Mythomanie Classification et ressources externes CIM-10 F60.8 Mise en garde médicale
La mythomanie (du grec μυθος, « fable », et μανια, « folie ») également désignée par le terme de « pseudologia fantastica » ou « mensonge pathologique », désigne selon certains psychiatres comme dans le grand public une propension au mensonge compulsif.
Histoire
Ce comportement a été décrit pour la première fois par le psychiatre Anton Delbrück (de) en 1891. Le terme a été réutilisé en 1905 par l'aliéniste Ernest Dupré pour entre autres décrire un des traits de l'hystérie. Il désignait ainsi une « tendance constitutionnelle présentée par certains sujets à altérer la vérité, à mentir, à imaginer des histoires (fabulations) enfin à imiter des états organiques anormaux » qu'il voyait comme des simulations, d'où le lien à l'hystérie.
La mythomanie peut être décelée chez l'enfant, Dupré l'ayant décrit de manière détaillée, censée évoluer plus ou moins naturellement vers une meilleure appréhension de la réalité, alors que la mythomanie de l'adulte peut s'associer à l'hystérie, à d'autres névroses, aux perversions ou même aux psychoses. En psychiatrie, et à part pour Dupré, la mythomanie est rarement considérée comme un symptôme isolé, ce qui fait que le concept est la plupart du temps traité en association avec les autres troubles auxquels elle est associée.
Le terme n'est plus beaucoup utilisé en psychiatrie. Il n'existe pas dans les dernières classifications. Les recherches actuelles sur les syndrome de conversion montrent que cette pathologie fonctionnelle cérébrale est différente d'une simple simulation.
Prévalence
Une étude démontre qu'un délinquant juvénile sur 1 000 serait mythomane. L'âge d'apparition moyen est de 16 ans et ce trouble comportemental serait aussi bien répandu chez les hommes que chez les femmes. 40 % des cas rapportés proviendraient d'une anomalie du système nerveux (par exemple une épilepsie, un traumatisme crânien ou une infection du système nerveux).
Description
Le mensonge désigne l'acte de donner intentionnellement une fausse information. Certains individus le font même sans exprimer aucune crainte. Le mensonge pathologique peut avoir des effets néfastes (faux jugements notamment) dans la vie de l'individu et de son entourage. Le mensonge excessif est communément perçu chez les patients atteints de troubles mentaux. Les individus souffrant de trouble de la personnalité antisociale utilisent le mensonge dans le but de tirer profit de leur entourage. Certains individus souffrant de trouble de la personnalité borderline mentent pour attirer l'attention sur eux en clamant qu'ils sont délaissés ou maltraités. Le mensonge pathologique peut survenir parfois lorsqu'un individu ment sans pour autant tirer profit de ce mensonge.
Il existe de nombreuses conséquences chez les patients qui mentent d'une manière abusive. Vu le manque de confiance qu'entraînent ces mensonges, l'entourage du patient peut se défier de la personne. Si ce comportement persiste, les conséquences du mensonge peuvent s'avérer catastrophiques voire criminelles. Certaines études suggèrent que les individus auraient une « prédisposition à mentir. »
Classifications psychiatriques
Les classifications actuelles ne considèrent pas toutes la mythomanie comme une pathologie. La Classification Internationale des Maladies (CIM-10) la classe dans les autres troubles de la personnalité qui sont des caractéristiques propres à chaque individu qu'il garde tout au long de sa vie. Sa définition n'en est pas donnée dans la classification dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV).
Diagnostic différentiel
Trouble factice ou simulation
Syndrome de conversion
Délire dont la schizophrénie et les troubles bipolaires
Affabulations comme dans le syndrome de Korsakoff
Anosognosie
Faux souvenirs induits
Prise en charge
La psychothérapie semblerait être la seule méthode efficace pour remédier au mensonge pathologique. Aucune recherche n'a été menée concernant un éventuel traitement pharmaceutique. Actuellement, il n'existe aucune étude sérieuse concernant un traitement efficace contre la mythomanie.
Personnages historiques ou fictionnels
Certaines personnalités notables ont été qualifiées de mythomanes et incluent :
George Psalmanazar, dit L'Homme de Formose (1679-1763)
Mary Baker (en), dite Princesse Caraboo (1791 - 1864)
Sir Edmund Backhouse, baronettus, dit L'Ami des plus Grands (1873 - 1944)
Jean-Claude Romand, un homme pris dans l'engrenage du mensonge, qui a abattu sa famille en 1993. Son histoire est racontée par Emmanuel Carrère dans L'Adversaire (2000), reprise par un film de Nicole Garcia avec Daniel Auteuil dans le rôle principal ;
Brian Blackwell, meurtrier anglais ;
marginalement : le 9 juillet 2004, une jeune femme défraie la chronique en France en déclarant s'être fait agresser avec son bébé dans le RER D francilien. L'affaire fit la une des journaux et plusieurs personnalités politiques s'exprimèrent sur le sujet. La police découvrit dès la semaine suivante qu'il s'agissait d'une invention accompagnée d'auto-mutilations.
La mythomanie est par ailleurs un thème fréquemment utilisé dans la littérature. On peut notamment citer :
Tartarin de Tarascon, héros d'Alphonse Daudet ;
Nelly, marquise de Fontranges dans le roman de Jean Giraudoux La Menteuse ;
Faux-jour, d'Henri Troyat, vie et décadence d'un entrepreneur mythomane.
La mythomanie est aussi abordée au cinéma ou dans les séries télévisées :
Dans le film Arrête-moi si tu peux, le personnage de Franck Abagnale, Jr. est un mythomane qui utilise ses mensonges à des fins d'imposture. Frank Abagnale, Jr. a réellement existe.
Dans le film Menteur, menteur, le personnage de Fletcher Reede joué par Jim Carrey ne peut s'empêcher de mentir