Un clown est un personnage comique de l'univers du cirque. Visages disparaissant sous le maquillage, vêtus de façon spectaculaire, les clowns se partagent traditionnellement en « augustes » et en « clowns blancs ».
Étymologie
Paul Cézanne, Pierrot et Arlequin (musée Pouchkine, 1888), personnages de la Commedia dell'arte à l'origine du clown blanc et de l'Auguste
Le substantif masculin « clown » (API /klun/), est emprunté à l'anglais « clown » dont l'emploi est attesté depuis la seconde moitié du XVI siècle, sous les graphies cloyne, cloine puis clown, au sens de « homme rustre, paysan », d'où « bouffon, fou » et plus spécialement, à partir du XVIII siècle, « pantomime, personnage des arlequinades et du cirque ». Le mot qui vient du germanique klönne signifiant « homme rustique, balourd », depuis un mot désignant, à l'origine, une « motte de terre ». En anglais, on trouve aussi clod et clot, signifiant aussi bien « motte » que « balourd, plouc ». Le mot anglais clown a d'abord désigné un paysan puis un rustre. Au XVI siècle il est passé dans le vocabulaire du théâtre pour désigner un « bouffon campagnard ».
Le clown au cirque
Même s'il tire sa filiation de personnages grotesques anciens, notamment ceux de la Commedia dell'arte, le clown proprement dit est une création relativement récente. Il apparaît pour la première fois en Angleterre au XVIII siècle, dans les cirques équestres. Les directeurs de ces établissements, afin d'étoffer leurs programmes, engagèrent des garçons de ferme qui ne savaient pas monter à cheval pour entrecouper les performances des véritables cavaliers. Installés dans un rôle de serviteur benêt, ils faisaient rire autant par leurs costumes de paysans, aux côtés des habits de lumière des autres artistes, que par les postures comiques qu'ils adoptaient, parfois à leur dépens.
Les clowns suivaient le mouvement des numéros présentés, en les caricaturant pour faire rire (le clown sauteur, le clown acrobate…). Ce personnage évolua pour devenir de moins en moins comique : distingué, adoptant des vêtements aux tissus nobles et de plus en plus lourds avec l'emploi des paillettes, il fit équipe avec l'auguste. Ce dernier devint le personnage comique par excellence, le clown servant de faire-valoir. C'est la configuration que l'on connaît aujourd'hui. L'auguste prit peu à peu son autonomie, quand certains trouvèrent le moyen de faire rire la salle sans avoir besoin du clown pailleté. L'auguste s'imposa alors en tant qu'artiste solitaire, proposant parfois à un spectateur de lui servir de partenaire.
Le clown peut porter un pseudonyme inspiré du langage enfantin (en langue française, l'utilisation du redoublement de syllabe ou de sons est ainsi courant), comme Jojo, Kiki, etc.
Types de clowns
Le clown blanc.
Le clown blanc, maître de la piste, apparemment digne et sérieux, est le plus ancien type de clown. L'auguste au nez rouge, personnage loufoque et grotesque, a fait son entrée vers 1870. Avec les trios de clowns, créés au début du XX siècle, est apparu le contre-pitre, le clown qui ne comprend jamais rien.
L'auguste.
Le clown blanc
Le clown blanc, vêtu d'un costume chatoyant et sérieux, est, en apparence, digne et autoritaire. Il porte le masque lunaire du Pierrot : un maquillage blanc, et un sourcil (plus rarement deux) tracé sur son front, appelé signature, qui révèle le caractère du clown. Le rouge est utilisé pour les lèvres, les narines et les oreilles. Une mouche, référence certaine aux marquises, est posée sur le menton ou la joue. Le clown blanc est beau, élégant. Aérien, pétillant, malicieux, parfois autoritaire, il fait valoir l'auguste, le met en valeur.
L'auguste
L'auguste porte un nez rouge, un maquillage utilisant le noir, le rouge et le blanc, une perruque, des vêtements burlesques de couleur éclatante, des chaussures immenses ; il est totalement impertinent, se lance dans toutes les bouffonneries. Il déstabilise le clown blanc dont il fait sans cesse échouer les entreprises, même s'il est plein de bonne volonté. L'auguste doit réaliser une performance dans un numéro au cours duquel les accidents s'enchaînent. Son univers se heurte souvent à celui du clown blanc qui le domine.
Le contre-pitre
Le contre-pitre est le second de l'auguste et son contre-pied. « Auguste de l'auguste », c'est un clown gaffeur qui ne comprend rien, oublie tout, et dont les initiatives se terminent en catastrophes, relançant les rires.
Accessoires
Parmi les accessoires, on trouve les vêtements, souvent colorés, ridicules et trop grands, les farces et attrapes en général (boutonnière arroseuse…), et les tartes à la crème.
Clowns célèbres
Joseph Grimaldi, le clown Joey (1820).
Le duo Footit et Chocolat
Les Fratellini en 1932.
Achille Zavatta en 1974.
Parmi les clowns ayant eu une renommée internationale, on peut citer :
En Angleterre
William Kemp
Joseph Grimaldi
Ducrow
Billy Saunders
James Clement Boswell
Tom Belling
Les frères Hanlon-Lee (en)
Charlie Cairoli (en)
En France
Jean-Baptiste Auriol
Jérôme Medrano
Jean Gontard
Claude Gontard
Félix-Pierre Gontard
Foottit et Chocolat
Les Fratellini
Antonet et Béby
Clown Rhum
Boulicot et Recordier
Porto
Bowden (Loriot Georges Bazot),
Alex (Alex Bugny de Brailly)
Lulu et Tonio
Achille Zavatta,
Charles Manetti,
Bario & Dario,
Pipo (Gustave Sosman),
Nino Fabri,
Alexis Grüss et André Grüss
Jacques Francini,
Annie Fratellini
Pierre Étaix
Motusse et Paillasse
Les Nouveaux Nez
Francis Albiero,
Cracra & Momo,
Les Macloma,
Les Rossyann,
Niboc
Emma la clown
Michèle
Au Canada
Sol (joué par le comédien Marc Favreau)
Gobelet (joué par le comédien Luc Durand) Ces deux personnages de clowns apparaissent notamment dans l’émission télévisée pour enfants québécoise diffusée de 1968 à 1971 sur Radio-Canada (et en France) : Sol et Gobelet.
Ces deux personnages de clowns apparaissent notamment dans l’émission télévisée pour enfants québécoise diffusée de 1968 à 1971 sur Radio-Canada (et en France) : Sol et Gobelet.
Patof
Clopin
Portrait de Carl Godlewski en clown (1887).
Autres pays
Carl Godlewski (Allemagne),
Grock (Suisse),
Charlie Rivel (Espagne),
Les Rastelli, (Italie),
Karandache (Russie)
Oleg Popov (Russie),
Dimitri (Suisse),
Franz-Josef Bogner (Allemagne)
Little Walter (Urich Alexandre) (Belgique),
Slava Polounine (Russie),
Bolek Polívka (Tchéquie),
Jango Edwards (États-Unis),
Lou Jacobs (en) (États-Unis),
Buffo (France, États-Unis),
Les Licedei (Russie),
Otto Witte (Allemagne),
David Larible (Italie, États-Unis),
Les Chicky's (Suisse)
Citation
« Le sixième jour, Dieu créa le Clown, Antonet, Pipo, Bario, Paul, Albert et François Fratellini, Little Walter, Footit et Chocolat, Grock... Le septième jour, il dut se reposer tellement il riait encore ! »
— Jean-Paul Farré,Le Clown, Cinquante-cinq dialogues au carré, L'Avant-scène théâtre, 2002
Le clown hors du cirque
Dans le théâtre élisabéthain, au XV siècle
Illustration représentant Richard Tarlton, clown élisabéthain (1580)
Le clown était un personnage traditionnel du théâtre élisabéthain. S'il était gaffeur, lourdaud et ridicule, il faisait également preuve d'un grand bon sens, et, parfois même, d'un cynisme proche de celui du bouffon. Il apparut dans le théâtre populaire en Angleterre au XV siècle et remplaça le personnage d'old vice (trop vieux et pas assez commode pour faire rire) qui n'était autre que le serviteur et homme de main du diable. Évidemment, le clown étant un personnage de comédie, il n'était jamais à la hauteur des tâches sournoises que son maître lui confiait, ce qui servait évidemment la dramaturgie. Le nom de ce personnage était Clod, ce nom évolua on ne sait comment en clown.
Au XIX siècle, au théâtre, certains artistes voulurent mélanger Shakespeare et le cirque. Ce fut un échec total, le public voulant des acrobaties, pas du texte. Même si certains clowns sont célèbres grâce aux quelques phrases qu'ils lançaient comme "1, 2, 3…" ou "Musique !", cela n'en fait pas forcément des clowns-acteurs.
Scène contemporaine, au XX siècle
Au XX siècle, les comédiens burlesques firent leur apparition comme Raymond Devos et Coluche, qui, dans tous leurs spectacles, ont gardé dans leurs gestes et état d'esprit une attitude typique du clown.
Dans la seconde moitié du XX siècle ont eu lieu des expériences de rencontre et de fusion entre les différents genres clownesques et le théâtre. Un certain nombre de « types » ont émergé partout dans le monde. Sol, Buffo, Dimitri, Franz-Josef Bogner, Slava Polunin, Jango Edwards, Bolek Polívka, en sont des exemples.
Clown et clichés
Personnage fortement typé, le clown, à l'origine personnage burlesque, a vu son image détournée : tout d'abord est apparu l'archétype du clown triste, « obligé de faire rire même quand son cœur est gros » (le clown blanc est par ailleurs proche, à quelques paillettes près, du nostalgique Pierrot lunaire) ; puis des personnages de clowns maléfiques, qui utilisent l'attrait qu'ils exercent auprès des enfants pour les tuer (tel que le monstre protéiforme de Ça, roman de Stephen King), les torturer ou les violer (tel que Tweedles, du groupe d'avant-garde The Residents).
Clown, rock et danse
Depuis quelques années, le personnage du clown a été intégré dans une forme de punk rock, en particulier par les groupes français Bérurier Noir, Les Wriggles ainsi que par les Insane Clown Posse ou Les Vilains Clowns. On peut également noter l'émergence du krump (danse actuelle issu de Los Angeles), à l'instigation de Tommy le clown issu du hip-hop clowning.
On parle même de Clown Core, mélange de métal et de rap, dans une ambiance sombre dirigé par des clowns maléfiques ; on peut citer à titre d'exemple Bawdy Festival.
La Clandestine Insurgent Rebel Clown Army, la grande armée des clowns
La Clandestine Insurgent Rebel Clown Army (CIRCA) est une armée parodique de clowns rebelles née au Royaume-Uni en 2003, au moment de l'entrée en guerre contre l’Irak. L’idée était de prolonger une dimension festive et subversive issue des vieilles cultures populaires de transgression (carnaval, fête des fous…), de sortir des manifestations plan-plan traditionnelles, de permettre à chacun d’apporter ses propres idées et sa motivation grâce à une organisation complètement horizontale.
Représentations du clown en art
Antoine Watteau, Le Gilles (1717-1719)
Pierre-Auguste Renoir, Le clown (1868)
Henri de Toulouse-Lautrec, La Clownesse Cha-u-kao au Moulin rouge (1895)
Pierre-Auguste Renoir, Claude Renoir en clown (1909)
Le personnage du clown au cinéma
Larmes de clown, He Who Gets Slapped, de Victor Sjöström (1924)
Ris donc, Paillasse !, Laugh, Clown, Laugh, de Herbert Brenon, avec Lon Chaney (1928)
Le Cirque de Charlie Chaplin (1928)
Au revoir Monsieur Grock, de Pierre Billon, avec Grock (1950)
Le clown est roi, Three Ring Circus, de Joseph Pevney, avec Jerry Lewis et Dean Martin (1954)
La strada de Federico Fellini (1954), et Les Clowns (1971)
L'Aile ou la Cuisse de Claude Zidi (1976), avec Louis de Funès et Coluche
Hold-up d'Alexandre Arcady (1985), avec Jean-Paul Belmondo, Guy Marchand et Jean-Pierre Marielle
Effroyables Jardins de Jean Becker (2003), avec Jacques Villeret, André Dussollier et Thierry Lhermitte, d'après le roman de Michel Quint
Balada triste d'Alex De La Iglesia (2010), avec Carlos Areces, Antonio de la Torre et Carolina Bang
Chocolat de Roschdy Zem (2016), avec Omar Sy et James Thierrée
La peur des clowns
La peur des clowns s'appelle la coulrophobie et peut provoquer chez la personne des spasmes, du stress ou des difficultés respiratoires.
Le personnage du clown en littérature
Henri Michaux a écrit un poème célèbre, Clown, particulièrement représentatif de son univers personnel, de sa position philosophique et ontologique.
Henry Miller dans Sourire au pied de l'échelle.
Le personnage du clown en musique
Chanson
Bravo pour le clown, Édith Piaf
Le Clown de Gianni Esposito, interprété également par Angélique Ionatos
Tears of a Clown, Smokey Robinson & The Miracles
Le Clown (je deviendrais roi), Les Charlots
Cathy's Clown, The Everly ********
Le Petit Clown de ton cœur, Johnny Hallyday, Richard Anthony
The Death of a Clown, The Kinks
Deux Clowns, Bérurier noir
Envoie les clowns, Didier Barbelivien
Pierrot the Clown, Placebo
Clown, Soprano
Ha! Ha! Said the Clown, Manfred Mann
Le Petit Clown, Henri Salvador
Petit Clown, comptine
Monsieur le Clown, de Mr Yéyé
Opéra
Pagliacci, Ruggero Leoncavallo