Une page de l'Ancien Testament tirée de la Bible de Gutenberg, composée à partir de la Vulgate de saint Jérôme (vers 1555).
L'Ancien Testament ou Ancienne Alliance (en grec : ἡ Παλαιὰ Διαθήκη / hê Palaià Diathếkê) est l'expression utilisée dans la tradition chrétienne pour désigner l'ensemble des écrits de la Bible antérieurs à Jésus-Christ. L'Ancien Testament est donc la Bible juive (également appelée Bible hébraïque ou Tanakh). Pour les chrétiens, il forme la première partie de la Bible, la deuxième partie, appelée Nouveau Testament, étant constituée de l'ensemble des livres relatifs à la vie de Jésus-Christ (Évangiles, Actes des Apôtres, Épîtres, Apocalypse).
Étymologie
Le mot testament vient du latin testamentum (testament ; témoignage), lui-même traduit du grec διαθήκη / diathếkê (testament, contrat, convention). Dans un sens religieux, testament signifie « alliance ».
Origines
Ce que les chrétiens appellent Ancien Testament provient d'un ensemble de textes religieux rédigés pour sa très grande majorité à l'origine en hébreu et qui nous est parvenu sous la forme de copies. Le reste a été écrit en araméen ou en grec (tous les livres du Nouveau Testament ont été rédigés en grec).
Un certain nombre de ces écrits composent la Bible hébraïque, nommée TaNaK ou Tanakh, par abréviation des noms en hébreu des parties qui le composent : Torah (la Loi), Neviim (les Prophètes), Ketouvim (les Écrits).
Cette Bible hébraïque est traduite en grec à partir du milieu du III siècle av. J.-C., en commençant par le Pentateuque (Torah). Cette traduction grecque, connue sous le nom de Septante, est largement utilisée par la communauté juive d'Égypte. Au fil du temps, elle s'étoffe d'autres livres. Vers 132 av. J.‑C., la Loi et les Prophètes sont déjà traduits en grec. D'autres livres (notamment les Écrits) sont ensuite encore traduits de l'hébreu, mais certains livres sont aussi directement rédigés en grec, si bien que les textes religieux en hébreu et en grec divergent.
L'Église chrétienne primitive se fonde sur cette version grecque des Septante. C'est pourquoi son Ancien Testament comprend, en plus des livres du Tanakh juif, d'autres livres ainsi que quelques compléments dans les livres d'Esther, Daniel… Ces textes sont appelés livres deutérocanoniques par l'Église catholique. Les Églises orthodoxes, qui les reconnaissent comme canoniques, ne les désignent par aucun terme particulier.
Les Églises protestantes ont un Ancien Testament calqué sur la Bible hébraïque.
La version latine de l'Ancien et du Nouveau Testaments en usage dans l'Église est composée par saint Jérôme de 392 à 410. Elle porte le nom de Vulgate.
Jean-Louis Ska, jésuite et professeur d'Ancien Testament, parle de bibliothèque nationale, comparable par le concept et non les dimensions, aux bibliothèques d'Alexandrie, du roi Assurbanipal à Khorsabad et aux archives de plusieurs cités antiques retrouvées par des archéologues. Dans le second livre des Maccabées (I siècle av. J.-C.), on trouve la mention d'une bibliothèque fondée par Néhémie. Judas Maccabée recueille les livres les plus importants pour Israël et les met à la disposition de la communauté hébraïque d'Égypte (2M 2,13-15).
Canon
Il est difficile de situer le moment à partir duquel l'Ancien Testament est constitué en canon par les chrétiens. Au II siècle, l'Église de Rome décide de rejeter l'hérésie de Marcion, qui prétend supprimer toute référence aux écrits vétéro-testamentaires. Ce n'est que plus tard que le canon de la Bible chrétienne est constitué.
Le plan du canon de l'Ancien Testament selon la Septante est le suivant :
Pentateuque (Torah) : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome
Les livres historiques : Josué, Juges, Ruth, I-II Samuel, I-II Rois, I-II Chroniques, Esdras, Néhémie, Esther, Tobit*, Judith*, I-II Maccabées*
Les Hagiographes : Livre de Job, Psaumes, Proverbes, Ecclésiaste, Cantique des Cantiques, Sagesse de Salomon*, Ecclésiastique*
Les Prophètes : Esaïe, Jérémie, Lamentations, Baruch*, Ezéchiel, Daniel, Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habaquq, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie
Les livres dits « deutérocanoniques » dans l'Église catholique sont signalés par une *.
Différences avec le Tanakh
L'Ancien Testament chrétien comprend des écrits qui ne se trouvent pas dans le Tanakh, comme les « deutérocanoniques » des catholiques et des orthodoxes. Ces derniers sont appelés Apocryphes par les protestants, et sont transmis par la traduction grecque des Septante. Il s'agit de Tobie, du Livre de Judith, certains chapitres d'Esther, 1-2 Maccabées, certains chapitres de Daniel, Sagesse, Ecclésiastique (Siracide) et Baruch.
De plus, l'ordre et l'organisation des livres ne sont pas les mêmes. Le Tanakh est divisé en trois parties :
La Torah (« instruction », « enseignement », « loi »), c'est-à-dire le Pentateuque : Genèse, Exode, Lévitiques, Nombres, Deutéronome
Les Nevi'im (Josué, Juges, 1-2 Samuel, 1-2 Rois) et prophètes postérieurs majeurs (Isaïe, Jérémie, Ézéchiel) et mineurs (Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahoum, Habaquq, Sophonie, Aggée, Zacharie et Malachie)
Les écrits : Psaumes, Proverbes, Livre de Job, les « rouleaux » (Ruth, Cantique des Cantiques, Qohélet ou Écclésiaste, Lamentations, Esther), Daniel, Esdras et Néhémie, 1-2 Chroniques (l'ordre des livres dans cette troisième catégorie peut varier).
Dans l'Ancien Testament, Job, Psaumes, Proverbes et Ecclésiastique (Siracide) sont placés dans les livres historiques. Ensuite viennent les livres prophétiques : quatre prophètes majeurs :
Isaïe : Livre d'Isaïe
Jérémie : Livre de Jérémie
Anonyme : Livre des Lamentations
Baruch : Livre de Baruch
Ézéchiel : Livre d'Ézéchiel
Daniel : Livre de Daniel
et les douze petits prophètes.