En linguistique, deux points de vue différents et complémentaires peuvent être adoptés lorsqu'on analyse les faits de langue :
l'approche dite diachronique s'intéresse à l'histoire de la langue et étudie ses évolutions (étymologie, évolutions phonétiques, sémantiques, **, **, etc.). Le terme est un emprunt savant construit sur des racines grecques, δια-, « à travers », et χρόνος, « temps » ; la linguistique historique, par exemple, a une approche diachronique ;
l'approche dite synchronique s'intéresse à une langue à un moment précis de son histoire ; le mot est aussi fabriqué à partir de deux termes grecs : συν-, « avec », χρόνος, « temps ». La grammaire scolaire est pour l'essentiel synchronique : elle indique quelles sont les normes considérées comme des règles d'une langue, qui peuvent avoir changé depuis des états antérieurs.
Les termes de synchronie et de diachronie et la construction théorique de leur opposition sont dus à Ferdinand de Saussure, professeur de linguistique générale à l'université de Genève de 1**6 à 1911, et l'un des fondateurs de la linguistique moderne. Contrairement à ses prédécesseurs, pour qui l'étude de l'évolution d'une langue (diachronie) était privilégiée, Saussure affirme la primauté de l'étude de son état à un instant donné (synchronie).
Évolution diachronique du toponyme "Bessarabie", de la principauté de Valachie (1330) jusqu'aux Bouches du Danube (1395-1420) rattachées à la principauté de Moldavie (1420), de celle-ci à l'Empire ottoman (1484-1812), puis à l'Empire russe (1812) et enfin au royaume de Roumanie (1918-1940) ; le terme devient désuet après 1950 ; frontières actuelles surimposées.
Cette opposition est fructueuse également en philosophie et en sociologie, où elle a été utilisée entre autres par Roland Barthes et Jean-Paul Sartre.
En géopolitique, l'étude de la diachronie est l'analyse des évolutions d'une situation, d'un territoire, d'une culture ou d'une population à travers le temps, y compris sur des temps longs (plusieurs époques). Exemple : l'évolution d'un toponyme comme « Bessarabie » ou « Indes » à travers le temps et l'espace. Dans ses nombreux ouvrages, Yves Lacoste développe trois concepts clefs permettant de conduire une analyse géopolitique : l'étude de la diachronie (évolution à travers le temps), de la diatopie (évolution à travers l'espace) et des représentations, ce qui touche au domaine de la psychologie du développement, où cette opposition « synchronie » — « diachronie » renvoie respectivement à une analyse d'approche microdéveloppementale (moderne, plus ou moins wallonienne) ou macrodéveloppementale (théories piagétiennes).
Jacques Lacan a aussi utilisé cette opposition en psychanalyse.