Homme de Vitruve, par Léonard de Vinci.
L'anthropologie est la branche des sciences qui étudie l'être humain sous tous ses aspects, à la fois physiques (anatomiques, morphologiques, physiologiques, évolutifs, etc.) et culturels (socio-religieux, psychologiques, géographiques, etc.). Elle tend à définir l'humanité en faisant une synthèse des différentes sciences humaines et naturelles. Le terme anthropologie vient de deux mots grecs, anthrôpos, qui signifie « homme » (au sens générique), et logos, qui signifie parole, discours.
Cette discipline vise particulièrement les faits spécifiques à l'humain par rapport aux autres animaux (faits anthropologiques comme homo ou anthrôpos) : langages articulés et figuratifs, rites funéraires, politiques ou magiques, arts, religions, coutumes, parenté, habitats, techniques corporelles, instrumentales, de mémorisation, de numération, de représentations spatiales et temporelles, etc. Elle s’appuie notamment sur l’étude comparative des différentes sociétés et ethnies décrites par l'ethnologie, et envisage l'unicité de l'esprit humain à travers la diversité culturelle.
L'ethnographie est la branche de la discipline qui s'occupe de la collecte méthodique des données sur le terrain. Elle peut utiliser le dessin, la photographie, la notation musicale et la collecte d'objets.
Traditions
Il existe diverses traditions anthropologiques antiques, puis modernes (allemande, anglo-saxonne, française, etc). Les plus discutées sont actuellement l’anthropologie sociale britannique (James George Frazer, Bronisław Malinowski, Alfred Reginald Radcliffe-Brown, Edward Evan Evans-Pritchard) et l’anthropologie culturelle américaine (Lewis Henry Morgan, Franz Boas, Marvin Harris, Clifford Geertz, Margaret Mead, Ruth Benedict). L'anthropologie américaine attache beaucoup d'importance aux aspects culturels des langues et des modes de pensée et d'action. Il y a eu un Institut d'Anthropologie à Washington DC pour aider les autorités fédérales dans leurs relations avec les pays étrangers et les contacts transculturels. Il semblerait que la sociologie soit, dans cette perspective américaine, une réduction de l'anthropologie à une société singulière dans un espace et un temps particulier.
Le modèle anglo-saxon est axé sur la multidisciplinarité et divise traditionnellement l’anthropologie en quatre sous-disciplines :
l'anthropologie biologique (également appelée anthropobiologie ou bioanthropologie) étude du mode de transmission, des causes et des effets des variations biologiques et de leur évolution chez les groupes humains;
l'ethnologie ou anthropologie sociale et culturelle, l’anthropologie sociale (surtout en Europe) s’intéresse entre autres à l’étude de la parenté, de la politique et de l’organisation sociale tandis que l’anthropologie culturelle (surtout aux États-Unis) étudie les mœurs, la religion et les autres aspects symboliques des sociétés humaines ;
l'archéologie, qui étudie les sociétés humaines passées à travers les vestiges matériels qu’elles ont laissés derrière elles ;
l'ethnolinguistique ou anthropolinguistique, qui se penche sur la variabilité linguistique à travers les différentes sociétés humaines et qui voisine dès lors avec la sociolinguistique et la dialectologie.
En France, les travaux structuralistes de Claude Lévi-Strauss ont exercé une grande influence. Il a aussi contribué fortement à institutionnaliser cette discipline en France.
Thématiques
Humain et nature
Homo sapiens
Théorie de l'évolution
Primatologie comparée
Écologie humaine
Paléoanthropologie
Anthropologie politique
Anthropologie des mondes contemporains
Discipline anthropologique
L'anthropologie dans son étude de l'être humain s'intéresse à sa diversité biologique et à sa diversité culturelle d'un point de vue synchronique (contemporain) et diachronique (à travers le temps). Ainsi, cette discipline est formée de quatre parties ou sous-disciplines.
Étude de la diversité culturelle Étude de la diversité biologique étude diachronique Archéologie Paléoanthropologie étude synchronique Ethnologie Anthropologie physique
Ethnologie
Ethnos en grec signifie « peuple », quand Anthropos signifie « homme » . Il n'y a pas de différence dans l'objet de l'ethnologie et l'anthropologie sociale, soit l'Homme et ses origines, sinon une différence de terminologie essentiellement européenne et américaine. Pour faire une analogie, l'ethnologie s'apparenterait à la sociologie des populations primitives, alors que l'anthropologie a pour objet l'étude de l'homme dans son ensemble, y compris sa caractéristique essentielle dans le monde animal : ses capacités de socialisation. Par ailleurs, archétypes, coutumes et langages sont décrits et étudiés plus particulièrement par l'ethnographie ou ethnologie. Anthropologie et ethnographie sont donc deux sciences complémentaires très imbriquées l'une dans l'autre.
Modèles et codes sociaux
La culture
L'ethnie
L’appartenance ethnique
Les échanges culturels
Les réseaux sociaux
La hiérarchie
Les genres et sexes
Les mœurs
Le droit
La socialisation et l’éducation
La bienséance et l'étiquette
L'ethnolinguistique : voir Discours, Parole
L'anthropologie de l'image ou (anthropologie visuelle) : voir Sémiologie, Icône
Parenté et alliances
La parenté : famille, filiation, descendance, lignage.
Les types d’alliances : le mariage.
La notion de maison (principe de résidence)
Les interactions intra-familiales.
Évolution humaine.
Organisme du politique
L’anthropologie politique
La guerre
Aspects symboliques
L’anthropologie des religions
L’anthropologie de l'art
l'ethnomusicologie qui étudie les rapports entre musique et société ;
Les jeux
La parole et le discours
Les rites
Anthropologie économique
L’économie des sociétés traditionnelles
Karl Marx, et ses « héritiers » de l'école d'anthropologie économique marxiste ou « école française d'anthropologie économique » (appelée ainsi à l'étranger), et plus récemment « anthropologie de la libération ». Les principaux tenants de cette école sont Claude Meillassoux, Pierre Philippe Rey, Emmanuelle Terray, Maurice Godelier
L’anthropologie d'entreprise
Autres domaines
L'anthropologie des techniques et de l'objet
L'anthropologie cognitive
L'ethnobiologie
L'anthropologie judiciaire
L'anthropologie biologique
L'anthropologie des relations hommes-animaux
L'anthropologie de la santé
L'anthropologie de l'art
L'anthropologie de l'alimentation
L'anthropologie du corps
L'anthropologie urbaine
L'anthropologie historique
Aires culturelles
Les aires culturelles de l'anthropologie s'étendent aux continents de l'Afrique, l'Amérique latine, l'Asie, l'Europe, et l'Océanie.
Liste des sociétés : Liste alphabétique des peuples du monde, Les groupes amérindiens en Amérique du Nord avant la colonisation.
Origines
Primat de l’anthropologie physique
La polysémie du terme « anthropologie » rend difficile une définition stricte de son périmètre qui a fortement varié dans le temps et dans l’espace. L’anthropologie contemporaine est tributaire de sources multiples et variées et la définition d’une généalogie est en soi un enjeu propre de la discipline. Au XVIII siècle, une relative convergence assigne à l’anthropologie l’étude de l’Homme sous ses divers aspects grâce aux méthodes des sciences naturelles. Elle s’inscrit dans un mouvement plus général qui, ramenant l’Homme au sein de la nature, lui fait perdre la position privilégiée qu’il occupait au sein de la Création dans la théologie chrétienne.
Buffon définit dans son Traité des variations de l'espèce humaine (1749) l'« Anthropologie » comme l'équivalent de l’«Histoire naturelle de l'Homme ». Diderot propose en 1751 une définition plus étroite en faisant de l’anthropologie un équivalent de l’anatomie. Ces visées restrictives sont contestées par Kant dans son ouvrage l'anthropologie d'un point de vue pragmatique publié en 1798, où le philosophe désigne plutôt ainsi la connaissance que l'Homme a de lui-même comme « habitant de la terre qui est inscrit par sa sensibilité et sa raison dans des relations empiriquement nécessaires avec les êtres du monde. ». Si le périmètre de l’anthropologie et sa position vis-à-vis de disciplines voisines demeurent flous au cours du XIX siècle, elle reste considérée comme une discipline des sciences naturelles. Se confondant, en France plus particulièrement, avec ce qui est aujourd’hui désigné comme l’anthropologie physique, elle épouse le paradigme naturaliste qui « proclame que le statut d’un groupe humain, comme l’ordre du monde qui le fait tel, est programmé de l’intérieur de la matière vivante ». La préoccupation principale des anthropologues, le plus souvent issus de la médecine ou de la biologie, est d’étudier l’origine et l’évolution de l’homme, d’établir des classifications de l’espèce humaine sur la base du concept de race, en s’appuyant sur les méthodes de l’anatomie comparée.
Sur le plan institutionnel, l’anthropologie se développe d’abord en dehors du cadre universitaire, au sein de sociétés savantes, fruits d’initiatives privées. En France, l’éphémère Société des observateurs de l'homme, présidée par Louis-François Jauffret, se fixe pour tâche l’étude de « l'homme sous ses aspects physique, moral et intellectuel », projetant d’établir une classification des races sur des bases anatomiques. La Société ethnologique de Paris, fondée en 1838 par William Edwards, circonscrit principalement ses débats à la querelle sur l’origine de l’espèce humaine opposant monogénisme et polygénisme. Elle disparaît en 1848. En 1855, Armand de Quatrefages occupe la chaire d’anthropologie qui remplace la chaire d’anatomie humaine au Muséum national d'histoire naturelle. Pierre-Paul Broca, considéré par ses contemporains comme le père de l’anthropologie physique en France, contribue à affermir ces premiers ancrages académiques. De formation médicale, il fonde la Société d'anthropologie de Paris en mai 1859 puis l'École d'Anthropologie de Paris, inaugurée en décembre 1876, d’orientation polygéniste.
En Grande-Bretagne, la London Ethnological Society naît en 1843, sur le modèle de la société créée par Edwards ; une fraction polygéniste et anti-darwinienne, menée par James Hunt, opèrent une scission pour créer l'Anthropological Society of London en 1863. Les deux sociétés se fondent finalement dans le Royal Anthropological Institute en 1871. En Allemagne, Rudolph Virchow et Adolf Bastian, tous deux médecins, créent en 1869 la Société berlinoise d'anthropologie, d'ethnologie et de préhistoire (Berliner Gesellschaft für Anthropologie, Ethnologie und Ungerschichte).
D'un point de vue large, on peut considérer que Hérodote fait déjà de l'anthropologie dans ses Histoires. Le Père de l'histoire, au fil de son enquête donne de précieuses informations sur les peuples rencontrés de près ou de loin par les Perses et s'interroge sur ceux-ci tout en restant assez objectif. Ainsi il décrit leur aspect physique, leur façon de se vêtir, de faire la guerre, leur mode de vie ou encore leurs croyances et coutumes. C'est notamment le cas des Livres I, II, III, V et VI dans lesquels Hérodote parle des Perses, Mèdes et autres peuples d'Asie Centrale et de Moyen-Orient, puis des Égyptiens et Nubiens, Libyens et Scythes dans le livre IV et enfin Thraces et Grecs dans les livres V et VI.
Autonomisation de l’anthropologie sociale
Anthropologie et sociologie
La scission entre anthropologie et sociologie a fait débat depuis ses débuts : il s'agissait alors d'une différence focale, l'anthropologie ayant pour sujet d'étude "l'homme et ses interactions sociales au sein des cultures simples et primitives" (Antonia Newport). L'effondrement de l'idée même de "culture simple et primitive" a conduit l'anthropologie à se redéfinir, sans qu'aucune définition n'ait jusqu'à maintenant pu servir de consensus. Selon la sociologue L.B.B. Claw, qui retrace l'histoire de l'anthropologie, les contours de la discipline se dessinent en réalité "non par une différence de sujet, mais par une spécificité d'écoles, celles qui s'inscrivent soit dans l'héritage maussien, soit dans la tradition structuraliste". Elle affirme qu'il n'existe aucune différence fondamentale entre la méthode et les sujets traités par le sociologue Emile Durkheim à la fin de sa vie (notamment les Formes élémentaires de la vie religieuse), et ceux traités par son neveu, l'anthropologue Marcel Mauss, allant jusqu'à émettre l'hypothèse selon laquelle "l'anthropologie comme discipline autonome en France a bien pu naitre de la seule volonté de son fondateur de se libérer d'un oncle jugé autoritaire et dogmatique".
Reconnaissance institutionnelle
Ce qui est désigné comme l’anthropologie sociale en Grande-Bretagne, l’anthropologie culturelle aux États-Unis ou encore l’ethnologie en France s’autonomise progressivement de la tutelle de l’anthropologie physique au tournant des XIX et XX siècles. Premier titulaire d’une chaire d’anthropologie à l’université d’Oxford en 1895 Edward Tylor est l'un des principaux initiateurs de ce processus, notamment avec son ouvrage Primitive Culture. Il est également l’auteur du premier manuel de la discipline, intitulé Anthropology (1881), qui laisse encore une grande place à l’anthropologie physique et à l’exposé des classifications raciales . En 1906, un de ses disciples James Frazer définit l’anthropologie sociale comme la branche de la sociologie qui s'intéresse à l’étude des « peuples primitifs ». La même année, cette distinction est reprise à Oxford lors de la création d’un diplôme d’anthropologie.
En France, le groupe de chercheurs regroupés autour de Durkheim et de L'Année sociologique joue un rôle important dans ce processus d’autonomisation. En 1901, Marcel Mauss obtient ainsi la chaire des « religions des peuples sans civilisation » de la 5 section de l’École pratique des Hautes Études. En 1925, Mauss participe également aux côtés de Paul Rivet à la fondation de l’Institut d'ethnologie de l’université de Paris. L’emploi du terme « ethnologie » ne doit cependant pas tromper sur la conception que s’en fait Rivet. Pour lui, elle reste une branche des sciences naturelles et doit permettre de regrouper dans une même institution l’ensemble des disciplines qui concourent à ce qu'il désigne comme la Science de l’Homme : l'anthropologie, restreinte à la seule anthropologie physique, la linguistique, l’archéologie et la préhistoire.
Rôle du musée
Les musées jouent un rôle majeur dans la structuration de la discipline. Au cours du XIX siècle, les artefacts des cultures non occidentales, auparavant disséminés dans les collections des cabinets de curiosités de l’aristocratie européenne, sont progressivement regroupés et exposés dans des sections spécifiques des musées, avant de jouir de lieux d’exposition propres. En 1856 est ainsi créé un département d’ethnologie au sein du Musée des Antiquités de Berlin dont les collections sont transférées en 1873 dans le Musée royal d'Ethnologie (Königliches Museum für VölkerKunde) sous la direction d’Adolf Bastian. Le premier musée d’anthropologie, le Peabody Museum of Archeology and Ethnology de l’université d’Harvard l'avait précédé en 1866 tandis qu'en France le musée d’ethnographie du Trocadéro ouvre ses portes en 1878. Ce type d’institution se généralise dans les dernières décennies du XIX siècle à l’ensemble des pays occidentaux, notamment sous l’effet des conquêtes coloniales. Il devient un lieu d’affirmation et de promotion de la politique impériale.
Sur le plan scientifique, l’exposition muséale constitue l’aboutissement du travail de collecte d’objets et d’informations, réalisée le plus souvent par le biais du réseau colonial. Mais le musée est aussi un laboratoire où l’anthropologue traite et interprète les données et un lieu d’enseignement où se transmet la culture professionnelle naissante.
Évolution de la méthode ethnographique
Les premiers anthropologues s’appuient sur des documents de seconde main comme les récits de voyages d'explorateurs ou de missionnaires ou encore les rapports des administrations coloniales. Cette division du travail entre celui qui collecte les informations et celui qui les interprète reste la norme dans les pays d’Europe jusqu’en 1914. La figure de l’« anthropologue en chambre » (armchair anthroplogist) dont James George Frazer peut faire figure d’archétype est alors dominante. Les voyages d’exploration à visée scientifique formalisent progressivement la tâche que remplissaient spontanément mais de manière aléatoire les explorateurs, en fixant des objectifs de collecte d’information sur les populations rencontrées : l’expédition Baudin (1801) vers les Terres Australes compte ainsi dans ses rangs François Péron qui voyage en qualité d’« anthropologiste ». Les visées géopolitiques de l’expédition Lewis et Clark, soutenue par Thomas Jefferson, s’accompagnent également d’un plan d’étude des tribus amérindiennes qui se trouveraient sur son parcours.
L’anthropologie du XIX siècle se caractérise par une intense volonté de collecte d’information concernant les populations extra-européennes, première étape d’un travail de mise en ordre et de classification, conçu dans une perspective évolutionniste. Sans jamais avoir quitté l’Europe, James George Frazer a compilé un matériel considérable pour rédiger Le Rameau d'or qui se présente comme un immense répertoire de mythes et de rites en provenance du monde entier. De son côté, en s’appuyant sur les missions et les administrations coloniales, Lewis Henry Morgan s’est attaché à répertorier l’ensemble des terminologies de parenté utilisées dans le monde. Dans ce contexte où l’anthropologue est avant tout un exégète, la critique de la fiabilité des sources revêt une importance cruciale. La rédaction de guides d’enquêtes et la formation des futurs enquêteurs est une préoccupation des ethnologues. Dès 1800, Joseph-Marie de Gérando avait inauguré le genre en publiant ses Considération sur les diverses méthodes à suivre dans l'observation des peuples sauvages à destination de l’expédition Baudin. Cette préoccupation reste toujours vivace en France au début des années 1930, comme en témoigne la publication des Instructions sommaires pour les collecteurs d’objets ethnographiques en 1931.
Sur le plan méthodologique, la trajectoire de l’ethnologie française et de l’ethnologie anglo-saxonne divergent sensiblement pendant l’entre-deux-guerres. Pendant cette période, le modèle français repose sur une collecte collective extensive et itinérante qui, tels la mission Dakar-Djibouti ou le voyage de La Korrigane dans les mers du Sud, renoue avec la tradition des expéditions d’exploration. Mettant plus particulièrement l’accent sur la civilisation matérielle, ces missions entendent réaliser un inventaire ethnologique du monde. Le musée est pensé comme la finalité du travail ethnologique : les expéditions phares qui sont lancées à cette période s’articulent étroitement avec le Musée d’ethnographie du Trocadéro, remplacé en 1937 par le Musée de l’Homme. En Grande-Bretagne, le travail de terrain et le contact prolongé avec les tribus observées s’imposent progressivement comme une des caractéristiques fondamentales de la discipline. En 1922, l’introduction des Argonautes du Pacifique occidental de Bronisław Malinowski marque un tournant en théorisant la méthode de l’observation participante. Là où le recensement de la culture matérielle constituait la base du travail ethnographique, Malinowski insiste sur la nécessité de s’immerger en profondeur dans la culture des sociétés observées ; l’installation chez l’habitant, l’adoption du mode de vie, l’apprentissage de la langue deviennent des préalables indispensables à la compréhension du « point de vue de l’indigène ».
Grands courants ou théories
Tout au long de son histoire, l'anthropologie a donc été marquée par quelques conceptions de l'homme, selon lesquelles on peut classer les différentes œuvres, sans que nécessairement les auteurs s'en réclament : l'évolutionnisme, le matérialisme, le diffusionnisme, le fonctionnalisme, le structuralisme, le culturalisme, le dynamisme, l'anthropologie dogmatique, , etc.
Évolutionnisme Lewis Henry Morgan (1818-1881) Edward Tylor (1832-1917) James George Frazer (1854-1941)
Lewis Henry Morgan (1818-1881)
Edward Tylor (1832-1917)
James George Frazer (1854-1941)
Matérialisme et matérialisme historique Julien Offray de La Mettrie (1709-1751) Karl Marx Leslie White Marvin Harris
Julien Offray de La Mettrie (1709-1751)
Karl Marx
Leslie White
Marvin Harris
Néo nominalisme ou anthropologie dogmatique Louis-Gabriel de Bonald (1745-1840) Joseph-Marie de Gérando (1772-1842) (il étend le langage à tous les signes) Pierre Legendre (1930-)
Louis-Gabriel de Bonald (1745-1840)
Joseph-Marie de Gérando (1772-1842) (il étend le langage à tous les signes)
Pierre Legendre (1930-)
Diffusionnisme : Franz Boas (1858-1942) William H. R. Rivers (18**-1922)
Franz Boas (1858-1942)
William H. R. Rivers (18**-1922)
École sociologique française Émile Durkheim (1858-1917) Marcel Mauss (1872-1950) Le Collège de sociologie (1937-1939)
Émile Durkheim (1858-1917)
Marcel Mauss (1872-1950)
Le Collège de sociologie (1937-1939)
École sociologique allemande Max Weber (18**-1920)
Max Weber (18**-1920)
École britannique Meyer Fortes (1904-1983) Ashley Montagu (1905-1999)
Meyer Fortes (1904-1983)
Ashley Montagu (1905-1999)
Fonctionnalisme Arnold Van Gennep (1873-1957) Bronislaw Malinowski (1884-1942) Alfred Reginald Radcliffe-Brown (1881-1955) Edward Evan Evans-Pritchard (1902-1973)
Arnold Van Gennep (1873-1957)
Bronislaw Malinowski (1884-1942)
Alfred Reginald Radcliffe-Brown (1881-1955)
Edward Evan Evans-Pritchard (1902-1973)
Culturalisme Margaret Mead (1901-1978) Christopher Alexander (1936-)
Margaret Mead (1901-1978)
Christopher Alexander (1936-)
Structuralisme Claude Lévi-Strauss (1908-2009) Pierre Bourdieu, (1930-2002), pour Le Sens pratique. Françoise Héritier (1933-) Philippe Descola (1949), pour Par delà nature et culture.
Claude Lévi-Strauss (1908-2009)
Pierre Bourdieu, (1930-2002), pour Le Sens pratique.
Françoise Héritier (1933-)
Philippe Descola (1949), pour Par delà nature et culture.
Anthropologie post-culturaliste Clifford Geertz (1926-2006)
Clifford Geertz (1926-2006)
Médiationnisme Jean Gagnepain (1923-2006)
Jean Gagnepain (1923-2006)
Anthropologie philosophique allemande Max Scheler (1874-1928) Ernst Cassirer (1874-1945) Helmuth Plessner (1892-1985) Arnold Gehlen (1904-1976)
Max Scheler (1874-1928)
Ernst Cassirer (1874-1945)
Helmuth Plessner (1892-1985)
Arnold Gehlen (1904-1976)
Anthropologie existentielle Michael Jackson (anthropologue) (1940-) Albert Piette (1960-)
Michael Jackson (anthropologue) (1940-)
Albert Piette (1960-)
Anthropologie de la complexité Edgar Morin (1921-)
Edgar Morin (1921-)
École de Rio E. Viveiros de Castro (1951-) Otavio Velho Moacir Palmeira Lygia Sigaud
E. Viveiros de Castro (1951-)
Otavio Velho
Moacir Palmeira
Lygia Sigaud
Anthropologie dynamique; développée à l'Université de Manchester (Royaume-Uni) et à La Sorbonne à partir des années 1950, elle correspond à l'étude du changement dans les sociétés modernes (notamment, l'influence du colonialisme). Max Gluckman Victor Turner Melville Herskovits Roger Bastide Georges Balandier Francis Affergan Erwan Dianteill
Max Gluckman
Victor Turner
Melville Herskovits
Roger Bastide
Georges Balandier
Francis Affergan
Erwan Dianteill
Effet Flynn, qui étudie l'évolution de l'intelligence humaine, essentiellement dans l'époque contemporaine James R. Flynn (1934-) Ulric Neisser (1928-) William Dickens Arthur Jensen (1923- ) Gérard Althabe (1932-2004) Marc Augé (1935-)
James R. Flynn (1934-)
Ulric Neisser (1928-)
William Dickens
Arthur Jensen (1923- )
Gérard Althabe (1932-2004)
Marc Augé (1935-)
Autres anthropologies Pierre Clastres René Girard Anne-Marie Losonczy Jan Vansina Remo Guidieri Claude Karnoouh
Pierre Clastres
René Girard
Anne-Marie Losonczy
Jan Vansina
Remo Guidieri
Claude Karnoouh
Enseignement
En France
Les universités et écoles d'enseignement supérieur suivantes délivrent des licences, des masters de recherche et des doctorats avec mention « anthropologie» :
Université Paris Descartes - Faculté SHS - Sorbonne Master recherche d'ethnologie de la Sorbonne Master professionnel "Expertise ethnologique en projets culturels et touristiques"
Master recherche d'ethnologie de la Sorbonne
Master professionnel "Expertise ethnologique en projets culturels et touristiques"
Université Lille 1
Université Lyon II
Université Bordeaux Master 2 recherche anthropologie sociale ethnologie spécialité cultures, politiques et santé Master 2 professionnel anthropologie sociale ethnologie spécialité santé, migration et médiation
Master 2 recherche anthropologie sociale ethnologie spécialité cultures, politiques et santé
Master 2 professionnel anthropologie sociale ethnologie spécialité santé, migration et médiation
Université Paris Nanterre La Défense
Université Paris Vincennes - Saint Denis
Université Aix-Marseille
Université Toulouse II
École des hautes études en sciences sociales (master et doctorat seulement)
Université Tours, licence, master, doctorat
Université Diderot
Université de Caen Basse-Normandie, Site de l'Université
En Belgique francophone
Université Libre de Bruxelles Figure majeure : Luc de Heusch (1927-2012)
Figure majeure : Luc de Heusch (1927-2012)
Université de Louvain
Université de Liège
Université de Namur
Université de Mons
Au Québec
Université de Montréal
Université McGill
Université Laval
Université Concordia
Centres de recherches
En Belgique
Laboratoire d'Anthropologie des Mondes Contemporains (LAMC) - Université Libre de Bruxelles
En France
Centre d'anthropologie culturelle (Canthel) — Université Paris Descartes Sorbonne
Centre de recherche sur l'imaginaire (CRI) — Université de Grenoble
Centre de recherches et d'études anthropologiques (CREA) — Université Lyon 2
Institut interdisciplinaire en anthropologie du contemporain (IIAC) — EHESS
Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS) — EHESS
Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS) — Collège de France
UMR 7186, Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative (LESC) — CNRS et Université Paris Ouest Nanterre La Défense
Institut d'ethnologie méditerranéenne, européenne et comparative (Idemec) — CNRS et Université d'Aix-Marseille
En Algérie
Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) - Oran
Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH) - Alger