃尔特·拉克、克洛德·勒福特、胡安·林兹、理乍得·洛文塔尔、理乍得·派普斯、列昂纳德·夏皮罗与亚当·乌拉姆等。这些人当中的每一个在描述极权主义时都有着细微的不同之处。然而他们一致同意:极权主义寻求的是动员所有公民去支持官方的国家意识形态,不能容忍偏离国家目标的活动,同时对企业、工会、教堂或政党实施压制与国家监督。

威权与极权政体之间的区别

与温和且一般来说不甚流行的威权主义不同,极权**者会通过有意识地操控先知形象,从而为其追随者们塑造出一个具有超凡魅力的****榜样与有着广大群众基础的假**制度下的相互依赖状态。

伴生角色的概念亦将极权与威权区分开来。威权主义者将他们自身视作个体,通过控制权力来获得满足感,且时常维持现状。而极权式的自我认知观念在更大程度上是目的性的。僭主(暴君)更像是引领与重塑宇宙过程中的一个不可或缺的功能型存在,而非个人。

所以,威权主义者中为个人膨胀而利用权力的行为比在极权主义者中要更为显著。一旦失去意识形态的捆绑性吸引力,威权主义者只能通过灌输恐惧、向忠实的合作者给予奖励和生成窃盗统治这般的混合手法来维系其统治。

冷战时期的研究

详尽地制定指引性的意识形态;

***国家,通常由**领导;

通过暴力与秘密警察等工具实施****;

垄断武器;

垄断通信手段;

通过国家计划实现中央制定的方向并控制经济。

批评与最近有关极权主义概念的作品

1978年阿拉伯峰会上的两个复兴党领袖,萨达姆·侯赛因与哈菲兹·阿萨德。 一些社会科学家曾批评弗里德里希和布热津斯基的态度,称苏联的体制无论是作为政治抑或社会实体,应该就其利益集团、精英竞争甚至是社会阶级(比如将职官名录制度这一概念作为新阶级的工具)进行更深入的了解。这些批评家的存在足以证明各部门与地区当局中的极权政体至少在政策实施上得到了大众支持与广泛的权力分布。对于多元主义论的支持者而言,这是一个政权去适应接纳新需求之能力的证明。而极权模式的拥护者认为,除了适应能力并不理想外,此种体制未能幸存后的失败也只是证明了其本应发生的群众参与拘泥于形式。 纳粹时期,诸如马丁·布若扎特、汉斯·莫姆森与伊恩·克肖这样倾向于站在功能主义者的角度去诠释第三帝国的历史学家们通常对极权主义概念持敌对或者冷淡的态度。他们认为纳粹政权组织混乱,不能被归类于极权主义。 在苏联历史研究的领域,极权主义概念遭到了以美国左翼历史学家为主的修正主义学派的批评,这些学者中最为著名的包括希拉·菲茨帕特里克、杰瑞·F·霍夫、威廉·麦卡格、罗伯特·W·瑟斯顿与约翰·阿奇·盖蒂。虽然这些修正主义者个人的诠释不尽相同,但他们都声称约瑟夫·史达林统治下的苏联有着根深蒂固的软弱特征。其能够制造的恐怖程度被过分夸大,且即便这种被夸大的恐怖成为事实,也只能证明苏联的弱点而非优点。 以上提及到的学者之一菲茨帕特里克的观点是:自从苏联的政治恐怖被扩大但社会流动性增加使之远离恐怖统治的状态,大多数苏联国民为了过上更好的生活而选择支持史达林的肃反运动。 沃尔特·拉克在1987年的作品中评论道,苏联历史领域中的修正主义者存在过错,因为他们将「流行」与「道德」混淆,并对「将苏联归类于极权政体」这一理论进行了非常尴尬且不具说服力的论述。拉克认为修正主义者在苏联历史方面的论据与历史学家、哲学家恩斯特·诺尔特对德国历史的观点高度相似。他亦主张,「现代化」(modernization)这样的概念并不是用以诠释苏联历史的合适工具(尽管极权主义概念也不是)。 法国历史学家弗朗索瓦·福雷曾尝试用「极权双生子」这一术语将史达林主义与纳粹主义联系起来。 在复兴主义的基础上,萨达姆·侯赛因治下的伊拉克和哈菲兹·阿萨德治下的叙利亚显现出了法西斯与纳粹**的关键特征:***、明显无法得到保障的生命权与财产权、政府对经济的广泛控制、狂热的****、政治多元性的缺失、严格定义的意识形态、对自由**制度的蔑视、在自称现代化的同时又与古老风俗紧密相连,以及军事扩张主义。

建筑学中的极权主义

极权国家非政治的文化与艺术主题也时常被列入极权主义的范畴。比如英国作家、内科医生、政治评论家西奥多·达尔林普尔曾在纽约《城市杂志》上刊文称,粗野主义的建筑物是极权主义的表现形式,其庞大的混凝土结构设计具有毁灭温和且更人性化的地方(如庭园)之倾向。 在《一九八四》中,作家乔治·奥威尔将真理部描述成「由白色混凝土构成、数不胜数的阶梯环绕着的三百米高巨大金字塔形建筑」;《泰晤士报》专栏作家本·麦金泰尔则称这是「具有先见之明的描述,极权的建筑模式将很快流行于**」。 另一个建筑中的极权主义范例是圆形监狱——英国哲学家、社会理论家杰里米·边沁在18世纪晚期设计的一种建筑物。其设计概念在于,允许一名警卫看守监狱内的所有囚犯,但由于圆形监狱的特殊结构,囚犯却无法确认他们是否在被监视当中。法国哲学家米歇尔·福柯在《规训与惩罚》(1975年)中援引了圆形监狱的理论,认为这象征着规训社会(disciplinary societies)及其无处不在的监视与标准化倾向。

法法词典

totalitarisme nom commun - masculin ( totalitarismes )

  • 1. politique tyrannie politique ou intellectuelle fondée sur la subordination de la personne à un intérêt général supposé par la limitation radicale des libertés individuelles

    le totalitarisme nazi

  • 2. penchant à fournir une réponse globale et univoque à tous les problèmes ou à toutes les critiques

    un totalitarisme idéologique

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poulain n.m. 1. (不满30个月的)马,马驹子;马的毛皮 2. 培养的新手 3. poulain (de chargement) (搬桶用的)梯形滑道 4. poulain de charge 〔船〕护舷木 5. 〔船〕(船下水前船台上的)撑柱

Cf 参考,参照

envier v. t. 羡慕; 嫉妒, [古]想望, 想获得:常见用法 法语 助 手

contrepoint n. m. 对位法, 对位法作品; 配合主题, 对位主题

dégourdir v. t. 1. 使不再麻木:2. [引]把…热一热:3. [转]使变得活跃, 使变得机灵, 使变的聪明伶俐se dégourdir v. pr. 1. 使自己活动一:2. 变得活跃, 变得机灵, 变得聪明伶俐常见用法

fugacité n.f. 1. 〈书〉短暂,转即逝 2. 逸性,逸变

poivré poivré, ea.1. 加, 用调味;味 2. 〈转义〉辣;放肆, 淫秽

accompagnement n.m.1. 陪同, 伴随;陪同人员, 随从人员2. 〈转义〉伴随物;附属物 3. 【烹饪】配菜 4. 【音乐】伴奏, 伴奏部分 5. 【军事】 6. (重病人或长期卧床病人的)陪护;陪伴常见用法

centupler v. t.乘以一, 使增加到倍:

collé collé (être) adj. 考试不及格 point collé 胶合接头