L'Homme à moulons, par Jacques Du Brœucq, Boussu (Belgique), XVI siècle
Transi de Guillaume d'Harcigny au musée de Laon
Transi de René de Chalon par Ligier Richier
Partie basse (transi) du Gisant de Jean III de Trazegnies et de son épouse Isabeau de Werchin (1550) - Église Saint-Martin (Trazegnies) Il est entouré d'inscriptions en caractères gothiques : elles servent de commentaires. On y lit ces mots : « Mors omnia solvit. Nascentes morimur. Mors ultima linea rerum. Ortus cuncta suos repetunt matremque requirunt, et redit ad nihilum quod fuit antea nihil. Charlé de Tyberchamps: Notice descriptive et historique des principaux chateaux »
Un transi, dans l'art funéraire de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance, est une sculpture représentant un mort. Transi de la même façon que le plus moderne trépassé, veut dire défunt. Contrairement au gisant représentant un personnage couché et endormi, dans une attitude béate ou souriante, le transi représente le défunt de façon réaliste, nu, voire en putréfaction. De façon exceptionnelle, ce transi, comme celui du duc René dans l’église Saint-Étienne à Bar-le-Duc, sculpté par Ligier Richier, est debout, son écu lissé, et tendant son cœur à pleine main vers le ciel.
Contexte
Apparu dans ce XIV siècle où guerre (celle de Cent Ans), peste et famine ont emporté la moitié de la population, le transi marque une cassure dans l'art funéraire du Moyen Âge. L'horreur et les vers, la putréfaction et les crapauds remplacent — brutalement — sourires, heaume ou hennin. Guillaume de Harcigny ne joint pas les mains dévotement, mais tente, de ses phalanges sèches, de cacher un sexe pourri depuis longtemps. Le cardinal Lagrange exhorte le passant non à prier pour lui, mais à faire preuve d'humilité, car tu seras bientôt comme moi, un cadavre hideux, pâture des vers.
Le terme transi apparaît au XII siècle dans l'acception de « transi de vie », c'est-à-dire « trépassé ». La religion populaire, empreinte de magie, en fait un saint à invoquer dans les cas désespérés. On trouve un bon exemple de ce culte à Ganagobie dans les Alpes-de-Haute-Provence.
Seules certaines régions sont touchées par le remplacement des gisants par des transis. Ainsi en est-il de l'Est de la France et de l'Allemagne occidentale. En revanche, le transi demeure exceptionnel en Italie ou en Espagne
Interprétations
Huizinga voit la preuve dans l'apparition des transis d'une crise morale. Tenenti, à l'inverse, y voit une horreur de la mort : célébration de « la vie pleine ». Philippe Ariès se positionne plutôt du côté de Tenenti. Se fondant sur les derniers vers du sonnet I de Ronsard (« O charoigne, qui n'es mais hon,/Qui te tenra lors compaignée ?/ Ce qui istra [sortira] de ta liqueur,/ Vers engendrés de la pueur/ De ta ville chair encharoignée. », cité p. 30), l'historien nous explique que l'horreur de la décomposition n'est pas post mortem, mais dans la maladie.
Quelques transis
En France et en Europe, on dénombre environ :
XIV siècle : 5 transis ;
XV siècle : 75 transis ;
XVI siècle : 155 transis ;
XVII siècle : 29 transis.
parmi lesquels ceux de :
église Notre-Dame, à Ouanne, Yonne ;
église Saint-Gervais et Saint-Protais, à Gisors, Eure
Transi de René de Chalon, en l'église Saint-Étienne de Bar-le-Duc, par Ligier Richier.
copie du squelette de Ligier Richier sur la tombe du poète Henry Bataille, par le sculpteur Edouard Ponsinet dit Pompon, à Moux, Aude
transi de Guillaume d'Harcigny à Laon
Transi du cardinal Jean de La Grange (mort en 1402) de l'église Saint-Martial d'Avignon, conservé au Musée du Petit Palais (Avignon)
transi de Francis de la Serra à La Sarraz en Suisse, premier transi de la sculpture occidentale datant de la fin du XIV siècle
transi de Guillaume Lefranchois (après 1446), Musée des Beaux-Arts d'Arras
transis de Louis XII de France et d'Anne de Bretagne, de la basilique Saint-Denis
premier transi de Catherine de Médicis par Girolamo della Robbia (vers 1565), prévu pour la basilique Saint-Denis, conservé au Musée du Louvre,
second transi de Catherine de Médicis de la basilique Saint-Denis
transi du XV siècle à Albinhac
transi de Jean III de Trazegnies et de son épouse Isabeau de Werchin (1550), Église Saint-Martin (Trazegnies) Belgique
Transis de François II de la Rochefoucauld (1494-1533) et sa femme, Anne de Polignac (morte en 1554), bas-relief, Musée du Louvre, provient du couvent des Cordeliers de Verteuil (Charente).
bas relief du monument funéraire de Valentine Balbiani, par Germain Pilon, 1572.
Transi de Marguerite d'Autriche (1480-1530) . Monastère royal de Brou Bourg en Bresse, Ain