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词典释义:
mal
时间: 2023-10-13 08:58:44
常用词TEF/TCF专四
[mal]

a.f.〈旧语,旧义〉坏,

词典释义
mal, e

a.f.
〈旧语,旧义〉坏,
à la male heure 临死时;恰当时候
mourir de male mort 惨死, 横死

a.m.
, , 应该, 道德 [仅用于下列词组或作表语]
bon an, mal an 好坏年头平均
bon gré, mal gré 管愿意愿意
faire quelque chose de mal 干坏事情
C'est mal de dire des gros mots. 说脏话是

adv.
1. 坏,糟,好,恶劣地
Cette affaire va mal. 这件事进展顺利。
aller de mal en pis 越来越糟
tomber mal 变坏,变糟
Mal lui en prit. 他运气好。
se trouver mal d'une chose 因某一事物而情况
être mal avec qn 与某人关系好, 与某人
parler mal de qn 说某人坏话
travail mal fait工作
enfant mal nourri 营养孩子
Vous vous y prenez mal. 您干方法对。
Il parle mal le français. 他法语讲好。
Le moteur fonctionne mal. 发动机运转好。

2. 舒服,
se trouver[se sentir] mal 身上感到舒服
Il est [va] très mal. 他身体好。他身体很糟。
être bien mal, être au plus mal 病情严重, 情况很糟

3. 充足,完全
mal dormir 睡眠
travailleur mal payé 工资很低工人
Il est mal remis de sa maladie. 他病后还没有完全恢复过来。

4. 困难地,费劲地
respirer mal 呼吸困难
Je comprends mal comment il a pu en arriver là.明白他怎么会到这个地步。

5. 正当,道德
bien mal acquis 义之财
se conduire mal 行为端,行为恶劣

6.【表示轻度否定】
mal à propos 适时地
être mal à l'aise 感到

n.m.
1. 损害,损失
faire du mal à qn 损害某人,伤害某人
rendre le mal pour le mal 以牙还牙
le mal causé par un incendie 火灾造成损害

2. 疼痛,
souffrir d'un mal de dents 牙痛
mal des montagnes [de l'altitude] 高山病
avoir mal au cœur 恶心
mal de mer[de l'air,de la route] 晕船/飞机/车
faire mal à qn 使某人受伤, 弄痛某人
Cela me fait mal de voir [d'entendre] cela.〈转义〉〈口语〉看到 [听到] 这个真使我难受。
se faire mal en tombant 摔跤受伤

3. 疾病
mal de Pott 脊椎结核
mal blanc 瘭疽
haut mal,grand mal 癫痫
prendre (du) mal
trouver la cause[le siège]du mal <转>找到问题症结所
Aux grands maux les grands remèdes. <谚>重病要用重药医。

4. (精神上)痛苦,苦恼,
le mal du pays 思乡病
le mal du siècle 忧郁症
être en mal de qch 为缺乏某物而苦恼

5. 困难,辛苦
avoir du mal à faire qch 干某事感到困难
se donner du mal pour 为…而尽力,为…而努力,为…而用心
sans trop de mal没有多大困难地

6. 坏话,坏处,缺点,缺陷
dire du mal de qn 说某人坏话
prendre[tourner] en mal qch 从坏方面看某事

7. 恶,邪恶,罪恶
faire le mal 作恶
penser à mal 动坏脑筋,怀好意

pas mal
loc. adv.
[与ne连用] 错,
Ce tableau ne fait pas mal sur ce mur. 这幅画挂这墙上倒错。
Ça va?— Pas mal. 怎么样? —还可以。
n'être pas mal 错, 坏;(人)错 [用作表语]

[与ne连用] 相当;很多,
Il a pas mal travaillé. 他干了少(工作)。

pas mal de
loc.adj.
很多,
Nous avons appris pas mal de choses chez lui. 从他那里, 我们学到了少东西。

tant bien que mal
loc.adv.
马马虎虎, 勉勉强强


常见用法
le mal est fait 错已造成
tomber mal 来
se trouver mal 晕倒
être mal loti 倒霉
avoir du mal à se garer 难以停车
être sujet au mal de mer 易晕船
avoir mal au ventre 肚子疼
il articule mal 他口齿
avoir mal au crâne 头痛
avoir du mal à communiquer 沟通有困难
être bien/mal éduqué 有/没有教养
mal fréquenté 正派人常去
de mal en pis 每况愈下
se présenter bien/mal 看起来好/
se sentir mal 感觉舒服
mal situé 位置
mal tourner 进行
ça te fait mal à ce point ? 它让你疼成这样?
bien/mal calculer qqch 算计对/错某事
être mal coiffé 头发梳乱七八糟
être bien OU mal élevé 有或没有教养
être bien/mal équipé 装备好/装备
dire du mal de qqn par-derrière 背后说某人坏话
la situation va de mal en pis 情况越来越糟
être mal rasé 胡子刮干净
avoir du mal à suivre qqn 能理解某人
mettre qqn mal à l'aise 使某人感到
des lectures mal assimilées 阅读内容没掌握好
avoir un mal de chien à faire qqch 做某事遇到许多麻烦
on a souvent du mal à différencier les jumeaux 人们经常很难区分双胞胎
être mal entouré 受关心
j'ai un horrible mal de tête 我头疼要命
il a eu du mal à se familiariser avec l'ordinateur 熟悉计算机对他来说很难
Ce mal de dents est un véritable supplice! 牙疼真是受罪!
il avait du mal à dissimuler son trouble 他很难掩饰他
si je ne suis pas en forme, c'est que j'ai mal dormi 我没精神,是因为没睡好
une cigarette mal éteinte a embrasé la garrigue 一支没有熄灭香烟点燃了灌木丛
la porte s'ouvre mal, ça frotte 这扇门好开,总卡住
tu t'es fait mal ? c'est pas grand-chose 你磕疼了吗?没什么大
son manteau la préservait mal de la pluie 她大衣难以保护她受雨淋
avec mon salaire, j'ai du mal à m'en sortir 靠自己工资,我很难摆脱困境
nous avons pas mal tâtonné avant de trouver la bonne méthode 我们断探索才找到了好方法

近义、反义、派生词
词根:
mal 坏,

联想
  • rhume   n.m. 感冒,伤风
  • grippe   n.f. 流行性感冒
  • grippé, e   a. 患流行性感冒;n. 流行性感冒患者
  • fièvre   n.f. 发烧,发热;热病;狂热,兴奋
  • diarrhée   n.f. 腹泻
  • cancer   n.m. 癌(瘤),癌症;肿瘤;弊端
  • tuberculose   n.f. 结核(病)

名词变化:
mauvais
比较级:
plus mal, le plus mal
近义词
difficulté,  douleur,  imparfaitement,  inconvénient,  laid,  laidement,  incomplètement,  incorrectement,  insuffisamment,  peu,  fâcheusement,  vilainement,  dommage,  préjudice,  tort,  calamité,  ennui,  épreuve,  malheur,  plaie
反义词
bien,  couramment,  dignement,  habilement,  heureusement,  amplement,  complètement,  correctement,  grassement,  impeccablement,  largement,  admirablement,  favorablement,  pour le mieux,  avantage,  bénéfice,  bienfait,  bonheur,  profit,  parfaitement
同音、近音词
mâle,  malle
联想词
bien 正确地; mieux 更好地,较好地; pas 步,步子,步伐,步履; forcément 必然地,可避免地; beaucoup 很,很多; toujours 永远,一直; souvent 经常,常常; tellement 这样地, 如此地; vraiment 真正地,确实地,实地; visiblement 明显地, 显著地; forcement 用力弄开,强行弄开;
当代法汉科技词典

mal m. 困难; 缺点; 痛

mal (aux, de) dents 牙痛

mal (d'automobile, de la route) 晕车

mal (vertébral, de Pott) 脊柱结核

mal aux reins 腰痛

mal blanc 瘭疽

mal consolidé 愈合

mal d'aiguille 晕针

mal de Bright 肾炎

mal de Caderas 马锥虫病

mal de Pott 脊柱结合

mal de l'air 晕机

mal de mer 晕船病, 晕船

mal de voyage 晕动病

mal des ardents 麦角中毒

mal des montagnes 高山病

mal des transports 晕动病

mal grave 病危

mal positionné 异位

mal stratifié 层理差

mal à l'estomac 胃痛

mal à la gorge 喉痛

mal à la gorge avec dysphagie 锁喉风

mal(e) adj. , 坏

mal(e) absorption f. 吸收

mal(e) correspondance f. 对位

mal égal m. (铸锻件等)粗糙度

état de mal épileptique 癫痫持续状态

grand mal 大发作

guérir la cause de mal 治本

parler mal à propos 失言

petit mal m. 小发作

soigner la tête quand on a mal à la tête et le pied quand on a mal au pied 头痛医头, 脚痛医脚

soigner la tête quand on a mal à la tête et le pied quand on a mal au pied 头痛医头, 脚痛医脚

avoir mal à ph.  (身体某处)疼, 舒服

bon an, mal an 好坏年头平均, 平均每年

état de mal 癫痫持续状态

être mal partagé n.  道路(路线, 方式)

mal (dire du ~) m.   说坏话, 造谣

mal embouché 出口干净, 言语猥亵, 鄙俗 例句:une gamine mal embouchée 

mal famé  a.  名声, 声名狼藉

mal intentionné 恶意 例句:une personne mal intentionnée cherche à lui nuire 

mal luné 心情苦闷, 心境坏 例句:il est mal luné aujourd'hui 

mal venu (身体)发育良, 气色坏, (事物)制作[设计, 构思]坏, 失败 例句:une descendance mal venue  [书] 例句:une réflexion mal venue 

短语搭配

être bien mal, être au plus mal病情严重,病情危急

aller nettement plus mal糟糕得多

solliciter au mal煽动干坏事

pallier un mal暂时止痛

penser à mal动坏脑筋, 不怀好意

faire le mal作恶

prendre du mal得病

原声例句

Ils sont provoqués par une cigarette mal éteinte, un rideau trop près d’une lampe halogène, une installation électrique défectueuse…

这些火灾是由没有完全熄灭的香烟、离卤素灯太近的窗帘、有瑕疵的电器设备等引起的。

[un jour une question 每日一问]

En plus, elle connaît ma vie, on se fait pas mal de confidences.

还有,她了解我的生活,我们互相之间说了很多知心话。

[Alter Ego+2 (A2)]

Il a marché sur le hérisson. Sans chaussures. Ouh! Ça fait très mal.

他踩到一只刺猬了。没穿鞋。噢!特别

[Extra French]

Ton silence est un cri qui fait mal .

你的沉默是让我痛苦的无声呐喊。

[《摇滚莫扎特》音乐剧]

Oh, j'ai mal au ventre, docteur.

噢,我肚子,医生。

[Muzzy in Gondoland 法语动画]

Comme Geoffroy insistait, Eudes lui a donné un coup de poing sur le bocal et il s'est fait très mal.

但若福瓦坚持要上,戴着头盔的脑袋上挨了奥德一拳还是挺的。

[小淘气尼古拉绝版故事 Le Petit Nicolas]

Bien sûr, on a essayé de faire attention, pour qu'Agnan puisse recoller après les pages dans son livre, parce que c'est très vilain de faire du mal à un livre, à un arbre ou à une bête.

我们撕得很小心,为了阿尼昂还可以把这些纸粘回到书上,因为这么对待书可不好,对树木和小动物也一样。

[小淘气尼古拉绝版故事 Le Petit Nicolas]

Je dois dire que c'était assez juste, parce qu'avec Agnan, on a tout de même fait pas mal de bêtises.

我觉得这还算公平,因为我和阿尼昂确实干了几件坏事。

[小淘气尼古拉绝版故事 Le Petit Nicolas]

J'ai pensé que le petit chien serait content de trouver un ami et j'ai eu du mal à le rattraper.

我想小狗肯定很想有个朋友, 就费了很大劲把它捉住了。

[小淘气尼古拉绝版故事 Le Petit Nicolas]

J'ai eu du mal à décider Rex à lâcher le coussin du fauteuil, et encore, il en a gardé un bout dans les dents, je ne comprends pas qu'il aime ça, Rex.

我费了很大劲才让雷克斯对椅垫松嘴,不过它还是扯下了一小块椅垫叼在嘴里,我不明白它为什么喜欢这个东西!

[小淘气尼古拉绝版故事 Le Petit Nicolas]

例句库

Cette affaire va mal.

事情进展顺。

J'ai la tête qui tourne, je me sens très mal à l'aise.

我头很晕,我感觉非常舒服。

J'ai mal aux yeux.

我眼睛

J'ai du mal à mettre de l'eau dans un seau.

无法将水灌进桶里。

On a souvent du mal à différencier les jumeaux.

人们往往很区分双胞胎。

J'ai eu un mal de chien à demander ce visa.

我申请签证遇到许多麻烦

Nous avons appris pas mal de choses sur lui.

从他那里,我们学到了不少东西。

C'est mal de dire des gros mots.

说脏话是好的。

Elle souffre d'un mal de dents.

她牙疼。

Vous tombez mal, il vient de partir.

您来得真凑巧, 他刚走。

Il se sent mal.

他感到不适

J'ai mal au ventre.

我肚子

Il a mal au ventre.

他肚子

Il sait qu'il a mal agi.

他知道他做了。

On a souvent du mal à différencier des jumeaux.

人们往往对于区分双胞胎有困难

Il est inadmissible de mal orthographier ces mots.

犯单词的拼写错误是不能容忍的。

Les danseurs ont mal à la pointe des pieds après des exercices.

在练习后,舞者的脚尖很

Elle a mal au dos.

她背疼。

Je parcours pas mal de pages et tombe sur une anecdote qui me fait réaliser que mon mec a une maîtresse au vu des faits relativement uniques.

我浏览了许多页面后停在了一条趣闻上,基于里面那相对独一无二的事实特征,我醒悟到我的男人有个情人。

De plus en plus concurrentielle d'aujourd'hui, nous permettra de surmonter les difficultés, continuer à innover et à du mal à répondre à un brillant avenir.

在竞争日益激烈的今天,我们将克服种种困难、不断创新、不断拼搏,去迎接美好的明天。

法语百科
Le Bien et le Mal - Victor Orsel (B 376)
Le Bien et le Mal - Victor Orsel (B 376)

L'idée de mal est associée à tous les événements accidentels ou non, de comportements ou d'états de fait jugés nuisibles, destructeurs ou immoraux, et qui sont sources de souffrances morales ou physiques. Négligée par l'Antiquité qui en gros tient cette idée pour une opinion ou un sentiment dont il faudrait se délivrer, le mal est devenu un problème philosophique avec les doctrines dualistes-notamment Plotin-et l'apparition du monothéisme et du manichéisme, écrit Olivier Abel.

Parmi les problèmes que l'existence du mal a suscité de tous temps, deux ont une importance particulière : la question de savoir ce qu'il est et pourquoi il existe . Poser philosophiquement la question de l'existence du mal revient à se demander si le mal a ou non, un « être ». En effet comme le souligne Étienne Borne ,« Le propre du mal tient en ceci qu'il ne peut être nommé, pensé, vécu qu'en relation avec une certaine idée du bien ». Ces deux notions antagoniques sont à la fois « relatives », dépendant du temps et de la culture et « absolues » en ce que dans leur manière de se présenter aux hommes elles relèvent de l'« universel ». C'est ainsi que la plupart des sociétés valorisent l'amitié et l'amour et à l'inverse méprisent le meurtre et la cruauté.

Questions et thèmes généraux

On doit au philosophe Leibnizdans ses Essais de Théodicée, la distinction entre le mal métaphysique (imperfection nécessaire de la créature), le mal moral ( le péché) et le mal physique (souffrance).

L'être du mal

Existence

Afin de sauvegarder l'harmonie de l'ordre éternel et ne pas offusquer le regard des dieux, l'antiquité classique (c'est le cas d'Aristote), cantonne l'existence du mal dans le monde sublunaire des réalités matérielles et le nie dans les réalités éternelles .

Être ou (non être)?

La question de l'existence du mal dans un monde créé va devenir aiguë pour la cohérence théologique. « Si le monde est en effet l'œuvre d'un Dieu bon et tout puissant quel statut assigner au mal? ». Pour tous les monothéismes le mal ne peut exister « en soi », car cela reviendrait à faire du Dieu créateur, l'auteur du mal. C'est Spinoza qui dans une lettre à un coreligionnaire expose le plus clairement cette « aporie ». Dans cette situation la philosophie n'offre plus comme prise ontologique au mal que le côté négatif de l'être « le non-être ». Pour sauvegarder la cohérence théologique les premiers théologiens avancent que « le mal en fait n'est pas ; il n'a d'autre rang que celui de la « privation du bien », privatio boni comme disent les latins ; il est l'absence de ce qui devrait être ». Cette thèse sera adoptée et défendue dans l'ontologie médiévale avec la théorie des « transcendantaux ». L'entreprise de « déréalisation » du mal se poursuivra jusqu'à nos jours avec les héritiers du thomisme notamment chez Jacques Maritain.

Le sens du mal

Qu'il soit dépourvu d'être dans la tradition classique ou qu'il soit nécessairement présent pour favoriser le plus grand bien dans la pensée moderne, l'expérience concrète du mal est toutefois porteuse de sens. La question du sens du mal et de la souffrance a tout d'abord tourné sur un plan historique autour de « Comment justifier Dieu de la présence du mal dans le monde ». L'échec spéculatif de cette justification n'interrompt pas l'interrogation sur le scandale du mal. À noter aussi, au début du XX siècle, l'existence d'un fort courant littéraire et mystique autour de la question du mal chez certains auteurs catholiques Paul Claudel , Bernanos, Léon Bloy qui visent à ré-inserrer l'existence du mal dans le plan Divin.

La complexité du phénomène

En principe, tout le monde s'accorde à peu près. Toutes les religions, toutes les législations ont les mêmes interdits fondamentaux : tuer, voler, mutiler (hormis à titre rituel) ou faire souffrir, mentir, etc. Le Décalogue, avec ses « Tables de la Loi », est l'exemple type de ces interdits fondamentaux visant à réduire le mal dans l'humanité. Ces interdits, suivant les religions considérées, s'appliquent soit uniquement aux membres de la même religion, soit à toute l'humanité.

Moïse portant les Tables de la Loi (José de Ribera, 1638)

En pratique, certaines situations amènent pourtant à s'interroger : ne faut-il pas parfois admettre et même faire un mal, dans une conception utilitariste, pour éviter un mal plus grand ? Un meurtre pour éviter une guerre ? Une guerre pour éviter un génocide ? Une torture pour éviter un attentat ?

« Un bien présent peut être la source d'un grand mal ; un mal, la source d'un grand bien »

 Denis Diderot, Eloge de Richardson (1762.

À cela s'ajoute la difficulté de définir la moralité, certaines actions et certains comportements n'entraînant pas de souffrance, comme l'homosexualité et l'avarice, ils sont pourtant souvent jugés immoraux, et donc rattachés au mal, par certains. Les réponses divergentes montrent qu'il n'est pas facile de bien définir le mal. Pour reprendre une idée émise par Louis de Bonald : il est parfois moins malaisé de faire son devoir que de le connaître.

Indépendamment de la croyance en l’existence de Dieu, on peut parler de l’existence du mal en justifiant cela par la nécessité de faire un contraste entre le mal et son contraire.

« La question du bien et du mal demeure un chaos indébrouillable pour ceux qui cherchent de bonne foi ; c'est un jeu d'esprit pour ceux qui disputent : ils sont des forçats qui jouent avec leurs chaînes »

 Voltaire, Dictionnaire philosophique (1767).

Parce que notre durée de vie est limitée et que nos possibilités d'action sont finies, nos choix ont un sens. La fin donne la valeur à nos choix qui, sinon, se trouveraient sans cesse remis en question sans jamais avoir de conséquences véritables puisqu'ils seraient amenés à se diluer dans l'éternité.

La justification du mal métaphysique à travers le débat Bayle/Leibniz

Lorsque l'on rapporte le mal à la totalité du monde nous enseigne Leibniz, on s'aperçoit que Dieu a choisi le « meilleur des mondes possibles », en choisissant celui qui comporte le maximum de perfection et le minimum de défauts. Si les hommes pouvaient percevoir l'harmonie du Tout ils verraient qu'il y a sur cette terre plus de bien que de mal. Leibniz en réduisant le mal physique au mal moral affirme en outre que l'homme souffre parce qu'il est coupable, et montre que l'un et l'autre tiennent à la finitude et à l'imperfection de la créature. À l'inverse Pierre Bayle ne pense pas que dans son « meilleur des mondes possibles », l'individu puisse être consolé de sa misère en apprenant qu'il y a un point de vue sous lequel tout est heureux. Pour lui rien ne permet de résoudre l'énigme absurde du mal, le mal ne saurait être expliqué, justifié.

L'absurdité du mal

Déjà Paul disait (dans Rom.7,19), « le bien que je veux je ne le fais pas, et le mal que je ne veux pas je le fais ». Les hommes ont cherché à faire face à cette absurdité en imaginant l'origine du mal à travers de multiples métaphores, combat primordial, péché originel, suivie d'une longue déchéance à partir d'un lieu mythique et idyllique, un « paradis perdu », ou alors à l'inverse par un récit marqué par l'Aufklärung, qui perçoit l'histoire de l'humanité marquée par l'émancipation de la raison qui développerait les dispositions au bien.

Le mal qui implique la souffrance ne peut pas être ramené à un expédient permettant d'engendrer un plus grand bien, si bien qu'on devra avec Gabriel Marcel « admettre qu'il n'y a pas exactement un problème du mal, qui impliquerait la possibilité d'une solution, mais un mystère du mal ».

La banalité du mal

Hannah Arendt a montré à l'occasion du procès d'Eichmann dans son livre Eichmann à Jérusalem, « comment tel système ou telle institution immunise ses membres contre la réalité de ce qui est commis et contre l'inhumanité de ses codes, et les rend complices de leur oppression mutuelle ».

La culpabilité, la responsabilité et la punition

Bagnères-de-Luchon statue Caïn et Abel (2)
Bagnères-de-Luchon statue Caïn et Abel (2)

Le concept de mal moral dégagé par Leibniz concerne le domaine de l'action; il présuppose que le mal n'a pas de statut ontique, n'est pas un étant, contrairement aux vues du manichéisme, et qu'il se situe tout entier dans l'ordre de l'événement et de la responsabilité humaine. Le mal a deux aspects, il peut être actif ou passif, péché ou souffrance.

Sur le sujet de la culpabilité, à la fois individuelle et collective, imaginaire ou réelle, normale ou pathologique, consciente ou inconsciente, l'Encyclopédie en expose en un long chapitre la complexité et l'ambivalence.

Au temps de la Bible, la responsabilité et la culpabilité étaient aisées à déterminer. Ce n'est plus le cas aujourd'hui dans une société moderne complexe, massifiée et étroitement structurée . « On ne peut plus considérer que le mal est une petite affaire personnelle et privée, comme si les humiliations et les misères dues à un ordre injuste, échappaient à toute recherche de responsabilité ontique ». La difficulté s'accroît du fait de ce sentiment tragique que les conséquences de nos actions nous échappent et que souvent « l'enfer est pavé de bonnes intentions ». Il s'agit de constater que le nouvel ordre du monde accroît le tragique de notre situation en raison des conséquences possibles d'un petit acte irréfléchi, de l'existence de conflits entre des responsabilités contradictoires et de l'aveuglement criminel des nouveaux fanatismes.

Perspectives philosophiques

Zoroastre, le fondateur du Zoroastrisme, ancienne religion Perse, ayant pris conscience de l'unité de la personne divine, s'est trouvé contraint d'expliquer comment la création d'un être parfait pouvait être imparfaite, que l'on peut considérer comme la première occurrence de la question du mal. En se basant sur l'ancienne mythologie iranienne d'un dieu bon lié à l'ordre du monde, Ahura Mazdâ ou Ohrmazd, et d'un dieu mauvais lié au désordre du monde, Angra Manyu ou Ahriman, il suppose en philosophe l'existence de deux causes primordiales inhérentes à l'homme et à Dieu lui-même. Plus tard, les docteurs mazdéens constituent une vraie religion dualiste en confondant la théologie et la philosophie de leur prophète.

Antiquité grecque

Présocratiques

Le problème du mal s'est posé dès la naissance de la philosophie :

Héraclite évoque le châtiment qui serait celui du soleil s'il violait les lois de la nécessité. On peut entendre par là que le fait de dépasser les bornes de sa nature (et donc de la raison, du logos, selon Héraclite) est une injustice et une faute morale ;

Un des textes des Présocratiques les plus célèbres sur le mal est ce fragment d'Anaximandre :

« ἐξ ὧν δὲ ἡ γένεσίς ἐστι τοῖς οὖσι͵ καὶ τὴν φθορὰν εἰς ταῦτα γίνεσθαι κατὰ τὸ χρεών
διδόναι γὰρ αὐτὰ δίκην καὶ τίσιν ἀλλήλοις τῆς ἀδικίας κατὰ τὴν τοῦ χρόνου τάξιν.
»

 -Anaximandre,Simplicius, Commentaire sur la physique d’Aristote

.

« D'où les choses ont leur naissance, vers là aussi elles doivent sombrer en perdition, selon la nécessité; car elles doivent expier et être jugées pour leur injustice, selon l'ordre du temps» ou «..selon la nécessité ; car ils se paient les uns aux autres châtiment et pénitence pour leur injustice. »

 Nietzsche,La philosophie à l'époque tragique des grecs

. Cette interprétation de la Diké comme justice au sens moderne a été fortement contestée par Martin Heidegger ( voir La Parole d'Anaximandre ).

Platon et Aristote

Platon dans le Mythe d'Er expose que le choix de l'homme est assujetti à un relatif déterminisme. Une âme sachant ce qu'est le Bon et le Bien aura tendance à être attirée vers une vie vertueuse, tandis qu'une âme ayant mené une vie antérieure vicieuse sera davantage attirée vers le vice. Ce principe correspond à la thèse platonicienne selon laquelle « nul n'est méchant volontairement » . Si l'on commet le mal, c'est par ignorance de sa nature mauvaise ; si l'on connaissait cette nature, on n'y participerait pas et on préférerait s'adonner à la vertu.

Autres

Stoïcisme

Pour les Stoïciens la fin de toute vie, le telos , consiste vivre conformément à la nature, c'est-à-dire, d'une vie vertueuse en se soumettant à ses lois. D'où l'importance de la distinction entre, ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous, distinction qui a entraîné, à la fois, la formation du mythe du Sage stoïcien et aussi l'accusation d'indifférence à la souffrance.

« Supportez courageusement ; c'est par là que vous surpassez Dieu. Dieu est placé hors de l'atteinte des maux, vous, au-dessus d'eux. »

. « La soumission à la loi naturelle portait en elle un principe d'égalité entre les hommes en tant qu'agents moraux autonomes […] et le véhicule d'un ordre de la moralité plus fondamental que telle ou telle organisation sociale et qui pouvait servir à la critiquer ».

Plotin

Selon Émile Bréhier au long de sa vie Plotin (205 - 270 ap. J.-C.), philosophe gréco-romain de l'Antiquité tardive, soutint deux thèses contradictoires quant à l'origine du Mal une première thèse dans laquelle le mal c'est la matière et la chose sensible, reflet dans le reflet, auquel on pourra échapper en revenants aux réalités (du monde intelligible). Une deuxième dans laquelle on voit le Logos jouant l'harmonie du Tout affecte à chaque être une place et un rôle qui le font convenir avec l'harmonie du Tout; ce qui est un mal pour lui peut être un Bien pour l'univers.

Épicurisme

Dans l'Épicurisme le plaisir est considéré comme le principe, άρχή , et la fin telos de la vie heureuse. Ni Dieu, ni la mort, ni la souffrance ne sont à craindre. « Le bien est facile à obtenir par une gestion avisée des désirs s'appliquant à satisfaire les désirs naturels et nécessaires, et se gardant de poursuivre des désirs illimités, sources de souffrance […] Si nous sommes délivrés d'une trop grande souffrance par la mort, le souvenir des bons moments entre amis nous aide à supporter nos maux » nous dit Épicure dans sa Lettre à Ménécée .

Gnosticisme

Au-delà des multiples formes qu'a pris le gnosticisme à travers les siècles et notamment en milieu chrétien on peut relever les caractères communs suivants :

Un facteur dualiste qui conduit à distinguer deux principes, un monde sensible dominé par des puissances mauvaises et par conséquent déprécié et un monde spirituel.

L'idée d'une connaissance privilégiée réservée aux élus transmis par une tradition secrète

Une spéculation de haute volée qui explore la plénitude du divin ou Plérôme.

Un antijudaisme qui assimile le Dieu de la Bible au Démiurge.

Chez certains gnostiques, l'humanité se partage en trois catégories : les hommes charnels (hylique), psychiques, et spirituels et à cette seule catégorie le salut est promis

Moyen Âge et Scolastique

Augustin

La tradition augustinienne et thomiste a longtemps régné sans partage. Débarrassé du manichéisme l'école « augustinienne » ne percevra plus le phénomène du mal qu'en termes de subversion et de privation. La théodicée de Saint Augustin s'exprime par le constat que l'homme s'est détourné de Dieu en commettant le péché. La notion du libre-arbitre a été développée par Saint Augustin pour qui Dieu a donné à l'homme le libre arbitre pour qu'il en fasse un bon usage. Étant libre l'homme peut mal agir (contre la volonté divine ), tomber dans le péché et être responsable de sa chute, doctrine qui avait pour but recherché de combattre le manichéisme. Pélage interpréta cette doctrine en faisant de cet homme responsable du Mal un être tout aussi responsable du Bien, ce que ne pouvait admettre Saint Augustin.

Ontologiquement, tirée du néant « la créature souffre toujours de cette marque indélébile ». Cette marque du néant transparaît dans l'inégalité des créatures, mais alors même que ces inégalités concourent à la beauté du tout, la créature la moins douée peut être dite souffrir d'une privation. Le mal n'est pas un principe en soi, comme le soutiennent les priscilliens et les manichéens, mais plutôt une absence de grâce et de bonnes œuvres. « Le mal local et apparent est condition du bien universel »

Thomas d'Aquin

Pour résoudre la question de l'éventuelle responsabilité divine Thomas dira que « Dieu a jugé meilleur de tirer parti du mal que de permettre l'existence d'aucun mal » et pour dégager sa responsabilité dans le « mal de coulpe », « on attribuera à l'homme le privilège d'être cause première » écrit Jean-Yves Lacoste.

Philosophie moderne et contemporaine

Descartes

Descartes part du constat que les actions touchant à la morale ne se prêtent pas toujours à une délibération approfondie « l'urgence et la nécessité de l'action conduisent à relativiser les valeurs : Descartes propose ainsi une « morale par provision » ». Il est moins important de connaître absolument le Bien que se donner les moyens d'agir quitte à s'appuyer sur la tradition . La légitimité peut alors s'appuyer sur les coutumes et les mœurs qui ont pour elles la légitimité de l'expérience.

Descartes reprend la thèse platonicienne selon laquelle « nul ne fait le mal volontairement » : en effet, si cela peut être un bien pour la volonté d'aller à l'encontre de ce que lui présente l'entendement, cela ne l'est qu'en tant que la volonté considère que c'est un bien, par là, d'affirmer sa liberté (lettre à Mesland du 2 mai 1**4). Le mal est donc à la fois la preuve de la liberté de la volonté humaine mais c'est aussi une simple négation, c'est-à-dire une preuve d'imperfection, à l'égard de Dieu; mais du point de vue humain cette négation est aussi une privation, c'est-à-dire une imperfection, non pas tant de sa nature (Descartes s'opposant ici à St Augustin), mais uniquement de ses actes (Les Principes de la philosophie, I, 29 à 42).

Spinoza

Pour Spinoza le mal n'existe que comme privation, il n'a en lui-même aucune teneur réelle. Encore précise-t-il le sentiment de privation est « le résultat d'une comparaison plus ou moins arbitraire d'un étant singulier avec la fiction de ce qu'il serait s'il était resté identique à lui-même ou bien s'il possédait toutes les perfections du genre dont il relève » écrit Pascal Dupond. Spinoza dans son style mathématique, à partir de ses principes de base, aborde la question du mal en la transformant immédiatement en une question concernant la détermination d'une chose comme bonne ou mauvaise, ceci dans la quatrième partie de son ouvrage l'Éthique intitulée De la servitude de l'homme.

Dans la proposition 68, Spinoza dit : « Si les hommes naissaient libres, ils ne formeraient aucun concept de chose bonne ou mauvaise aussi longtemps qu'ils seraient libres ». Un être libre est un être conduit par la raison qui ne s'intéressant qu'à l'essence des choses les perçoit selon leur nécessité ; il sait qu'une chose ne peut être ni bonne ni mauvaise en soi.

Les trois autres propositions suivantes, tirées du livre IV de l'Éthique pour compléter ce résumé de la position spinozienne :

Proposition 8 « La connaissance du bon et du mauvais n'est rien d'autre que l'affection de la Joie ou de la Tristesse, en tant que nous en avons conscience ».

Proposition 30 « Nulle chose ne peut être mauvaise par ce qu'elle a de commun avec notre nature, mais dans la mesure où elle est mauvaise pour nous, elle nous est contraire ».

Proposition ** « La connaissance d'un mal est une connaissance inadéquate ». Corollaire « Il suit de là que si l'âme humaine n'avait que des idées adéquates, elle ne formerait aucune notion de chose mauvaise ».

Enfin Spinoza est conduit, dans la suite de ses principes de départ, à nier purement et simplement la possibilité du « libre arbitre ».

Kant

On peut qualifier les études de philosophie pratique menées par Kant d'éthique déontologique, en ce que la loi morale, telle qu'elle est découverte par la raison pure pratique, ne dérive aucunement de l'expérience empirique et s'impose à la conscience morale commune en tant qu’impératif catégorique. Le devoir ou obligation morale par lequel la loi morale se présente à nous, êtres raisonnables finis, ne considère donc pas l'action dans son enchaînement empirique de causes et de conséquences (principal souci d'une éthique conséquentialiste), mais l'acte moral en lui-même. « Cette obligation tire sa légitimité de la légitime contrainte que l'homme exerce sur ses penchants et exprime par là la possibilité de sa liberté ».

Schelling

En liaison avec ses recherches sur la liberté humaine Schelling, revenant sur le plan métaphysique, pose la question de l'existence du Mal ainsi que de la place qu'il occupe au sein de son Système( Naturphilosophie). Selon l'interprétation qu'en donne Martin Heidegger « le Mal en tant que perversion de l'esprit humain, est la domination de la volonté propre se rendant maître de la volonté universelle ».

Nietzsche

Nietzsche se moque de toute morale qui prétend « juger l'action hors de la singularité réelle de ses conditions psychologiques, affectives, sociales etc..à partir d'une distinction abstraite et largement imaginaire entre le bien et le mal ». La vertu chrétienne est une morale négatrice de la vie et des passions, fille du ressentiment.

Martin Heidegger

Heidegger en 1960.
Heidegger en 1960.

Martin Heidegger intéresse l'historien du concept du mal à un double titre, en tant que promoteur de l'existentialisme et en tant que penseur de la modernité à travers la question de la « Technique » et la perception d'un « danger en l'Être ».

Le promoteur de l'existentialisme

Dans Être et Temps, son œuvre majeure on trouve la « culpabilité » et l'expérience de la faute. L'herméneutique de la facticité parle de la misère de l'homme. Le Dasein fait l'expérience de la déchéance, de l'angoisse, de la solitude et de la déshérence dans un monde qui ne lui offre aucun abri ( c'est la « Unheimlichkeit »). « L'homme ne peut tomber dans le mal que dans la méconnaissance de son être foncièrement débiteur, c'est à travers la claire vision de ce malaise et de son être foncièrement débiteur qui représente le prix à payer pour gagner l'« Authenticité de l'existence » die Eigentlichkeit » écrit Henri Birault .

Le penseur de la technique et du danger en l'Être

Cette œuvre qui aborde successivement, la « question de la technique », l'histoire de la métaphysique, l'avènement ou Ereignis , le nihilisme contemporain, l'empire de la Machenschaft, cette œuvre nous alerte, sur l'immense péril qu'encourt notre époque avec le triomphe de l'universelle calculabilité jusque et y compris sur l'homme, dont l'effet est de priver l'être humain de ce qui fait son humanité nous dit Gérard Guest.

Martin Heidegger penseur de la technique et du nihilisme serait le premier penseur, à avoir envisagé la possibilité d'un danger au sein même de l'Être, voire une certaine « malignité » (dissimulation du danger qui appartient à l'essence de la technique), source du mal, que toute la tradition aurait caché, dans le droit fil de la tradition chrétienne, dans une attitude inverse de la vision plus réaliste et tragique des grecs ( voir les tragédies de Sophocle). Il suffit de penser au thème si prégnant de l'« outre-passement », de l'Hybris, du dépassement des bornes de la simple prudence, qui enclenche systématiquement la fureur des Érinyes vengeresses.

« Mit dem Heilen zumal esrscheint in der Lichtung des Seins das Böse. Avec l'Indemne tout ensemble apparaît dans l'éclaircie de l'Être, le mal »

 Heidegger,Lettre sur L'humanisme, Aubier, page 156

Le thème du « danger en l'Être » contre lequel l'homme oppose pour s'en protéger, sa contre-violence organisationnelle et sa science domine, nous dit Gérard Guest, la pensée des derniers traités.

Nous pouvons détourner les yeux, mais nous dit Heidegger, l'épreuve de l'extrême péril à même l'expérience de l'être, ne nous sera pas épargnée, pensons au développement de la triple forme de la criminalité moderne telle que la criminalité bureaucratique avec Hannah Arendt et Pierre Legendre, la criminalité destinale avec Dominique Fourcade et son livre « En laisse » consacré à l'humiliation des prisonniers irakiens nous dit Hadrien France-Lanord, et on pourrait ajouter à la criminalité insouciante des fonctionnaires pilotes de drones.

Pensée libérale

De la loi morale à la Justice

La notion de justice désigne à la fois la conformité de la rétribution avec le mérite et le respect de ce qui est conforme au droit d'autrui : elle est donc indissociablement morale et juridique. La justice comme vertu personnelle qui détermine l'action juste est un bien pour celui qui la possède en même temps qu'un bien qui appartient à autrui.

Leibniz se posait déjà le problème qui taraude la question de la Justice. « Comment le bien d'autrui peut-il être en même temps le nôtre ? Comment peut-il être une fin et non un moyen ? il ne peut l'être qu'en étant en lui-même agréable […] , mais désirer le bien d'autrui pour lui-même, n'est rien d'autre que l'aimer, en quoi est-ce Juste ? » s'interroge l'auteur de l'article Justice dans le Dictionnaire.

Justice et morale ne se recouvrent pas tout le temps. Ainsi dans l'Antiquité l'idée de Justice était parfaitement compatible avec un ordre parfaitement inégalitaire mais accepté car relevant de la loi naturelle. D'ailleurs l'idée stoïcienne de loi naturelle c'est-à-dire, l'idée d'un ordre moral fixé par la nature et discerné par la raison a servi de référence, au débat sur la Justice pendant des siècles. Alors qu'au Moyen Âge la Justice était essentiellement une vertu personnelle, aujourd'hui la Justice apparaît comme une vertu des institutions et de l'organisation sociale.

De la Justice aux Droits de l'homme

Avec les Temps modernes la conception « christiano-stoïcienne » de la loi naturelle se transforma en une théorie des droits naturels qui autorisa les revendications morales à outrepasser les barrières sociales et qui constitua dès lors un ferment révolutionnaire. Une étape importante dans ce mouvement est représentée par la doctrine de « l'Utilitarisme » des pays anglophones, qui proclame qu'il n'y a qu'un seul principe moral, « la recherche du plus grand bonheur pour le plus grand nombre ». L'article premier de la déclaration des Droits de l'homme de 1789 est tout à fait dans cet esprit lorsqu'il édicte que « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune ». La déclaration et celles qui suivirent, notamment la déclaration universelle des Droits de l'Homme de 1948 restent muettes sur la façon de mettre en œuvre ces droits en pratique.

Perspectives religieuses et morales

Question lancinante : comment justifier la présence du mal dans le monde ?

Manichéisme

Outre la doctrine des deux principes que l'on trouve dans la Gnose, le Manichéisme, développe une doctrine dite des trois temps (antérieur, médian et final) et c'est dans le moment médian que nous vivons que règne la lutte entre le bien et le mal. Comme, selon les adeptes, il est impossible de triompher du mal, car le mal est indestructible. Le seul moyen d'être totalement dans le royaume de la lumière, c'est de fuir les ténèbres.

Christianisme

Catholicisme

En théologie fondamentale, le catholicisme adopte d'instinct la position de l'Antiquité classique « en atténuant le statut ontologique de ce qui contrevient à l'ordre harmonieux des choses ». Aristote niait la réalité du mal et Plotin le cantonnait dans les réalités matérielles c'est-à-dire impactées de « non-être ». Si le mal « n'est » pas, Dieu ne peut en être la cause. La cohérence théologique l'imposant, cette question donna l'occasion à l'orthodoxie chrétienne de se séparer des influences gnostiques et du manichéisme. Désormais la « déréalisation » du mal devint une attitude constante chez les théologiens. Reprenant une thèse du théologien médiéval Thomas d'Aquin, Jacques Maritain interprétera « la faute comme initiative néantante de la volonté crée ».

Constatant qu'en dépit de tout, le mal existe, « la pensée moderne se dispense de se demander si cette existence est ou non dotée d'un être ». Selon Paul Ricœur on peut voir dans l'institution du « péché originel », qui est devenue « la pierre d'angle de l'anthropologie chrétienne », comme une tentative de rationalisation de l'existence du mal. Il ne va plus s'agir que de donner autant que faire se peut un sens humain à la souffrance, « la souffrance n'est pas l'expédient qui permet d'engendrer un plus grand bien ; elle apparaît comme la plus humaine des expériences en étant une expérience que Dieu connaît en son être ».

Pascal

Pascal est particulièrement sensible à la grandeur et à la misère de l'homme positionné entre « deux infinis ». « Jamais on ne fait le mal si pleinement et si gaîment que quand on le fait par conscience ».

Luther et la Réforme

La Réforme a particulièrement accentué la radicalité du mal. Sa lecture des Écritures lui interdit d'éluder le problème du mal. La primauté accordée à la question du Salut présuppose l'expérience de la perdition.

Malgré l'idée de la « non-substantialité » du mal, qu'elle reçoit d'Augustin, la Réforme s'est donc évertuée à ce que l'horreur du mal n'en soit pas atténuée. La Réforme reproche à la tradition médiévale de minimiser le mal et le péché et de ne pas distinguer suffisamment celui-ci du mal physique et du mal métaphysique de la finitude imparfaite. Elle trouve dans la Genèse de quoi étayer la preuve de la responsabilité humaine. Le protestantisme a mené un combat pour le libre examen mais cette priorité accordée à la conscience personnelle a eu pour conséquence une certaine relativisation des normes morales.

Henri Blocher, note dans l'article dont il est l'auteur, que « La tradition protestante, comparativement à d'autres a davantage fondé son éthique sur une réduction du mal plutôt que la promotion du bien »

L'islam

L'islam se caractérise par une fidélité stricte à la Loi, sharî a, qui à l'inverse du christianisme réformé conduit à figer pour un temps indéfini d'anciennes normes morales et sociétales. Dans le christianisme, et particulièrement la Réforme, l'accent porte sur le péché de l'homme qui ne peut rien sans le pardon divin. Il s'ensuit pour le christianisme une vision globalement plus pessimiste de la nature humaine qu'elle ne l'est en Islam où l'avertissement, l'orientation de Dieu et la pression communautaire y suffisent à assurer un juste comportement.

À noter qu'une école de pensée, aujourd'hui disparue, le mutazilisme soutenait, que le bien et le mal ne peuvent être appréhendés qu’à travers l’exercice de la raison humaine. Face au problème du mal dans un monde où Dieu est omnipotent, ils mirent en avant le « libre arbitre » des êtres humains et présentèrent le mal comme étant généré par les erreurs des actes de ceux-ci. Dieu ne fait pas le mal et demande aux hommes de ne pas le faire non plus. Si les actes maléfiques d'un homme provenait de la volonté de Dieu, alors la notion de punition perdrait son sens car l'homme suivrait la volonté divine quels que soient ses actes. Le mutazilisme s'opposait donc à la prédestination.

中文百科

恶指邪恶、罪恶,也指对人和事物的厌恶、排斥以至恐惧。恶是与“善”、“好”相对的概念。

语源

中国古人以「恶」表达邪恶、罪恶、丑恶、厌恶。

定义

「恶」的定义不尽相同,但可归纳出,恶是: 为提升或维持自身利益牺牲他人利益。

宗教上的恶

基督教:5世纪,神学家圣奥古斯丁提出“恶是善的丧失”,而“善”即神学中“上帝的善”。基督教、犹太教等宗教认为撒但是恶的化身。对于不相信基督教的人,“善”可以由社会上大多数人认可的道德标准决定。

佛教:恶指能够招致恶果的不善之法。行恶事者会轮回到三恶道。佛教典籍中罗列的“十恶”是“由身、口、意三业所起的十种非理损人之业”,即“杀生、偷盗、邪淫、妄语、两舌、恶口、绮语、贪欲、嗔恚、邪见”。其依照的仍是人类社会对善恶的评判。

道教:恶指招致灵魂堕落的思想与行径。多行恶事者不能得道成仙,恶人死后依照生前的恶行堕入相应的地狱。其依照的仍旧是人类社会对善恶的评判。

哲学上的恶

人性的恶:对于人性,有性善和性恶两种对立观点:性善论认为人的天性顺应社会道德,通过自觉的修养便可以从善;性恶论认为人的天性与社会道德相悖,强调后天教化的重要性。

伦理的恶:伦理上认为侵害他人的正当权益的行为就是恶行。

自由意志论:强调人的自由不应被暴力干涉。例如不应认为同性恋是罪恶,因为他们的行为并不侵害他人的自由,对他们横加干涉属于对弱势群体的迫害。

凶恶:凶恶是指伤害他人的身体或心灵的行为,例如暴力、责骂、惩罚等,通常是人愤怒时才会作出凶恶行为以发泄自己。适当的凶恶可以使别人顺服、接受及听从自己的意见;但也可能会引起别人的不安和不满,过分的恶甚至引发双方冲突。

法法词典

mal adverbe

  • 1. de façon insatisfaisante ou insuffisante

    j'ai dû mal entendre

  • 2. de façon jugée incorrecte

    un travail vite fait et mal fait

  • 3. de façon critiquable sur le plan moral ou sur celui des convenances

    tu as mal agi

  • 4. non sans peine

    on comprend mal comment il a pu en arriver là

  • 5. d'une façon qui n'est pas favorable

    si c'était votre fils, vous n'en parleriez pas si mal

mal nom commun - masculin ; singulier

  • 1. peine (éprouvée par quelqu'un à faire quelque chose)

    j'ai du mal à comprendre

  • 2. ce qui peut causer du tort à quelqu'un

    le mal est fait

  • 3. ce qui est jugé intolérable sur le plan de l'éthique par les philosophies ou les religions [Remarque d'usage: avec un article défini]

    dénoncer la banalité du mal

  • 4. ce qui est considéré par une société comme contraire à la morale et au bien

    quel mal y a-t-il à fréquenter ces gens-là?

  • 5. malaise physique s'accompagnant souvent de nausées provoqué par des conditions de voyage ou par l'environnement

    en bateau comme en voiture, il a le mal de mer

  • 6. malaise général (ressenti par une personne ou par un groupe social)

    le pays souffre d'un mal plus profond

  • 7. altération de la santé

    l'acteur a été victime d'un mal aussi brutal que mystérieux

mal adjectif ; invariable

  • 1. qui n'est pas correct sur le plan de la morale

    c'est mal, ce que tu as dit là

  • 2. qui n'est pas à l'aise (familier) [Remarque d'usage: en grammaire, on considère que l'adverbe "mal" est ici employé adjectivement]

    il est mal dans sa peau

mal nom commun - masculin ( maux )

  • 1. douleur physique localisée ou éprouvée (dans une partie du corps) [Remarque d'usage: l'emploi de la préposition "de" plutôt que "à" pour déterminer la nature de la douleur est souvent considéré comme une tournure plus familière]

    le mal à la tête

  • 2. souffrance morale Synonyme: malheur

    c'est la cause de tous nos maux

le mal locution nominale - masculin ; singulier

  • 1. ce qui est jugé intolérable sur le plan de l'éthique par les philosophies ou les religions [Remarque d'usage: le mot est toujours précédé de l'article défini et n'a pas de pluriel]

    dénoncer la banalité du mal

  • 2. ce qui est considéré par une société comme contraire à la morale et au bien

    quel mal y a-t-il à fréquenter ces gens-là?

aller mal locution verbale

  • 1. être en mauvaise forme physique ou mentale

    si vous allez plus mal demain, consultez votre médecin

  • 2. ne pas être prospère

    ses affaires vont très mal

  • 3. ne pas convenir ou ne pas s'accorder harmonieusement

    le vert lui va mal

avoir mal locution verbale

  • 1. éprouver une souffrance physique (quelque part) Synonyme: souffrir

    où as-tu mal, ma chérie?

ça me ferait mal locution verbale

  • 1. je trouverais cela inadmissible (familier)

    toi, gagner? ça me ferait mal!

cela me fait mal locution verbale

  • 1. cela me fait de la peine [Remarque d'usage: on dit aussi: "cela me fait mal au cœur"]

    pauvre petit, cela me fait mal de le voir tout seul, si jeune!

entre deux maux il faut choisir le moindre locution proverbiale

  • 1. entre deux mauvaises solutions, il faut choisir celle qui présente les inconvénients les moins désagréables [Remarque d'usage: on dit aussi: "de deux maux"]

    le candidat n'a peut-être pas toutes les qualités, mais entre deux maux il faut choisir le moindre

faire mal locution verbale

  • 1. causer une souffrance physique (à quelqu'un)

    aïe! tu me fais mal!

  • 2. être d'un prix exorbitant

    une réparation de la voiture qui a fait mal

  • 3. gêner considérablement (très familier) [Remarque d'usage: en construction impersonnelle]

    tu crois que ça lui ferait mal de mieux se conduire?

être au plus mal locution verbale

  • 1. être très malade et en danger de mourir

    le malade est au plus mal, le médecin ne peut plus rien faire

être mal avec locution verbale

  • 1. être en mauvaises relations avec (quelqu'un) (familier)

    il est mal avec ses voisins

il n'y a pas de mal locution verbale

  • 1. formule de politesse qui s'emploie pour mettre quelqu'un à l'aise et signifie: ce n'est rien (familier)

    excusez-moi, je vous ai bousculé -il n'y a pas de mal

mettre à mal locution verbale

  • 1. malmener et mettre en mauvais état (quelqu'un ou quelque chose) (soutenu)

    des malfaiteurs l'ont mis à mal

n'être pas mal locution verbale

  • 1. plutôt bien sur le plan de l'esthétique ou de l'intérêt (familier; euphémisme)

    il n'est pas mal ce garçon, il est même assez beau

pas mal locution adverbiale

  • 1. de façon plutôt satisfaisante (familier)

    comment vas-tu? -pas mal!

  • 2. sert à indiquer un degré ou une quantité et signifie: assez ou beaucoup (familier) [Remarque d'usage: "pas mal" est employé le plus souvent sans "ne"]

    il fait pas mal froid

pas mal de locution déterminative

  • 1. locution qui sert de déterminant au nom devant lequel elle est placée et signifie: beaucoup de (familier)

    elle a appris pas mal de choses

se faire mal locution verbale

  • 1. se provoquer une souffrance physique

    elle est tombée et s'est fait mal

se sentir mal locution verbale

  • 1. avoir un malaise

    elle s'est sentie mal dans la rue

  • 2. ne pas être à son aise

    au milieu de tous ces inconnus, il se sentait mal

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