Accordéon Accordéon diatonique B. Loffet. Variantes modernes Accordéon chromatique - Accordéon diatonique - Bayan Classification Instrument à anche libre Famille Instrument à vent Tessiture à sourcer Œuvres principales Compositions pour accordéon Instrumentistes célèbres Accordéoniste - Accordéonistes français Principaux facteurs Hohner, Maugein Articles connexes Historique des évolutions technologiques de l'accordéon modifier
L'accordéon est un instrument de musique de la famille des vents. Le nom d'accordéon regroupe une famille d'instruments à clavier, polyphonique, utilisant des anches libres excitées par un vent variable fourni par le soufflet actionné par le musicien. Ces différents instruments peuvent être de factures très différentes. Une personne qui joue de l'accordéon est un accordéoniste.
Histoire
Accordéon chromatique.
Accordéon diatonique.
Origines
Le Sheng, instrument de musique polyphonique religieux utilisé dans les orchestres de cour et de théâtre en Chine ancienne, est le plus ancien instrument à anche libre connu. Cet orgue à bouche est présent dès -2700 à -2 500 av. J.C. On le retrouve dans le reste de l'Asie sous d'autres noms : Sompoton sur l'île de Bornéo, Khène au Laos, Sho au Japon. Marin Mersenne cite entre 1636 et 1**4, un Khène du Laos. En 1674 un Khène fait partie de l'inventaire de la collection du royaume du Danemark. Johann Wilde (en) aurait ramené un Sheng à la cour de Saint-Petersbourg en 1740.Le jésuite et missionnaire Joseph-Marie Amiot fait parvenir en 1777 deux paires de sheng à Monseigneur Bertin à Paris. (réf mémoire de chine Amiot)
C'est sur la seconde moitié du XVIII siècle et le début du XIX siècle que le procédé sonore de l'anche libre est l'objet de toutes les attentions des inventeurs. S'il est souvent avancé que le Sheng fut à l'origine de l'accordéon, le lien entre l'instrument asiatique et les instruments occidentaux n'est cependant pas évident, d'autant que la guimbarde, autre instrument à anche libre, existe en Europe depuis au moins l'époque gallo-romaine.
En 1769 est organisé un concours à Saint-Pétersbourg, dont l'objet est l'invention d'un instrument qui imiterait la voix humaine. Le physicien danois Christian Gottlieb Kratzenstein (de) remporte le concours avec l'invention de sa « machine parlante ». Néanmoins, à la lecture de son travail publié à Bordeaux en français on peut constater qu'il ne fait aucune allusion aux instruments asiatiques. Et que la construction de sa machine est exclusivement née de l'étude anatomique du Larynx.
C'est dans ce bain obscur entouré de mystères et contradictions, que les brevets d'invention autour des instruments à anche libre vont naître, s'interpénétrer, s'influencer, se doter parfois de manière douteuse de paternité, mais permettant peu à peu l'émergence d'une nouvelle espèce d'instruments.
Premiers instruments à anche libre et à soufflet
En 1810, on assiste à la naissance de l'«orgue expressif» de Gabriel Joseph Grenié qui introduit le soufflet à pédalier, dont le système prendra plus tard le nom d'harmonium. Il réinvente l'anche libre, comme on peut le lire dans son mémoire de brevet.
En 1818 l'autrichien Anton Haeckl invente le Physharmonica, premier instrument à anches libres clavier et à soufflet manuel. Un brevet lui a été accordé le 8 avril 1821. Dans le journal Allgemeine musikalische Zeitung du 14 avril 1821, la publicité du physharmonica dit entre autres : « Le maître fait aussi des versions très petites qui reposent confortablement sur le bras gauche, et dont on joue de la main droite. » Cet élément est primordial pour l'avenir.
En 1821, inspiré par la guimbarde, l'autrichien Friedrich Buschmann invente un instrument à anches métalliques : l'«aura». Cet instrument, qui deviendra l'harmonica, inspirera des fabricants se copiant, améliorant, inventant tout une multitude d'instruments dérivés.
Anton Reinlein obtient en 1824 à Vienne un brevet pour son harmonica « à la manière chinoise », Christian Messner ouvrira l'une des premières usines à Trossingen en 1827 puis en 1932 lance la fabrication de ses « mundharmonika ».
En 1822, Buschmann monte un soufflet sur son « aura » qui devient « handaeoline », l'éoline à main.
En 1827, Marie Candide Buffet fabrique des « harmonicas métalliques à bouche ».
XIX siècle : invention de l'« accordion » et évolution ultérieure
En 1829, Cyrill Demian, facteur de piano et orgues à Vienne (Autriche), fabrique un instrument dans la veine de Buschmann et Haeckl, dont il veut déposer le brevet sous le nom d'« Aeolina ». Ce nom étant déjà pris par un modèle Buschmann et ce nouvel instrument étant, contrairement à ses prédécesseurs, voué à l'accompagnement et, en ce sens, n'émettant que des accords, Demian dépose son brevet sous le nom d'« Accordion » ; cet instrument est muni d'un soufflet manié par la main gauche, la main droite se réservant un clavier dont chacune des 5 touches émet un accord, différent en tirant ou en poussant.
En France, en 1830, Marie Candide Buffet positionne un clavier mélodique en main droite à la place des accords. Demian invente, vers 1834, la combinaison d’un deuxième clavier pour les accords, et d’un premier pour la mélodie. En 1841, Louis Léon Douce dépose un brevet pour son « accordéon harmonieux », instrument unisonore. En 1852, Philippe-Joseph Bouton conçoit l’instrument avec un clavier piano à la main droite. En Autriche, le « Schrammelharmonika » sera le premier instrument avec le clavier main droite moderne qui va inspirer les Italiens. En Italie, en 1863, Paolo Soprani (de) fonde la première industrie du « fisarmonica » (nom italien de l'accordéon) à Castelfidardo, ville considérée comme l'un des berceaux de l'accordéon moderne (avec Stradella, dans la province de Pavie). Le terme « fisarmonica » est très important car Soprani ne va pas fabriquer des accordéons, mais des « physharmonika ». Cette distinction n'est pas anodine car, en 1861, le Maître de chapelle de Loréto (à proximité de Castelfidardo) expose un instrument décrit comme « accordéon par la forme, mais véritable fisarmonica ». À l'époque, fisarmonica et accordéon sont deux instruments différents en Italie. C'est l'origine de l'industrie italienne.
La première génération d'instruments encore usités apparaît sur la fin du XIX siècle. Jusqu'à aujourd'hui, les modèles n'ont cessé de se perfectionner, d'évoluer, de se spécialiser selon les styles, selon les coutumes, selon les traditions culturelles ayant accueilli l'une ou l'autre forme de l'instrument à anche libre et à soufflet manuel.
Concertina et bandonéon
Le 23 juin 1829, la même année que le brevet de Demian, Charles Wheatstone invente le « symphonium », rebaptisé « concertina », dont le brevet sera déposé le 8 février 1844. Ce modèle est unisonore.
En 1834, Carl Friedrich Uhlig crée le « konzertina » allemand, bisonore, après avoir rencontré Demian et ayant désiré créer un instrument mélodique. C’est ce modèle qui inspirera Heinrich Band (de) la même année, en faisant évoluer la forme des claviers.
À partir de 1847 Carl Friedrich Zimmermann (de) développe le même type de concertinas que Band. Les termes de « bandonion » puis « bandonéon » arriveront en 1854 en hommage du fabricant à Henrich Band.
Organologie
Production du son
Écouter le son de l'accordéon.
Plaquette d'accordéon.
Dans l'accordéon, deux anches sont montées sur une même plaquette, une de chaque côté de la plaquette. Une anche ne fonctionne que dans un seul sens, lorsque l'air la pousse vers la plaquette, donc une seule des deux anches fonctionnera pour un sens donné du soufflet. Une « peau musique » (en cuir, en vinyl ou en matériau composite souple) empêche la perte d'air par l'interstice entre l'anche qui ne parle pas et la plaquette (on dit de l'anche qui produit du son qu'elle « parle »).
La vibration est due à un phénomène dit « de relaxation » : elle n'est donc pas sinusoïdale et comporte de nombreux harmoniques responsables d'une famille typique de timbres. Les harmoniques sont utilisés pour faciliter l'accord des basses fréquences (< 100 Hz).
Schéma d'une anche libre en action au passage de l'air.
La fréquence de vibration est pratiquement indépendante de la puissance du souffle d'air, l'anche vibrante jouant d'ailleurs, à pleine puissance, le rôle de limiteur de débit. Cependant, lorsque des anches de fréquences extrêmement proches (différence inférieure à 1 Hz, tout au plus) sont alimentées en air par un système commun, il arrive que l'anche la moins stable en fréquence s'accorde à la fréquence de l'autre par effet de « couplage » ou de « pilotage », masquant leur « désaccord », voire interdisant un vibrato différentiel intentionnel de fréquence inférieure à 1 Hz.
Dans l'accordéon, les anches donnant les sons les plus graves (< 50 Hz environ) ont une longueur de 5 à 10 centimètres et sont chargées, près de leur extrémité vibrante, par une masse de laiton (généralement — ou d'étain sur les anches anciennes ou modifiées par un accordeur). Les anches produisant les sons les plus aigus (plus de 6 Khz dans l'aigu du piccolo) ont une longueur inférieure à 6 millimètres.
En raison de la très courte longueur d'onde des sons les plus aigus produits (de l'ordre de quelques cm), on constate souvent des phénomènes d'ondes stationnaires dus aux « obstacles » à leur propagation (cases exiguës du sommier qui supporte les plaquettes, soupapes...) qui peuvent affaiblir, voire neutraliser totalement, le son produit. Des solutions empiriques de facture permettent d'éliminer ce phénomène.
L'accord se fait en jouant sur les paramètres raideur et masse : on augmente la fréquence en diminuant la masse par enlèvement de matière (limage d'épaisseur) à l'extrémité libre de l'anche (ou de sa charge rapportée). On diminue la fréquence en diminuant l'épaisseur (raideur) de l'anche (enlèvement par grattage : (grattoir) près de sa partie fixe, flexible (le « ressort »).
Une anche vibrante de grandes dimensions et de fréquence infrasonique, destinée à produire un vibrato en amplitude, a été utilisée dans l'accordéon de concert Cavagnolo : cette anche est placée dans une paroi séparatrice (équivalente à une « plaque ») disposée entre le soufflet et la « caisse du chant ». Ce système générateur de vibrato semble être resté sans suite en raison, sans doute, de sa fréquence invariable, de son effet trop systématique (un accord, grave ou aigu, vibre « en bloc ») et de sa limitation du débit d'air (contradictoire avec l'expressivité naturelle de l'instrument), en dépit de la présence d'un moyen de neutralisation : une très large soupape.
Jeu
Alain Beurrier de Castanha e Vinovèl.
Le musicien ouvre et referme le soufflet central, positionné entre les deux parties droite et gauche de l'instrument, munie chacune d'un clavier: une partie droite, qui reste statique, et une partie gauche, qui s'écarte et se rapproche de la partie droite à chaque va-et-vient du soufflet (on parle de « tiré » ou de « poussé » du soufflet). En même temps, l'instrumentiste appuie sur les touches des claviers de l'instrument pour décider des notes à produire. L'air du soufflet passe ainsi dans le mécanisme, et actionne une ou plusieurs anches accordées à la lime et au grattoir. L'anche au repos possède une courbure qui la porte « au vent » : le réglage de cette courbure a pour but de permettre et faciliter l'attaque, à toutes les puissances.
Véritable homme-orchestre, l'accordéoniste peut exécuter le rythme aussi bien que la mélodie et l'harmonie, ce qui lui a valu cette place importante dans les bals populaires français.
Cet instrument aux accords tout faits et à la sonorité « désaccordée » ne suscita pas l'adhésion de tous d'où, dès les années trente, l'invention des basses chromatiques (clavier mélodique de main gauche similaire à celui de la main droite, remplaçant grâce à un convertisseur le clavier traditionnel basse-accord) et la présence possible de registres permettant de changer la sonorité de l'instrument en appuyant sur un bouton.
Il existe plusieurs sortes d'accordéons qui se différencient d'une part par l'organisation des notes sur les claviers et d'autre part par la manière de produire des notes en actionnant le soufflet.
L'accordéon chromatique possède les 12 demi-tons de la gamme chromatique. Une touche enfoncée produira la même note que l'on tire ou que l'on pousse le soufflet. Certains ont des boutons, d'autres des touches de piano. Suivant les modèles, la tessiture peut dépasser 4 ou 5 octaves.
Les accordéons diatoniques peuvent jouer des gammes diatoniques. Une touche enfoncée ne produira pas la même note selon que le musicien tire ou pousse le soufflet. On dit qu'il est bi-sonore.
Ces deux descriptions correspondent aux deux familles d'accordéons les plus répandues. De nombreuses variantes ont été réalisées (chromatique bi-sonore, diatonique uni-sonore, systèmes mixtes).
Utilisation dans différents styles musicaux
L'accordéon est utilisé en musique populaire, musique traditionnelle, musique folklorique, dans les musiques actuelles, ainsi qu'en musique classique et contemporaine.
Musique classique
La plus ancienne pièce de concert est Thème varié très brillant pour accordéon, écrit en 1836 par M Louise Reisner de Paris. Le compositeur russe Piotr Ilitch Tchaïkovski inclut (de façon optionnelle) quatre accordéons diatoniques dans sa Suite pour orchestre n 2 en Do Majeur, op. 53 (1883), simplement pour ajouter une petite couleur au troisième mouvement (Scherzo burlesque). Le compositeur italien Umberto Giordano inclut l'accordéon diatonique dans son opéra Fedora (1898). L'accordéoniste apparait sur la scène, avec également un joueur de piccolo et un joueur de triangle, trois fois dans le troisième acte (qui se déroule en Suisse), pour accompagner une courte et simple chanson qui est chantée par un petit savoyard.
En 1915, le compositeur américain Charles Ives inclut un chœur d'accordéons diatoniques (ou de concertinas) avec également, entre autres, deux pianos, un célesta, une harpe, un orgue, un zither et un thérémine optionnel dans son Orchestral Set n 2. La partie d'accordéon, écrite pour la main droite seulement, consiste en dix-huit mesures à la toute fin de l'œuvre. Le premier compositeur à avoir écrit spécifiquement pour l'accordéon chromatique est Paul Hindemith. En 1921 il inclut l'harmonium dans sa Kammermusik No. 1, une œuvre de musique de chambre en quatre mouvements pour douze musiciens, mais plus tard il réécrit la partie d'harmonium pour l'accordéon. D'autres compositeurs allemands ont aussi écrits pour l'accordéon.
En 1922, Alban Berg inclut un accordéon dans son opéra Wozzeck. L'instrument, marqué Ziehharmonika bzw. Akkordeon dans la partition, apparaît seulement durant la scène de la taverne, avec un ensemble sur scène (Bühnenmusik) consistant en deux violons, une clarinette, une guitare et un bombardon en fa (ou tuba basse).
D'autres compositeurs du vingtième siècle ont écrit pour l'accordéon comme Kurt Weill dans L'Opéra de Quat'sous (1928), Serge Prokofiev et sa Cantate pour le 20 anniversaire de la révolution d'octobre, op. 74 (1936), Dmitri Chostakovitch l'utilise dans la Jazz Suite No. 2 (1938), ainsi que Jean Françaix dans Apocalypse According to St. John (1939) ou Darius Milhaud dans Prélude et Postlude pour Lidoire (1946). L'accordéon est présent aujourd'hui dans le répertoire de musique contemporaine. Principalement en musique de chambre, des compositeurs comme Henk Badings (Sonate pour accordéon seul, 1981), Luciano Berio (Sequenza XIII pour accordéon seul, 1995) ou Jean Françaix, Concerto pour accordéon 1997) ont écrit pour l'instrument.
Musiques traditionnelles
Cyrille Brotto, joueur de musiques traditionnelles occitanes.
L'accordéon et ses variantes sont présents dans de très nombreuses musiques traditionnelles ou musique folkloriques. L'Écosse, l'Irlande ou la Grande-Bretagne sont rythmées par les jigs qu'elles soient light, slip, single ou treble, et les reels énergiques et rapides. L'Autriche, la Suisse ou la Bavière sont parfois représentées par des valses, des marches) ou des polkas. Les ensembles de musiques tsiganes et klezmers ont aussi des formes d'accordéons spécifiques comme le Bayan que l'on retrouve dans la musique traditionnelle en Russie.
En Amérique latine, de nombreux genres musicaux utilisent différentes sortes d'accordéons comme le norteña au nord-est du Mexique, le chamamé en Argentine, le cumbia et le vallenato en Colombie ou instrument musique brésilienne, le baião au nord-est.
Jazz
L'accordéon est présent dans la musique Jazz. Cela a commencé avec la collaboration de Django Reinhardt et Jo Privat à l'époque du jazz swing. L'accordéoniste Marcel Azzola a aussi réalisé des arrangements pour accordéon des plus grands standards de jazz comme All the Things You Are. Plus récemment, des accordéonistes se sont éloignés du musette traditionnel pour s'intéresser au jazz, comme les artistes Richard Galliano, ou Vincent Peirani.
L'accordéon en France
Le « piano du pauvre », ou « piano à bretelles », est entré dans la littérature française dès 1833, grâce au vicomte François-René de Chateaubriand dans Mémoires d'outre-tombe. L'accordéon en France est lié à l'histoire du bal musette. Avant la Seconde Guerre mondiale, des musiciens comme Gus Viseur ou Tony Murena font déjà le lien entre jazz et musette. Après la guerre, l'accordéon est utilisé par des auteurs-compositeurs-interprètes comme Léo Ferré ou Jacques Brel, et des virtuoses comme Aimable, qui promènera son instrument en tournées mondiales. Mais l'instrumentarium du jazz moderne (be-bop, free jazz), puis du rock dans les années 1960, tend à le ringardiser.
L'histoire de l'accordéon est liée également à celle du swing manouche, avec dès les débuts de ce mouvement des collaborations répétées entre Jo Privat et Django Reinhardt, des compositions très en avance sur leur temps de Gus Viseur et aujourd'hui de nombreux artistes swing tels que Ludovic Beier, Beltuner… Dans les années 1970, l'accordéon redevient populaire grâce à l'attrait des musiques traditionnelles et folkloriques qui l'utilisent (musique bretonne, slave, musique cadienne…) ; par l'utilisation par des chanteurs français comme Renaud qui le remettent au goût du jour ; par l'apparition d'accordéonistes majeurs, se détournant du musette, comme Marc Perrone ou Richard Galliano ; et par son utilisation par des groupes de la scène alternative comme la Mano Negra ou Les Négresses Vertes.
L'accordéon a maintenant acquis ses lettres de noblesse en musique classique (même si cela reste méconnu du grand public). Il est enseigné dans les conservatoires de musique depuis les années 1970. L'accordéon est également présent dans la création contemporaine d'avant-garde. On peut citer Pascal Contet, qui contribue activement à développer le répertoire contemporain avec des compositeurs comme Bernard Cavana, Vinko Globokar, Jacques Rebotier, Jean-Pierre Drouet, Bruno Giner, Jean Françaix...
Aujourd'hui, l'accordéon est largement utilisé aussi bien par des artistes de variétés (Patrick Bruel, Yann Tiersen…) que par des groupes « alternatifs » (Les Ogres de Barback, Les Têtes Raides, Red Cardell, Les Hurlements d'Léo, La rue ketanou, N&sk, Sagapool), les groupes de rap (Java, le Ministère des affaires populaires), des groupes régionaux qui arrangent ces morceaux et/ou en composent de nouveaux tel qu'Accordé à vent, groupe du Pas-de-Calais, le duo Kof a Kof avec Roland Becker au saxophone et Régis Huiban à l'accordéon chromatique, avec des musiciens de jazz tels que Richard Galliano, Marcel Azzola, Marc Berthoumieux, Jacques Bolognesi ou Marcel Loeffler, Lionel Suarez, René Sopa.
En 2005, Serge Lama a effectué une tournée avec un seul musicien, l'accordéoniste Sergio Tomassi jouant sur un accordéon numérique. Claude Parle développe l'accordéon dans le domaine des musiques improvisées et en relation avec la danse ou le jazz contemporain (depuis les années 1970).
Manufactures
Lyon avec la firme Cavagnolo, et Tulle avec la fabrique Maugein sont des villes importantes pour l'accordéon chromatique français.
Historiquement, la ville de Brive, avec l'usine Dedenis, fut très longtemps le siège de la première industrie de l'accordéon en France. Outre ces petites fabriques, plusieurs artisans fabriquent en France des instruments sur mesure ou commandés à l'unité, principalement des accordéons diatoniques, mais aussi des accordéons chromatiques. Autre démarche, les accordéons Joël Louveau travaillent à Matour sur la recherche au niveau de la facture instrumentale de l'accordéon chromatique et de l'harmonéon avec des innovations telles que le tri-clavier.
En partie à cause de son prix (sa fabrication est artisanale) et du changement des tendances musicales, dans sa version acoustique l'instrument a vu ses ventes décliner progressivement (Accordiola a déposé son bilan). Les versions électroniques ont suscité un regain d'intérêt, grâce à leur ajout de sonorités supplémentaires et d'une connectivité avec l'informatique musicale et les synthétiseurs hardware. En 2015, la marque Légende se lance sur le marché avec des accordéons en bois massif.
Plus ancienne manufacture d'accordéons
La manufacture d'accordéons la plus ancienne du monde, la société Harmona Akkordeon GmbH, se trouve en Allemagne, à Klingenthal, en Saxe.
Cette petite ville à la frontière de la Bohême vit s'installer des luthiers dès le milieu du XVII siècle, suivis des fabricants d'instruments cuivres et bois, et au XIX siècle des fabricants de l'harmonica. La production d'accordéons débuta lorsque Adolph Herold rapporta l'instrument de Magdebourg en 1852. Par la suite, des marques réputées telles que Barcarole, Contasina, Firotti, Horch, Royal Standard virent le jour et la fabrication d’accordéons devint un secteur d'activité important. De nombreuses inventions brevetées témoignent encore aujourd’hui de la créativité et de l’imagination des ingénieurs et des fabricants d’accordéons.
En 1948, plusieurs sociétés furent regroupées en entreprise collective, la « VEB Klingenthaler Harmonikawerke », tandis que d’autres sociétés s’unirent en coopératives de production artisanales ou devinrent semi-publiques.
Après la réunification de l'Allemagne et la fin de la RDA, la VEB Klingenthaler Harmonikawerke devint en 1992 la Harmona Akkordeon GmbH, qui produit encore aujourd’hui exclusivement à Klingenthal les accordéons de la marque Weltmeister. Plus de 90% des 2 500 pièces nécessaires à la réalisation d'un accordéon, qu’elles soient en bois, en métal, en plastique, en celluloïd, en tissu, en carton ou en papier, sont fabriquées sur place, dans la manufacture.
Un instrument d'artiste internationalement connu est le Supita, qui est aujourd'hui très apprécié tant pour l'orchestre que les productions en solo ou en studio.
Festivals français et belges
Il existe en France de nombreux festivals intégrant l'accordéon, ainsi qu'un certain nombre de festivals dédiés à l'instrument (qui peuvent être généralistes ou centrés sur un style de musique précis). Par exemple :
Wazemmes l'accordéon Lille
Les Nuits de nacre à Tulle (19)
Le Festival Sancyberie
Le festival Éoléon à Buzet-sur-Tarn (07)
Le Grand Soufflet à Rennes (35)
Le Festival Bouteille en Bretelles à Bourg-Saint-Andéol
Roubaix à l'accordéon à Roubaix (59)
Airs d'accordéon à Hergnies (59)
Le Printemps des bretelles à Illkirch-Graffenstaden (67)
Festival de l'accordéon de Lesterps en Charente près de Confolens (3 week-end de juillet)
Accordéons-nous à Trentels (47)
L'accordéon plein pot à Saint-Quentin-la-Poterie (34)
Les Dianautiques à Loguivy-lès-Lannion (22)
Le Festival de l'accordéon de Lamoura (organisé la dernière semaine de septembre, 39)
Festival de l'accordéon beaufortain à Beaufort (73)
Le Festival national d'accordéon au Mans (72)
L'Accordéon, moi j'aime !, en Belgique à Tournai
Surnoms
Quelques exemples de surnoms de cet instrument (en France) : piano à bretelles, piano du pauvre, boîte à frisson, branle-poumons, boîte à chagrin, soufflet à punaises, dépliant, calculette prétentieuse, boîte à soufflets et boîte du diable (boest an diaoul, en Basse-Bretagne et boueze en Haute-Bretagne).