La dépersonnalisation (quelques fois DP) est un symptôme dissociatif. Il s'agit d'un sentiment de perte de sens de soi-même, dans lequel un individu ne possède aucun contrôle de la situation. Le symptôme peut être ressenti pendant quelques secondes à la suite d'un stress intense et prolongé (notamment lors de crises d'angoisse). Les patients sentent avoir changé, une grande prise de recul par rapport à soi-même peut être ressentie. Ce symptôme apparaît souvent comme étant un mécanisme de protection de l'esprit contre une anxiété qu'il ne peut plus supporter. Malgré son caractère relativement bénin, le phénomène est très impressionnant et engendre de grands niveaux d'anxiété, ce qui peut renforcer le phénomène. La dépersonnalisation est une expérience subjective de déréalité de l'individu en lui-même, alors que dans le cas de la déréalisation c'est le monde extérieur qui apparaît étrange.
Bien que la majorité du corps médical perçoive actuellement la dépersonnalisation (soi-même) et la déréalisation (entourage) en tant que diagnostics indépendants, la minorité restante ne veut pas séparer la déréalisation de la dépersonnalisation.
Une patiente témoigne ainsi de cet état : « Je suis là et pas là. Je suis avec vous, mais ailleurs. C’est comme s’il y avait un voile, une sorte de brume entre le monde et moi[...] »
Description
Les individus souffrant de dépersonnalisation se sentent à la fois détachés du monde et de leur propre identité / incarnation physique. Souvent, les personnes ayant expérimenté la dépersonnalisation disent avoir l'impression que « la vie ressemble à un film, les choses paraissent irréelles, floues, sensation de vertige et de grosse fatigue. » Le sentiment d'identité de l'individu se brise (d'où le nom). La dépersonnalisation peut déclencher de grands degrés d'anxiété, qui peuvent augmenter de loin ces pe****tions.
La dépersonnalisation chronique désigne un trouble de la dépersonnalisation, et est classifiée dans le DSM-IV en tant que trouble dissociatif. Elle est avant tout un symptôme. Une dépersonnalisation et déréalisation empirique peuvent survenir chez un patient à cause d'une anxiété, un stress temporaire, tandis que la dépersonnalisation chronique est liée aux individus ayant fait l'expérience d'un traumatisme ou d'une anxiété, d'un stress prolongé. La dépersonnalisation-déréalisation est le seul symptôme principal dans le spectre des troubles dissociatifs, impliquant trouble dissociatif de l'identité et « trouble dissociatif non-spécifié » (DD-NOS). C'est également un symptôme proéminent dans certains troubles non-dissociatifs comme les troubles anxieux, les dépressions cliniques, les troubles bipolaires, les troubles de la personnalité borderline, les troubles obsessionnels-compulsifs (TOC), les migraines et l'agrypnie. Elle peut également survenir lors d'une ingestion de drogues.
Épidémiologie
La dépersonnalisation est le troisième symptôme psychologique dont la prévalence est inconnue, même si un auteur l'estime un peu moindre que celle des troubles anxieux et la dépression. La dépersonnalisation est un symptôme des troubles anxieux, comme le trouble panique. Elle peut également accompagner l'agrypnie (et survenir lorsqu'un patient souffre de décalage horaire), de migraine, d'épilepsie (spécialement d'épilepsie du lobe temporal), de trouble obsessionnel-compulsif (TOC), de stress et d'anxiété ; l'exposition intéroceptive est une méthode non-pharmaceutique qui peut être utilisée pour réduire la dépersonnalisation.
Causes environnementales et pharmaceutiques
La dépersonnalisation est un effet secondaire fréquent à la suite de l'ingestion de certains types de drogues, qui est alors considéré comme un "bad-trip". Elle survient après l'ingestion d'hallucinogènes dissociatifs ou de drogues psychédéliques, et peut également être un effet secondaire lié à la caféine, au cannabis et à la minocycline. Elle est un symptôme classique de sevrage chez certaines substances médicamenteuses. La dépersonnalisation est également susceptible de constituer l'une des conséquences à plus ou moins long terme d'une borréliose de Lyme non détectée voire insuffisamment traitée ou prise en charge tardivement.
La dépendance aux benzodiazépines, durant laquelle elle peut survenir en cas d'utilisation à long terme de benzodiazépine, peut induire la symptomatologie d'une dépersonnalisation chronique et de trouble de la pe****tion chez certains individus, même chez ceux qui prennent une dose modérée, et peut également être causée par le syndrome de sevrage aux benzodiazépines.
Traitement
Le traitement dépend de la cause qu'elle soit d'origine organique ou psychologique. Si la dépersonnalisation est le symptôme d'une maladie neurologique, alors le diagnostic et le traitement de cette maladie en sont la première approche. La dépersonnalisation peut être un symptôme cognitif comme la sclérose latérale amyotrophique, la maladie d'Alzheimer, la sclérose en plaques (SeP), la neuroborreliose (Borréliose), ou autre maladie neurologique infectant le cerveau. Pour ceux qui souffrent de dépersonnalisation accompagnée de migraine, des antidépresseurs tricycliques sont souvent prescrits.
Si la dépersonnalisation est la cause de symptômes psychologiques comme le traumatisme développemental, le traitement dépend du diagnostic. En cas de trouble dissociatif de l'identité ou de DD-NOS en tant que trouble développemental, le traitement requiert sa propre psychothérapie. Elle peut être un symptôme du trouble de la personnalité borderline, qui peut être traitée à long terme à l'aide de sa propre psychothérapie et psychopharmacologie.
Le traitement de la dépersonnalisation chronique est détaillé dans le trouble de la dépersonnalisation.