La victoire finale : l'Année cruciale. Peinture de Francisco Bayeu.
La Reconquista (mot espagnol et portugais, en français Reconquête) est le nom donné à la reconquête des royaumes musulmans de la péninsule Ibérique par les souverains chrétiens. Elle commence en 722 dans les Asturies, et s'achève le 2 janvier 1492 quand Ferdinand II d'Aragon et Isabelle de Castille, les « Rois catholiques » (Los Reyes Católicos), chassent le dernier souverain musulman de la péninsule, Boabdil de Grenade, achevant l'unification de l'essentiel de l'actuelle Espagne — excepté la Navarre, incorporée en 1512.
Depuis le VIII siècle, une grande partie de l'Espagne est sous domination musulmane. À la toute fin du XI siècle, le pape Urbain II encourage la Reconquista de l'Espagne occupée par les Maures. Au XII siècle, les États chrétiens du nord de l'Espagne commencent donc la reconquête. L'avancée est lente, mais au milieu du XIII siècle, après la victoire chrétienne de Las Navas de Tolosa, il ne reste aux musulmans que le petit royaume de Grenade qui finira par tomber en 1492.
L'occupation musulmane
Depuis la fin de l'Hispanie romaine, les Wisigoths ont dominé la péninsule Ibérique (période dite de l'Hispanie wisigothe).
Après l'invasion musulmane en 711 et la bataille du Guadalete, presque toute la péninsule sauf le nord, tombe sous la domination maure en moins de cinq ans. La Reconquête commence en 722 lorsque les musulmans sont défaits à la bataille de Covadonga par Pélage (Pelayo), noble d'origine wisigothe ou asture. De ce fait, seule la frange nord de l'Espagne, correspondant aux actuels Pays basque, Cantabrie, Asturies et Galice, reste sous domination chrétienne, au sein du royaume des Asturies. Mais ce n'est que plusieurs siècles plus tard que les chrétiens envisagent leurs conquêtes comme un effort commun pour restaurer le royaume wisigothique, notamment après que Charlemagne et son fils Louis ont libéré la région de Barcelone à partir de l'expédition de Charles en 776. Barcelone est pris en 801. Charles et Louis rendent à la chrétienté près d'un cinquième de l'Espagne qu'ils vont transformer en une marche de l'empire carolingien que les musulmans ne reprendront plus et qui sera une frontière et une base de reconquête rejointe par des chrétiens du sud qui ne se satisfont pas de la domination arabo-berbère et de certains excès.
Armée chrétienne (étendard avec image de la Vierge) composée autant de chrétiens que de mercenaires berbères (avec le turban)
Les combats contre les Maures n'empêchent pas les royaumes chrétiens de s'affronter entre eux ou de s'allier aux souverains musulmans. Par exemple, les premiers rois de Navarre (Eneko Arista et ses successeurs) sont apparentés aux Banu Qasi (Wisigoths convertis à l'islam) de Tudela. Les souverains maures ont souvent des épouses ou des mères chrétiennes. Et certains champions de la cause comme le Cid se mettent parfois au service d'un roi de taïfa contre ses voisins.
La vulnérabilité et les divisions des royaumes chrétiens les amènent, pour nombre d'entre eux, à devoir acquitter un tribut aux seigneurs maures dans ce qui apparaît comme une forme de vassalité. L'inverse sera également vrai après la grande victoire chrétienne qui libère Tolède et près de la moitié de l'Espagne en 1085. Des nobles musulmans appellent à leur secours des chrétiens pour se préserver de musulmans et leur versent tribut en se soumettant.
Le renouveau des États de la Marche d'Espagne
En 978, Almanzor devient le hâdjib du nouveau calife de Cordoue, Hisham II, et prend ainsi la réalité du pouvoir. Contrairement à ses prédécesseurs, il brille par sa violence et son intolérance religieuse. De nombreux juifs et mozarabes se réfugient dans les États de la marche espagnole. Leurs connaissances enrichissent celles qui sont conservées dans les monastères catalans (l'ancien royaume wisigoth, avec Byzance, était le conservatoire des connaissances de l'Empire romain).
Les campagnes d'Almanzor
En 985, Almanzor attaque et pille Barcelone, emmenant avec lui de nombreux esclaves. Le comte Borell II sollicite l'aide de son suzerain Hugues Capet. Sans réponse de ce dernier, le comte prend une indépendance de fait. Paradoxalement, cet événement marque le début d'une phase de développement de la Catalogne qui entraîne les autres États de la marche espagnole. Borell sécurise le territoire, même si dans un premier temps, il doit négocier : de nombreux Catalans louent leurs services comme mercenaires du calife. Revenus en Catalogne, ils utilisent les techniques agricoles connues dans le califat de Cordoue et injectent leur solde dans l'économie. Ils construisent des moulins, irriguent la terre à la manière romaine. Les échanges commerciaux avec le califat augmentent rapidement. Il en résulte une poussée démographique et technique dès la fin du X siècle. La poussée monastique et le développement du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle permettent la transmission de cette évolution technique aux autres États de la marche espagnole, puis au reste de l'Europe. En effet, au cours des XetXI siècles, le culte de saint Jacques le Matamore (en espagnol : Matamoros : le « Tueur-de-Maures », selon une légende médiévale, et qui allait être durant toute la Reconquista le symbole chrétien de la lutte contre les guerriers musulmans) commence à se répandre. Les pèlerinages rassemblent des foules importantes et les rois de Navarre et de León améliorent les routes et construisent des ponts afin de faciliter les pèlerinages. Dans le même temps, l'essor monastique particulièrement important dans toute l'Europe permet de fixer sur papier les connaissances et les transmettre au reste de l'Ordre de Cluny et inversement. Les écrits ne sont pas tous religieux, beaucoup traitent de techniques agricoles. Le large recours aux moines convers contribue à diffuser ces techniques dans les villages voisins puis à l'Europe entière.
La culture n'est pas en reste : à partir du X siècle, Gerbert d'Aurillac (futur pape Sylvestre II) complète son éducation acquise à Aurillac (particulièrement en mathématiques et en philosophie) dans les monastères catalans de Vic et Ripoll, preuve que les échanges culturels sont déjà importants dans la péninsule Ibérique et que les auteurs antiques n'y sont pas inconnus. Il commence à introduire en Occident la philosophie d'Aristote, déjà présente dans les Écoles des Évêchés et les monastères de Provence, d'Aquitaine et de Francie, ainsi que des éléments du savoir musulman dans l'astronomie, les mathématiques, l'algèbre et la médecine. Cette introduction se poursuivra au début du XII siècle dans des centres situés à Tolède ville redevenue chrétienne, et dans plusieurs villes d'Italie qui reçoivent par ailleurs le savoir de Byzance, capitale de l'Empire romain d'Orient, ville de culture et de langue grecques.
Ce sont donc des États riches, irrigués par l'occident chrétien, structurés et détenteurs d'un savoir aussi avancé que celui du califat de Cordoue qui vont mener la Reconquista. L'intolérance religieuse et la violence d'Almanzor ont laissé des traces : les États espagnols bénéficient du soutien de la population dans les territoires repris.
La Reconquista chrétienne
Royaume des Asturies, vers 910 ap. J.-C. Roi Alphonse III des Asturies, (848 – 910)
La reconquête débuta en 1006 par la célèbre Bataille de Torà avec pour belligérants :
le Califat de Cordoue avec pour commandants Abd al-Malik al-Muzaffar
une alliance des comtes catalans partie de Besalú : Raymond Borrell de Barcelone, Armengol I d'Urgell, Bernat Taillefer de Besalú, et Guifred II de Cerdagne.
Ce tournant marquant de la Reconquista eut pour issue une déroute musulmane et le retour d'Abd al-Malik à Cordoue.
Après l'effondrement du califat omeyyade de Cordoue au XI siècle et son émiettement en une multitude de royaumes, le rapport de forces s'inversa, les divisions au sein de l'espace musulman devinrent également importantes. De plus, ils ne purent que rarement compter sur un soutien du reste du monde musulman, au contraire des chrétiens à partir de ** qui bénéficiaient de renforts réguliers venus notamment de France. Ces derniers parvinrent de ce fait à rétablir au fil de victoires et de reconquêtes leur domination sur la péninsule.
Les chrétiens profitèrent de l'émiettement des forces musulmanes et des rivalités chroniques entre les princes musulmans pour faire progresser la Reconquista. Déjà, bien avant sa fin et la victoire des Rois Catholiques, le roi Ferdinand I, après avoir uni en 1037 le Léon et la Galice à la Castille, avait manifesté, par son refus d'annexer la Navarre (1054), sa volonté de concentrer ses efforts contre les musulmans. Par ses offensives heureuses, il avait réduit au rang de tributaires les rois de Séville, Badajoz, Tolède, Saragosse, et élargi ses frontières dans toutes les directions. En 1063, le pape Alexandre II décidait alors l'octroi d'une indulgence spéciale à quiconque irait lutter contre les musulmans d'Espagne, et les chevaliers de France vinrent en nombre (Aquitains, normands, champenois notamment) se joindre à leurs pairs d'outre-monts, puisqu'il s'agissait d'une croisade. Ce fut au cours de luttes confuses qui opposèrent chrétiens aux Maures et à taïfa que la Reconquista gagna du terrain. Le 6 mai 1085, tout le royaume de Tolède fut annexé. Près de la moitié du territoire espagnol contemporain était sous souveraineté chrétienne.
L'Andalousie musulmane perdit son indépendance à la fin du XI siècle avec la conquête des Almoravides berbères, venus d'Afrique du Nord, qui donnèrent un coup d'arrêt à l'avance chrétienne à Sagrajas. Ce fut aussi la fin d'un âge d'or culturel : les Almoravides, Sahariens austères et rigides, favorisèrent les religieux aux dépens des poètes et des philosophes. Ils déportèrent des chrétiens au Maroc.
L'affaiblissement du sultanat almoravide entraîna une seconde vague de l'islam berbère, celle des Almohades, qui en 1147 dominaient le Maghreb et al-Andalus, après avoir infligé une défaite aux Castillans lors de la bataille d'Alarcos. Pratiquant leur religion avec une rigueur extrême, les Almohades se montrèrent particulièrement intolérants vis-à-vis des juifs et des chrétiens mozarabes (parlant arabe et arabisés), parfois révoltés et qu'ils expulsèrent
Mais cette contre offensive, dans le cadre d'un djihad, fut stoppée au XIII siècle lorsque les royaumes chrétiens s'unirent (Castillans, aragonais, navarrais, portugais et des contingent d'outre Pyrénées) et, soutenus par une nouvelle croisade, défirent les musulmans lors de la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212. En 1179, les princes chrétiens se partagèrent les terres à conquérir par le traité de Cazola ; la Castille profita ainsi d'un accès à la mer Méditerranée par Carthagène, ce qui stoppa l'expansion aragonaise. À partir de cette bataille, les musulmans se retrouvèrent en position de faiblesse jusqu'à leur défaite finale en 1492. Certains musulmans retournent au Maroc, cependant que de nombreux chrétiens dits mozarabes préférèrent rejoindre le nord chrétien ou se soulever.
En 1229, Jacques I d'Aragon enleva les Baléares, avec la conquête de Majorque, dont la capitale, Palma tomba le 31 décembre de cette même année 1229. La prise des îles fut déterminante pour le contrôle de la méditerranée, privant les maures d'une base centrale pour le contrôle du commerce maritime.
La prise de Cordoue (1236) et de Séville (siège de Séville (1248) (en)) par les Castillans fut complétée par les dernières campagnes de la Reconquista aragonaise (Valence) et portugaise (Algarve). Les musulmans ne dominaient plus que dans le royaume abencérage de Grenade qui représente moins d'un dixième de la péninsule. Les Almohades perdirent en particulier le contrôle du détroit de Gibraltar, de Tlemcen, Bougie, et Tunis.
Dans les derniers temps d'al-Andalus, la Castille - unie définitivement au Royaume de León depuis 1230 - avait une puissance militaire suffisante pour conquérir le royaume de Grenade, mais ses souverains préférèrent soumettre les taïfas à un tribut (« paria »). Ils taxaient ainsi à la fois le commerce de Grenade et la principale route de l'or africain de l'Europe médiévale, contribuant à affaiblir le royaume musulman.
La chute de Grenade, dernier bastion musulman
Datant du XIX siècle, ce tableau de Francisco Pradilla y Ortiz représente la reddition du roi feudataire de Grenade Muhammad XII Abû Abd Allah dit Boabdil.
Au XVème siècle, le territoire espagnol est divisé en trois royaumes chrétiens, la Navarre, la Castille (désormais unie au royaume de León), et l’Aragon. Le dernier royaume, celui de Grenade, est musulman. Le mariage entre Ferdinand II d’Aragon et Isabelle de Castille permet l'union des royaumes d'Aragon et de Castille, union qui elle-même apporte l'unification territoriale et politique de toute l'Espagne. Les royaumes chrétiens sont désormais tous unis : l’Aragon, la Castille et Léon, réunis au sein d’un seul état, signe l’émergence d’une nouvelle grande puissance.
Le royaume de Grenade, alors sous la forme de l'émirat de Grenade, avait été reconnu comme le vassal de la Castille depuis 1246 et ainsi devait lui payer un tribut. De temps en temps, éclataient des conflits à cause du refus de payer ; ce qui se terminait par un nouvel équilibre entre l'émirat maure et le royaume catholique. En 1483, Muhammad XII devient émir, dépossédant son propre père, événement qui déclencha les guerres de Grenade. Un nouvel accord avec la Castille, provoqua une rébellion dans la famille de l'émir et la région de Malaga se sépara de l'émirat. Málaga fut pris par la Castille et ses 15 000 habitants furent faits prisonniers ; ce qui effraya Muhammad.
Ce dernier, pressé par la population affamée et devant la suprématie des rois catholiques qui avaient même de l'artillerie, capitule le 2 janvier 1492, terminant ainsi onze ans d'hostilité pour Grenade et sept siècles de présence du pouvoir islamique en Espagne. Vaincu, Muhammad signe un traité et livre la ville au roi Ferdinand d’Aragon et à la reine Isabelle de Castille. La reddition de Boabdil met fin au royaume musulman de Grenade. La présence des populations musulmanes, les mudéjars (musulmans sous domination chrétienne) prit fin en 1609, lorsqu'elles furent totalement expulsées d'Espagne par Philippe III.
Selon la légende, quand les derniers musulmans rendirent la cité de Grenade aux catholiques, Boabdil se retourna vers Grenade et se mit à pleurer. Sa mère lui répliqua : « Tu pleures comme une femme ce que tu n'as pas su défendre comme un homme ».
Les combats menés depuis le VIIIe siècle contre les musulmans en vue de reconquérir les terres catholiques espagnoles s’achèvent donc avec la prise de Grenade. C'est à la suite de cette victoire qu'Isabelle et Ferdinand reçurent du pape Alexandre VI Borgia le titre de «Rois Catholiques».
La religion, moteur de la Reconquista
Au haut Moyen Âge, la lutte contre les Maures fut assimilée à une croisade spécifique à la péninsule Ibérique, générale pour la chrétienté. Des ordres militaires comme ceux de saint Jacques, de Calatrava, d'Alcántara ou d'Aviz furent fondés dans ce but, et même les Templiers ou y participèrent.
Les papes appelèrent à maintes reprises les chevaliers européens à la croisade dans la péninsule. La bataille de Las Navas de Tolosa (1212) vit la victoire d'une coalition d'Aragonais, de Français, de Navarrais, de Léonais, de Portugais, et des Castillans, ces derniers dirigeant les opérations sous les ordres de leur roi, Alphonse VIII.
Les chrétiens de langue castillane firent de saint Jacques le Majeur le saint patron de la Reconquista, sous le qualificatif de Santiago Matamoros (saint Jacques le Tueur-de-Maures). Il demeure aujourd'hui le saint patron de l'Espagne, bien que ce qualificatif soit né de son apparition guerrière, plus légendaire que miraculeuse, et que ce qui en relève soit contesté au sein même de l'Église. Les Catalans développèrent plutôt le culte de saint Georges (Sant Jordi), soldat romain qui, selon la légende, terrassa le dragon, avant d'être choisi comme saint patron de la Catalogne.
Le statut de dhimmi, condition inférieure d'une partie de la population, est né de la séparation, par les Arabes musulmans, des membres d'une société (ici la société espagnole) en communautés étanches, du fait d'un système ségrégationniste propre à l'islam (la dhimma). Ce régime juridique puis l'application d'un régime voisin dans les royaumes chrétiens, pendant la Reconquista, ne permirent jamais un vrai métissage entre chrétiens, musulmans et juifs.
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En Islam, « le régime de ’ahl al-dhimma [...] signifie que les populations concernées sont sous la protection (des musulmans). C'est un régime institué par la Sharî'a (la Loi) et qui considère les chrétiens comme des citoyens de deuxième zone ». Il n'y a rien d'équivalent dans les textes fondateurs du christianisme. Le régime qui était alors appliqué en Espagne est propre à la Reconquista et à ses conséquences.
Dès 1449, donc avant la chute de Grenade (1492) et jusqu'au milieu du XVI siècle, d'importantes institutions espagnoles, civiles ou ecclésiastiques, promulguèrent, chacune de leur côté, les décrets dits de la limpieza de sangre (« pureté du sang ») ayant pour but d'extirper d'Espagne les héritages musulmans et juifs. Mais l'objectif était d'ordre religieux et c'est l'appartenance réelle à une religion qui fut déterminante. La monarchie ne s'opposa pas à ces décrets, sans chercher à les généraliser. En 1492, les « rois catholiques », voulant imposer la foi chrétienne à l'ensemble du royaume (tous les sujets devant observer la même loi), prononcèrent l'expulsion des juifs d'Espagne non convertis, provoquant également un exil. Les musulmans non convertis furent expulsés en 1502. Ne restèrent alors en Espagne que de nouveaux convertis appelés les Morisques. Après différentes péripéties, ceux-ci seront définitivement expulsés, un siècle plus tard, en 1609 au motif qu'ils ne s'assimilaient pas et étaient suspectés d'aider leurs coreligionnaires du Maghreb lors d'attaques par mer.
Les vastes territoires attribués aux ordres militaires et à la noblesse sont à l'origine des actuelles grandes propriétés d'Andalousie et d'Estrémadure.
La société de la Reconquista
La Reconquista donna lieu à des phénomènes sociaux particuliers :
Les mozarabes sont les descendants des autochtones (Wisigoths, Ibères, Celtibères) qui ne se convertirent pas à l'islam mais parlent l'arabe. Certains émigraient vers le nord lors de persécutions et de révoltes. Il existe encore des messes de rite mozarabe (messe catholique de langue arabisante) dans la région de Valence.
Les muladis sont les chrétiens convertis à l'islam lors de la conquête.
Les renégats sont des chrétiens qui se convertirent à l'islam, parfois par contrainte, et qui participaient dans certains cas aux raids pirates contre les chrétiens (exemple: Jan Janszoon).
Les mudéjars sont les musulmans demeurant dans les terres reconquises par les chrétiens. Ils étaient surtout des paysans. Leur habitude architecturale donna lieu à un style fréquemment employé dans les églises que faisaient ériger leurs nouveaux seigneurs. Les descendants à partir de 1492 furent appelés moriscos (Morisques).
Les Morisques sont les musulmans restés en Espagne catholique apres la reconquete de Grenade. Ils sont convertis de force au catholicisme et représentaient près de 200 000-300 000 personnes dans la région de Valence et en Andalousie. Ils seront expulsés et deportés contre leur volonté à la fin du XVIe siecle par Philippe III
Les séfarades sont au sens strict du terme les descendants des juifs émigrés d'Espagne à la suite du décret de l'Alhambra pris par Isabelle la Catholique.
Les marranes ou conversos sont les juifs convertis officiellement au catholicisme (souvent sous la contrainte) et qui continuaient à "judaïser" secrètement. Persécutés par l'Inquisition, ils émigrèrent petit à petit ou abandonnèrent complètement leur judaïsme, à l'exception de quelques-uns au Portugal.
Aujourd'hui sur la côte méditerranéenne les fêtes de moros y cristianos (« Maures et chrétiens ») reconstituent ce conflit au travers de parades colorées.
Chronologie
711 : Bataille du Guadalete ; les musulmans pénètrent en Espagne.
718 : Le Wisigoth Pélage le Conquérant (Pelayo) défait le général maure Al Qama.
721 : Bataille de Toulouse remportée par Eudes, duc d'Aquitaine et de Vasconie.
722 : Bataille de Covadonga remportée par Pélage.
732 : Bataille de Poitiers, Charles Martel arrête la progression musulmane au nord des Pyrénées.
737 : Bataille de la Berre, les troupes de Charles Martel et wisigothes détruisent l'armée sarrasine en route vers la France et mettent fin à la colonisation arabe de Narbonne et du Languedoc.
750 : Les forces d'Alphonse I le Catholique, roi des Asturies, occupent la Galice abandonnée par les Berbères.
778 : Une partie de l'armée de Charlemagne est défaite à la bataille de Roncevaux par les Vascons ; mort de Roland.
785 : Les Francs prennent Gérone.
801 : Les Francs prennent Pampelune.
902-903 : Les Almoravides s'installent à Majorque, puis dans toutes les Baléares.
929 : L'émir de Cordoue prend le titre de calife.
1045 : Naissance de Rodrigo Díaz de Vivar, El Cid Campeador.
** : Croisade de Barbastro : des troupes venues de France - commandées par Guillaume VIII d'Aquitaine - et d'Italie interviennent à l'appel du pape ; la ville de Barbastro est prise en juin mais redevient musulmane l'année suivante.
25 mai 1085 : Alphonse VI de León prend Tolède. La reconquête de l’ancienne capitale wisigothe eut un effet considérable.
1086 : Les renforts des berbères almoravides permettent de vaincre Alphonse VI de León à la bataille de Sagrajas.
1094-1099 : Rodrigo Díaz de Vivar roi de Valence.
19 novembre 1096 : Pierre I d'Aragon remporte la bataille d'Alcoraz qui lui ouvre les portes de Huesca dont il fait sa nouvelle capitale.
30 mai 1108 : Bataille d'Uclès, les troupes castillanes sont mises en pièce, l'infant Sancho, héritier unique trouve la mort.
24 janvier 1110 : L'armée musulmane est écrasée à la bataille de Valtierra.
1117-1118 : Conquête du royaume de Saragosse par les Aragonais et leurs alliés Francs.
1119 : Prise de Tudèle, Borja, Tarazona et Soria.
1120 : Bataille de Cutanda remportée par les Aragonais et leurs alliés Francs face à une très forte armée musulmane.
1125-1127 : Expédition du roi d'Aragon pour aider les Mozarabes de Grenade qui assiègent la ville mais il doit se replier, ramenant avec lui quelque 10 000 Mozarabes.
1137 : Alphonse VII de Castille et de León s'intitule « empereur d'Espagne ».
1147 : Alphonse I de Portugal prend Santarém et Lisbonne.
1151 : Traité de Tudilén entre Alphonse VII de Castille, roi de Galice, de León et de Castille, et Raimond-Bérenger IV de Barcelone pour partager les zones d'influence et la conquête du sud et du levant.
1156 : Création de l'ordre d'Alcántara.
1158 : Création de l'ordre de Calatrava.
1170 : Création de l'ordre de Santiago.
1177 : Alphonse VIII de Castille prend Cuenca.
1179 : Traité de Cazola entre la Castille et l'Aragon.
1180 : Alphonse VIII de Castille s'empare de Plasencia (Estrémadure).
1195 : Victoire des troupes califales à la bataille d'Alarcos.
16 juillet 1212 : La bataille de Las Navas de Tolosa est remportée par une coalition d'Aragonais, de Castillans, de Portugais, de Français et de Navarrais.
1229 : Alphonse IX de León prend Cáceres.
1229 : Jacques I d'Aragon conquiert les Baléares, avec la conquête de Majorque.
1230 : Alphonse IX de León prend Badajoz et Mérida (Estrémadure). Il meurt peu de temps après, permettant à son fils, Ferdinand III de Castille, d'unir définitivement les deux royaumes.
1231-1288 : Protectorat aragonais sur Minorque.
1236 : Castillans et Léonais prennent Cordoue.
1237 : Les Aragonais remportent la bataille du Puig de Cebolla.
1238 : Conquête du royaume de Valence par Jacques I d'Aragon.
1243 : Ferdinand III de Castille impose un protectorat au royaume de Murcie.
1246 : Castillans et Léonais prennent Jaén.
1248 : Castillans et Léonais prennent Séville (siège de Séville (1248) (en)).
1248 : Soulèvement à Valence.
1249 : Alphonse III de Portugal prend Faro, fin de la Reconquista au Portugal.
** : Grande révolte mudéjar en Andalousie.
1275 : Soulèvement à Valence.
1480 : Inquisition espagnole.
2 janvier 1492 : les Rois Catholiques prennent Grenade, fin de la Reconquista.
31 mars 1492 : Décret de l'Alhambra.
Participants étrangers à la Reconquista
La Reconquista ne fut pas seulement l'affaire des Espagnols, de nombreux chevaliers de toute l'Europe y participèrent et le Portugal fut même fondé par un membre de la maison de Bourgogne.
Roger I de Tosny (Normand) (vers 1020).
Guillaume VIII d'Aquitaine, lors de la « croisade » de Barbastro (10**).
Robert Crispin (Normand), lors de la « croisade » de Barbastro (10**).
Ebles de Roucy (10**).
Raymond de Saint-Gilles (1087).
Rotrou du Perche en 1114.
Gaston IV de Béarn dit le Croisé à partir de 1105.
Guillaume IX d'Aquitaine en 1117.
Raymond de Bourgogne (1059-1107), second fils du duc de Bourgogne. Comte de Galice, se maria avec l'héritière de Castille et Leon Urraque de Castille, fille d'Alphonse VI de Castille.
Henri de Bourgogne (1066-1112), petit-fils de Robert I de Bourgogne. Comte de Portugal, se maria avec Thérèse de León (1080-1130), fille d'Alphonse VI de Castille, et eurent Alphonse Henriques fondateur du Portugal.
Robert Burdet (Normand) se taille une principauté autour de Tarragone (1128-1161).
Arnaud Amaury participe à la Bataille de Las Navas de Tolosa le lundi 16 juillet 1212.
Nuno Sanç accompagne le roi Jacques I d'Aragon lors de la conquête de Majorque (1229).
Oliver de Termes est un compagnon de Nuno Sanç à Majorque.
Chabert de Barbaira participe également à la conquête de Majorque.