La dyspnée (en latin dyspnoea, en grec dyspnoia de dyspnoos - court d'haleine) est une difficulté respiratoire. On distingue deux types de dyspnées : la difficulté à inspirer de l'air (ou faire entrer de l'air dans ses poumons), ou dyspnée inspiratoire, et la difficulté à expirer de l'air (ou faire sortir de l'air de ses poumons), ou dyspnée expiratoire. Cette difficulté à respirer comporte une composante subjective, représentée par la gêne éprouvée par le patient, et une composante objective.
Signes cliniques aperçus
Une respiration trop lente ou trop rapide.
Le tirage = utilisation des muscles accessoires. Il peut être sternal, intercostal ou sus-sternal. Le battement des ailes du nez est également un signe de difficulté respiratoire.
Wheezing = Bruit audible à l'expiration.
Différents types de dyspnée
L'analyse des différents types de dyspnée dépend de l'allongement du temps respiratoire impliqué.
Dyspnée expiratoire
L'asthme provoque typiquement une dyspnée expiratoire.
Obstruction des voies respiratoires ou obstruction partielle (système respiratoire)
Dyspnée inspiratoire
Le tirage est le signe de la dyspnée inspiratoire. Il se traduit par un creusement des tissus entourant la cage thoracique. On voit une dépression des espaces inter-costaux, des creux sus-claviculaires. La dyspnée inspiratoire se rencontre en présence de corps étrangers dans les voies respiratoires.
Dyspnée de Kussmaul
La dyspnée de Kussmaul présente quatre temps : inspiration, pause, expiration, pause. Elle est observée classiquement au cours de l'acidose métabolique diabétique.
Dyspnée de Cheyne-Stokes
Respiration cyclique, avec mouvements respiratoires dont l'amplitude et la fréquence augmentent progressivement, puis décroissent jusqu'à une pause respiratoire. Observée classiquement au cours de l'acidose urémique et certains comas neurologiques.
Causes
Les circonstances d'apparition de la dyspnée permettent une orientation diagnostique. Soit elle s'installe très rapidement (c'est une dyspnée aiguë), soit elle existe depuis longtemps (c'est une dyspnée chronique).
Dyspnée aiguë
Embolie pulmonaire
Œdème aigu pulmonaire (OAP)
Pneumothorax
Crise d'asthme
Pneumonie
Corps étranger
Laryngite
Croup
Traumatisme thoracique
Bronchite aiguë
Dyspnée chronique
Maladies cardiaques
L'essoufflement est un symptôme fréquent chez de nombreuses personnes atteintes d'insuffisance cardiaque.
Péricardite
Maladies respiratoires
Pneumonie
Mucoviscidose
Bronchite chronique
Hypertension artérielle pulmonaire
Fibrose pulmonaire
Atélectasie
Asthme
Dilatation des bronches
Broncho-pneumopathie chronique obstructive
Divers
troubles de la cage thoracique, par exemple cyphose, lésions d'une côte,
troubles des organes adjacents (pouvant rendre douloureux le mouvement respiratoire),
troubles du système nerveux,
troubles dus à des médicaments ou à des toxines,
hernie hiatale, dont la dyspnée est l'un des symptômes
symptômes d'apnée du sommeil (SAS)
pectus excavatum,
tabagisme...
Prise en charge
Du fait de la dyspnée, l'organisme ne peut pas « faire le plein d'oxygène », ce qui peut mettre en danger les fonctions vitales. Pour du personnel non médical (proche, témoin), la première action consiste, si la victime est consciente, à mettre la personne au repos, en position assise ou semi-assise (voir Position d'attente) : cela relâche les muscles abdominaux, et le poids tire les viscères vers le bas, ce qui facilite la respiration. Si la victime indique qu'il s'agit d'une maladie et qu'elle doit prendre un traitement, on l'aide à prendre son traitement ; sinon, ou si le traitement ne provoque pas d'amélioration, il convient d'alerter les secours. Si la personne est inconsciente, il convient de la mettre en position latérale de sécurité avant d'aller prévenir les secours, cette position permettant d'assurer le passage de l'air en attendant les secours médicalisés.
Dans le cas d'une équipe de secouristes organisés et équipés, l'utilisation d'un oxymètre permet de quantifier l'hypoxie et de compléter le bilan transmis à la régulation médicale. La victime est mise par principe sous inhalation d'oxygène, le débit étant adapté pour avoir entre 93 et 97 % de saturation capillaire ; si l'équipe ne dispose pas d'oxymètre, on utilise des débits normalisés (3 L/min pour un nourrisson, 6 L/min pour un enfant et 9 L/min pour un adulte).
Mesure de la dyspnée
Il existe deux façons reconnues de grader la dyspnée : l'échelle de la New York Heart Association (pour grader l'insuffisance cardiaque qui donne la dyspnée, x/4), et celle du British Medical Council (pour grader la dyspnée, x/5).
NYHA 1 = Asymptomatique
NYHA 2 = Limitation minime de la capacité d'effort : un effort inhabituel provoque palpitations ou dyspnée.
NYHA 3 = Limitation évidente de la capacité d'effort : un effort habituel provoque palpitations ou dyspnée.
NYHA 4 = Le patient est dyspnéique ou ressent des palpitations au repos.
BMC 1 = Le patient est essoufflé à l'effort intense.
BMC 2 = Il est essoufflé lorsqu'il marche vite ou sur une pente légère.
BMC 3 = Il marche plus lentement que les individus de son âge ou arrête pour reprendre son souffle lorsqu'il marche sur une surface plane.
BMC 4 = Il arrête pour reprendre son souffle après avoir marché 100 m.
BMC 5 = Trop essoufflé pour quitter la maison ou s'essouffle lorsqu'il s'habille, prend sa douche, etc.
Autres dysfonctionnements de la respiration
polypnée, respiration trop rapide (fréquence respiratoire supérieure à 15-20/min), avec un volume courant inférieur à la normale (500 mL)
tachypnée : respiration trop rapide, mais avec un volume courant normal.
bradypnée, respiration insuffisante, trop lente.
orthopnée, ou dyspnée de décubitus, respiration difficile en position allongée et facilitée en position assise ou debout, retrouvée fréquemment dans les cas d'insuffisance cardiaque gauche et d'œdème aigu du poumon.
platypnée, dyspnée en position assise ou debout
dyspnée paroxysmale nocturne, dyspnée au cours du sommeil, pouvant indiquer un œdème aigu du poumon (OAP).