La mithridatisation consiste à ingérer des doses croissantes d’un produit toxique afin d’acquérir une insensibilité ou une résistance vis-à-vis de celui-ci. Une application médicale actuelle est la désensibilisation spécifique à un allergène, par exemple le venin des Hymenoptera.
Ce principe est différent de ce qui se passe pour la vaccination, où l’organisme réagit en formant des anticorps.
Étymologie
Le mot a pour origine le roi Mithridate VI qui, craignant pour sa vie, voulut acquérir une connaissance parfaite des poisons et de leurs antidotes afin de s’en préserver. Selon la légende, il serait parvenu à s’immuniser en absorbant de petites doses de poison. Battu par Pompée, il aurait voulu se donner la mort en s’empoisonnant, mais ne put mourir qu’en se faisant tuer par un mercenaire. Il n’est pas à exclure que les poisons de Mithridate aient été tout simplement éventés quand il a voulu s’en servir (tout produit très réactif est en général, pour cette raison, instable dans le temps).
Autres usages
L’expression s’utilise parfois pour d’autres « intoxications », idéologiques par exemple. En 2001, Philippe Seguin a ainsi qualifié l'électorat parisien alors que Jean Tiberi venait de réaliser un très bon score aux élections municipales, en dépit de sa mise en cause dans l'affaire des HLM de la mairie de Paris (qui s'est néanmoins terminée par un non lieu en 2005).
Personnages de fiction
Arsène Lupin a mangé sciemment des biscuits empoisonnés lors d’une aventure.
James Bond également.
La mithridatisation joue un rôle fondamental dans l’intrigue du roman d’Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo.
Dans Les chroniques de MacKayla Lane, par Karen Marie Moning, le personnage de Mac est tellement exposé au livre noir qu'il finit par avoir un effet moindre sur elle.
Dans le roman et le film Princess Bride, le Terrible Pirate Robert (en) est ainsi immunisé contre les effets de l'iocane en poudre.
Dans le film Riddick, le personnage éponyme s'injecte peu à peu une quantité croissante de venin des créatures peuplant la planète où il se trouve jusqu'à en être totalement insensible.
Un serpent piqua Jean Fréron ; Que croyez-vous qu'il arriva ? Ce fut le serpent qui creva. Voltaire
Dans Les Fourmis de Bernard Werber, les insectes ont une mithridatisation naturelle.