La Kaaba, située à La Mecque en Arabie saoudite, est le centre de l'islam. Les musulmans du monde entier viennent y faire leur pèlerinage.
Station d'Abraham pour l'érection de la Kaaba.
L'islam (arabe : الإسلام) est une religion abrahamique s'appuyant sur le dogme du monothéisme absolu (l'adoration du Dieu unique sans lui attribuer aucun associé) et prenant sa source dans le Coran, considéré comme le recueil de la parole de Dieu (arabe : الله, Allah) révélée à Mahomet, proclamé par les adhérents de l'islam comme étant le dernier prophète de Dieu, au VII siècle en Arabie. Un adepte de l'islam est appelé un musulman. L'islam revendique pour fondement et enseignement principal le tawhid (monothéisme, unicité et indivisibilité), c'est-à-dire le monothéisme le plus épuré où le culte est voué exclusivement à Dieu, sans lui attribuer aucun fils.
Les musulmans croient que Dieu est un et inimaginable (sans image), que l'âme est mortelle (y compris celle de Satan) et que le but de l'existence est d'adorer Dieu. Les musulmans croient également que l'islam est la version complète et universelle d'une foi primordiale qui a été révélée à plusieurs reprises par le passé à travers les prophètes, incluant Adam, Noé, Abraham, Moïse et Jésus. Ainsi, elle se présente comme un retour sur les pas d'Abraham (appelé, en arabe, Ibrahim par les musulmans) du point de vue de la croyance, le Coran le définissant comme étant l'étalon-pied, la lieue de la Kaaba, le mille d'Abraham (milla ta Ibrahim), c'est-à-dire une soumission exclusive à la volonté d'Allah.
Le Coran reconnaît l'origine divine de l'ensemble des livres sacrés du judaïsme et du christianisme, tout en estimant qu'ils seraient, dans leurs interprétations actuelles, le résultat d'une falsification partielle: le Suhuf-i-Ibrahim (les Feuillets d'Abraham), la Tawrat (le Pentateuque ou la Torah), le Zabur de David et Salomon (identifié au Livre des Psaumes) et l'Injil (l'Évangile révélée).
Le Coran établit l'importance de la Sunna de Mahomet qui est connue par des transmissions de ses paroles, faits et gestes, approbations (y compris silencieuses), récits appelés hadîths, auxquels se réfèrent la majorité des musulmans pour l'établissement de règles juridiques (fiqh) permettant la compréhension et l'accomplissement des adorations du musulman au quotidien. Les différentes branches de l'islam ne s'accordent pas sur les compilations de hadiths à retenir comme authentiques. Le Coran et les hadiths dits « recevables » sont deux des quatre sources de la loi islamique, la charia, les deux autres étant l'unanimité (ijma’) et l'analogie (qiyas).
En 2010, le nombre de musulmans dans le monde est estimé à 1,6 milliard, soit 23,4 % de la population mondiale, ce qui fait de l'islam la deuxième religion du monde après le christianisme et devant l'hindouisme. C’est, chronologiquement parlant, le troisième grand courant monothéiste de la famille des religions abrahamiques, après le judaïsme et le christianisme avec lesquels il possède un certain nombre d'éléments communs.
L’islam se répartit en différents courants, dont les principaux sont le sunnisme, qui représente entre 80 et 85 % des musulmans, le chiisme, rencontré principalement en Irak et en Iran, et le kharidjisme.
Étymologie
Le croissant et l'étoile verts, symboles politiques de l'islam.
Le mot « islam » est la translittération de l’arabe الإسلام, islām , signifiant : « résignation », « reddition », « soumission », sous-entendant « à la volonté de Dieu ». Il s'agit d'un nom d'action (en arabe اسم فعل ism fi'l), qui désigne l'acte de se soumettre d'une manière volontaire, dérivé d'un radical sémitique, s.l.m, à l'origine d'une classe de mots signifiant la concorde, la complétude, l'intégrité ou la paix.
Le mot « islam » avec une minuscule désigne la religion dont le prophète est Mahomet. Le terme d'« Islam » avec une majuscule désigne la civilisation islamique dans son ensemble, « un ensemble de traits matériels, culturels et sociaux durables et identifiables ».
Le nom d'agent (en arabe اسم فاعل ism fā'il) dérivé de cette racine est مُسْلِم muslim « celui qui se soumet », à l'origine du mot français musulman. Le mot « Musulman » avec une majuscule désignait au sein de l'ex-Yougoslavie une des communautés nationales (nationalité distincte depuis 1974) et la désigne encore dans certains des États qui en sont issus. Au temps de l'inquisition du Troisième Reich, le mot correspondait à la traque de toute personne circoncise du prépuce comme présomption d'appartenance religieuse.
La religion musulmane a été désignée autrefois en français par le mot « islamisme » (comme « judaïsme », « christianisme », « bouddhisme », « animisme », etc). Mais ce terme tend à être remplacé par celui d'« islam », le mot « islamisme » s'étant spécialisé pour désigner les courants politiques radicaux ou non du revivalisme musulman. L'islamisme est une doctrine politique qui vise à l'expansion de l'islam.
Le mot Islam, qui peut alors porter une majuscule, a toutefois aussi en français un sens différent : il désigne, au-delà de la religion proprement dite avec sa foi et son culte, une puissance politique et un mouvement de civilisation général.
L'adjectif « islamique » qualifie tout ce qui se rapporte à l'islam en tant que religion et en tant que civilisation.
Les termes « islam » (soumission totale à la volonté divine) et « musulman » (soumis entièrement à la volonté divine) ne sont employés couramment en français que depuis le XX siècle . C'est pourquoi, on trouve encore, particulièrement dans les anciens romans de chevalerie, les termes mahométisme (anciennement mahométanisme) et mahométan, qui sont tombés en désuétude depuis plus d'un siècle. Les termes « mahométisme » et « mahométan » dérivent tous deux de « Mahomet ». Orthographié en français Mahomet (et en anglais Muhammad), le prénom du prophète de l'islam qui signifie en arabe « le loué », « le digne de louange », « le temple de la louange », fourche en « celui qui n'est pas loué ». En effet, il est à noter que le Ma marque en arabe la négation. Ces déformations à visée apologétique remontent aux premières traductions du Coran au XIIe siècle en Al-Andalus (Espagne musulmane) qui s'inscrivaient alors dans le cadre d'une entreprise de réfutation de l'islam et de meilleure connaissance de la religion adverse initiée par l'abbé de Cluny, Pierre le Vénérable, et poursuivie par l'anglais Robert de Chester. Leur usage, actuellement, sans être insultant, prend le sens péjoratif de religion étrangère, inactuelle et surannée.
Histoire
L'islam est apparu en Arabie au VII siècle sous l'impulsion du prophète Mahomet. Un siècle après sa mort, un empire islamique s'est étendu depuis l'océan Atlantique à l'ouest jusqu'à l'Asie centrale à l'est. Celui-ci n'est pas resté unifié longtemps ; la nouvelle religion a rapidement connue un premier schisme (première fitna) et plus tard un deuxième schisme (deuxième fitna). Ensuite, il y eut des dynasties rivales réclamant le califat, ou la conduite du monde musulman, et beaucoup d’empires islamiques furent gouvernés par un calife incapable d'unifier le monde islamique.
Territoire sacralisé par les musulmans qui se mettent en état d'irham. Au moment de sa mort en 632, Mahomet avait réussi à réunir toute la péninsule arabique.
En dépit de ce morcellement de l'islam en tant que communauté politique, les empires des califes d'Abbassides, l’empire moghol et les Seldjoukides étaient parmi les plus grands et les plus puissants au monde. Les Arabes produisirent bon nombre de centres islamiques, de scientifiques, d’astronomes, de mathématiciens, médecins et d'illustres philosophes pendant l'âge d'or de l'islam (voir Sciences et techniques islamiques). La technologie s'épanouit ; un investissement soutenu dans les infrastructures, telles que des systèmes d'irrigation et des canaux; et surtout, l'importance de lire le Coran produisirent un niveau relativement élevé de l'instruction parmi la population.
Plus tard, aux XVIIIetXIX siècles, plusieurs régions islamiques tombèrent sous les puissances impériales européennes. Après la Première Guerre mondiale, les restes de l'Empire ottoman furent partagés sous forme de protectorats européens.
Bien qu'affectée par diverses idéologies, telles que le communisme, pendant une bonne partie du XX siècle, l'identité islamique et la prépondérance de l'islam sur des questions politiques augmentèrent au cours de la fin du XX siècle et le début du XXI siècle. La croissance rapide, les intérêts occidentaux dans des régions islamiques, les conflits internationaux et la globalisation influencèrent l'importance de l'islam dans le moulage du monde du XXI siècle.
Situation contemporaine mondiale
Carte des pays dont la communauté musulmane représente plus de 10 % de la population. En vert, les pays à majorité sunnite, en violet, ceux à majorité chiite, et en noir, ceux à majorité ibadiste.
En 2010, le nombre de musulmans dans le monde est estimé à 1,6 milliard, soit 23,4 % de la population mondiale. La diffusion de l'islam, hors du monde arabe, s'explique par les migrations et les conversions. L'islam est aujourd'hui la religion ayant la plus forte croissance démographique. Si les tendances démographiques actuelles se poursuivent, l'islam pourrait dépasser le christianisme et devenir la première religion au monde d'ici 2070.
L'islam est la seule religion dont le nom figure dans la désignation officielle de plusieurs États, sous la forme de « République islamique ». Il s'agit alors officiellement de la religion d'État. Toutefois, ces États ne sont pas les seuls où l'imbrication du civil et du religieux est conforme à ce que veut la charia comme en Arabie.
Il peut se produire une confusion entre Arabes et musulmans, principalement à cause de deux facteurs : l'origine arabe de l'islam et la place centrale qu'occupe la langue arabe dans cette religion. Il y a environ 300 millions d'Arabes, dont la grande majorité est musulmane. En fait, 20 % seulement des musulmans vivent dans le monde arabe, un cinquième sont situés en Afrique subsaharienne, et la plus grande population musulmane du monde est en Indonésie, suivi par l'Inde. D'importantes communautés existent au Nigeria, Bangladesh, Afghanistan, Pakistan, en Iran, en Chine, en Europe, dans l'ancienne Union soviétique, et en Amérique du Sud. Il y a trois millions de musulmans aux États-Unis représentant 1 % de la population américaine et environ 2,1 millions en France selon l'INED et l'INSEE, principalement issus de l'immigration auxquels il faut ajouter les conversions, dont le nombre est très difficile à déterminer d'autant qu'il y a des conversions en sens inverse et des apostats.
Théologie musulmane : les cinq piliers de l'islam
Chahada gravée sur une colonne dans la Grande Mosquée de Kairouan, Tunisie.
Les piliers de l'islam sont les devoirs incontournables que tous les musulmans doivent appliquer. Les plus notables et respectés sont au nombre de cinq. Ces cinq piliers sont explicitement cités dans le Coran séparément, bien que le nombre de cinq n'est pas directement rapporté dans le Coran mais plutôt dans un hadith prophétique : « L'islam est bâti sur cinq piliers » :
la foi en un Dieu unique (tawhid), Allah, et la reconnaissance de Mahomet comme étant son prophète : « أشهد أن لا إله إلا الله و أشهد أن محمداً رسول الله » (Je témoigne qu'il n'y a de dieu qu'Allah et que Muhammad est le Messager d'Allah)
l'accomplissement de la prière quotidienne et ce cinq fois par jour, la salat ; الصبح (Al-Sobh) الظهر (Al-Dohr) العصر (Al-Asr) المغرب (Al-Maghreb) العشاء (Al-Ichâa)
الصبح (Al-Sobh)
الظهر (Al-Dohr)
العصر (Al-Asr)
المغرب (Al-Maghreb)
العشاء (Al-Ichâa)
l'aumône légale envers les nécessiteux, la zakât, si on est imposable : elle consiste en un prélèvement obligatoire de 2,5 % dès un seuil d'imposition de 20 dinars (évalués à 84 grammes d'or de 18 carats) ;
le respect du jeûne lors du mois de ramadan ;
le hajj, le pèlerinage à La Mecque au moins une fois dans sa vie, si on en a les moyens matériels et physiques.
La chahada (« déclaration de foi »), qui représente une partie credo islamique, consiste en une phrase très brève : « Je témoigne qu’il n’y a de vraie divinité qu'Allah et que Mohamed est Son messager. »
Théologie musulmane : les six piliers de la foi musulmane
Allah sur le cœur
Les piliers de la foi musulmane (« إيمان », « al imane ») sont les articles de foi auxquels tous les musulmans doivent croire. Pour l'essentiel, Mahomet a défini la croyance (ou la foi) par une parole qui signifie : « La foi (Imane) est que tu croies (1) en Dieu, (2) en Ses anges, (3) en Ses livres, (4) en Ses messagers et (5) en la réalité du jour dernier et (6) que tu croies en la réalité de la destinée, qu'elle soit relative au bien ou au mal ».
Dans la jurisprudence religieuse, l'adhérent à l'islam est nommé mouslim (musulman) et l'adhérant à l'imane est nommé mou'min (croyant, circoncis du cœur), sans pour autant faire de dissociation entre les deux car ces deux termes sont jugés indissociables et complémentaires du point de vue religieux.
En effet, l'imam Abou Hanîfa (mort en 150H/767G) a explicité la position musulmane concernant le rapport entre l'imane et l'islam en ces paroles: « Ils sont comme le revers et le plat de la main », c'est-à-dire qu'ils sont inséparables, et par conséquent tout musulman (mouslim) est considéré comme croyant (mou'min) et vice-versa.
Les juristes musulmans ont dit que sans une acceptation totale de la foi (imane) par le cœur, l'appartenance de quiconque à l'islam est invalide. De même, toute conversion à l'islam n'est valable que par la foi (imane) dans le cœur et additionnée de la prononciation verbale des deux « témoignages de foi » (Ach-Chahadah) à savoir par exemple « Je témoigne qu'il n'y a de vraie divinité que Dieu et je témoigne que Mouhammad est le Prophète de Dieu ». Cependant, il existe plusieurs degrés de croyants (mou'minoun).
Dans l'islam, la croyance et la pratique, le fond et la forme, sont intimement liées. En effet, les versets coraniques décrivent souvent le croyant mou'min comme étant « celui qui croit et pratique de bonnes œuvres ». Bien évidemment, il est alors question du mou'min complet. Toutefois ce lien met en lumière le fait que la spiritualité et l'action sont donc deux éléments fondamentaux qui participent de l'être du croyant. Les actes sont donc le reflet de la foi et ils ne valent que selon leurs intentions.
Allah
Allah écrit en arabe
Allah (avec l'article agglutiné) est le terme sans pluriel, ni genre, utilisé par les musulmans et arabophones chrétiens et juifs en référence à Dieu, alors que le mot 'ilāh (arabe : إله) est le terme utilisé pour une divinité, une déesse ou un dieu, en général.
Le fondement doctrinal de l'islam est que Dieu (Allah en arabe) est unique. Le symbole de l'unicité de Dieu (tawhid) se décompose en trois couleurs primaires selon une position dogmatique remontant à l'Imam Ibn Taymiyya au XIV siècle :
Allah est Un dans la Maîtrise (tawhid ar-Rouboubiya)
(Ou, la foi en la maîtrise d'Allah) C’est le fait de reconnaître les œuvres spécifiques à Allah (tel le fait de donner la vie, la mort, la subsistance…). Reconnaître Allah comme Maître c’est lui reconnaître :
- La création, Allah est Le seul Créateur
- La souveraineté, Allah est Le seul à détenir la souveraineté
- La gérance, Allah est Le Seul à gérer la création
Allah est Indivisible dans l'adoration ou l'obéissance (tawhid al Oulouhiya)
(Ou, la foi en la divinité d'Allah) C’est le fait de vouer tout acte d’adoration à Allah, en toute exclusivité.
« Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent »
(Coran. Sourate 51, verset 56)
L’adoration telle que la définit Ibn Taymiyya est :
« Un terme qui englobe tout ce qu’Allah aime et agrée comme œuvre apparente ou cachée »
Allah est Impair dans le nom et les attributs (tawhid al asma wa sifat)
(Ou, la foi en ses nom et attributs) Allah dans le Coran s’est attribué un nom (voilé) et des qualificatifs, tout comme Mahomet dans sa sounna (traditions) a attribué à Allah un nom (voilé) et des qualificatifs, que tout musulman se doit d'accepter.
- Tous les attributs d’Allah sont parfaits puisque chacun d’entre eux désignent un qualificatif qui est lui aussi au summum de la perfection. C’est pourquoi les musulmans doivent invoquer Allah par ces attributs-là.
- Les attributs d’Allah sont tous parfaits, sans aucune faille.
« C’est à ceux qui ne croient pas en l’au-delà que revient le mauvais qualificatif, tandis qu’à Allah Seul est le qualificatif suprême et c’est Lui le Tout Puissant et le Sage »
(Coran. Sourate 16, verset 60)
Exemples d'attributs d'Allah : al-Wahid (l'unique) al-Rahmane (le miséricordieux) al-Rahime (le tout-miséricordieux) al-Afou (le tout-clément) al-Awal (le premier) al-Akhir (le dernier).
Ces trois composantes de l'unicité sont indissociables et forment à elles trois, le Tawhid, ou le premier pilier de la foi. Par conséquent, nul ne peut recevoir la lumière de l'islam s'il ne reconnaît pas dans son cœur, ne serait-ce que l'une de ses trois couleurs primaires.
La salle de prière de la Grande Mosquée de Kairouan, soutenue par une forêt de colonnes en marbres de couleurs et de provenances diverses.
Les théologiens musulmans affirment que les versets qui donneraient en apparence des organes ou un emplacement à Allah ne doivent pas faire sujet de comparaison avec une créature.
Dieu est décrit dans le Coran à plusieurs reprises. À titre d'exemple, les versets suivants :
« Dis : "Il est Allah, Unique. Allah, Le Seul à être imploré pour ce que nous désirons. Il n'a jamais engendré, n'a pas été engendré non plus. Et nul n'est égal à Lui". »
(Coran. Sourate 112)
« Allah! Point de divinité à part Lui, le Vivant, Celui qui subsiste par lui-même "al-Qayyum". Ni somnolence ni sommeil ne Le saisissent. À lui appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Qui peut intercéder auprès de Lui sans Sa permission? Il connaît leur passé et leur futur. Et, de Sa science, ils n'embrassent que ce qu'Il veut. Son Trône "Kursiy" déborde les cieux et la terre, dont la garde ne Lui coûte aucune peine. Et Il est le Très Haut, le Très Grand. »
(Coran. Sourate 2, verset 255)
Selon un hadîth, il est mentionné qu'Allah a quatre-vingt-dix-neuf attributs parfaits (asma'ou l-Lahou l-housna) révélés par Dieu, qui permettent au musulman qui les connaîtrait par cœur et les utiliserait, d’entrer au paradis. Le Coran cite des attributs comme al-'ahad (Celui Dont les perfections sont sans rapport avec les caractéristiques des créatures) ou ar-rabb (Celui à Qui nous nous devons d’obéir), Al-Malik (Celui à Qui ce monde appartient en réalité et en totalité et Celui Dont la domination est absolue et exempte de toute imperfection) qui ne sont pas cités dans le hadith précédant. Un autre hadith affirme qu’Allah possède un nom inconnu des gens du commun. Selon une version de ce hadith, ce nom est qualifié de الأعظم "Al-Adham" qui veut dire "le plus grand" ou "le plus noble".
Comme dans la tradition juive, le nom propre de Dieu est ineffable.
Les Anges
Le Coran affirme l'existence des anges, cette croyance est obligatoire pour tout musulman qui est inscrite dans les six piliers de la foi (imane), qui sont les messagers (en arabe ملك malak veut dire messager) de Dieu (comme ses homologues dont l'hébreu (malakh) et le grec (angélos)) dont ils exécutent ou transmettent les ordres. Du point de vue coranique, ils ne possèdent pas de libre arbitre contrairement aux djinns (êtres de feu) et aux humains et de ce fait sont soumis et adorent Dieu de la meilleure façon possible. Les quelques missions des plus essentielles des anges sont de communiquer les révélations de Dieu, de le glorifier, d'enregistrer les œuvres des hommes et de servir d'instruments dans les affaires humaines notamment pour Mahomet, de prendre l'âme des personnes au moment de leur mort et d'avoir une spécificité à leurs résurrections. Les musulmans croient que les anges sont faits de lumière, ils sont par ailleurs décrits dans ce verset par exemple : "Louange à Allah, Créateur des cieux et de la terre, qui a fait des Anges des messagers dotés de deux, trois, ou quatre ailes. Il ajoute à la création ce qu'Il veut, car Allah est Omnipotent." (sourate 35:1). Ainsi l'Islam confirme l'imagerie actuelle qu'on se fait d'eux, il existe comme les humains des anges de genres masculins et féminins bien qu'ils ne peuvent procréer.
L'ange Gabriel joue un rôle d'une importance considérable comme ayant transmis la parole coranique à Mahomet.
L'ange Raphaël correspond à « Israfil » en arabe .
Iblis
Il y a particulièrement un vif débat au sein de la congrégation au sujet d'Iblis où deux avis sont opposés sur l'appartenance de Satan parmi les djinns (êtres de feu), ou à son stade particulier d'ange déchu. Les salafistes (tenants du dernier avis) fondent leur position sur la (seule) lecture de la sourate Al-Baqara, alors que les soufis (tenants du premier avis) fondent la leur sur celle de la sourate Al-Kahf notamment.
Selon le Coran, le péché d'Iblis est l'orgueil (compris en islam comme une fierté volée).
Les Écritures
Selon le récit religieux musulman, les écritures révélées sont au nombre de 104 comme le rapporte ce hadîth : « Le grand compagnon Abou Dharr a demandé au Prophète (Que Dieu l’élève d’avantage en grade) (dans le sens) : « Combien de Livres Dieu a-t-Il révélés, ô Messager de Dieu? Le Prophète (Que Dieu l’élève d’avantage en grade) répondit : 104 Livres. » » (Rapporté par Ibn Habban)
Les plus connus sont le Coran (qour’ân) révélé à Mahomet, la Torah (tawrât) révélée à Moïse, les Psaumes (zaboûr) révélés à David, l'Évangile (injîl) révélé à Jésus. Il y aussi référence aux feuillets d'Abraham et de Moïse dans le Coran. Selon les musulmans, le Coran est le dernier des livres révélés, car Mahomet est pour eux le dernier prophète et, de toutes ces écritures révélées, seul le texte du Coran serait demeuré intact. Le texte des autres livres révélés aurait été falsifiés sur Terre, mais préservés dans les cieux.
Le Coran
Calligraphie de la Sourate Al-Fatiha, sur une omoplate de chameau.
Le Coran (القرآن al qourān, « lecture » ou « lectionnaire ») est le livre le plus sacré des musulmans. C'est le premier livre connu à avoir été écrit en arabe, qu'il a contribué à fixer . Les musulmans le considèrent comme la parole de Dieu, transmise à Mahomet.
Selon le récit religieux musulman, cette transmission de l'archange Gabriel à Mahomet aurait eu lieu de manière fragmentaire par voie auditive externe, par la voie du rêve prophétique ou par la voie de la révélation divine (وحي Wahy), durant une période de vingt-trois ans.
Étant illettré, ce sont certains de ces compagnons lettrés par exemple Zayd ibn Thâbit, qui ont mis par écrit les versets du Coran au fur et à mesure des révélations qu'eut Mahomet. Ces versets étaient écrits sur des feuillets, pièces de cuir, os plats prélevés de carcasses d'animaux. En somme, tout support sur lequel les scribes pouvaient écrire les versets que Mahomet dictait.
C'est le premier calife et beau-père de Mahomet, Abou Bakr As-Siddiq, qui, peu après la mort du prophète de l'islam (en 632), à la demande de Omar ibn al-Khattâb lorsqu'un grand nombre de compagnons ayant mémorisé le Coran par cœur furent tués à la bataille d'Al-Yamama, met le scribe du prophète Zayd ibn Thâbit à la tête d'un comité ayant pour mission de réunir tous les passages récités de son vivant pour les sauvegarder dans un écrit déposé entre les mains de sa fille Aïcha, veuve de Mahomet. Lorsque le deuxième calife Omar ibn al-Khattâb lui succède, il réunit le texte en un seul volume qui passa alors chez sa fille Hafsa, également veuve de Mahomet. C'est le troisième calife et gendre de Mahomet, Othmân ibn Affân (**4-656), à la suite de divergences de récitations survenues entre irakiens et syriens, qui demanda à Hafsa de lui prêter le manuscrit en sa possession pour fixer un texte unique et officiel à partir de cette édition et expédier des copies reliées dans les différentes provinces musulmanes. Afin d'éliminer tous risques d'erreurs, le comité n'accepta que les écrits qui avaient été rédigés en présence de Mahomet et exigea deux témoins fiables à l’appui, qui avaient réellement entendu Mahomet réciter les versets en question. Malgré ces efforts pour prévenir tout schisme à l'intérieur de l'islam, les kharidjites, par puritanisme, ont rejeté notamment comme apocryphe la sourate Yusuf du Coran (dit d'Othmân), en ce qu'elle évoquerait en des termes scabreux la femme du Potiphar d'Égypte s'entichant du beau Joseph (Youssef dans le récit coranique) et ce, en dépit du récit biblique convergent quant à cette affaire.
Acquis aux vues des mutazilites , le calife Al-Ma’mūn à Bagdad, vers 820 proclame le Coran, manifestation de l'attribut de Allah appelé « Kalâm de Allah », par dogme, incréé, éternel et inimitable. Les débats houleux se prolongeront ainsi jusqu'au IX siècle. Ahmad Ibn Hanbal, aux prises avec une véritable inquisition musulmane, ayant assigné le rôle des autres écrits - hadîth, sunna — déclare finalement le Coran incréé de la première à la dernière page. Il ne peut donc pas avoir été écrit, précédé, ni prolongé. Son origine n'est pas humaine.
Une école coranique à Touba (Sénégal)
Cependant cette non création du Coran n'est mentionnée explicitement ni dans le Coran ni dans les hadiths.
La seule étude du texte se résume à l'apprendre par cœur et à en rechercher le sens transmis, et à le mettre en pratique. Il est au cœur de la pratique religieuse de chaque musulman. Pour celui-ci, le Coran est un livre saint qui n'aurait pas subi d'altération après sa révélation, car Dieu a promis que ce livre durerait jusqu'à la fin des temps : le texte ainsi que sa signification sont préservés sur Terre, c'est-à-dire qu'ils existent et sont détenus par la majorité selon un hadith de Mahomet, mais cela n'empêche en rien l'existence de mauvaises interprétations chez ceux qui ne sont pas « versés dans la science ».
Le Coran est divisé en cent quatorze chapitres nommés sourates, de longueurs variables. Ces sourates sont elles-mêmes composées de versets nommés âyât (pluriel de l'arabe âyah, « signe », « lettre » ou « révélation »). L'ordre des versets et sourates tel qu'on le connaît a été dicté par Mahomet.
S'il n'y a qu'un seul Coran, il existe 7 lectures canoniques nommées Qirâ’at. En effet, lorsque le Coran a été fixé par écrit avec la Vulgate d’Outhman, il a été précisé ultérieurement la voyellisation établissant les règles de la psalmodie. Seules deux variantes de lectures du Coran (Qirâ’at) sont véritablement connues de la plupart des musulmans et ont fait l'objet d’une réelle diffusion dans le monde arabe : la lecture occidentale (en Afrique) ou lecture de Médine est connue sous le nom de « lecture de Warch » ; et la lecture orientale (en Asie) ou lecture de Koufa est connue, quant à elle, sous le nom de « lecture de Hafs », chaque nom étant tiré du nom du spécialiste de cette science. La différence entre les lectures tient avant tout à la psalmodie, la manière de lire, de prononcer. C’est d’ailleurs pour cela que l’on parle de « lecture ». Mais il existe aussi et surtout des différences dans le découpage des sourates en versets, autrement dit dans la "dimension" des versets, ce qui explique également les différentes modalités de psalmodie.
La plupart des musulmans ont un grand respect pour le Coran et font les ablutions, c'est-à-dire se lavent comme pour faire les prières, avant de le toucher et de le lire. Les vieux exemplaires sont brûlés, et non détruits comme du vieux papier. Le statut théologique du texte le met en effet à l'écart de toute autre chose : le texte contenu dans le livre est censé être une manifestation de la puissance de Dieu et est considéré par les musulmans comme un miracle accordé à leur prophète.
La plupart mémorisent au moins une partie du Coran dans sa langue originale, l’arabe. Cette partie correspond aux versets nécessaires pour faire les prières quotidiennes. Ceux qui ont mémorisé le Coran en entier sont connus sous le nom de hāfiz.
Dogme de l'arabité
Le dogme de l'arabité proclame que le Coran a été révélé à Mahomet dans sa langue.
« en une langue arabe très claire. »
(Coran. Sourate 26, verset 195)
Selon le récit religieux musulman, la langue arabe aurait été révélée à Adam en 29 lettres de l'alphabet. Et Mahomet de préciser que : « Lâ est une seule lettre » (c'est-à-dire la négation et non pas la hamza qui marque seulement un coup de glotte).
Il existe plusieurs traductions du Coran de l’arabe vers des langues étrangères. De nombreuses versions modernes présentent le texte arabe sur la page de droite (l'arabe s'écrivant de droite à gauche) et la traduction sur la page de gauche (les écritures occidentales comme le français s'écrivant de gauche à droite).
Selon le récit religieux musulman, certains compagnons du prophète de l'islam (sahabas) auraient traduit des parties du Coran de son vivant. Ainsi, le compagnon Salman le Perse aurait traduit la première sourate Al-Fatiha (indispensable pour la prière) en persan, à la demande expresse des musulmans perses, leur permettant ainsi de prier avec la version persane « jusqu’à ce que leur langue se soit allégée à [la prononciation de la langue] arabe ». De même, le cousin germain de Mahomet, Jaafar ibn Abi Talib, aurait traduit en guèze les versets relatifs à la conception virginale de Jésus au Négus d'Éthiopie, lorsqu’il y fut envoyé comme ambassadeur avant l'Hégire .
Toutefois, après la mort de Mahomet, les courants les plus conservateurs de l'islam ont exprimé un refus catégorique de traduire le Coran considérant que la traduction n'est plus la parole de Dieu. Certains musulmans pensent en effet que le Coran n'existe que dans sa version originale en langue arabe et que les traductions étant d’origine humaine sont imparfaites et faillibles et aussi en raison de caractéristiques polysémiques proprement intraduisibles de l’arabe, et enfin parce que le message aurait été révélé exprès dans cette langue. Ils considèrent donc les traductions seulement comme des commentaires ou des interprétations de sa signification, et non comme le Coran lui-même. L’explication et l’explicitation (rendre explicite l'implicite) du Coran dans toute autre langue que l’arabe ou en arabe, est communément admise.
Dogme de l'inimitabilité
En réponse à ses contradicteurs, le dogme de l'inimitabilité proclame que le Coran est un miracle et qu'aucune parole humaine ne saurait le surpasser en beauté. Son inimitabilité sert le double objectif de prouver l'authenticité de :
l'origine divine du Coran comme émanant du créateur ;
la prophétie de Mahomet à qui il a été révélé comme messager pour le genre humain.
Il s’appuie sur un verset coranique « Dis: "Même si les hommes et les djinns s´unissaient pour produire quelque chose de semblable à ce Coran, ils ne sauraient produire rien de semblable, même s´ils se soutenaient les un les autres" ».
(Coran. Sourate 17, verset 88)
Selon la tradition islamique, un certain Musaylima al-kadhdhâb a tenté, en vain, de relever ce défi, déclarant à ses compatriotes du Nejd venus le trouver pour contrer la prophétie de Mahomet : « A moi aussi, l'ange Gabriel m'a apporté une sourate pareille », puis tournant en dérision la sourate Al-Fil notamment : « Dans la sourate L'éléphant, je vois l'éléphant. Qu'est-ce que c'est que l'éléphant ? Qu'est-ce qu'il signifie ? Qu'est-ce que ce quadrupède ? Il a une queue, et un bout de queue, et une longue trompe. Certes, c'est une création de notre Dieu le magnifique. ». Par ailleurs, un certains nombre de poètes, dont Bashâr Ibn Burd (†784), Abū al-ʿAtāhiyya (†828), Al-Mutanabbi (†965) et Abu-l-Ala al-Maari (†1058), ont écrit des textes dépassant, selon eux, le Coran en éloquence.
Plusieurs recherches actuelles réinterrogent ce concept d'inimitabilité. En effet, Jean-Jacques Walter avance l'écriture du Coran par plusieurs auteurs à partir de textes préexistants. Le style du Coran, lui-même, fait débat et est considéré par Oliver Leaman comme syntaxiquement « maladroit » et « laid ». En sens contraire, Anne-Sylvie Boisliveau, dans son étude, souligne que l'aspect unifié du style du texte et de l’argumentation nous démontrerait qu'il y a un « auteur » plutôt qu'un ensemble d’ « auteurs » en ce qui concerne la part quantitativement la plus importante du Coran qu'elle appelle « le discours sur le statut du texte coranique », et que le Coran aurait été composé à l'époque du Prophète. Par ailleurs, elle analyse que le caractère déroutant du Coran pour le lecteur occidental (habitué à la rhétorique grecque) viendrait en particulier de la rhétorique sémitique. L'historienne Silvia Naef explique que selon elle, il n'existerait pas différentes couches rédactionnelles dans le Coran mais que seul l'apparition de points diacritiques a pu modifier les différentes divergences et canoniser la lecture du Coran au VIII siècle .
Selon plusieurs recherches numériques (avec ou sans l'aide de l'informatique), tout le livre serait construit sur le nombre 19 (nombre premier, c'est-à-dire indivisible en un nombre entier).
Ses prophètes
Les musulmans considèrent que l’envoi des prophètes est une miséricorde et une grâce d'Allah pour ses créatures, car la raison à elle seule ne permet pas de connaître tout ce qui sauve dans l'au-delà. Leur fonction principale est donc de montrer aux gens le chemin, la voie (la charia) qui mène au bonheur éternel. Et pour prouver leur véracité, Allah les a appuyés par des faits hors du commun, à savoir les miracles qui constituent des défis implacables que personne ne peut contrecarrer ni imiter.
Tous les prophètes d'Allah ont fait valoir un bon comportement et une conduite exemplaire. Ils sont nécessairement immunisés contre la mécréance, les grands péchés et les petits péchés reflétant une bassesse de caractère, ceci avant et après la mission prophétique. Le premier est Adam et le dernier est Mahomet.
Selon l'islam tous les prophètes sont soumis à Dieu, c'est-à-dire musulmans et ont tous appelé les gens à entrer dans sa religion. En effet, sa signification est croire en un Dieu unique sans rien lui associer et de croire au message de Mahomet envoyé pour son époque.
Les textes expliquent qu'Adam a inauguré la fonction prophétique, tandis que c’est par Mahomet, le dernier, qu’elle a été clôturée. Leur nombre est très grand, citons quelques-uns : Abraham (Ibrâhîm), David (Dâwoûd), Isaac (Ishâq), Ismaël (Ismâ'îl), Jacob (Ya'qoûb), Jean-Baptiste (Yahyâ), Jethro (Chou'ayb), Job (Ayyoûb), Jonas (Yoûnous), Joseph (Yoûçouf), Loth (Loût), Moïse (Moûçâ), Noé (Noûh), Salomon (Soulaymân), Zacharie (Zakariyyâ), Jésus (Issah).
Mahomet
Le nom de Mahomet, suivi de son titre "Messager d'Allah", inscrit sur la porte de la Mosquée de Médine en Arabie saoudite.
Il est possible de faire une histoire des représentations de Mahomet, mais pas une biographie historique au sens moderne du terme. L’ensemble des données non islamiques sur la vie de Mahomet ne dépassent pas une page.
Le chef religieux, politique et militaire arabe Mahomet (محمد en arabe), dont le nom est parfois aussi transcrit par Mohammed, Muhammad, etc. en français est le fondateur de l'islam et de l'oumma, la « matrie» en quelque sorte (sans aucune idée de communautarisme, mais au contraire d'universalisme). Il est considéré comme le dernier prophète du monothéisme par les musulmans et il n'est reconnu comme prophète que par cette congrégation. Ils ne le considèrent pas comme le fondateur d'une nouvelle religion, mais pensent qu'il est le dernier d'une lignée de prophètes de Dieu (du monothéisme) et considèrent que sa mission est de restaurer la foi monothéiste originale d'Adam, Abraham et d'autres prophètes, foi qui avait été corrompue par l'homme au cours du temps.
Selon le Coran, pendant les 23 dernières années de sa vie, Mahomet dicte des versets, qu'il reçoit d'Allah par l'intermédiaire de l'ange Gabriel (Jibril), à des fidèles de plus en plus nombreux convaincus par ce nouveau message. Le contenu de ces révélations sera compilé moins de 20 ans après la mort de Mahomet en un ouvrage, le Coran, livre saint des musulmans.
Hadiths
Décorations à l'intérieur de la médersa Tilla-Kari de Samarcande en Ouzbékistan. Un joyau exceptionnel de l'architecture islamique.
Les hadiths sont les paroles ou actes de Mahomet considérés comme des exemples à suivre par la majorité des musulmans. Les é***** de jurisprudence madhhabs considèrent les recueils de hadiths comme des instruments importants permettant de déterminer la sunna, la « tradition » musulmane. Le hadith était à l'origine une tradition orale qui rapportait les actions et coutumes de Mahomet. Cependant, à partir de la première fitna, au VII siècle, ceux qui ont reçu les hadiths ont commencé à questionner les sources des paroles. Leur crédibilité est généralement proportionnelle au crédit des témoins qui les ont rapportés. Cette chaîne de témoins est appelée isnad. Il est généralement admis que c'est pendant le règne du calife ʿUmar II, au VIII siècle, qu'ont commencé les transcriptions par écrit de grands recueils de hadiths, qui se sont stabilisés au siècle suivant. Ces recueils sont, encore aujourd'hui, pris comme références dans les sujets en rapport avec le fiqh ou l'histoire de l'islam. Les authentiques sont admis par l'ensemble des musulmans sunnites.
Une grande majorité de sunnites considèrent les hadiths comme des suppléments et des clarifications essentielles au Coran. Dans la jurisprudence islamique, le Coran contient le germe de nombreuses règles de comportement attendues d'un musulman. Cependant, de nombreux sujets, religieux ou profanes, ne sont pas encadrés par des règles coraniques. Les musulmans croient donc qu'en examinant le mode de vie, ou sunna, de Mahomet et ses compagnons, ils pourront découvrir les comportements à imiter et ceux à éviter. Les penseurs musulmans trouvent utiles de savoir comment Mahomet ou ses compagnons ont expliqué les révélations, ou à quelle occasion Mahomet les a reçues. Parfois, cela clarifiera un passage qui semblerait obscur autrement. Le contexte pouvant totalement bouleverser le sens que l'on peut donner à un verset. Les hadiths sont aussi une source historique et biographique.
Ils sont considérés comme une source d'inspiration religieuse par les sunnites et les chiites, alors que les coranistes considèrent que le seul Coran est suffisant.
Les chiites ont toutefois plus de réserves à l'égard des recueils sunnites car ils valident plutôt leur point de vue, ce qui fait qu'ils ont élaboré leurs propres ouvrages.
L'au-delà
Selon l'islam un certain nombre d'évènements surviennent après la mort dont les plus importants sont :
Le jour du jugement : Il surviendra après la fin du monde dont seul Dieu connait l'échéance. La durée sera de 50 000 ans. La terre sera une autre terre ainsi que les cieux. Allah jugera les gens sans intermédiaire.
Les étapes seront : La résurrection physique : elle marque le début du jour du jugement. Les gens seront ressuscités par Allah, nus et incirconcis, afin d'être jugés. Le rassemblement : tous les gens seront rassemblés en un lieu pour se faire juger. L'exposition des actes : chacun verra exposés ses actes, bons ou mauvais. La rétribution : en fonction de leurs actes, les gens seront récompensés ou châtiés. La balance : les actes seront comparés, bons contre mauvais. Le pont (al-sirat) : il relie la nouvelle Terre aux abords du paradis et il sera dressé au-dessus de l'enfer dans lequel, selon l'interprétation majoritaire, les « infidèles » chuteront (ceux qui n'acceptent pas le Coran). Le bassin (al-kawthar) : chaque communauté aura son bassin dont boiront les musulmans pieux avant d'entrer au paradis. L'intercession : avec la permission d'Allah, ses prophètes, ainsi que d'autres pieuses personnes ou le coran, intercèderont pour les musulmans qui méritent le châtiment (Tawassoul) L'enfer (jahannama) : c'est un endroit dans lequel, selon l'interprétation majoritaire, seront châtiés les « infidèles ». L'interprétation des versets coraniques relatifs à la « durée » du séjour infernal est l'objet de développements théologiques. Le paradis (al-janna) : c'est une demeure de félicité éternelle réservée aux personnes unifiant Dieu, ainsi qu'aux personnes sincères. La vision du Seigneur : les musulmans verront Allah, sans notion de distance et sans qu'il y ait un doute sur cette vision.
La résurrection physique : elle marque le début du jour du jugement. Les gens seront ressuscités par Allah, nus et incirconcis, afin d'être jugés.
Le rassemblement : tous les gens seront rassemblés en un lieu pour se faire juger.
L'exposition des actes : chacun verra exposés ses actes, bons ou mauvais.
La rétribution : en fonction de leurs actes, les gens seront récompensés ou châtiés.
La balance : les actes seront comparés, bons contre mauvais.
Le pont (al-sirat) : il relie la nouvelle Terre aux abords du paradis et il sera dressé au-dessus de l'enfer dans lequel, selon l'interprétation majoritaire, les « infidèles » chuteront (ceux qui n'acceptent pas le Coran).
Le bassin (al-kawthar) : chaque communauté aura son bassin dont boiront les musulmans pieux avant d'entrer au paradis.
L'intercession : avec la permission d'Allah, ses prophètes, ainsi que d'autres pieuses personnes ou le coran, intercèderont pour les musulmans qui méritent le châtiment (Tawassoul)
L'enfer (jahannama) : c'est un endroit dans lequel, selon l'interprétation majoritaire, seront châtiés les « infidèles ». L'interprétation des versets coraniques relatifs à la « durée » du séjour infernal est l'objet de développements théologiques.
Le paradis (al-janna) : c'est une demeure de félicité éternelle réservée aux personnes unifiant Dieu, ainsi qu'aux personnes sincères.
La vision du Seigneur : les musulmans verront Allah, sans notion de distance et sans qu'il y ait un doute sur cette vision.
La majorité des musulmans croient à la question, au supplice et à la félicité de la tombe. Ceci n'est pas mentionné dans le Coran mais dans la Sunna. Selon cette dernière, après la mort, toute personne sera questionnée dans sa tombe par deux anges du nom de Mounkar et Nakir : « Qui est ton Seigneur ? Qui est ton prophète ? Quelle est ta religion ? ». Les musulmans pieux répondront correctement à ces questions et auront la félicité dans leur tombe, tandis que les non-musulmans et certains musulmans désobéissants n'y répondront pas correctement et seront châtiés.
La prédestination du bien et du mal
La prédestination fait partie des fondements essentiels de l'islam. Elle consiste à croire que tout ce qui se produit dans ce monde - qu’il s’agisse de nos actes volontaires ou involontaires - est prédestiné par Allah. Ce qui arrive était écrit. Les évènements survenus étaient inéluctables. Sa volonté se réalise toujours selon sa sagesse éternelle. Ainsi, toute chose – bonne ou mauvaise - qu'Allah a su qu’elle existera se réalisera en temps voulu. Et celle dont Allah n’a pas voulu l’existence, ne se réalisera pas. Par conséquent, si tous les gens se mobilisent pour nous faire profiter d’un bienfait ou pour nous causer un mal qui ne nous a pas été prescrit, ils n’y parviendront pas.
Allah a tout prescrit dans le « tableau préservé » (al-lawhou al-mahfoûdh) comme l'apprend le Coran : « C'est Nous (Allah) qui ressuscitons les morts. Nous faisons inscrire ce qu'ils ont fait et les conséquences de leurs œuvres. Et Nous avons dénombré toute chose dans un Tableau clair. »
Du reste, il est à noter que cette question du destin est à ce point controversée au sein de la congrégation et en dehors, qu'elle a conduit l'imam Abou Hanîfa (mort en 150H/767G) à mettre en garde contre l'écueil de la mécréance en voulant aborder ce mystère : « Ne savez-vous pas que celui qui examine le libre-arbitre est comme celui qui examine les rayons du soleil, plus il l'observe de près, plus il devient perplexe ».
Eschatologie islamique
Îsâ (Jésus de Nazareth) est un prophète, dont le retour est attendu à la fin des temps. À son propos, il est écrit dans le Coran que Jésus n'a pas été tué ni crucifié mais qu'il a « été élevé vers Dieu ». Plus clairement, ce serait Judas, avec l'apparence de Jésus, qui aurait fini arroseur arrosé.
Il y a une controverse parmi les musulmans quant à l’existence de l'Antéchrist. Ce dernier ne serait pas expressément mentionné dans le Coran, mais il est incontesté que certains hadîths parlent de lui et du fait que Jésus le combattra à la fin des temps.
Avant la double venue du Christ et de l'Antéchrist, la plupart des musulmans (sunnites et chiites) croient à l'émergence du (roi ) Mahdi (littéralement, le « bien-guidé »).
Le djihad
Il ne faut pas confondre le « djihad » avec le « djihadisme », qui est une doctrine islamiste encensant le djihad armé (sous couvert de distinction du « djihad majeur » d'avec le « djihad mineur » pour relativiser l'un par rapport à l'autre).
Le mot « djihad » (جهاد en arabe) signifie « abnégation », « effort », « résistance », « lutte » ou « combat », voire « guerre sainte ». C'est un devoir religieux pour les musulmans.
Classiquement, on distingue quatre types de djihad : par le cœur, ou par la parole, ou par la plume, et par l'épée ; les trois premiers constituant une obligation individuelle (fard ayn), le dernier constituant une obligation collective (fard kifaya).
D'obligation individuelle
Selon la doctrine musulmane sunnite, Mahomet aurait dit : « Celui d'entre vous qui assiste à un acte répréhensible, doit le changer par la plume ; s'il en est incapable, qu'il le fasse par la parole ; et s'il en est incapable, qu'il le fasse dans son cœur ; c'est le degré minimum de la Foi » . Il va sans dire que des trois cas subsidiaires, c'est le djihad intellectuel qui apparaît comme étant le plus méritoire.
D'obligation collective
Le djihad défensif
En islam, le recours à la force est un monopole du chef de l'État. Sous sa forme militaire, le djihad n'incombe qu'aux hommes pubères, puisque les femmes, les enfants, les insensés et les malades en sont exonérées. Il consiste pour les musulmans à défendre leur religion, leurs personnes, leurs biens, leurs frontières, au besoin jusqu'au sacrifice de leur vie. Toutefois, le suicide et a fortiori les attentats-suicides sont expressément interdits par le Coran. Plusieurs sourates condamnent en effet le suicide et promettent même l'enfer aux défunts. Pour les sunnites, le djihad ne peut jamais être déclarer contre des musulmans. Pour les chiites (littéralement, les « partisans »), le djihad ne peut être décréter que par le Mahdi . Pour les kharidjites (littéralement, les « sortants » ou « dissidents »), le djihad serait le « sixième » pilier de l'islam .
Le djihadisme
L'origine des attentats-suicides reste, à ce jour, incertaine. Selon Ehud Sprinzak, les attentats-suicides seraient à mettre en relation avec les assassinats perpétrés par la secte chiite des Haschischins (littéralement, « mangeurs de haschich », afin de faire croire aux pressentis qu'ils sont d'ores et déjà au Paradis ; à l'origine du mot « assassin » en français) au XI siècle. Au XVIII siècle, le suicide de l' « assassin », déjà associé au martyr, est utilisé par des communautés musulmanes de la côte malabar en Inde en lutte contre les européens . Selon Noah Feldman, les premiers attentats-suicides pourraient remonter aux anarchistes européens du XX siècle. Toujours est-il que, selon Constance Sereni, la stratégie militaire des attaques kamikazes (à l'échelle de masse) serait plutôt une innovation du vice-amiral japonais Ônishi Takijirô au XX siècle .
Selon Noah Feldman et Denis MacEoin, depuis 1983 (lorsque des militants chiites ont fait exploser la caserne des Marines américains au Liban), l'attentat-suicide a « pénétré la conscience culturelle islamique » (dit Feldman) sous couvert de djihad « musulman » et subséquemment, de culte des martyrs (chahid), ce qui a permit sa banalisation malgré l'interdiction coranique du suicide, et autorisé par la suite des musulmans (sunnites ou chiites) à perpétrer des attentats-suicides.
Les rites musulmans
Ablations traditionnelles
La nature primitive (fitra) fixe aux musulmans 5 ablations traditionnelles :
la circoncision des garçons ;
l'épilation des poils du pubis et des aisselles pour les deux sexes ;
le coupage des ongles ;
la taille de la moustache : elle ne doit pas être épaisse, ni broussailleuse ;
la taille de la barbe : elle ne doit pas dépasser la largeur d'une main, à partir du menton, c'est-à-dire à hauteur de la base du cou (tôlia).
La « circoncision » des filles (euphémisme pour l'excision) n'est nulle part mentionnée dans le Coran. Selon les sociologues congolais, Régine Tchicaya-Oboa, Abel Kouvouama et Jean-Pierre Missie, l'excision fait débat entre les commentateurs « sunnites » qui défendent l'excision soit comme recommandation, soit comme obligation, soit « sous la pression de l'Etat » comme un acte interdit. En Guinée (pays à majorité sunnite), les musulmanes défendent l'excision comme une obligation religieuse. Selon le sociologue ivoirien Marcel Kouassi, « certains adeptes d'un islam traditionaliste » s'appuient sur plusieurs hadiths qu'ils considèrent comme « authentiques » pour défendre cette « tradition ». Selon Habib Ellouze, l'excision s'expliquerait par le fait que : « dans les régions où il fait chaud, les gens sont contraints d'exciser les filles à titre de thérapie, car, dans ces régions, les clitoris sont trop grands et gênent l'époux [...] On excise ce qu'il y a en plus, mais ce n'est pas vrai que l'excision supprime le plaisir chez les femmes, c'est l'Occident qui a exagéré le sujet. L'excision est une opération esthétique pour la femme ».
En effet, pour fonder leurs fatwas contemporaines, les salafistes se prévalent en particulier d'un hadith attribué à Mahomet selon lequel il aurait dit à une exciseuse de Médine : « Effleure et n’abuse pas, car elle rend le visage plus rayonnant et plus agréable pour le mari ». Or, ce hadith est signalé dans le recueil de l’imam Abou Dawoud (mort en 888) qui le juge, lui-même, comme étant sur le fond, « non authentique » et, sur la forme, « faible » quant à la chaîne de transmission. Dans le même sens, l'imam Ahmed ibn Hanbal a rapporté que le transmetteur (Mohammed Bin Said Al-Masloub) a inventé pas moins de quatre milles hadiths qu'il a attribué à Mahomet et qu'il a été crucifié par le calife abbasside Al-Mansur pour athéisme (zandaqa).
Toutefois, l'une des plus grandes références des salafistes, le cheikh al Albani (mort en 1999), une des figures du wahhabisme saoudien, l'a authentifié dans sa « correction » contemporaine de l'imam Abou Dawoud selon les critères de son école juridique. Cette constitution de preuve par soi-même fait débat. Outre le fait que l'excision est jugée comme une transformation et une déformation de la création de Dieu par la blessure et l'amputation, les soufis retournent l'accusation salafiste d'innovation religieuse (bid'ah) par un autre hadith de Mahomet selon lequel : « Ma Oumma ne s’accordera jamais sur une erreur».
Pour mettre un terme à ce débat récurrent, le grand imam de la Mosquée Al Azhar au Caire, l'une des plus grandes références du monde sunnite, a fermement condamné l'excision dite pharaonique (car elle est attestée dès cette époque) au motif que les textes qui la recommandent (sous couvert de « circoncision islamique » ou même d'égalité entre les hommes et les femmes) sont totalement trafiqués par les salafistes pour habiller juridiquement ce qu'il considère comme un syncrétisme. Ce rite de passage et de reconnaissance de la petite fille dans sa société perdure tout autant chez les Falashas, les juives d'Éthiopie, que chez les Coptes, les chrétiennes d’Égypte.
Tabous alimentaires
La loi islamique fournit un ensemble de règles prescrivant ce que les musulmans doivent manger. Ces règles spécifient ce qui est halal (halāl), c'est-à-dire légal. Ces règles se trouvent dans le Coran, qui décrit aussi ce qui est haram (harām), c'est-à-dire illégal. Il existe aussi d'autres règles venant s'ajouter à celles-ci qui ont été émises dans des fatwas par des mujtahids ; mais elles ne sont suivies que par leurs propres disciples et non l'ensemble des musulmans.
La loi islamique interdit aux musulmans de consommer de l'alcool (et plus spécifiquement d'être ivre), de boire ou de manger du sang et ses produits dérivés, et de manger la viande d'animaux carnivores (par nature ou par définition) ou omnivores comme le porc et ses produits dérivés (la composition de certains savons peut contenir de la graisse animale à base de porc, avec la mention Lardate de sodium sur le produit ; la gélatine de porc peut également entrer dans la fabrication des bonbons, des glaces, des gâteaux, des yaourts, avec la mention E441 sur l'emballage), le singe, le chien ou le chat (les poissons piscivores ne sont pas considérés comme carnivores). Pour que la viande d'un animal terrestre soit halal, il faut que l'animal soit abattu de manière adéquate par une personne sensée (parmi les musulmans ou les « gens du Livre » ou « gens de la Bible ») tout en mentionnant le nom de Dieu (Allah en arabe). L'animal ne doit donc pas être étourdi par un procédé mécanique, électrique ou gazeux, ni a fortiori tué par ébouillement ou électrocution, et la carcasse ne doit être saignée qu'à vif, après vérification du tranchant. Concrètement, l'animal allongé, la tête placée dans la direction de la Mecque, est abattu par le sacrificateur qui invoque, juste avant chaque abattage, le nom de Dieu (Allah en arabe) en proclamant « Bismallah Allahou Akbar », ce qui signifie « Au nom de Dieu le plus grand ». Par respect pour la vie animale, les membres doivent être dénoués avant toute incision. En cas d'abattage multiple, l'animal ne doit pas être torturer par la vue du sort qui l'attend. Tant que l'animal n'a pas expiré, le sacrificateur doit, en outre, surseoir à la découpe de la viande. Différentes règles s'appliquent aux poissons. En général, les poissons à écaille sont toujours halal, bien que certaines fatwas déclarent les poissons dépourvus d'écailles (comme le poisson-chat) et les coquillages comme haram. Les règles d'interdiction concernant les animaux peuvent être suspendues quand un musulman risque de mourir de faim et qu'aucune nourriture halal n'est disponible.
L'abattage rituel islamique est appelé dhabiha (dhabīḥah) D'après certaines fatwas, l'animal ne peut être abattu que par un musulman. Cependant, d'autres fatwas considèrent que d'après le verset 5:5 du Coran, l'abattage peut être fait par des « gens du livre » ou « gens de la Bible ». La viande kasher est considérée comme halal.
Calendrier islamique
Les phases de la lune forment la base du calendrier islamique .
L’an 1 de ce calendrier a débuté le premier jour de l’hégire, le 1 Mouharram (le 15 ou le 16 juillet 622 de l’ère chrétienne, selon les auteurs théologiens ; la première époque est dite « astronomique », la seconde « civile »). Ce calendrier a été adopté dix ans après cet événement. On indique qu’une date est donnée dans ce calendrier en ajoutant la mention (calendrier musulman), (calendrier hégirien), (ère musulmane) ou (ère de l’Hégire); ou en abrégé, (H) ou (AH) (du latin anno Hegirae). Ce calendrier est caractérisé par des années de 12 mois lunaires qui sont plus courtes que les années solaires. Une année lunaire compte 11 jours de moins qu'une année solaire.
Chaque mois démarre au premier croissant de Lune visible à partir de la nouvelle Lune : selon l’endroit d’où est effectuée l’observation, le mois peut démarrer plus ou moins tôt.
Il est à noter qu'il existe un conflit méthodologique quant à la fixation de la date de début du ramadan. Contre la méthode oculaire (qui ne requiert aucun clergé), la société secrète des frères musulmans milite régulièrement pour la méthode dite scientifique, c'est-à-dire celle des calculs astronomiques, sur la base d'une réinterprétation d'un verset du Coran. Cependant, le début du ramadan n'a jamais été fixé autrement que par l'observation du premier croissant de lune dans le ciel, à l'époque de Mahomet, de ses compagnons, et des musulmans sunnites des premiers siècles suivant la Sunna, et aucune information fiable ne permet d'établir d'autre méthode.
Fêtes musulmanes
Dans l'islam, deux fêtes sont particulièrement sacrées : l'Aïd al-Adha et l'Aïd el-Fitr.
L'Aïd al-Adha (Grand Aïd) est célébré le dixième jour du dernier mois du calendrier islamique, en commémoration du sacrifice d'Abraham sur le Rocher de la Fondation, et coïncide avec le pèlerinage à La Mecque, le cinquième pilier de l'islam.
L'Aïd el-Fitr (Petit Aïd) qui tombe le premier du mois de Chawwal célèbre la fin du jeûne du mois de Ramadan.
D'autres jours ou mois sont également fêtés comme : Achoura. Le jeûne de Achoura n'est pas obligatoire mais il est recommandé. Pour les sunnites il s'agit, dans la continuité du jeûne instauré par Moïse, de remercier Dieu, pour avoir sauvé le peuple Hébreu, dans sa fuite hors d'Égypte. Pour les chiites, c'est surtout la date anniversaire de la mort de l'imam Husayn, petit-fils de Mahomet.
Ramadan : Le mois de ramadan est le temps du jeûne pour les musulmans. Il correspond au quatrième des cinq piliers de l'Islam. C'est un temps privilégié pour se recueillir, prier, lire le Coran, etc. La rupture du jeûne se fait en général en famille, avant une nuit de prières, le tarawih.
Laylat al-Qadr (La nuit du Destin, une des nuits de la fin du mois du Ramadan) : anniversaire de la révélation du Coran vers 610.
Mawlid ou Fête du Mawlid-ennabaoui "Moulad" : Le Mawlid est l'anniversaire de Mahomet. L'anniversaire de Mahomet n'a jamais été célébré de son époque, ni par ses compagnons, ni par les musulmans sunnites des premiers siècles, et aucune information fiable ne permet d'en établir la date réelle. Cette fête n'a pas le caractère religieux des deux Aïds. Cependant, des traces de cette célébration existent dans la tradition musulmane. Il y a un vif débat au sein de la congrégation au sujet de la célébration du Mawlid qui opposent régulièrement les salafistes aux soufistes. Selon une position dogmatique de l'imam Ibn Taymiyya (revendiqué par les deux), « Même si nos prédécesseurs ne le faisaient pas et qu’ils avaient de bonnes raisons, il n’y a rien qui soit contre ». Et d'ajouter encore : « Célébrer et honorer la naissance du Prophète et en faire un moment exceptionnel, comme le font certains, est une bonne chose en laquelle réside une grande récompense, à cause de la bonne intention d’honorer le Prophète ». Ce débat a rebondi avec la question de la célébration de l'anniversaire de l'imam Mohammed ben Abdelwahhab et ce, durant une semaine en Arabie saoudite .
Culture
Musique
Chauffage de bendirs (tambours sur cadre), Sidi Bou Said, Tunisie.
Selon la doctrine musulmane sunnite, Mahomet aurait dit à son épouse Aïcha conduisant une femme apprêtée à son mari (pour la nuit de noces) : « Ô Aïcha, vous n'avez fait aucun divertissement ? Pourtant, les Ansârs aiment les divertissements ! » (dans Al-Boukhârî, Ahmad et autres). Dans d'autres versions de cette hadith, Mahomet aurait ajouté : « Pourquoi n'avez-vous pas dépêché avec elle une femme qui joue du tambour et chante quelque chose ? ». Aïcha demanda : « Que doit-elle chanter, ô Envoyé de Dieu ? ». Mahomet aurait répondu : « Qu'elle chante ceci : "Nous sommes venues à vous, nous sommes venues à vous. Saluez-nous donc, que nous vous saluions. N'eût été l'or rouge, vos campagnes n'auraient pas pris. N'eût été le froment brun, vos vierges n'auraient pas grossies." ».
Toutefois, ce rapport à la musique fait toujours débat dans le monde musulman. Dans les textes présentant la vie de Mahomet, en raison de certaines contradictions et/ou divergences d'interprétations, différents courants de pensée allant de l'interdiction de la musique à son autorisation s'opposent. Il y a par exemple un vif débat au sein de la congrégation au sujet du mot « flûte » (de Satan) où deux avis sont opposés sur le sens littéral d' « instrument de musique » pour les salafistes, ou le sens métaphorique de « mensonge» pour les soufis. Il est à noter particulièrement l’interdiction complète wahhabite de la danse et des chants, qui seraient des manifestations sataniques selon cette obédience, les docteurs wahhabites allant même jusqu'à interdire la musique faisant l'éloge de Mahomet qui est pourtant une pratique ordinaire chez les sunnites et les chiites.
Architecture
Mosquée de Cordoue en Espagne. Actuellement utilisée comme une cathédrale.
L'architecture islamique a été appelée l' « architecture du voile » parce que la beauté réside dans les espaces intérieurs (cours intérieures et pièces) qui ne sont pas visibles de l'extérieur (avec un point de vue dans la rue) et que l'on peut voir sans être vu (derrière un moucharabieh). La puissance infinie de Dieu est évoquée par la répétition des concepts mathématiques et des formes géométriques qui suggèrent l'infini. Les formes humaines ou animales sont le plus souvent écartées au profit de formes végétales et ce, pour ne pas concurrencer Dieu dans son monopole de la création. Le feuillage est fréquent mais généralement stylisé ou simplifié. La calligraphie arabe est utilisée pour décorer l'intérieur d'une structure au moyen de citations du Coran. En outre, l'utilisation de formes grandioses tel que les grands dômes, les hauts minarets, et les larges cours sont destinées à rappeler la grandeur de Dieu et procurer un sentiment d'élévation spirituelle.
Représentations en peinture et sculpture
Les sunnites ne sacralisent pas d'icônes. Selon plusieurs hadîths de Mahomet, la malédiction de Dieu s'abat sur toute personne produisant (par le dessin, la sculpture…) un être doté d'âme y compris les animaux, car cela est considéré par eux comme allant contre l'esprit du monothéisme. Un certain aniconisme voire un iconoclasme plus ou moins strict existe donc dans l'islam. Ainsi, les musulmans se servent plutôt de versets du Coran calligraphiés comme dans le palais de l'Alhambra, des formes géométriques (arabesques) ou de représentation de la Kaaba pour décorer les mosquées, les maisons et les lieux publics.
En revanche, les chiites n'éprouvent pas de gêne à la reproduction de visages humains, comme ceux de personnalités cultes telles Ali et Hussein, alors que plusieurs hadiths laissent penser que cela est proscrit par Mahomet. En effet, contrairement aux Arabes, les Perses, à l'époque médiévale, disposaient déjà d'une longue tradition artistique (en matière de peinture et de sculpture) qui a perduré même après l'arabisation et l'islamisation de la Perse.
Symboles
La Grande Mosquée de Kairouan est l'une des œuvres majeures de l'architecture musulmane ayant servi de modèle à plusieurs mosquées tant en Tunisie que dans l'ensemble du Maghreb. De plan arabe, elle possède une vaste cour à portiques et une salle de prière hypostyle. Fondée en 670, elle date dans sa forme actuelle du IX siècle, Kairouan, Tunisie.
On associe souvent le symbole du croissant et de l'étoile à l'islam, bien qu'il lui soit antérieur. Selon Whitney Smith, le croissant est déjà utilisé sur les emblèmes, artefacts religieux et bâtiments de la Carthage punique. On retrouve le symbole du croissant dans l'Empire byzantin, repris à sa chute par l'Empire ottoman. Lorsqu’il apparaît sur le drapeau ottoman, ce symbole est rapidement généralisé aux autres pays musulmans comme symbole de l’islam, alors qu’il pourrait être, à l’origine, propre à l'Afrique du Nord. Ensuite de l'arabisation et surtout de l'islamisation de la région, le croissant est complété par une étoile à cinq branches pour les cinq piliers de l'islam. En parallèle, l'étoile, initialement à huit branches, n'a été rajoutée sur le drapeau turque qu'en 1844 avant alignement sur cinq branches et généralisation à l'ensemble du monde musulman.
Un des symboles islamiques est la couleur verte. Le vert résulte de la combinaison du jaune et du bleu. Du temps de Mahomet, les premiers drapeaux brandis par les musulmans étaient verts. Les drapeaux brandis par les Fatimides étaient également verts. Toutes personnes se réclamant des Ahl al-Bayt portaient un turban vert. L'attrait de cette couleur est simple : les Arabes étant un peuple du désert, le paradis a pour eux été décrit comme verdoyant, où des sources d'eau couleraient en abondance, où les fidèles porteront des habits de soie verts. Avant l'islam, la légende d'al-Khadir (celui qui est vert), témoigne de l'importance de cette couleur pour ce peuple. Enfin, Mahomet aurait déclaré que le vert était sa couleur préférée et portait souvent des habits et un turban de cette couleur. Autrefois, seuls les califes étaient autorisés à porter un turban de cette couleur. On retrouve la symbolique du vert comme symbole du panarabisme aujourd'hui.
La cloche est un symbole rarement utilisé dans l'art islamique bien qu'un hadîth relatif à un échange de Mahomet et de El-Hareth ibn Hicham nous décrive la vision de Mahomet comme accompagnée d'un tintement de cloches : « […] la Révélation me vient tantôt comme le bourdonnement d'une cloche […]». Néanmoins on note par exemple la présence d'une grosse cloche très ancienne à la mosquée de Xi'an en Chine ou encore sur le minaret de la mosquée de la ville Saint-Louis au Sénégal.
Organisation
Le califat
Dinar (en or estampé) du cinquième calife fatimide al-Aziz (r. 365-386 H / 975-996 J.-C.), frappée à Mahdia en 380 H / 990 AD. Conservé au Musée archéologique d’Aqaba, Aqaba, Jordanie. Diamètre: 18 mm, poids: 4 g.
Les califes (arabe : خليفة signifiant « lieutenant », « successeur » ou « représentant »)) désignent les successeurs de Mahomet. Le porteur du titre a pour rôle de garder l'unité de l'islam et tout musulman lui doit obéissance, dans le cadre de la charia : c'est le dirigeant temporel et spirituel de l'Oumma, la « matrie» en quelque sorte (sans aucune idée de communautarisme, mais au contraire d'universalisme).
Un différend entre sunnites et chiites conduira le califat à se diviser en deux visions très distinctes : l'une élective, l'autre héréditaire. Les premiers considèrent que le calife doit être élu pour ses qualités morales et islamiques, mais appartenir à la tribu de Quraych (tribu de Mahomet dont le monopole est récusé par les kharidjites). Les seconds considèrent que seul un successeur filial de Mahomet peut prétendre à ce titre. Dans ces conditions, un seul calife, Ali ibn Abi Talib (cousin de Mahomet), a pu faire consensus entre sunnites et chiites pour diriger l'ensemble de la « matrie».
Mahomet est mort sans désigner de successeur et sans laisser un système pour en choisir un, mais plusieurs actes ont poussé l'unanimité des musulmans de l'époque à conclure qu'il préférait Abu Bakr (de son vivant même lorsqu'il était malade, il lui a demandé, et à personne d'autre, de diriger la prière). Par conséquent, le califat a été établi. Le calife a pour rôle de garder l'unité de l'islam et tout musulman lui doit obéissance : c'est le dirigeant de l'oumma, la « matrie». Le titre khalifat rasul Allah, signifiant « successeur du messager de Dieu » est devenu le titre courant.
Les sunnites ne reconnaissent que les califes Abou Bakr As-Siddiq, Omar ibn al-Khattâb, Othmân ibn Affân, Ali ibn Abi Talib, Al-Hassan ibn Ali et Omar ibn Abd-al-Aziz comme « bien guidés » ou « bien inspirés » par Dieu.
En 1517, le califat passe aux Ottomans
Les chiites ne reconnaissent que le quatrième calife, étant Ali, père de tous les imams. Les chiites estiment que le calife suivant, Yazīd I a été coupable de la mort d'Hussein, et par là toute succession de califes aurait perdu sa légitimité. Par ailleurs, il existe une controverse autour du statut de musulman de Yazīd Ier.
Certains califes étaient souvent appelés amīr al-mu'minīn أمير المؤمنين « commandeur des croyants ». Le titre a été raccourci et francisé en « émir ».
Aucun des premiers califes n'a dit avoir reçu des révélations divines, comme ce fut le cas pour Mahomet, soucieux de rester dans le droit chemin et craignant Allah. Mahomet étant le dernier prophète, aucun des califes n'a dit être un nabī, « prophète » ou un rasul « messager divin ». Les révélations faites à travers Mahomet ont rapidement été codifiées et écrites dans le Coran, qui a été accepté comme autorité suprême, limitant ainsi ce que le calife pouvait diriger. Cependant, les premiers califes étaient les chefs spirituels et temporels de l'islam, et insistaient sur le fait que l'obédience au calife en toutes choses était la marque d'un bon musulman. Le rôle est devenu cependant strictement temporel avec l'ascension des oulémas, et l'éloignement de certains califes de la pratique pure de la religion.
Après les quatre premiers califes (Abou Bakr, Omar, Uthman et Ali ibn Abi Talib), le titre a été revendiqué de manière controversée par les Omeyyades, les Abbassides et les Ottomans, ainsi que par d'autres lignées en Espagne, en Afrique du Nord et en Égypte. La plupart des dirigeants musulmans portaient simplement le titre de sultan ou émir, et prétaient allégeance à un calife qui avait souvent peu d'autorité. Le titre n'existe plus depuis que la république de Turquie a aboli le califat ottoman en 1924.
Alors que le califat a été un sujet de discorde entre dirigeants musulmans, il a été peu évoqué depuis 1924. De nombreux musulmans souhaiteraient le rétablissement du califat, mais des restrictions ainsi que l'activité politique de nombreux pays à majorité musulmane, combinés aux obstacles pratiques à l'unification de plus de cinquante États-nations en une seule institution ont limité les efforts pour le faire revivre.
La loi islamique
La roue du Paon, symbole de la charia.
La charia (littéralement, « le chemin menant à l'abreuvoir ») est la loi islamique. Depuis la Constitution de Médine, elle n'a cessé de s'amplifier. Selon Yadh ben Achour , il est inexact de penser que la charia est inerte et immuable. Elle évolue en fonction des changements de conjonctures diplomatiques et sociologiques. Y voir un système condamné à la pure stagnation est faux. Ben Achour cite ainsi de nombreux exemples d'adaptations de la charia dans une analyse rigoureusement scientifique . Selon des recherches conduites par le Réseau international de solidarité WMUML en 2011 sur les lois dites islamiques (dénommées à tort charia), il s'avère qu'en réalité, elles seraient basées sur la tradition et la coutume. Le terme charia est instrumentalisé par les autorités religieuses ou gouvernementales du pays afin de leur donner une soi-disant légitimité religieuse, mais avant tout pour établir, réétablir ou renforcer le patriarcat de la société.
Le Coran est la source principale de la jurisprudence islamique (fiqh). Pour les Sunnites, la Sunna n'est pas un texte en soi comme le Coran, mais signifie l'ensemble des actes et paroles du prophète. La place des hadîths fait l'unanimité dans la loi islamique. Tous les religieux admettent de contredire leurs jugements personnels si un hadith authentique va à l'encontre de ce jugement. Deux ouvrages compilent les hadiths authentiques: le "Sahîh" d'Al-Bukharî et celui de Muslim. Mais les salafistes prennent aussi en considération de récents travaux d'authentification de hadîths de l'imam Al-Albani au XX siècle. Le consensus (’ijmâ') et le raisonnement juridique (qiyâs) sont généralement considérés comme les sources tertiaires et quaternaires de la charia, mais ceci est contesté par certains religieux selon qui seuls le Coran et les hadiths sont sources de droit, comme certains salafistes.
La loi islamique couvre tous les aspects de la vie, depuis les sujets très généraux de gouvernement et de politique étrangère jusqu'aux sujets de la vie quotidienne. Les normes juridiques qui ont été inscrites expressément dans le Coran sont appelées hudud et traitent spécifiquement des cinq infractions pénales que sont ; le délit de vol (avec la main), le terrorisme (avec le pied), l'apostasie (avec les yeux), l'adultère et la diffamation, l'homicide (volontaire) étant classé au-dessus de ces cinq infractions et juste au-dessous de l'associationnisme. Pour chacune de ces infractions, une « dissuasion pénale » appelée hadd est édictée. Le Coran détaille aussi les normes relatives à l'héritage, au mariage, les « satisfactions équitables » pour coups et blessures et homicides (involontaires), ainsi que des « us et coutumes » régissant les fêtes, la charité et la prière. Cependant, ces prescriptions et ces prohibitions peuvent être très générales, c'est pourquoi les détails de leur application pratique sont renvoyées à la Sunna. Les docteurs de l'islam (oulémas) ont développé des normes juridiques à partir de ces règles générales, s'appuyant aussi pour se faire sur les hadiths et leurs interprétations.
Sources sunnites de droit
En matière de droit musulman, les sunnites s'accordent sur les sources suivantes :
Pour les musulmans le Coran a été révélé par Allah ce qui en fait la première source de législation dans l'islam.
Les hadîths, l'ensemble des dires et faits du Prophète, est la seconde source de législation. La sunna (« tradition ») a été rassemblée et classée par les savants sunnites dans plusieurs œuvres comme Mouhammad al-Boukhârî dont le Sahih est tenu comme le « livre le plus sûr après le Coran ».
La troisième source de législation est l'unanimité, al ijmâ', sur le fondement d'un hadith de Mahomet selon lequel les musulmans ne s'entendront jamais sur une erreur.
La quatrième source est l'analogie, al-qiyâs (القياس, littéralement « la mesure ») qui permet de tirer le jugement d'une chose pour laquelle il n'y a pas de législation à partir du jugement sur une chose analogue.
Seules ces quatre sources de droit font consensus entre les quatre é***** de droit sunnites. Toutefois, il est à noter que certaines de ces sources de législation ont été mises en œuvre après la mort de Mahomet et sont considérées comme illicites (haram) par d'autres groupes de l'islam organisés en rite ou madhhab.
Clergé
Lancement de l'Adhan à Médine.
Récitation de la Sourate Al-Fatiha à La Mecque.
La hiérarchie musulmane est la suivante : Le muezzin fait l'appel à la prière. L'imam dirige la prière. Le recteur de la mosquée dirige la mosquée. Le cheikh est un homme d'âge mûr, un chef de clan. Le mufti ( arabe: مفتي ) est un jurisconsulte. Quand des musulmans sont divisés sur un sujet particulier, ils peuvent recourir à l'arbitrage d'un mufti, qui peut leur donner des éclaircissements sur l'interprétation de la charia, des hadîths et souvent des problèmes de fatwas. Le faqih ( arabe: فقيه ) est un érudit de la jurisprudence. Le mouhaddith est un spécialiste du hadith. Le cadi est un juge dans un tribunal islamique. L'ouléma, 'âlim (arabe: عالِم), est le docteur de l'islam, ce qui en fait le gardien de la tradition musulmane et homme de référence. Dans le Coran, al-'Alîm (arabe: العليم), l'omniscient est l'un des nombreux noms de Dieu. Le molla ou mollah (Ayatollah ou Hodjatoleslam) est un érudit musulman dans des pays dont le langage a une influence perse (arabe : mawlān, مولًى, pl. mawâlin, موالٍ aide ; défenseur ; seigneur). Il est la plus haute autorité pour les chiites.
Jusqu'en 1055, le calife détenait le pouvoir temporel (politique et militaire) et spirituel (théologique et judiciaire).
En Europe et dans certains pays musulmans, les gouvernements réclament un alignement de la formation des imams sur la formation des ministres des autres religions, c'est-à-dire trois ou quatre ans d'étude au minimum.
Dans le sunnisme
Carte postale de 1900 montrant le minbar (chaire utilisée par l'imam pour son prêche) de la Grande Mosquée de Kairouan. Cette chaire du IX siècle, toujours en place dans la mosquée, est le plus ancien minbar encore intact du monde musulman.
Il n'y a pas de clergé dans le sunnisme. Principale différence avec le chiisme, l'imam n'est pas un prêtre mais bien un membre de la communauté musulmane qui conduit la prière : il est « celui qui se met devant pour guider la prière » et n'est pas forcément un théologien : en arabe, l'imam veut dire « modèle », « exemple » ou « guide », et dans le sunnisme, il suffit que l'imam soit musulman, sage, connaissant les piliers de l'islam et ait appris une grande partie du Coran par cœur pour être au service d'une congrégation religieuse. Le muezzin, celui qui fait l'appel à la prière, n'est pas un prêtre non plus.
L'islam reconnaît divers niveaux de compétences religieuses parmi ses fidèles : L'explication du Coran se nomme tafsîr. Et l'ijtihâd est la recherche de solutions nouvelles à partir des textes de référence pour répondre aux problématiques des populations musulmanes sur leurs affaires religieuses (عِبادات [`ibādāt], pratiques cultuelles, pl. de عِبادة [ibāda]) ou sociales (مُعامَلات [mu`āmalāt], « comportements », pl. de مُعامَلة [mu`āmala]) dans une condition sociale, politique ou économique inédite.
al-mujtahid al-mutlaq, capable de « se battre » en absence de texte, comme l'indique la racine de mujtahid, pour en tirer une casuistique, rapprocher des textes traitant des sujets similaires et en tirer la synthèse, élaborer les principes juridiques sans référence à une école particulière. Ces compétences sont reconnues exceptionnelles et rarissimes ;
al-mujtahid al-mutlaq al-muntasib, le même mais dans le cadre d'une école interprétative ;
al-mujtahid fil-madh'hab, dans le cadre d'une école interprétative, capable d'élaborer des réponses juridiques sur des questions nouvelles ;
al-'âlim al-mutabahhir, le vulgarisateur des grands anciens qui doit connaître le Coran et la Sunna ;
al-'âmîy, celui qui ne connaît que les grandes lignes de l'islam.
Les savants exégètes sont considérés comme les « héritiers » ou « successeurs » des prophètes.
Dans le chiisme
Le chiisme orthodoxe de la branche usuli (clergé des ayatollah) reconnaît (contrairement aux Chiites Akhbari), a contrario, un clergé à plusieurs niveaux hiérarchiques, tandis que le sunnisme rejette cette idée d'un clergé central jouant le rôle d'intermédiaire obligé. Par bien des aspects, l'islam, pour sa partie sunnite, est une religion décentralisée.
Chez les chiites, le titre d'imam désigne le chef spirituel et temporel de la communauté musulmane (calife pour les sunnites). Il est porté par les descendants d'Ali ibn Abi Talib (premier imam) et de Fatima Zahra (fille de Mahomet) jusqu'au douzième imam (Mahdi). Les imams sont considérés comme les dépositaires du sens secret de la révélation coranique et comme les seuls successeurs légitimes de Mahomet.
Les grandes variantes théologiques de l'islam
Les croyants se partagent en trois branches principales : le sunnisme rassemble environ 90 % des musulmans, le chiisme environ 10 %, l'ibadisme (division du kharidjisme) moins de 1 %.
Principaux courants de l'islam.
La relation directe de l'homme à Dieu par le Coran et la liberté religieuse vont amener une multiplication des tendances religieuses. L'absence de clergé permet l'existence de différentes normes juridiques, et différentes é***** religieuses. À la mort du prophète, des différences religieuses importantes et la conquête arabe fulgurante provoquent des rivalités politiques. Beaucoup de questions sur la liberté de l'homme, le péché, la foi, etc. conduisent à la constitution de théologies musulmanes qui essayent de donner des réponses aux questions et aux problèmes non détaillés par les textes divins, et de faire face aux défis de la vie humaine.
Le sunnisme
Le sunnisme (de sunna, « voie », « chemin » ou « tradition ») est le courant de loin le plus répandu. 90 % des musulmans sont sunnites. Il est apparenté à une vision orthodoxe de l'islam.
Les sunnites ne s'accordent que sur quatre sources de droit ; 1° le Coran, livre censé être révéler par Dieu ; 2° la Sunna, tradition de Mahomet constituée essentiellement de ses paroles (hadiths) ; 3° le consensus juridique (ijmâ') ; et 4° l'analogie juridique (qiyâs).
Tout un chacun peut s'identifier plus ou moins à une école juridique (madhhab). Il y en a aujourd'hui quatre, mais il y en a eu d'autres dans le passé. Ce sont, dans l'ordre de leur apparition : le hanafisme (de Abou Hanîfa, 700-767) ; le malikisme (de Mâlik ibn Anas, 712-796) ; le chaféisme (de Al-Chafi'i, 768-820) ; le hanbalisme (de Ibn Hanbal, 781-856).
Ces é***** s'acceptent les unes les autres, organisant ainsi un relatif pluralisme en matière de solutions juridiques (fatwa), mais partagent fondamentalement les mêmes croyances ('aqîda).
Les sunnites se font connaître comme ahl as-sunnah wa l-jamāʻah (arabe : أهل السنة والجماعة ; « les gens de la tradition de Mahomet et du consensus de la Oumma ») ou, pour faire court, ahl as-sunnah (أهل السنة) par opposition aux différents groupes considérés égarés.
Le soufisme : l'amour de la Vérité
Les soufis croient que le Coran a deux niveaux de signification ; le zahir, sens externe ou apparent ; et le batin, sens interne ou caché.
Un marabout et son chapelet.
Le terme « soufi » apparaît pour la première fois dans la seconde moitié du VIII siècle de l'hégire pour désigner des ascètes.
Les soufis sont des sages, des mystiques musulmans qui prient, jeûnent, portent des vêtements blancs rugueux (l'arabe sûf, signifie « bure », « laine », car les premiers ascètes musulmans furent ainsi désignés à cause des vêtements de laine qu'il portaient ; (ils peuvent porter le muruga, manteau fait de morceaux rapiécés symbolisant le fagr, c'est-à-dire l'illusion du monde).
Le mot « soufisme » serait tiré de al-souf (ﺻﻮﻑ [ṣūf], « laine » qui donne صوفيّ [ṣūfīy], « laineux ») ; c'est ce que retient en tout cas l'historien Ibn Khaldoun. Le soufi portait en effet un vêtement de laine blanche censée apportée de la sagesse aux regards. La modestie et la pauvreté sont évoquées dans d'autres noms donnés à certains d'entre eux : derviche (persan : درويش [derwiš], « mendiant ») ou [faqīr] (en arabe: فقير, « pauvre »).
Le soufisme (en arabe : تصوف [taṣawwuf], « initiation ») est, selon ses adeptes sunnites et chiites, la dimension mystique intérieure de l'islam. Les docteurs de l'islam (oulémas) ont défini le soufisme comme « une science dont l'objectif est la réparation du cœur afin de le détourner de tout autre que Dieu». L’amour tient en effet une place centrale dans l’enseignement soufi. Les plus illustres ouvrages sur ce sujet sont Le Traité de l’amour d’Ibn Arabi et Le Livre de l’amour de l’imam al-Ghazâlî. Pour Ibn Arabi, « Le soufisme ce n'est rien de plus que les cinq prières et l'attente de la mort ». Et de préciser en citant cette formule : « Il y a là une science immense ».
Autrement dit, le soufisme peut être considéré comme une doctrine ésotérique de l'islam sunnite et un mouvement mystique et ascétique ayant influencé les dissidences chiites. Elle connait son développement maximum à Bagdad entre 750 et 950 sous le califat abbasside. Le soufisme est donc suivi par certains musulmans (ceux qui sont alors appelées soufis).
Les soufis considèrent généralement que suivre la loi (charia) ou la jurisprudence islamique (fiqh) n'est que le premier pas sur le chemin de la soumission parfaite. Ils se concentrent sur des aspects internes ou plus spirituels de l'islam, comme la perfectibilité de la foi ou la soumission de l'égo (nafs).
Les soufis cherchent à atteindre le Fana (extinction du « moi » devant Dieu l'Unique) selon trois degrés ou étapes :
l'Islam (proprement dit) ; la Soumission à la Charia
l'Imane (qui est un don de Dieu) ; la Foi par la Tariqa
l'Ihsane (qui est le but de la voie) ; l'Excellence morale ou vertu dans la Haqiqa .
La plupart des ordres soufis (tariqas) se rapprochent soit du sunnisme, soit du chiisme. On les trouve dans tout le monde islamique, du Sénégal jusqu'à l'Indonésie.
La zaouïa : le coin pour étudier
Une zaouïa aux côtés des murs de la ville de Kairouan en Tunisie dans le début du XX siècle.
Dans un premier temps, ce terme désigne un emplacement ou un local réservé à l'intérieur d'une structure plus vaste où les soufis (mystiques) pouvaient se retirer comme le laisse entendre le sens de la racine du mot arabe (angle ou recoin).
Par la suite, le mot désigne un complexe religieux comportant une mosquée, des salles réservées à l'étude et à la méditation ainsi qu'une auberge pour y recevoir les indigents. On y effectue les pratiques spirituelles et on y enterre les saints fondateurs des confréries soufies.
La communauté soufie (رابِطة [rābita]) se regroupe dans un ribat (رِباط [ribāt]) parfois fortifié. Au Maghreb, ces communautés se sont développées dans le cadre urbain sous la forme des zaouïas. Les membres de ces confréries se font parfois appeler marabouts (مَرْبوط [marbūt] ou مُرابِط [murābit], celui qui est attaché).
Critique du soufisme
Le soufisme fait l'objet de vives critiques, souvent formulées par les salafistes, qui rejettent le principe même de l'intercession (tawassoul), voire par les sunnites ou les soufis eux-mêmes, qui considèrent certaines pratiques du soufisme hétérodoxe comme déviantes, en particulier lorsqu'il dégénère pour n'être plus que maraboutisme en Afrique ou fakirisme en Inde.
Une théologie populaire s'est en effet développée dans le maraboutisme, lequel pratique indubitablement le culte des saints, polythéisme expliquant le fait que ce courant soit rejeté par l'unanimité des sunnites. En effet, ce genre de culte est passible de la peine de mort selon la charia. Le mot « marabout » vient de l'arabe murâbit, qui désigne un homme vivant dans un ribât, un couvent fortifié. Ces religieux très mystiques jouent à la fois les rôles de prédicateur, de thaumaturge (médecin guérisseur), d'éducateur et de chef politique. Ils sont investis de pouvoirs surnaturels grâce à leur baraka ; leur pratique du Coran, dans des civilisations où l'écriture a été apportée par l'islam, les dote en effet d'un pouvoir paranormal. Ils ont trouvé un terrain de prédilection en Afrique où, dès le XVI siècle, les souverains convertis réclament des marabouts aux autorités arabes. Vivant des dons de croyants, les marabouts formés à l'école coranique enseignent l'islam classique, non sans lui ajouter des pratiques populaires et superstitieuses, voire magiques, rejoignant parfois des croyances animistes traditionnelles de l'Afrique. La réputation de leurs pouvoirs miraculeux les apparente alors plus à des sorciers qu'à des imams, d'où le mot marabout en français. Le culte des saints qui caractérise désormais le maraboutisme a élargi le sens du mot « marabout », qui a fini par désigner le saint vivant ou mort, le monument qui abrite sa tombe, les successeurs du saint, etc.
Les soufis se sont vus infligés la destruction de leurs zaouïas et de leurs mosquées, la suppression de leurs ordres, et la discrimination de leurs membres dans un certain nombre de pays musulmans où ils vivent pour la plupart. Ainsi, en 1925, la République laïque turque (de fait, avant 1937) interdit tous les ordres soufis et ferme leurs institutions après qu'ils se soient opposés au nouvel ordre séculier. En 1979, c'est au tour de la République islamique iranienne de les persécuter, officiellement pour leur manque de soutien à la doctrine de gouvernement du « velayat-e faqih » (à savoir que le grand faqih chiite devrait être le leader politique de la nation). Dans la plupart des autres pays musulmans, les attaques contre les soufis et surtout, leurs zaouïas, viennent pour l'essentiel des salafistes ou wahhabites qui considèrent que leurs pratiques telles que la (seule) célébration des anniversaires des saints (même sans tomber dans le culte des saints) et les cérémonies de dhikr (« souvenir » de Dieu) relèvent de l'innovation religieuse blâmable (bid'ah) et du polythéisme (shirk).
Le chiisme
Mosquée de l'imam Husayn à Kerbala, en Irak. On distingue aussi deux longs minarets de la mosquée Al Abbas sur la photo.
Le chiisme est divisé en différentes branches, dont les principales sont le chiisme duodécimain (branche la plus importante), le zaïdisme et l'ismaélisme. Chaque branche accepte différents descendants d'Ali ibn Abi Talib, cousin de Mahomet, comme imams. Après la mort de l'imam Ja'far al-Sâdiq qui est considéré comme le sixième Imam par les chiites duodécimains et les ismaéliens, les ismaéliens reconnaissent son fils Ismaïl ben Jafar comme son successeur alors que les chiites duodécimains suivent son autre fils Musa al-Kazim comme le septième imam. Les zaïdites considèrent, quant à eux, Zayd ibn Ali, l'oncle de l'Imam Jafar al-Sadiq, comme leur cinquième imam, et suivent donc une autre ligne de succession après lui.
Chiisme duodécimain
Ils représentent 80 % des chiites. On peut les séparer en deux grands groupes:
les « orthodoxes », tels les usuli (clergé d'ayatollah, la plus répandue), akhbari, shayki
les « hétérodoxes » (alévis de Turquie, alaouites ou « Nusayri » de Syrie, Shabaks, Kakaï, druzes de Syrie Israël et du Liban)
Chiisme septimain (ou ismaélien)
L'ismaélisme (arabe : al-Ismā'īliyya الإسماعيلية ; persan: اسماعیلیان ; sindhi : اسماعيلي ; kurde: Ismaili ; Esmā'iliyān ) est une branche de l'islam chiite. Les ismaélites tirent leur nom de leur acceptation d'Ismaïl ben Jafar comme le successeur spirituel désigné à l'imam Ja'far al-Sâdiq, ce en quoi ils diffèrent des duodécimains, qui acceptent Musa al-Kazim, frère cadet de Ismaïl, comme le vrai Imam.
Chiisme quintimain (ou zaïdisme du Yémen)
Le zaïdisme ( arabe: الزيدية az - Zaydiyya) est la plus ancienne branche de l'islam chiite qui a émergé au début du VIII siècle. Elle est nommée d'après Zayd ibn Ali, le petit-fils de Al-Hussein ibn Ali. Les adeptes de l'école juridique sont appelés zaydites et représentent environ 35-40 % des musulmans au Yémen.
Le kharidjisme
Ghardaïa, la vieille ville ibadite en Algérie.
Mosquée wahhabite sur l'île de Djerba en Tunisie.
Le kharidjisme se divise à son tour en diverses communautés et tendances (sufrites, ibadites, etc). De nos jours la seule tendance kharidjite qui ne s'est pas éteinte ou marginalisée est l'ibadisme (tendance quiétiste). Il se retrouve dans le sultanat d'Oman (qui pratique un ibadisme d'État), et dans quelques régions du Maghreb très localisées : en Algérie (chez les Berbères de Ghardaïa) et en Tunisie (île de Djerba).
Place particulière du salafisme à l'époque contemporaine
Le wahhabisme est une secte politico-religieuse, fondée par Mohammed ben Abdelwahhab, se réclamant de l'islam sunnite hanbalite, qui est présentée comme le précurseur du réformisme salafiste. Pour ses adeptes, ce mouvement représente la revivification du salafisme. Pour ses contradicteurs, c'est plutôt une « énième faction kharidjite». Une des estimations les plus détaillées de la population religieuse dans le Golfe Persique est celle de Mehrdad Izady qui estime, « en utilisant des critères culturels et non confessionnels », à moins de 5 millions le nombre de salafistes ou wahhabites dans la (seule) région du golfe Persique (contre 28,5 millions de sunnites et ** millions de chiites); dont environ 4 millions en Arabie saoudite (surtout dans la région centrale du Nejd ) et le reste provenant majoritairement du Qatar et de l'Emirat de Charjah . 46,87% des Qataris ; 44,8% des Emiratis ; 5,7% des Bahreïnis ; et 2,17% des Koweïtiens sont wahhabites. Ils représentent environ 0,5% de la population musulmane dans le monde.
Il est à noter par ailleurs qu'avant de se fondre dans la masse musulmane sunnite, la dynastie saoudienne (qui ne descend pas de la tribu de Quraych) se singularisait déjà par une confession minoritaire, le kharidjisme .
Du reste, les salafistes djihadistes sont souvent qualifiés de « takfiristes » ou de « kharidjites » par leurs adversaires musulmans (chiites et sunnites), qui les accusent, entre autres, d'innover un « sixième » pilier de l'islam avec leur « djihad » armé. Des termes que les salafistes djihadistes récusent.
Autres variantes théologiques, sociologiques, idéologiques ou politiques liées à l'islam ou dérivant de l'islam
Un quatrième courant, qui s'est éteint au Moyen Âge, le mutazilisme, est une école interprétative rationaliste, en conflit avec le sunnisme naissant ; il est apparu à la fin du califat omeyyade, au milieu du VIII siècle, et a été éradiqué au XI siècle par le sunnisme, en particulier par les acharites (disciples de al-Ach'ari 873-935) qui sont parvenus à venir à bout de son rationalisme jugé abusif (car il voulait tout submerger). Cette école, dont des textes ont été redécouverts au XIX siècle, connaît une petite résurgence depuis cette date chez certains intellectuels, notamment en raison de ses conséquences politiques et de ses liens avec la démocratie. Cependant, le mutazilisme a perdu tout crédit populaire à la suite de l'inquisition musulmane du calife Al-Ma’mūn pour imposer sa doctrine et ne récolta plus en retour que haines et persécutions.
Pour compléter la présentation de la religion musulmane, on ne peut éluder les pratiques populaires de l'islam. Souvent issues de syncrétismes avec les religions préislamiques, elles sont encore très présentes dans les sociétés rurales traditionnelles, qui mélangent animisme, culte des ancêtres, et religion révélée, s'exprimant essentiellement, en ce qui concerne l'islam, à travers des « confréries musulmanes ». Ces mouvements ou confréries s'apparentent grossièrement aux ordres religieux chrétiens non cloîtrés. Certains sont condamnés par l'islam qui les trouve hétérodoxes et réinstauratrices des vestiges archaïques de croyances superstitieuses. Il faut également mentionner l'apparition, au XX siècle, des musulmans réformés ou libéraux qui visent à un aggiornamento général.
Lieux saints
Le Mont Arafat, situé à La Mecque en Arabie saoudite, est le point d'orgue du pèlerinage. Les musulmans du monde entier affluent à cet endroit pour y être absous par Dieu.
La Mecque (Makkah) en Arabie saoudite, abrite la Kaaba (« le Cube »). Selon la tradition, il est le premier lieu de culte, bâti par Adam (Adam) sur Terre, puis reconstruit par Ibrahim (Abraham). Jusqu'à l'avènement de l'islam, il était dédié au dieu arabe Houbal, qui était vénéré par des rites de circonvolution autour de la pierre noire. Tout musulman se doit d'y faire un pèlerinage au moins une fois dans sa vie s'il en a la capacité physique et financière.
Médine (Almadinah), où émigra Mahomet après s'être enfui de La Mecque, est la deuxième ville sainte de l'islam.
Jérusalem (al-Qods) est la troisième ville sainte. C'est l'endroit vers lequel le prophète Mahomet aurait effectué le voyage nocturne et l'ascension. Le pèlerinage sunnite n'est admis que vers ces trois villes.
Les sunnites reconnaissent un autre lieu saint : Hébron, lieu du tombeau d'Abraham, père d'Ismaël.
Les chiites reconnaissent deux autres lieux saints : Nadjaf, en Irak et Kerbala, lieu du martyre d'Hussein, petit-fils du prophète Mahomet et fils de Ali, troisième imâm, ainsi que ses compagnons, venus à Kerbala pour défendre l'imamât c'est-à-dire la succession par l'imam Ali gendre du prophète et Hussein son fils (Hassan, son frère ainé ayant été tué). Tous les ans, a lieu la commémoration de ce massacre, à Kerbala.
Selon Paul Coulon, les musulmans d'Éthiopie rajoutent à cette liste une quatrième ville sainte, celle d'Harar.
Relation de l'islam aux autres religions
Le Dôme du Rocher à Jérusalem
L'islam reconnaît tous les pères fondateurs du judaïsme (Moïse, David, Salomon) et du christianisme comme des prophètes, sans pour autant s'y limiter, et établit d'une manière générale les prophètes comme moyens pour Dieu de rappeler les hommes vers la foi en Lui et un comportement de droiture.
L'attitude de l'islam par rapport à ces deux religions antérieures, connues sous le nom de « religions du Livre » ou « religions de la Bible », consiste à la fois à les respecter et à leur reconnaître une certaine vérité, mais les considérer comme ayant été corrompues au fil du temps par les passions des hommes (manipulations servant des besoins politiques, injustice, excès, etc.) (sourate 17, 30…). Mahomet, considéré comme le dernier prophète par cette religion, étant appelé à rétablir le message dans sa vérité primordiale, c'est-à-dire telle que définie par Ibrahim (Abraham).
L'apostasie dans l'islam vers une autre religion, quelle qu'elle soit, est fermement interdite par l'interprétation majoritaire du Coran.
Pour ce qui est de la tolérance religieuse, citons la lettre du Prophète aux évêques et chrétiens najrânites où ils purent exercer librement leur culte (ils purent en outre prier dans sa mosquée en s'orientant vers l'orient) en l'an 631. Il en fut de même pour les juifs de Médine conformément au verset 256 de la sourate 2 "Point de contrainte en religion".
Relation entre hommes et femmes dans l'islam
Reine Effat d'Arabie saoudite
Les rôles de genre dans l'Islam sont simultanément colorés par deux préceptes coraniques : (1°) l'égalité spirituelle entre les femmes et les hommes ; et (2°) l'idée que les femmes sont destinées à exemplifier la Féminité et les hommes, la Masculinité.
L'égalité spirituelle entre les femmes et les hommes est détaillée dans la sourate Al-Ahzab :
« Les Musulmans et Musulmanes, croyants et croyantes, obéissants et obéissantes, loyaux et loyales, endurants et endurantes, craignants et craignantes, donneurs et donneuses d´aumônes, jeûnants et jeûnantes, gardiens de leur chasteté et gardiennes, invocateurs souvent d´Allah et invocatrices: Allah a préparé pour eux un pardon et une énorme récompense ».
(Coran. Sourate 33, verset 35)
Par ailleurs, Mahomet rappela l'importance de la femme dans la réalisation du mou'min complet en disant : « Le Paradis se trouve sous les pieds de vos mères ». Enfin, dans les actes, selon Muhammad Hamidullah, le Prophète nomma une femme, Umm waraqah bint 'Abdallah bint al-Hârith qui avait appris le coran par cœur, imam des hommes et femmes de son quartier à Médine, « à titre exceptionnel ».
Aussi, à plusieurs reprises dans son discours d'adieu, il recommanda « d'assurer à la femme le meilleur traitement ».
Toutefois, l'une des plus grandes références du salafisme, le cheikh Ibn Uthaymin, une figure du wahhabisme saoudien, estime, dans ses consultations juridiques (fatwas), que les femmes de bonnes mœurs ne doivent quitter leur domicile qu'avec l'autorisation du mari ou du « gardien ». Il précise même, très sérieusement, que : « La femme est libre chez elle, elle se rend dans toutes les pièces de la maison et travaille en accomplissant les tâches ménagères ». En réalité, selon la hedjazie Suhayla Zayn al-Abidin, le wahhabisme a servi à légitimer ce qui n’est rien d’autre que des coutumes locales najdies : « alors que l’islam a permis l’ijtihad (l’interprétation des textes) dans le but de s’adapter aux circonstances correspondant aux différents lieux et aux différentes époques, un groupe d’oulémas, qui n’est pas peu nombreux, s’est contenté de proclamer des interdictions au nom de sadd al-dharaʿi (« blocage des moyens », principe-clé du droit wahhabite). Ceux d’entre eux qui ont appliqué ce principe à la femme l’ont fait parce qu’ils la regardent avec des yeux païens (jahiliyya), et la traitent selon des coutumes et des traditions païennes, qui ne sont en rien une application de ce qu’a apporté l’islam » (in Al-Sharq al-Awsat, 30 mai 2004) .
Critiques
Les critiques négatives contemporaines, faites à l'islam par de nombreux auteurs de pays dont les systèmes politiques sont laïques ou séculiers, sont pratiquement les mêmes que celles faites aux deux autres religions monothéistes : obscurantisme, misogynie, phallocratie, intolérance, hostilité envers les autres croyances, éloge de certaines violences, etc, qui en sont les caractères extrémistes et qui dominent face aux notions de justice, de paix, d'égalité que l'on peut retrouver dans ces religions.
Par exemple, parmi les auteurs anglo-saxons, l'éthologiste et écrivain britannique Richard Dawkins. Selon lui, l'islam est incompatible avec les avancées récentes de la science, et notamment la théorie de l'évolution. Dawkins a récemment émis le souhait personnel de « populariser l'évolution dans le monde islamique ». Cette critique est formellement contredite par le médecin Maurice Bucaille qui affirme dans son livre L'homme d'où vient-il ? : les réponses de la science et des Écritures saintes que l'évolution est tout à fait compatible avec les récits coraniques. Pour l'historien, Mohamed Talbi, l'évolutionnisme est une vieille tradition dans la pensée musulmane, il cite entre autres Ibn Khaldoun.
Le journaliste anglo-américain Christopher Hitchens, est encore plus virulent à l'égard de l'islam et des religions en général : « Violente, irrationnelle, intolérante, alliée au racisme, au tribalisme et au sectarisme, revêtue d'ignorance et hostile à l'investigation libre, dédaigneuse des femmes et coercitive envers les enfants : la religion organisée doit avoir beaucoup sur la conscience. » Au sujet de l'islam, Hitchens soutient que cette religion est sexiste, intolérante, et comprend de nombreuses « sectes guerrières et contradictoires entre elles ». Néanmoins, « l'affirmation fondamentale » de l'islamisme selon laquelle l'islam « ne peut s'améliorer et est définitif » est, selon lui, « absurde ».
Cependant, bien des critiques peuvent paraître infondées, comme l’accusation de racisme, de tribalisme ou d'intolérance. Le Prophète, au contraire, lors du discours d’adieu, avait dit qu'« aucun Arabe n’a une supériorité sur un non-Arabe ». À un autre moment, il dit qu'« il faut obéir à l'autorité légale détenue par même un noir à nez coupé ». Après la mort de Mahomet (en 632), le deuxième calife de l'islam Omar ibn al-Khattâb (mort en **4) a aboli l'esclavagisme traditionnellement ancré dans toute l'Arabie.
« Le futur de l'Islam se trouve dans le principe de l'accord des musulmans avec la conception de la [foi] universelle et la capacité, à travers cette universalité, de faire et d'abroger des lois. À mesure que les musulmans avancent, leurs lois peuvent, de même, avancer avec eux, et la prise de la mainmorte du droit canon peut se relâcher graduellement et légalement ».
Bibliographie
Avertissement : la bibliographie ci-dessous est proposée à titre indicatif. La littérature sur l'islam étant très abondante, seuls quelques livres sont proposés. Toutefois, ces livres n'ont pas tous la même valeur didactique et leur choix repose sur celui de plusieurs éditeurs de cet article. Leur présence sur cette liste n'est en aucun cas gage de sérieux de l'ouvrage.
Ouvrages
Michel Reeber, L'islam, Milan, coll. « Les Essentiels », 2013, 128 p. (ISBN 978-2745963246) (pour une première approche)
Paul Balta, L'islam, Le Cavalier Bleu, coll. « Les idées reçues », 2009, 127 p. (ISBN 978-2846702362) (également pour une première approche)
Mohammed Arkoun, L'Islam, Jacques Grancher, coll. « ABC », 2013, 368 p. (ISBN 978-2733910146)
Dominique Sourdel et Janine Sourdel-Thomine, Vocabulaire de l'islam, PUF, coll. « Que sais-je ? » (n 3653), 2013, 128 p. (ISBN 978-2-13-062768-5)
Hichem Djaït, La vie de Muhammad : Le parcours du Prophète à Médine et le triomphe de l'islam, t. 3, Fayard, 2012, 320 p. (ISBN 978-2213637204)
Hichem Djaït, La vie de Muhammad : La Prédication prophétique à La Mecque, t. 2, Fayard, 2008 (ISBN 978-2213632834)
Hichem Djaït, La vie de Muhammad : Révélation et prophétie, t. 1, Fayard, 2011, 181 p. (ISBN 978-2213603285)
Alfred-Louis de Prémare, Aux origines du Coran, Tétraèdre, 2005, 144 p. (ISBN 291286819X)
Édouard-Marie Gallez, Le Messie et son prophète, Aux origines de l’islam, 2 tomes, Versailles, Éditions de Paris (résumé) Tome 1 : De Qumran à Muhammad Tome 2 : Du Muhammad des Califes au Muhammad de l’histoire Cette publication a constitué la thèse de doctorat en théologie/histoire des religions qu'É.-M. Gallez a soutenue à l'université de Strasbourg II en 2004.
Tome 1 : De Qumran à Muhammad
Tome 2 : Du Muhammad des Califes au Muhammad de l’histoire Cette publication a constitué la thèse de doctorat en théologie/histoire des religions qu'É.-M. Gallez a soutenue à l'université de Strasbourg II en 2004.
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Denise Masson, Le Coran, t. 2, Gallimard, coll. « Folio classique », 1980, 608 p. (ISBN 978-2070372348) (également pour un essai de traduction)
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Filmographie
1977 : Moustapha Akkad, Le Message