Bouteille pour le vin
Une bouteille est un récipient généralement cylindrique à sa base et qui se resserre à son sommet. Les bouteilles sont le plus souvent en verre ou en plastique, fabriquées par le procédé de moulage par soufflage, parfois en grès, et servent à conserver des liquides alimentaires : eau, lait, vin, bière, huile, etc, ou non alimentaires : produits chimiques, détergents, parfums, etc. Par métonymie, le terme de bouteille désigne aussi son contenu (comme c'est le cas de « verre »). On dit par exemple « boire une bonne bouteille ».
Du bas latin buticula (petite amphore) diminutif de buttis.
Histoire
Fiole à deux anses et panse aplatie. Verre verdâtre, IV siècle ap. J.-C. en Syrie
Gravure d’ampullae trouvées lors de fouilles à Rome
Une fiasque de la seconde moitié du XVI siècle : détails d'une nature morte de Jacopo Chimenti.
Une flasque, reconnaissable à ses flancs aplatis.
Armagnac en basquaise de 70 cℓ.
Durant l'Antiquité, l'amphore est le récipient le plus utilisé pour le transport de liquides alimentaires, la cruche pour la mise à disposition de ces liquides. Néanmoins au I millénaire av. J.-C., des spécimens de petites bouteilles (flacons à application, fioles) en verre translucides (verre creux épais car technique encore rudimentaire du moulage par soufflage par canne de verrier) ont été trouvés à Chypre, à Rhodes ou en Perse, sans que l'usage en tant que transport de liquides alimentaires soit attesté.
Dans la Rome antique la bouteille, appelée ampulla (en), désigne un vaisseau de toute forme ou de toute matière (dont le verre, matériau hérité des Phéniciens selon Pline), mais le plus souvent un vase au long col étroit (pour une bonne prise), au goulot petit, à l'épaule bien marquée et au corps en forme de sphère assurant une bonne assise. Progressivement, la forme des bouteilles évolue et devient plus cylindrique pour faciliter l'entreposage et le transport.
Au IV siècle, le fond plat (en fait jamais rigoureusement plat) est progressivement remplacé par un fond piqué qui assure une meilleure stabilité. Appelé par les professionnels piqûre, ce culot concave s’est généralisé, à l’exception de la cuvée Cristal. Les bouteilles gardent des formes diverses (à quatre pans, cylindrique, gourde recouverte d'osier) et sont surtout utilisées dans les auberges, alors que dans les maisons le récipient pour l'eau est plutôt la cruche ou le pichet. Du XIV siècle au XVII siècle, elles portent des noms divers selon leurs formes : bulbe, hampe, globe.
Au Moyen Âge en Europe, le monopole de la production de verre est assuré par la verrerie de Murano où les maîtres verriers atteignent un niveau élevé de manualité dans la transformation du verre à chaud, technique découverte chez les Perses et les Byzantins. Leur maîtrise de la transparence, la coloration et la décoration du verre, leur permet de fabriquer à la Renaissance de nombreuses formes de bouteilles s'inspirant de celles des pièces de vaisselle en métal ou en céramique.
Jusqu'à la fin du XVII siècle, même si les centres de production se développent partout en Europe, la bouteille de verre reste un produit coûteux et donc rare : les liquides alimentaires sont principalement transportés en tonneau et servis dans des cruches, pichets, gourdes en cuir ou en étain. En 1632, le diplomate anglais sir Kenelm Digby invente la bouteille de vin moderne. En France, la première fabrique spécialisée de bouteilles est fondée à Bordeaux dans la verrerie de Pierre Mitchell en 1723. Au milieu du XVII siècle, le développement en Angleterre de fours à charbon et la modification de la composition des matières premières (notamment en manganèse, ce qui donne des bouteilles en verre noires) permettent la production en série de bouteilles en verre plus lourdes et résistantes. Toujours à la silhouette difforme, elles prennent progressivement la place des autres récipients à partir du XVIII siècle lorsque la technique de fours à charbon se propage. La première bouteille en plastique apparaît dans les années 1960, la première bouteille en aluminium (en) dans les années 2000.
Les bouteilles sous pression
Illustration de la diminution du poids des bouchons de bouteille.
On appelle généralement bouteille de gaz ou bonbonne de gaz ou bouteille sous pression, un récipient ou réservoir sous pression, métallique ou pour l'alléger, en matériau composite, de forme cylindrique, plus ou moins allongé, conçu pour contenir un gaz à une pression nettement différente de la pression ambiante.
Les bouteilles au sens courant
Une bouteille classique comprend un corps, surmonté du col, plus étroit, lui-même terminé par le goulot (constitué du haut du col et de la bague verrière) qui reçoit le bouchon. Le fond de la bouteille, appelé aussi cul de bouteille ou culot, est généralement plat ou parfois bombé vers l'intérieur (piqûre). Une bouteille brisée forme des tessons, utilisés parfois pour hérisser le haut des murs de clôture.
Éléments matériels constitutifs d'une bouteille
Termes techniques caractérisant une bouteille
Un égouttoir à bouteilles ou « if »
Bague en anneau, cordon, pleine, carrée
Col droit ou enflé
Épaule tombante, arrondie ou droite
Corps, appelé aussi fût ou ventre : droit, conique, renflé
Fond droit ou piqué (piqûre)
Jable droit ou à talon
Les bouteilles de verre utilisées pour le conditionnement des liquides alimentaires courants (eau, vin, sodas, bière) ont été couramment réutilisées jusqu'au milieu de la seconde moitié du XX siècle. Elles étaient commercialisées avec une valeur de consigne que les consommateurs récupéraient en rapportant la bouteille vide dans les points de vente. Désormais, en France, la plupart des bouteilles est vendue en verre perdu et récoltée dans des conteneurs de collecte sélective pour en permettre le recyclage.
Formes particulières
Formes de bouteilles
[[Fichier:Image-Codd bottle.jpg|vignette|Bouteille à bille pour boissons gazeuses, inventée en 1872 par Hiram Codd (en)]
Une petite bouteille est un flacon ou une fiole.
Une bouteille isotherme est une bouteille isolante constituée d'une double enveloppe de verre.
Une fiasque est une bouteille au col très allongé en usage en Italie, notamment pour le chianti.
Une flasque est une bouteille présentant deux flancs verticaux plats ou peu bombés. Ce format est utilisé en France pour conditionner l'armagnac (on parle alors de « basquaise » ou de « pot gascon ») et certains vins cuits. Depuis le milieu du XX siècle, l'armagnac est à vrai dire conditionné en bouteilles de différents formats, les les plus courants étant la basquaise (aux flancs bombés et avec des faces plates, de 70 cℓ ou de 150 cℓ, parfois de 50 cℓ), le pot gascon (aux flancs droits, de 150 ou 250 cℓ), la cognacaise (aux flancs droits, de 50 ou 70 cℓ) et l’ariane (70 ou 150 cℓ). Les vins allemands sont souvent débités dans des flacons de cette forme.
Un clavelin est une bouteille de 62 cl, destinée à recevoir le vin jaune.
Un pot lyonnais est une bouteille de 46 cl au culot épais, destiné à servir du beaujolais.
Une mignonnette est une bouteille miniature, contenant en général une dose individuelle de boisson alcoolisée. C'est parfois un objet de collection.
Une dame-jeanne est une grosse bouteille de grès ou de verre, d'une contenance de 20 à 50 litres, servant au transport de vin ou d'huile. Les dames-jeannes sont généralement clissées (protégée à même la paroi par de l'osier tressé - le clissage).
Une roteuse est un terme argotique qui désigne une bouteille de champagne ou de vin mousseux.
Particulièrement pour le champagne, bien que ces appellations soient parfois utilisées pour d'autre vins, les bouteilles (sauf celle de 75 cl) portent des noms particuliers :
le huitième : 9,4 cl (inusité)
le quart : 18,75 ou 20 cl (utilisé par les compagnies aériennes et parfois dans les boîtes de nuit)
la demie : 37,5 cl (vendue en restaurant)
le médium : 60 cl (inusité)
la bouteille : 70 cl (utilisée pour les spiritueux)
la bouteille : 75 cl (format standard)
Magnum = 2 bouteilles = 1,5 litre
Jéroboam = 4 bouteilles = 3 litres
Réhoboam = 6 bouteilles = 4,5 litres
Mathusalem = 8 bouteilles = 6 litres
Salmanazar = 12 bouteilles = 9 litres
Balthazar = 16 bouteilles = 12 litres
Nabuchodonosor = 20 bouteilles = 15 litres
Les capacités supérieures, jusqu'à 30 litres, portent aussi des noms, mais sont beaucoup moins courantes. La maison Drappier et la maison Bollinger sont à peu près les seules à produire du champagne dans des bouteilles d'aussi grande contenance. Les noms de ces bouteilles hors normes sont :
Souverain = 35 bouteilles = 26,25 litres
Primat = 36 bouteilles = 27 litres
Melchizédec = 40 bouteilles = 30 litres
Un moyen mnémotechnique permet de mémoriser les principales tailles de bouteilles dans l'ordre croissant de contenance : « Car de bon matin je remarquais mal sa banalité naturelle » (quart, demi, bouteille, magnum, jéroboam, réhoboam, mathusalem, salmanazar, balthazar, nabuchodonosor).
La fermeture des bouteilles se fait de diverses manières : bouchon de liège, classique pour le vin, capsule en métal ou en matières plastiques (bière, soda…), bouchon vissé métallique ou plastique (lait), bouchon en verre (produits chimiques, parfums), etc.
La bouteille et les sciences
La bouteille de Leyde est l'ancêtre du condensateur.
La bouteille de Klein est une surface fermée, sans bord et non orientable, c'est-à-dire une surface pour laquelle il n'est pas possible de définir un « intérieur » et un « extérieur ».
La bouteille d'Ekman est un instrument pour collecter l'eau de mer à différentes profondeurs afin d'en permettre l'analyse.
Expressions
Avoir de la bouteille : avoir de l'expérience, se dit en général de personnes d'un certain âge ou ayant une grande expérience sur un sujet.
Avoir un penchant pour la bouteille : apprécier avec excès l'alcool, être alcoolique.
Jeter une bouteille à la mer : appeler à l'aide avec l'espoir d'être entendu.