Le malgache (en malgache : malagasy) est la langue nationale et l'une des langues officielles de Madagascar. C'est depuis toujours une langue normalisée, principalement dérivée du dialecte parlé sur les hautes terres centrales. Elle est la plus occidentale des langues malayo-polynésiennes et donc des langues austronésiennes. Plus précisément, elle appartient au rameau dit « Grand Barito », dont les langues sont parlées à Kalimantan, la partie indonésienne de l'île de Bornéo, dans l'actuelle région de Banjarmasin, et comprennent notamment le ma'anyan, le samihim, le dusun deyah, mais aussi par des populations surnommées « nomades de la mer », les Bajau. Dans cette région, la langue dominante est aujourd'hui le malais, qui appartient à un autre rameau malayo-polynésien. Le malgache est également utilisé à Mayotte sous le nom de kibushi ou bushi (shibushi en mahorais) dans une vingtaine de villages.
Introduction
Vocabulaire Malgache (1773) (Collection BULAC)
Le malgache fait partie d'un ensemble linguistique comprenant plus d'une vingtaine de « variantes » locales, qualifiées habituellement de « dialectes ».
Sur le plan lexical, plus de 90 % du vocabulaire traditionnel de la langue malgache dont on peut identifier la filiation remonte à des origines austronésiennes. Le reste est d'origine bantou, arabo-swahili ou sanskrite. Et encore, ces derniers mots, totalisant pour chaque groupe quelques dizaines d'éléments à peine, sont en général cantonnés à des domaines d'activités particuliers. Ainsi les mots d'origine bantou se retrouvent surtout dans le domaine de l'élevage (tels que omby, ondry, akoho) et ceux swahilis celui de certains objets commerciaux, du calendrier et de la divination (alahady, adaoro, sikidy, etc.). Les plus anciens emprunts semblent ceux d'origine sanskrite à travers le malais (tsara, soa, sahaza, sandry, sisa, hetsy), remontant vraisemblablement au voisinage avec les navigateurs malais au cours du premier millénaire. Ce sont en effet les peuples malayophones qui, en Asie du Sud-Est ont été les premiers à subir l'influence des cultures indiennes.
L'écriture moderne de la langue malgache en alphabet latin fut fixée par décret le 26 mars 1823, à la suite d'une concertation entre le roi Radama I et les missionnaires britanniques qui venaient d'introduire l'imprimerie dans le royaume. Le principe retenu fut alors que les consonnes devaient s'écrire comme en anglais et les voyelles comme dans les langues latines. Auparavant, quelques lettrés du royaume utilisaient déjà l'alphabet arabe (sora-be ou « Noble écriture ») développé dans le sud-est de l'île.
Le fait que la langue malgache soit originaire d'Indonésie ne doit néanmoins pas faire hâtivement conclure que son ancêtre était ou s'écrivait comme le vieux-malais avec un alphabet de type indien.
La langue malgache possède un vocabulaire très riche (certains dictionnaires malgaches possèdent en effet plus de soixante mille mots). La richesse du vocabulaire la rend propre à exprimer avec précision les choses abstraites, la poésie et l'image. Le problème majeur de la langue malgache est qu'elle a un vocabulaire très restreint en ce qui concerne la science et les techniques.
Depuis le XIX siècle, la langue malgache a emprunté un nombre considérable de mots aux langues européennes, en particulier l'anglais et le français.
Dans l'aspect actuel de l'orthographe, qui comporte 21 lettres (à savoir les 26 lettres standards de l’alphabet latin moins le c, le q, le w, le u et le x), le o se prononce comme le « ou » français (encore que dans certaines régions, notamment dans les régions côtières — nord, nord-ouest, ouest... et pas que dans les campagnes —, il puisse aussi se prononcer comme en français). En revanche, la diphtongue ao tend à se prononcer comme un simple o. Le i se trouvant à la fin de chaque mot s’écrit toujours y. Le e est prononcé comme un é français. Pour les consonnes, le tr et le dr représentent des alvéolaires affriquées, proches du « tram » et du « dream » de l'anglais, avec davantage d'insistance sur le r. Le r est toujours roulé, comme en italien. Le g est dur, comme dans « gare ». Le s, est toujours sourd (comme le ss en français), et légèrement chuinté. Le ts se prononce comme dans « tsigane ».
L'accent tonique tombe en général sur l'avant-dernière syllabe du mot, à moins que celui-ci ne se termine en -ka, -tra, ou -na, auquel cas l'accent tombe sur l'antépénultième. Les voyelles inaccentuées se trouvant à la fin de chaque mot sont à peine prononcées.
Langues et dialectes à Madagascar
D'un point de vue linguistique, le « malgache » désigne un groupe de 11 dialectes étroitement apparentés et parlés par les 18 peuples malgaches et sur l’île de Mayotte. Le « malgache du plateau » est le malgache officiel, il est compris par la plupart de la population même si l'usage des dialectes reste courant.
Il y a cinq sous-groupes (similarité lexicale avec le malgache du plateau):
1 sous-groupe Le malgache du plateau, Le malgache betsimisaraka du Sud, Le malgache betsimisaraka du Nord, Le malgache tanosy (antanosy).
Le malgache du plateau,
Le malgache betsimisaraka du Sud,
Le malgache betsimisaraka du Nord,
Le malgache tanosy (antanosy).
2 sous-groupe Le malgache sakalava, Le malgache bara (69 %), Le malgache masikoro (72 %), Le malgache tandroy-mahafaly (antandroy) (62 %).
Le malgache sakalava,
Le malgache bara (69 %),
Le malgache masikoro (72 %),
Le malgache tandroy-mahafaly (antandroy) (62 %).
3 sous-groupe Le malgache antankarana (antakarana) (71 %).
Le malgache antankarana (antakarana) (71 %).
4 sous-groupe Le malgache tsimihety (tsimihety) (68 %).
Le malgache tsimihety (tsimihety) (68 %).
5 sous-groupe Le shibushi de Mayotte.
Le shibushi de Mayotte.
À Madagascar, l'unité administrative a instauré le « malgache officiel ».
Le groupe fait lui-même partie d'un sous-ensemble dit « oriental » dans le rameau barito de la branche malayo-polynésienne des langues austronésiennes. Les autres langues de ce rameau sont parlées dans les provinces indonésiennes de Kalimantan du Sud et Kalimantan oriental. Le malgache est donc d'origine indonésienne.
Les locuteurs eux-mêmes ont cependant des origines diverses et, comme la formation de chaque groupe ethno-linguistique peut remonter à plusieurs siècles (et même sans doute, plus d'un millénaire pour certains!), avec ensuite un isolement relatif dans un vaste espace, il est parfaitement normal que bien des différences soient apparues.
Dans d'autres parties du monde, des populations de même origine, habitant dans un espace restreint, pratiquant des langues héritant de vieilles traditions écrites mais séparées par des limites d'ordre administratif n'arrivent plus à communiquer avec aisance au bout de quelques siècles.
De manière très schématique, il semblerait ainsi que l'on pourrait répartir les manifestations linguistiques de Madagascar en deux grands ensembles, en partant des différences phonétiques. Le premier regroupe les « langues » ou « dialectes » du littoral occidental et méridional, et le second ceux du centre et de la bande orientale. Entre les deux cependant, bien des signes indiquent des interpénétrations, révélant des contacts ou des déplacements ultérieurs de populations, ce que confirment parfois les traditions historiques.
Exemples de comparaisons phylogénétiques
Une comparaison du vocabulaire de base à partir d'une adaptation de la liste Swadesh permet d'obtenir le tableau suivant :
(Adapté de: Pierre Vérin, Conrad P. Kottak et Peter Porlin (1969). « The Glottochronology of Malagasy Speech Communities.» Oceanic Linguistics 8:1.58)
(Voir dans langues malayo-polynésiennes un tableau comparatif présentant les étroites ressemblances entre la langue merina et d'autres langues de la même famille, à savoir le ma'anyan d'Indonésie, le malais-indonésien, le vieux javanais, le cebuano des Philippines, le futuna de la Polynésie occidentale et le proto-austronésien).
Français Malgache Malais-indonésien Tahitien terre tany tanah fenua (indonésien benua = "continent") ciel lanitra langit ra'i (rangi en paumotu) eau rano air (danau = "lac") vai feu afo api āuahi (afi, tongan) homme lehilahy, lahy laki-laki tane femme vehivavy, vaviny wanita, perempuan vahine manger mihinana, homana makan 'amu (kainga en maori) boire misotro (anciennement minoma) minum inu grand lehibe, ngeza, "be", maventy besar rahi petit kely, tity kecil iti nuit alina, Maizina malam po jour andro, matsana hari mahana
Nombres décimaux 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 PAN, circa 4000 av.J.-C. *isa *DuSa *telu *Sepat *lima *enem *pitu *walu *Siwa *puluq Tagalog isá dalawá tatló ápat limá ánim pitó waló siyám sampu Ilocano maysá dua talló uppát limá inném pitó waló siam sangapúlo Cebuano usá duhá tuló upat limá unom pitó waló siyám napulu Chamorro maisa/håcha hugua tulu fatfat lima gunum fiti guålu sigua månot/fulu Malais satu dua tiga empat lima enam tujuh lapan sembilan sepuluh Javanais siji loro telu papat limo nem pitu wolu songo sepuluh Fidjien dua rua tolu vā lima ono vitu walu ciwa tini Tonguien taha ua tolu fā nima ono fitu valu hiva -fulu Samoan tasi lua tolu fā lima ono fitu valu iva sefulu Māori tahi rua toru whā rima ono whitu waru iwa tekau (archaïque: ngahuru) Tahitien hō'ē piti toru maha pae ōno hitu va'u iva 'ahuru Marquisien e tahi e 'ua e to'u e fa e 'ima e ono e fitu e va'u e iva 'onohu'u Hawaïen kahi lua kolu hā lima ono hiku walu iwa -'umi Gilbertin teuana uoua tenua aua nimaua onoua itua wanua ruaiwa tebwina Malgache iray/isa roa telo efatra dimy enina fito valo sivy folo
Emprunts au malais et au javanais
Le malgache comprend de nombreux mots qui n'appartiennent pas aux autres langues barito, et sont des emprunts au malais, parfois au (vieux) javanais :
Mer et navigation
Malgache Français Malais trozona baleine duyung = dugong horita pieuvre gurita fano tortue penyu hara nacre karah = « moiré » fanohara espèce de tortue penyu karah = tortue imbriquée (Chelonia imbricata) vontana espèce de poisson ikan buntal = Ostraciidae, Tetraodontidae ou Diodontidae tona grosse anguille tuna = espèce d'anguille lamboara espèce de poisson lembuara = poisson géant vily petit poisson bilis = Anchois bombra (Stolephorus) hoala baie, crique kuala = estuaire rivotra vent, tempête (angin) ribut = tempête tanjona cap, promontoire tanjung andrefana ouest depan = devant atsinanana (avalaha) est belakang = derrière avaratra nord barat = ouest sagary vent du nord-est segara = mer (emprunté au sanskrit) varatraza vent du sud barat daya = sud-ouest tsimilotru vent du nord timur laut = nord-est harana corail karang sambo bateau, vaisseau sāmvaw (vieux malais, emprunté au khmer) nosy île nusa (javanais)
Métallurgie
Malgache |
Français |
Malais |
harafesina |
rouille |
karat besi |
firaka |
étain, plomb |
perak = argent |
landaizana |
enclume |
landasan |
Nombres et calendrier
Malgache |
Français |
Malais |
Javanais |
Sanskrit |
sisa |
reste |
sisa |
sisa |
çeṣa |
asotry |
hiver |
|
asuji = septembre-octobre |
açvayuja |
tantara |
histoire, légende |
tantra |
tantra |
tantra = doctrine, théorie |
hetsy |
100 000 |
keti |
keti |
koṭi = dix millions |
iray |
un |
satu |
siji |
roa |
deux |
dua |
loro |
telo |
trois |
tiga |
telu |
efatra |
quatre |
empat |
papat |
dimy |
cinq |
lima |
lima |
enina |
six |
enam |
anem |
fito |
sept |
tujuh |
pitu |
valo |
huit |
delapan |
wolu |
sivy |
neuf |
sembilan |
sanga |
folo |
dix |
sepuluh |
|
iraika ambin'ny folo |
onze |
sebelas |
solas |
roa ambin'ny folo |
douze |
dua belas |
|
telo ambin'ny folo |
treize |
tiga belas |
|
efatra ambin'ny folo |
quatorze |
empat belas |
|
dimy ambin'ny folo |
quinze |
lima belas |
|
enina ambin'ny folo |
seize |
enam belas |
|
fito ambin'ny folo |
dix-sept |
tujuh belas |
|
valo ambin'ny folo |
dix-huit |
delapan belas |
|
sivy ambin'ny folo |
dix-neuf |
sembilan belas |
|
roapolo |
vingt |
dua puluh |
rong puluh |
telopolo |
trente |
tiga puluh |
|
efapolo |
quarante |
empat puluh |
|
dimampolo |
cinquante |
lima puluh |
|
enimpolo |
soixante |
enam puluh |
|
fitopolo |
soixante-dix |
tujuh puluh |
|
valopolo |
quatre-vingts |
delapan puluh |
|
sivyfolo |
quatre-vingt-dix |
sembilan puluh |
|
zato |
cent |
(se)ratus |
satus |
roanjato |
deux cent |
dua ratus |
rong atus |
telonjato |
trois cent |
tiga ratus |
telung atus |
efajato |
quatre cent |
empat ratus |
patang atus |
dimanjato |
cinq cent |
lima ratus |
|
eninjato |
six cent |
enam ratus |
|
fitonjato |
sept cent |
tujuh ratus |
|
valonjato |
huit cent |
delapan ratus |
|
sivinjato |
neuf cent |
sembilan ratus |
|
arivo |
mille |
seribu |
sewu |
alina |
dix mille |
|
|
hetsy |
cent mille |
|
|
tapitrisa |
un million |
|
|
Malgache |
Arabe |
Français |
alatsinainy |
لاثنين (Al-Ithnayn) |
lundi |
talata |
الثلاثاء (Al-Thoulatha) |
mardi |
alarobia |
الأربعاء (Al-Arbai'a) |
mercredi |
alakamisy |
الخميس (Al-Khamis) |
jeudi |
zoma |
الجمعة (Al-Joma'a) |
vendredi |
sabotsy |
السبت (Al-Sabt) |
samedi |
alahady |
الأحد (Al-Ahad) |
dimanche |
Parties du corps
Malgache |
Français |
Malais |
nify |
gencive, dent |
gigi = dent |
bibity |
pénis |
butuh |
takolaka |
joue |
pipi |
molotra |
lèvre |
mulut = bouche |
voavitsy |
mollet |
buah betis |
sofina |
oreille |
cuping = lobe |
tratra |
poitrine |
dada |
karana |
squelette |
kerangka = squelette |
valahana |
reins |
belakang = derrière |
lamosina, lambosy |
dos, (derrière) |
lamungsir (vieux javanais) = (morceau de viande de) derrière, lambosie (minangkabau) = épaule du bœuf |
Phonologie
Voyelles
|
Avant |
Milieu |
Arrière |
Haute |
i (i, y) |
|
u (o) |
Moyenne |
e (e) |
|
|
Basse |
|
a (a) |
|
Consonnes
Bilabiale Labio-dentale Dentale Alvéolaire Rétroflexe Vélaire Glottale Occlusive ou affriquée Sourde [p] (p) [t] (t) [t͡s] (ts) [ʈʂ] (tr) [k] (k) Voisée [b] (b) [d] (d) [d͡z] (j) [ɖʐ] (dr) [ɡ] (g) Sourde prénasale [ᵐp] (mp) [ⁿt] (nt) [ⁿt͡s] (nts) [ⁿʈʂ] (ntr) [ŋk] (nk) Voisée prénasale [ᵐb] (mb) [ⁿd] (nd) [ⁿd͡z] (nj) [ⁿɖʐ] (ndr) [ᵑɡ] (ng) Fricative Sourde [f] (f) [s] (s) [h] (h) Voisée [v] (v) [z] (z) Nasale [m] (m) [n] (n) Latérale [l] (l) Roulée [r] (r)
Les alvéolaires s, z et l sont légèrement palatalisées. Tandis que les vélaires k et g sont palatalisées après /i/ comme dans alika qui se prononce [a'likʲə̥] (chien) ; dans l'ancienne orthographe malagasy datant du XIX siècle, ces palatalisations étaient marquées par un i après le k, ce qui donnait alikia qui se prononce [a'likʲə̥].
L’accent tonique porte en général sur l’avant-dernière syllabe, sauf pour les mots se terminant par ka, tra ou na, auquel cas l’accent porte sur l’antépénultième syllabe. Cette règle s'applique sur les radicaux mais s'applique rarement aux substantifs formées à partir du verbe.
Les lettres o, y et a sont souvent amuïes lorsqu'elles sont après l'accent tonique. Respectivement, elles labialisent et palatalisent les consonnes les précédant, quant au a, sa prononciation est très proche du [ə̥] (schwa muet).
Écriture et prononciation
Le malgache s’écrit avec l’alphabet latin depuis 1823. L’alphabet malgache comporte 21 lettres :
a, b, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, r, s, t, v, y, z.
L’orthographe est à peu près phonétique :
« i » et « y » représentent le phonème /i/ (« y » est utilisé en final, « i » partout ailleurs). Suivant les différents accents régionaux, le y peut se prononcer /e/ comme le « é » en français.
« o » se prononce /u/ comme le « ou » en français.
« tr » et « dr » représentent respectivement les phonèmes affriqués /ʈʂ/ et /ɖʐ/.
« ts » et « j » représentent respectivement les phonèmes /t͡ʂ/ et /d͡ʐ/.
Le « h » est généralement muet.
Les voyelles, quelles qu'elles soient, sont généralement muettes en fin de mot. Exemples de prononciation : dites 'Mass' pour Maso et 'Lanitch' pour lanitra.
L’alphabet sorabe
Avant l'adoption de l'alphabet latin au début du XIX siècle, les Malgaches utilisaient un alphabet d’origine arabe, l’écriture `ajami ou Sora-be, était utilisé pour les textes d’astrologie et de magie. Le mot sorabe vient de soratra, « écrire », et be, grand. Le mot soratra vient lui-même du malais et du javanais surat, « texte écrit », ce qui laisse supposer que la notion d’écriture a été introduite à Madagascar par des « Indonésiens », probablement des Javanais. On constate en effet par exemple que dans les sorabe, les lettres arabes « dāl » et « ta » sont respectivement réalisées par un point souscrit aux lettres « d » et « t », tout comme l’alphabet pegon, version javanaise de l’écriture arabe, respectivement les rétroflexes « ḍ » et « ṭ », distinctes du « d » et du « t » en javanais. Ce trait laisse supposer que les Malagasy ont appris l’écriture arabe des Javanais.
Si tel est le cas, ce processus a dû avoir lieu lors de contacts poursuivis après la période des migrations d’« Indonésiens » à Madagascar. Un trait du lexique malgache laisse penser que les contacts avec les Malais et les Javanais se sont poursuivis à l’époque où l’influence de l’islam a commencé à être sensible en Indonésie. Par exemple, le mot malagasy sombily, « égorger (un animal) », vient du malais sembelih, « égorger selon le rite musulman », qui est lui-même une corruption de l’expression arabe b’ismi’llahi [bεsmεlæh], « au nom de Dieu », prononcée au moment où l’on égorge l’animal. Le mot malgache ne vient pas de l’arabe, qui a un autre mot pour égorger, mais d’Indonésie à une époque où l’islam imprégnait déjà la société.
Mini-lexique du malgache
Attention ces mots comportent leurs subtilités selon le contexte : Tia= aimer = avoir envie de faire
Afo (motro) = feu
Aiza = où
Akondro (fontsy, katakata, kida) = banane
Alika (Amboa) = chien
Aloha = devant
Amany = urine
Ambany = vers le bas
Ambony = vers le haut
Ankavanana = à droite
Ankavia = à gauche
Antsy = couteau
Aoriana (Afara) = derrière
Avaratra = nord
Atsimo = sud
Andrefana = ouest
Atsinanana = est
Avo = haut
Azafady = pardon, s'il vous plaît
Betsaka, (maro) = beaucoup
Dipoavatra = poivre
Dokotera = docteur
Eny, ie, eka, ia = oui
Fahasalamana = santé (salama = en bonne santé)
Faly (ravo) = heureux
Fanafody = médicament
Fiara = véhicule
Firy ? = combien
Fohy = bas, court
Goaika = corbeau
Hady = fossé
Hena = viande
Inona = quoi, qu'est-ce
Iza = qui est-ce
Jamba = aveugle (jambena = aveuglé)
Jiro = lumière
Jôro (vavaka, dialectal) = prière
Kely (hely) = petit, peu (# Maventy, maro)
Lahy = mâle, masculin
Lakana = navire, pirogue
Lanitra = ciel
Lava = long
Lehibe = grand
Lehilahy = homme/garçon
Loha = tête
Loza = danger
Madio = propre
Mahay = qui sait, savoir
Maivana = léger
Maloto, makota = sale
Mamy = sucré, doux
Manana = avoir
Manahoana (manaôna) = m'bola tsara (encore bien) = manakory = comment ça va, bonjour, salut
Manavy = avoir de la fièvre
Manify = mince
Maraina = marandraigny = matin
Marary, manavy, maôly = malade
Masina = saint, salé; Rano+masina = La mer (eau salée)
Masiso, Mavitro = odeur avariée (prononciation massissou, mavitrou)
Maso = œil(ou yeux)
Masoandro(mot à mot : « Œil[du]Jour ») = Soleil
Matevina = épais
Maty = mort
Mavesatra = lourd
Mianatra = étudier
Miantso = appeler
Miarahaba = saluer
Miasa = travailler
Mihinana, Misakafo, = manger
Misaotra = merci (+ indrindra = merci beaucoup)
Misotro, Migaka = boire
Misy = il y a
Miteny = parler
Mitomany = pleurer
Mofo = pain (mofomamy = gâteau, pâtisserie)
Mosary = famine (avoir faim, dans le langage du Nord)
Noana = avoir faim
Nisotro = avoir bu
Nosotroina = qu'on a bu
Orana = pluie
Oroka, Bâ kely = bisou
Ohatrinona = combien ça coûte
Otra = massage
Paiso = pêche
Peta-drindrina = affiche
Peratra = bague
Poritra = pressé, comprimé, envie pressante (de faire ses besoins)
Rano = eau
Ranomasina = mer
Rahampitso (amaray) = demain
Rivotra = air, vent
Saka = chat
Sakafo = le repas
Sakay = piment
Sakamalaho, sakay tany = gingembre
Sambo = bateau
Sira = sel; Sira+mamy = sucre
Sifotra = escargot
Sy = et
Tay = fecès
Tany = terre
Tia = aime
Toetr'andro = climat, météo
Tompoko → forme de politesse pouvant se traduire par monsieur/madame, exemple : veloma tompoko (se prononce : vélouma toumpouk)= au revoir madame/monsieur [Tompo = maître, seigneur ; -ko = mon]
Trano = maison
Tsara fa misaotra = bien merci (en réponse à manahoana = comment çà va)
Tsia = non
Trondro (laoko) = poisson
Vary = riz
Vato = pierre (vatokely = caillou)
Vehivavy = Viavy = vaiavy = femme/fille
Veloma = au revoir
Velona = vivant, en vie
Vintsy = sorte de martin-pêcheur
Vizaka, vizana, reraka, kajo = fatigué
Vitsy = peu
Voasary = orange
Voasary makirana(tsao matsioko) = citron
Voatabia = tomate
Vola = argent, monnaie
Vonjeo = au secours
Vavy = femelle
Zafikely = petit-enfant
Zanahary = Dieu
Zanaka = enfant
Zavatra = chose
Zovy = qui est-ce