Le Progrès. Parc du Retiro, Madrid. Derrière lui, Pégase, symbole de la vitesse. Les trois femmes symbolisent la Littérature, l'Industrie et le Commerce et les Arts.
Le progrès est un concept à deux dimensions :
une dimension absolue, le progrès — avec parfois une majuscule : le Progrès — quantitative avec l'idée d'action et de résultat d'évolution vers un objectif ou un idéal une dimension concrète qualitative, un progrès, avec l'idée d'une ou plusieurs améliorations quantitatives et qualitatives de l'existant, l'action et le résultat de cette action.
Ce concept de progrès est utilisé et discuté dans différentes disciplines telles que la philosophie, l'histoire, la politique, l'économie, la médecine ou les sciences.
Étymologie et histoire du mot
Le mot est issu du latin progressus et désigne à l'origine la progression d'une troupe.
Complexité du concept
L'existence de cette double dimension est à la source d'ambiguïté et de confusions.
« Concept central de la pensée des Lumières et des courants évolutionnistes, le progrès incarne la croyance dans le perfectionnement global et linéaire de l'humanité; La société, tout en se développant, évolue vers le "mieux" : augmentation des richesses, progrès scientifique et technique... mais aussi amélioration des mœurs et des institutions, voire progrès de l'esprit humain. » Le progrès économique se définit à la fois par l'idée de croissance (quantitative) et par une meilleure efficacité (qualitative). (...) En ce sens la notion est proche de celle de développement, et selon une idée répandue, elle irait de pair avec le progrès social. « En réalité, rien n'assure que le progrès économique entraîne mécaniquement le mieux-être ». L'analyse fait apparaître des contrastes : Ainsi la rationalisation de la production introduite par le taylorisme et le fordisme ont permis une augmentation importante et indéniable du pouvoir d'achat, mais au prix d'un durcissement des conditions de travail. Au total, Il ressort que le progrès social ne s'identifie pas uniquement aux progrès quantitatifs (Niveau de vie, Bien-être matériel...). D'autres enjeux méritent être considérés : genre de vie, instruction, conditions de vie, santé, égale redistribution des "fruits du progrès"...
Histoire de la notion
La notion de progrès, qui semblait évidente voire « naturelle » aux hommes de la fin du XIX siècle, est, en fait, une notion historiquement acquise et diversement comprise selon les temps, les lieux et les civilisations. C'est une notion plurielle et historiquement située.
Antiquité gréco-romaine
Selon certaines interprétations, deux écoles s'affrontent et se croisent : le primitivisme, qui voit la décadence dans le progrès et le progressisme partisan du progrès (voir ci-dessous). Cependant, certains auteurs soulignent le sens très différent, dans la Rome antique, de la notion de progrès, puisque, en l'absence d'utopies (ce qui distingue Rome de la Grèce), « le progrès ne saurait être que la réactualisation sous une forme plus ou moins achevée d’un passé idéalisé », l'Âge d'or .
Hésiode, dans Les travaux et les jours (VIII siècle av. J.-C.), développe le mythe de l'Âge d'or. La perfection de la race humaine se situe à l'origine, et le progrès technique est signe de décadence.
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« Quand les hommes et les dieux furent nés ensemble, d’abord les célestes habitants de l'Olympe créèrent l'âge d'or pour les mortels doués de la parole. Sous le règne de Saturne qui commandait dans le ciel, les mortels vivaient comme les dieux, ils étaient libres d'inquiétudes, de travaux et de souffrances ; la cruelle vieillesse ne les affligeait point ; leurs pieds et leurs mains conservaient sans cesse la même vigueur, et loin de tous les maux, ils se réjouissaient au milieu des festins, riches en fruits délicieux et chers aux bienheureux Immortels. Ils mouraient comme enchaînés par un doux sommeil. Tous les biens naissaient autour d'eux. La terre fertile produisait d'elle-même d'abondants trésors ; libres et paisibles, ils partageaient leurs richesses avec une foule de vertueux amis. Quand la terre eut renfermé dans son sein cette première génération, ces hommes, appelés les génies terrestres, devinrent les protecteurs et les gardiens tutélaires des mortels : ils observent leurs bonnes ou leurs mauvaises actions, et, enveloppés d'un nuage, parcourent toute la terre en répandant la richesse : telle est la royale prérogative qu'ils ont obtenue » (Les travaux et les jours) .
En revanche, certains auteurs voient dans le progrès une réaction à la décadence : Pour Sénèque dans sa Lettres à Lucilius, la décadence des mœurs entraîne l'invention de lois, comme celles de Solon.
Vers 460 av. J.-C., Eschyle, dans Prométhée enchaîné, de façon mythique, attribue le progrès dans les techniques et les sciences, à Prométhée, un Titan qui a apporté le feu aux hommes.
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« Prométhée : Si tu veux écouter le reste, tu admireras combien d’arts et de ressources j’ai inventés. Voici le plus grand : Si quelqu’un, autrefois, tombait malade, il n’y avait aucun remède, aucune nourriture, aucun baume, ni rien qu’il pût boire. Ils mouraient par le manque de remèdes, avant que je leur eusse enseigné les mixtures des médicaments salutaires qui, maintenant, chassent loin d’eux toutes les maladies. J’instituai les nombreux rites de la divination. Le premier, je signalai dans les songes les choses qui devaient arriver, et j’expliquai aux hommes les révélations obscures. J’ai précisé aux voyageurs les hasards des chemins et le sens assuré du vol des oiseaux aux ongles recourbés, ceux qui sont propices, ceux qui sont contraires, le genre de nourriture de chacun, leurs haines, leurs amours et leurs réunions. J’enseignai aussi l’aspect lisse des entrailles et leur couleur qui plaît aux Daimones, et la qualité favorable de la bile et du foie, et les cuisses couvertes de graisse. En brûlant les longs reins, j’ai enseigné aux hommes l’art difficile de prévoir. Je leur ai révélé les présages du Feu, qui, autrefois, étaient obscurs. Telles sont les choses. Et qui peut dire avoir trouvé avant moi toutes les richesses cachées aux hommes sous la terre : l’airain, le fer, l’argent, l’or ? Personne. Je le sais certainement, à moins de vouloir se vanter vainement. Écoute enfin un seul mot qui résume : tous les arts ont été révélés aux Vivants par Prométhée » (Prométhée enchaîné, 505).
Sophocle, dans Antigone (vers 440 av. J.-C.), cherche l'origine du progrès dans l'esprit humain, inventif.
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« Beaucoup de choses sont admirables, mais rien n'est plus admirable que l'homme. Il est porté par le Notos orageux à travers la sombre mer, au milieu de flots qui grondent autour de lui ; il dompte, d'année en année, sous les socs tranchants, la plus puissante des Déesses, Gaias, immortelle et infatigable, et il la retourne à l'aide du cheval. L'homme, plein d'adresse, enveloppe, dans ses filets faits de cordes, la race des légers oiseaux et les bêtes sauvages et la génération marine de la mer ; et il asservit par ses ruses la bête farouche des montagnes ; et il met sous le joug le cheval chevelu et l'infatigable taureau montagnard, et il les contraint de courber le cou. Il s'est donné la parole et la pensée rapide et les lois des cités, et il a mis ses demeures à l'abri des gelées et des pluies fâcheuses. Ingénieux en tout, il ne manque jamais de prévoyance en ce qui concerne l'avenir. Il n'y a que le Hadès auquel il ne puisse échapper, mais il a trouvé des remèdes aux maladies dangereuses » (Antigone, 334-356).
La notion de progrès est développée par les stoïciens, dès Zénon de Cition (vers 300 av. J.-C.) et surtout Posidonios d'Apamée. Sénèque considère le progrès technique - pas le progrès des connaissances - comme un danger pour la vie morale, puisque son moteur est l'amour du luxe et du plaisir.
Jacqueline de Romilly, dans Les Idées romaines sur le progrès d’après les écrivains de la République, Antoinette Novara met en lumière le développement de la philosophie du progrès (résumée dans le mot humanitas), notamment chez Lucrèce, Cicéron, Varron, Salluste, Virgile, et Horace.
Mathias Roriczer
On doit à Mathias Roriczer, selon E. Zilsel, une des premières apparition de l'idée d'un progrès continuel, particulièrement dans le domaine de l'artisanat et de la science. Son livre Sur l'architecture (Von der Fialen Gerechtigkeit. Comment construire correctement des pinacles et des tours, Trèves, 1845) date de 1486. La science y est considérée comme une coopération pour des fins non individuelles, avec la participation des gens du passé, du présent, du futur.
Francis Bacon et l'invention du progrès
La notion de progrès est typiquement moderne, elle inverse la conception antique et médiévale qui valorise ce qui est le plus ancien, aussi bien dans les mœurs, les arts, la poésie, la politique que le droit, en particulier avec les figures de l'Éden et l'Âge d'or qui vont être déplacées dans le futur comme une l'utopie, et une conquête à faire. Le mot progrès n'apparait dans la langue française qu'en 1532 sous la plume de François Rabelais qui le forme à partir de progressus, participe passé du verbe latin progredi voulant dire avancer.
En Europe, les premières théorisations d'une destinée collective à progresser, apparaissent au XVI siècle, au moment où précisément, s'affirment conjointement les capacités techniques de l'homme, c'est-à-dire ses capacités à modifier son environnement, et ses capacités à inscrire matériellement, concrètement, par le biais du livre et de l'imprimerie, les modalités de progression.
Francis Bacon, publie en 1605 le premier des six livres de sa Grande restauration des sciences, De dignitate et augmentis scientiae, titre traduit actuellement en français par Du progrès et de l'accroissement des sciences, le seconde sera le Nouvel Organon. Pour lui, les sciences s'améliorent, il les organise selon une nouvelle classification qui servira à la publication en 1728 de l'Encyclopédie de Chambers (1680-1740), modèle de celle de Diderot.
Dans son ouvrage La Nouvelle Atlantide (1627), est imaginée une cité parfaite dévolue à l'essor des sciences et des techniques.
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« Le but de notre établissement est la découverte, et la nature intime des forces primordiales et de principes des choses, en vue d'étendre les limites de l'empire de l'homme sur la nature entière et d'exécuter tout ce qui lui est possible » (La Nouvelle Atlantide, in Œuvres de François Bacon, Auguste Desprez, Paris, 1840, traduction d'Antoine de La Salle en 1800 p. 596).
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« Notre Fondation a pour fin de connaître les causes et les mouvements secrets des choses et de reculer les frontières de l'empire de l'homme sur les choses, en vue de réaliser toutes les choses possibles » (La Nouvelle Atlantide, G.F., p. 119).
Un manuscrit inachevé (Les Merveilles naturelles) nous propose un aperçu de ce que les techniques apporteront aux hommes : « une jeunesse presque éternelle, la guérison de maladies réputées incurables, l'amélioration des capacités cérébrales, fabriquer de nouvelles espèces animales et produire de nouveaux aliments, etc. ». Ainsi, pour Bacon, le progrès humain consiste à réaliser toutes les choses possibles. Il faut ajouter que cette utopie technique se prolonge jusqu'à l'espoir de vaincre la mort afin de permettre à l'homme de vivre comme il vivait jadis dans le jardin d'Éden. La foi de Bacon en le progrès n'est donc pas étrangère à la conception biblique originelle.
La génération qui succède à celle du chancelier Bacon (1561-1626) est celle de Cromwell (1599-1658) qui provoquera en 1641 la Révolution anglaise, modèle de la Révolution française.
Les « pré-Lumières »
La fin du XVII siècle, en France et en Angleterre, marque un tournant dans l'histoire de l'idée de progrès, comme le montre Frédéric Rouvillois. La Querelle des Anciens et des Modernes voit s'affronter les tenants de la valeur indépassable des auteurs de l'Antiquité gréco-latine, menés par Boileau, et ceux qui, derrière Charles Perrault, pensent au contraire que le siècle de Louis XIV pouvait amener des perfectionnements, des progrès dans les arts et lettres. Par la suite, sous l'influence des idées cartésiennes et des améliorations techniques (dont le modèle est l'horloge), des auteurs comme Fontenelle et l'Abbé de Saint-Pierre jettent les bases d'une vision foncièrement optimiste (voire naïve) du Progrès humain, inéluctable, général, universel et linéaire, que l'on attribue généralement aux Lumières. Ce sont les "pré-Lumières".
Diderot : la descente dans l'atelier
Condorcet : La vision classique du Progrès
Avec son Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain, écrit alors qu'il se cachait sous la Terreur de 1793, Nicolas de Condorcet livre la vision classique du Progrès de l'être humain. Il y résume, de mémoire, la plus grande partie du savoir de son temps, contenue dans l'Encyclopédie de Diderot, et se projette dans un avenir qu'il imagine progressivement éclairé par la Raison, l'éducation, les connaissances, les découvertes scientifiques et techniques. Cette vision du Progrès dominera tout le XIX siècle.
XIX siècle
En Europe, ce n'est que tardivement - c'est-à-dire au XIX siècle - que le « progrès » est devenue une notion économique, puis scientifique. C'est plus tardivement encore qu'elle a rejoint la notion d'innovation, au point d'y être confondue. En termes d'archéologie du savoir, la culture technique pré-industrielle (le système eau/bois/vent) apprit lentement à théoriser la capacité des sociétés à progresser, et découvrit, non sans débats et désaccords, que le progrès pouvait être pensé comme une potentialité. La culture technique de la première industrialisation (système fer/charbon/vapeur), au contraire, s'est fondée sur la notion de progrès, en basculant de la potentialité à la puissance, et en assimilant le progrès à la science. La culture technique de la seconde industrialisation (système pétrole/électricité/alliages), qui s'est élaborée à partir des années 1880, franchit un pas supplémentaire en assimilant le progrès à l'innovation, à la capacité d'innover, ce qu'aucune société n'avait encore théorisé. L'intérêt de la période dans laquelle nous vivons actuellement, tient à ce que nous nous trouvons dans un même système technique, mais à des niveaux de développement différents, selon les lieux et les pays : post-industrialisation galopante dans le monde occidental et au Japon, industrialisation accélérée dans les pays neufs : Inde, Chine, Brésil... stagnation dans une situation « pré-industrielle » en Afrique, par exemple.
XX siècle
En analysant l'impact du progrès technique sur la population active, le démographe et économiste Alfred Sauvy introduit la distinction entre « progrès processif » et « progrès récessif ». L'historien de l'économie André Piettre commente ainsi cette différence :
« le progrès processif agrandit la nature par rapport à l'homme en ce sens qu'il permet d'obtenir un rendement accru avec la même quantité d'effort et de facteurs naturels. (...) ce progrès permet aux hommes de vivre plus nombreux sur un même espace : il élève l'optimum démographique. »
« Au contraire, le progrès récessif agrandit l'homme par rapport à la nature, c'est-à-dire qu'il lui permet d'obtenir le même rendement avec moins de travail. Le progrès récessif réduit donc le besoin d'hommes pour un même résultat. Il provoque le chômage et abaisse l'optimum démographique. Il rejoint ainsi la catégorie du "Labour saving" de Hansen. »
Selon le commentaire de René Courtin, le progrès processif profiterait aux « dominés » parce qu'il ouvre des emplois nouveaux. Inversement le progrès récessif profiterait aux « dominants » parce qu'il renforce le monopole des possédants. Courtin admet cependant qu'il peut exister une certaine nuance dans le concept : « Certains progrès sont initialement directement récessifs, mais peuvent se révéler finalement processifs » .
Domaines concernés
La conceptualisation du progrès s'est faite historiquement des techniques vers le reste de la société.
Progrès technique et scientifique
Progrès moral
Progrès social
Approche philosophique et critique
Le Progrès est resté une conception dominante en Occident, de la Révolution Française à la première guerre mondiale. Jusqu'à cette date, les critiques, quoique nombreuses, émanant de milieux politiques ou artistiques, n'ébranlaient pas la conception dominante. Publié en 1855, La fin du monde par la science par le philosophe Eugène Huzar présente la première philosophie catastrophiste du progrès technologique. Avec l'horreur des tranchées, l'Occident a découvert le caractère ambivalent du progrès technique, qui augmente à la fois les moyens de sauver des vies humaines et les capacités de destruction de l'Homme. L'explosion de la première bombe atomique à Hiroshima, le génocide de millions de juifs par le régime nazis, ont alimenté une prise de conscience critique vis-à-vis du Progrès.
Pierre-André Taguieff dresse dans deux essais récents un vaste panorama des analyses philosophiques, mais aussi sociologiques, de la notion de progrès, depuis Francis Bacon jusqu'aux auteurs contemporains.
Outre la présentation de sa propre analyse, critiquée pour son approche trop unilatérale et « dans l'air du temps », Taguieff revient en particulier sur la critique moderne de cette notion de progrès, aujourd'hui remise en cause dans le cadre des principes de développement durable, à la suite notamment des travaux du philosophe Hans Jonas (Le Principe responsabilité, en 1979), dont le propos visait en particulier à mettre en évidence les dangers associés au progrès technique.
Cette critique du progrès, nous rappelle Taguieff, ne se résume pas à une dénonciation des dangers écologiques ou ethnocidaires du progrès technique. Est également visée la disparition d'un but assigné au progrès, qui n'aurait alors plus pour horizon que son propre déploiement. C'est ce que le philosophe Taguieff appelle le « bougisme », également dénoncé par Jean Baudrillard et avant lui par Jacques Ellul, et qui renvoie à la notion de "présentisme" développée par François Hartog.
Est ainsi questionnée par ces différents auteurs la capacité du progrès, sous toutes ses formes, à prendre en compte l'intégralité des variables naturelles, matérielles, culturelles, économiques, qui contribuent à la structuration, au développement, voire à la régression des sociétés. C'est le cas du mouvement pour la décroissance présent en France et dans d'autres pays occidentaux, qui insiste sur l'aspect quantitatif du progrès technique associé à la sur-consommation, se réalisant au détriment de l'aspect qualitatif.
Richard Layard, économiste anglais, exprime aussi que l'« On ne devrait pas compter comme progrès ce qui rend heureux aujourd'hui aux dépens de l'avenir » ; Il existe donc chez certains économistes (Tim Jackson auteur du rapport « Prospérité sans croissance »), philosophes etc. une remise en cause de la notion de progrès. Est ce qu'alors les inventions techniques comme le moteur à combustion, la voiture, le plastique etc. constituent un progrès au sens large, au sens du futur ?
Aujourd'hui, bien après que l'invasion et la colonisation des territoires amérindiens par les européens aient éradiqué 80% de la population qui y vivaient, certains auteurs et des ONG comme Survival International dénoncent le fait qu'il y a toujours aussi de très nombreuses « victimes du progrès », et que le progrès forcé et le développement imposé jugés par l'ONG continue à être ethnocidaire envers des peuples autochtones dont les gouvernements nationaux, souvent sous couvert du progrès et de la civilisation ne reconnaissent pas leurs droits à l'autodétermination ni souvent l'accès aux ressources naturelles ou foncières de leurs propres territoires ancestraux. La construction de route, les missions, l'introduction de la médecine occidentale (causant un recul des médecines traditionnelles), du commerce, de la publicité, des moyens modernes de communication détruit ces sociétés, contre leur gré parfois. Le progrès médical était supposé profiter aux populations aborigènes entretenant des contacts avec les "colonisateurs" ou la "civilisation", mais les épidémies les ont souvent décimé et l'espérance de vie des populations autochtones reste souvent significativement moindre que celle des autres habitants des mêmes pays (souvent 7 à 20 ans de moins ; 15-20 ans de moins pour les aborigènes australiens par exemple, particulièrement touchés). De même le taux de suicide est il beaucoup plus élevé chez ces populations. L'obésité et les suicides posent de graves problèmes chez les inuits dont l'alimentation s'est américanisée et malgré des conditions de vie apparemment plus favorables qu'autrefois.
En religion
Le pape Paul VI a consacré son encyclique Populorum Progressio sur la notion chrétienne de progrès. Il encouragea le développement d'un humanisme intégral à l'exemple de celui proposé par le philosophe Jacques Maritain.
La question sociale avait initialement été abordée par Léon XIII dans Rerum Novarum. À l'époque du deuxième concile du Vatican, Jean XXIII avait écrit Mater et Magistra sur le même thème.
Au niveau du culte lui-même, le progrès liturgique est conçu comme allant de pair avec le développement du dogme selon la formule lex orandi lex credenti.