Chanoine portant l'aumusse.
Un chanoine (du nom latin médiéval canonicus de même sens, lui-même issu de l'adjectif du latin classique canonicus : « relatif à une règle, régulier » ; et du grec ancien κανών (kanôn), règle) est un membre du clergé attaché au service d'une église. Au Haut Moyen Âge, le mot pouvait désigner certains membres du personnel laïc des églises. Aujourd'hui, il existe des chanoines religieux (séculiers ou réguliers), des chanoines laïcs et des femmes religieuses régulières (chanoinesses).
Histoire de la vie canoniale
Origine
L'historiographie ecclésiastique voit dans le mode de vie des Apôtres rassemblés autour du Christ, l'exemple fondateur de la vie canoniale. On y rattache en effet les principes de la vie communautaire, consacrée à Dieu, mais assurant également la propagation de la foi et les secours spirituels.
Chanoine agenouillé (Normandie)
Les persécutions que les chrétiens subirent dans les trois premiers siècles, empêchèrent en beaucoup de lieux les clercs de vivre en commun : mais ils mettaient au moins leurs biens en communauté. La distinction que l'on fit en 324 des églises cathédrales d'avec les églises particulières, peut cependant être regardée comme le véritable commencement des collèges et communautés de clercs appelés chanoines. On voit dans saint Basile et dans saint Cyrille, que l'on se servait du nom de chanoine et de chanoinesse dans l'église d'Orient. Ces noms furent usités plus tard en Occident.
Le nom de chanoine apparut en Occident au IV siècle, désignant les clercs que saint Augustin, évêque d'Hippone, avait rassemblé autour de lui en leur proposant une règle de vie commune.
La distinction d'un corps des chanoines par rapport au reste du clergé pourrait remonter à Chrodegang, évêque de Metz et auteur en 763 d'une règle de vie communautaire (la Regula vitae communis) inspirée de la règle de saint Augustin. Selon cette règle, les membres du clergé vivant en commun sous le toit épiscopal n'ont pas à faire vœu de pauvreté mais doivent respecter un certain nombre d'obligations, telles que le travail manuel et la confession deux fois par an. Les évêques de Lyon Leidrade puis Agobard introduisent dans la capitale des Gaules la réforme canoniale voulue par Charlemagne. Cette réforme est renouvelée et diffusée par Louis le Pieux au concile d'Aix-la-Chapelle en 816.
Il était également précisé qu'ils devaient entendre deux fois par jour un chapitre (latin capitulum) de la règle de leur fondateur. Le terme aurait ensuite changé de sens pour désigner la réunion du conseil de l'évêque avec les clercs qui l'assistent : le chapitre canonial. Les chanoines prirent alors une part de plus en plus importante à l'administration de l'église épiscopale.
Les chanoines au Moyen Âge
À l'époque carolingienne
Dès la période carolingienne, la vie canonique (latin vita canonica) devint un objet de préoccupation des conciles, notamment afin d'éviter l'enrichissement personnel des chanoines et d'assurer le respect de la règle.
La réforme grégorienne
Durant la réforme grégorienne, diverses réformes furent entreprises par les souverains pontifes, comme Nicolas II (en 1059), Alexandre II (en 1063, créant les chanoines réguliers, et excluant les laïcs de ces sortes de communautés).
Dès la première moitié du XI siècle, de nombreux chapitres en Europe entreprennent d'eux-mêmes de reprendre une vie commune et respectant la règle de Saint Augustin. Les régions les plus gagnées par ce premier élan sont la Provence, la Toscane, la Lombardie et le Latium. Dans la seconde moitié du siècle, de nombreuses autres régions d'Europe s'engagent dans cette voie. Toutefois, de nombreuses communautés résistent à cette réforme et ne reprennent pas de vie commune ou s'engagent dans la pauvreté, tel le chapitre cathédral de Lyon par exemple.
Du XII siècle à la fin du Moyen Âge
D'autres rappels à la règles sont fait par Innocent II (et le concile du Latran, en 1139), ou encore Benoît XII (en 1339).
Les différents chanoines
Le droit canonique a distingué ou distingue de nombreuses catégories de chanoines :
chanoines ad effectum: dignitaires auxquels le pape confère le titre de chanoine sans prébende
chanoines capitulants ou participants: ceux qui ont voix délibérative dans l'assemblée du chapitre
chanoines- cardinaux: incardinati, étaient des clercs qui non seulement observaient la règle et la vie commune, mais qui étaient attachés (incardinés) à une certaine église, de même que les curés le sont à une paroisse.
chanoines claustrales : résidents auprès du cloître de l'église principale du chapitre.
chanoines coadjuteurs
chanoines de stallo : occupent les stalles hautes des églises
chanoines de terra : occupent les stalles basses des églises
chanoines domicillares ou chanoines-damoiseaux (ou domiciliaires) : nom que l'on donnait autrefois dans quelques églises aux jeunes chanoines qui n'étaient pas encore dans les ordres sacrés.
chanoines expectants : ceux qui, en attendant une prébende, avaient le titre et la dignité de chanoines, voix au chapitre, et une place au chœur.
chanoines héréditaires : laïcs auxquels quelques églises cathédrales ou collégiales ont donné le titre et les honneurs de chanoine honoraire (les rois de France, présidents de la République (voir ci-dessous) par exemple). Il y a aussi des ecclésiastiques, qui, par leur dignité, sont chanoines honoraires nés de certaines églises, quoique leur dignité soit étrangère au chapitre (par exemple, dans l'église de Brioude, les évêques du Puy et de Mende, avec leurs abbés, sont comtes nés de Brioude; ce sont des chanoines honoraires).
chanoines forenses ou forains : ne résident pas dans leur église et se font remplacer par un vicaire.
chanoines honoraires : titre accordé à des ecclésiastiques qui ne résident pas auprès de la cathédrale et n'exercent pas de fonction effective dans le conseil de l'évêque ou le chapitre d'une église donnée. Voir aussi 'chanoines d'honneur'.
chanoines d'honneur : titre honorifique sans réalité canonique, accordé autrefois en France par un évêque à d'autres ecclésiastiques.
chanoines jubilaires : ceux qui desservent leurs prébendes depuis cinquante ans
chanoines laïcs : pour la plupart des chanoines honoraires et héréditaires. Il y a cependant quelques exemples singuliers de chanoines titulaires qui sont laïcs, et même mariés. À Tirlemont en Flandre, il y avait une église collégiale de chanoines fondée par un comte de Barlemont, qui devaient être mariés : ils portaient l'habit ecclésiastique mais n'étaient pas engagés dans les ordres.
chanoines majeurs : ceux qui ont les grandes prébendes d'une église
chanoines mansionnaires ou résidents : ceux qui desservent en personne leur église, à la différence des chanoines forains
chanoines mineurs : ceux qui ne possèdent que les moindres prébendes
chanoine in minoribus : celui qui n'est pas encore dans les ordres sacrés, n'a pas de voix au chapitre, et ne jouit pas de certains honneurs.
chanoines mitrés : ceux, qui par un privilège accordé par les papes, ont le droit de porter la mitre (par exemple les chanoines de la cathédrale et des quatre collégiales de Lyon, étaient tous en possession de ce droit, ou encore, à Lucques, des chanoines mitrés auxquels ce droit avait été donné par Grégoire IX).
chanoines-moines : étaient les mêmes que les chanoines-réguliers : on en parle dans la vie de Grégoire IV et dans un vieux pontifical de Saint Prudence, évêque de Troyes.
chanoine pointeur : celui qui marque les chanoines absents et ceux qui arrivent alors que l'office a déjà commencé
chanoines réguliers (voir ci-dessous)
chanoines séculiers (voir ci-dessous)
chanoine semi-prébendé : celui qui n'a qu'une demi-prébende.
chanoine ad sucurrendum : titre que l'on donnait à ceux qui se sont fait agréger en qualité de chanoine à l'article de la mort, pour avoir part aux prières du chapitre.
chanoines surnuméraires
chanoine tertiaire, (tertiarius) : celui qui ne touchait que la troisième partie des fruits d'une prébende
chanoines nobles : membre des chapitres qui doivent appartenir à la noblesse.
chanoines obedientiales : résident dans les obédiences ou succursales dépendant d'une église principale.
chanoine prébendés : chanoines qui reçoivent un traitement.
proto-chanoine : c'est le titre du premier des chanoines, qui a préséance sur tous les autres chanoines
Aujourd'hui, on distingue principalement :
Les chanoines séculiers ;
Les chanoines réguliers sont des clercs qui vivent en communauté et exercent un apostolat selon les principes d'une règle ;
Les chanoines laïcs ;
Les chanoinesses.
Les chanoines séculiers
Les chanoines séculiers sont des clercs tenus à la récitation de l'office divin au chœur ; ils forment un chapitre de chanoines, collégial ou cathédral, réglés par des statuts, sous l'autorité d'un prévôt, mais restent propriétaires de leurs biens.
C'est semble-t-il à partir du XIII siècle que, insensiblement, le terme canonicus est réservé aux clercs - ou au moins à certains des clercs - des églises cathédrales et des églises collégiales. Les chanoines forment alors le chapitre tel que nous le connaissons aujourd'hui.
Les chanoines peuvent être de simples clercs ; mais, dans l'usage, ils sont tous prêtres et peuvent baptiser, absoudre et offrir le saint sacrifice. Dans les églises cathédrales, il y a toujours un chapitre de chanoines, dont les membres composent un des conseils de l'évêque ; avant la réforme du Code de droit canonique de 1983, les fonctions curiales de la cathédrale leur appartenaient à tous collegialiter (collectivement) et étaient exercées en pratique par l'un d'eux - le vicaire-curé - au nom du chapitre. Le titre de chanoine est souvent, au XIX siècle, conféré à titre de récompense, ou comme retraite. Aujourd'hui et en France, le titre de chanoine est donné par un évêque à un curé ou à un prêtre de son diocèse à la carrière exemplaire.
Dans la Cité de Liège, les écolâtres étaient des chanoines qui avaient des responsabilités de contrôles, plus ou moins étendues selon les époques, des écoles élémentaires. Furent écolâtres au XVII siècle, à Liège: Christophe BLOCQUERIE, Nicolas RAVE, Gilles de BOCHOLTZ, Jacques de CHOCQUIER, Laurent de MEAN, Jean-Ferdinand de MEAN, Jean-Pierre BURMAN.
Les chanoines réguliers
Les chanoines réguliers sont des clercs qui vivent en communauté et exercent un apostolat selon les principes d'une règle.
Au cours des siècles, plusieurs règles de vie ont été observées par les communautés de chanoines réguliers.
Règle de saint Augustin ;
Règle de Chrodegang de Metz ;
Règle d'Aix-la-Chapelle en 816 (autorise la propriété privée).
La règle de saint Augustin s'est imposée progressivement entre le XI siècle et 1215 dans le sillage de la réforme grégorienne. Quasiment tous les réformateurs et fondateurs de communautés canoniales depuis le XI siècle finirent par l'adopter. On parle alors de famille (et non d'ordre) des Chanoines de saint Augustin, parce que leurs établissements pouvaient se donner des constitutions particulières qui précisaient l'application de la règle (par exemple : les chanoines de Saint-Victor).
Jusqu'au XI siècle, ils ne furent pas astreints à la mise en commun de leurs biens. Au XI siècle, saint Pierre Damien considère que cette mise en commun est ce qui les distingue des chanoines séculiers (Contra clericos regulares proprietarios, PL 145, col. 479 et suiv.)
Ils vivent dans des abbayes qui ont pu avoir la puissance et le rayonnement attachés aux établissements monastiques. Ils mènent pourtant une vie non cloîtrée, et s'investissent de missions sacerdotales ou d'enseignement, voire sont responsables de paroisses.
Actuellement, depuis [préciser la date], certains d'entre eux mènent une vie consacrée, généralement en prononçant les vœux religieux, à l'instar des religieux, mais ils exercent le ministère des âmes en prêchant, enseignant, et administrant les sacrements comme le clergé séculier. Contrairement aux moines, certains ne sont pas tenus à la stabilité dans leur monastère de profession.
Les chanoines laïcs
Les chanoines laïcs sont pour la plupart des chanoines honoraires ou héréditaires. Il y a cependant quelques exemples de chanoines titulaires qui sont laïcs, et même certains chanoines mariés titulaires : à Tirlemont en Flandre, il y eut une église collégiale de chanoines fondée par un comte de Barlemont, qui devaient être mariés ; ils portaient l'habit ecclésiastique, mais n'étaient pas engagés dans les ordres.
Au XIXe siècle, on nommait encore chanoines honoraires des laïcs (parfois mariés) comme le célèbre compositeur Charles Hérissé.
Les présidents de la République française sont chanoines d'honneur de plusieurs basiliques et cathédrales.
Les titres de chanoine du président de la République française
Le président de la République (par héritage des rois de France) est chanoine de droit (ou parfois honoraire) de plusieurs églises.
Il est ainsi :
premier chanoine de l'archibasilique de Saint-Jean-du-Latran,
C'est son titre canonial le plus important et le plus connu : celui de la basilique Saint-Jean-de-Latran (l'une des quatre basiliques majeures de Rome, siège de l'évêché de Rome, dont l'évêque n'est autre que le pape), en vertu d'une fondation de Louis XI de 1482 renouvelée par Henri IV en 1604, qui en devint le premier chanoine en donnant à Saint-Jean-de-Latran l'abbaye de Clairac, en Agenais (aujourd'hui département du Lot-et-Garonne). Cette fondation fut restaurée sous forme de bourse par Napoléon III, qui rétribue à partir de 1863 un remplaçant au chœur (poste supprimé en 1871 mais refondé depuis : actuellement, le poste de chanoine français est occupé par M Louis Duval-Arnould). Les présidents Georges Pompidou et François Mitterrand s'étaient abstenus de prendre possession de la stalle, sans avoir officiellement refusé ce titre. Nicolas Sarkozy, en revanche, se fit nommer lors d'un service dans la basilique le 20 décembre 2007. Il pourrait être le premier chanoine divorcé dans l'histoire de l'Église catholique. Le président de la République peut également prétendre à une stalle dans l'abbaye de Beauchêne (Cerizay, 79140), abbaye de chanoines réguliers de Saint-Jean de Latran.
proto-chanoine de l'ancienne cathédrale d'Embrun,
Depuis Louis XI, les rois de France et leurs successeurs, les présidents de la République française, sont également de droit chanoines de la cathédrale d'Embrun.
proto-chanoine de Notre-Dame de Cléry,
Ce titre concédé par le pape Sixte IV au roi Louis XI et à ses successeurs, avec le droit de siéger dans le chœur de cette église, et au chapitre, au-dessus du doyen, de porter le surplis, la chape et l'aumusse, et il accorda que ces chanoines seraient appelés proto-chanoine (protocanonici), car Louis XI avait choisi cette église pour lieu de sa sépulture.
chanoine honoraire de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Maurienne,
Ils sont encore chanoines honoraires de la cathédrale cathédrale de Saint-Jean-de-Maurienne, depuis le roi de France François I, qui exigea ce privilège lors de son invasion de la Savoie en 1536.
premier chanoine honoraire héréditaire de l'église de Saint-Hilaire de Poitiers,
premier chanoine honoraire héréditaire de l'église de Saint-Martin de Tours,
Le roi Louis XIII fut reçu chanoine de Saint-Martin-de-Tours le 21 juillet 1614 et avait, à l'exemple de ses prédécesseurs, prêté serment, à genoux, sur les Évangiles. Louis XVIII fit de même.
premier chanoine honoraire héréditaire de l'église Saint-Martin d'Angers,
premier chanoine honoraire héréditaire de la cathédrale Saint-Étienne de Châlons,
premier chanoine honoraire héréditaire de la cathédrale Saint-Julien du Mans.
Lorsque le roi faisait son entrée dans une de ces églises, on lui présentait l'aumusse et le surplis.
Les chanoinesses
Les chanoinesses sont des femmes menant une vie canoniale régulière (mais non séculière, réservée aux clercs) : par exemple, les chanoinesses de Saint-Augustin, actuellement congrégation de Notre-Dame des chanoinesses de Saint-Augustin.
Chanoines séculiers en habit de chœur
法政牧师(canon),为一圣公会与天主教都有的教会神职荣衔,因为现今脚色的不同,在罗马天主教翻作咏祷司铎团。是主教可依教会传统任命的荣誉职份,职责无清楚界定,有解释教会神学法规,并保卫教会教义的权威。或是做为教会隆重礼仪的推行者,并协助教会行政。亦曾译作名誉牧师,一般是没有期限的。然而,也有一些教区法政牧师,是指在座堂有特殊职务的圣品人。
历史
八世纪时圣波尼法爵前往日耳曼地区传教,在此期间他与其门人梅斯主教克罗特刚推行了教会法纪的改革,鼓励那些不属于修会的神职人员在主教座堂附近集体生活,并依照教会法(Canon)过着有纪律的生活。
最有名的例子就是11世纪时的奥古斯丁团体。之后随着时代的演变,此一组织逐渐式微。不过仍存于天主教与圣公会的部分主教座堂编制中。
天主教
在罗马天主教,所称的咏祷司铎班,是一种从属于主教座堂或副座堂的司铎集团,其职务是在需要时举行较隆重的礼仪;并且在教区负责教会法政或其他主教任命相关职务。仅有部分教区保有此团体。
此外咏祷司铎的称号也有可能以荣衔的方式赠与教区内的资深堂区司铎作为表扬。