Une pochade est une peinture figurative de petit format, exécutée rapidement, sur le vif et généralement en extérieur, l'équivalent d'un croquis en dessin.
On privilégie la rapidité d'exécution, au détriment de l'exactitude du dessin et de la couleur, afin de capter la spontanéïté de l'impression.
La pochade se différencie de l'esquisse en ce que celle-ci, projet rapidement exécuté en préparation et organisation d'un travail de plus grande envergure, ne se réfère pas à une impression visuelle, mais à un ensemble qui peut être entièrement abstrait ou d'imagination ; elle se différencie de l'étude, faite aussi face au sujet, en ce que celle-ci pousse le soin du détail, sans souci de l'impression d'ensemble.
Dans la critique d'art, le terme pochade s'emploie dans un sens dépréciatif.
Valeur
Le cartel de La promenade de Poussin, 33 × 51 cm, Musée du Louvre, indique « pochade de Camille Corot ».
Pocher, dans les beaux-arts, c'est exécuter rapidement et couvrir d'aplats de couleur, comme lorsqu'on travaille au pochoir.
Jusqu'à l'époque romantique, le terme pochade, attesté peu de temps auparavant, s'utilise pour déprécier un travail dont les qualités académiques, c'est-à-dire le thème, la composition picturale, les proportions des figures, le rendu et le fini, laissent, selon le commentateur, à désirer. Du point de vue classique, la pochade n'est qu'un moyen d'exécuter des notes visuelles d'après nature et des travaux préparatoires.
Progressivement au cours du XIX siècle, on en vient quelquefois à apprécier plus la pochade que le travail fini, en ce qu'elle révèle plus le tempérament et le métier de l'artiste. La cote des tableaux exécutés rapidement augmente alors, suscitant des polémiques, comme celle qui oppose Whistler et Ruskin. Le temps d'exécution détermine moins la valeur de la peinture que celle attribuée à l'artiste. Cette évolution de l'attention de l'œuvre vers l'artiste ne va cependant pas sans résistance « J'aime, je l'avoue, que tout soit rendu et mis en saillie dans une peinture d'expression ; plus le sens m'en paraît élevé et profond, moins j'en supporte les négligences. Je hais la pochade », écrit Proudhon.
L’impression, dont la captation est l'objet de la pochade, devient le sujet de la peinture avec les impressionnistes et les deux termes se trouvent souvent associés. Le cubisme la dévalorise en revenant à la construction.
Cette notion de la rapidité, corollaire de la sûreté d'exécution, qui reflète le métier de l'artiste, se retrouve dans l'art japonais, qui intéresse les artistes et critiques européens à la même époque : « le plus artistique des coqs du maître (Hokusai), et dont la pochade prend à distance le trompe-l'œil de l'aquarelle la plus achevée », note Edmond de Goncourt. Elle est aussi centrale dans l'art chinois.
Technique
La rapidité de l'exécution de la pochade se comprend relativement à celle d'un travail fini. La peinture académique employait des procédés techniques impliquant souvent un travail durant plusieurs mois. Le temps d'exécution d'une pochade, par rapport à cette norme, peut être de plusieurs heures, mais en une seule séance.
Des séchages rapides sont nécessaires. L'aquarelle est souvent la technique de choix. Le travail peut être terminé et emporté en quelques minutes. Les huiles permettent de l'exécuter si la peinture est utilisée suffisamment en pâte.
Speed painting, le pendant numérique
Il y a quelques années avec les possibilités accrues des ordinateurs, est apparu, ce que l'on appelle le speed painting. C'est une technique proche de la pochade, mais lié au numérique et a ses possibilités infinies de retour en arrière de changement à volonté de taille de brosse, d'utilisations de calques et d'outils de variation de couleur instantanés.
Littérature
En littérature, ce terme s'emploie pour qualifier une œuvre en général burlesque, brève et écrite rapidement. Il semble être attesté en premier en 1800 avec ce sens qui le rattache à pochard et poissard, personnages vulgaires et burlesques du vaudeville.