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词典释义:
stoïcien
时间: 2023-10-12 15:42:39
[stɔisjɛ̃]

a.〔哲〕斯的,斯主义的

词典释义
stoïcien, ne
a.
〔哲〕斯 的,斯 主义的
école stoïcienne斯

n.
1. 〔哲〕斯
2. 〈转〉禁 主义者
Ce stoïcien renonce à la vie.这位禁主义者放弃活。

近义、反义、派生词
反义词:
épicurien
联想词
philosophe 哲学家; penseur 思想家; théologien 神学家; idéalisme 唯心主义,唯心论; philosophique 哲学的; sage 贤人,哲人; païen 异教的,异教徒的; matérialiste 唯物主义的,唯物论的; disciple 弟子,门,门徒; romain 古罗马的,古罗马帝国的; chrétien 基督教的;
当代法汉科技词典
adj. m 【哲】斯 的, 斯 主义的
短语搭配

école stoïcien, nene斯多葛学派

indolence des stoïciens禁欲主义者的麻木不仁

l'école stoïcienne〔哲〕斯多葛派,禁欲主义派

les épicurien, nes et les stoïciens享乐主义者和禁欲主义者

Ce stoïcien renonce à la vie.这位禁欲主义者放弃生活。

Le stoïcien regarde la mort avec sérénité.禁欲主义者泰然地对待死亡。

Les stoïciens veulent que toutes les fautes soient égales.斯多葛派断言所有的错误都是一样的。

Le stoïcien se faisait un mérite de résister à la souffrance.禁欲主义者以能忍受痛苦而自豪。

法语百科
Buste de Sénèque

Le stoïcisme est un courant philosophique occidental issu de l'école du Portique (du grec ancien στοά, « stoa ») fondée entre -304 et -301 à Athènes, par Zénon de Cition. Le stoïcisme a par la suite traversé les siècles, subi des transformations (notamment avec Chrysippe de Soles en Grèce et à Rome avec Cicéron, Sénèque, Épictète, Marc Aurèle), puis exercé diverses influences, allant de la période classique en Europe (en particulier au XVII siècle, chez René Descartes) jusqu'à nos jours. Un des points qui distingue le stoïcisme des autres courants philosophiques issus de l'époque hellénistique est sa psychologie dont les postulats sont à la base des thérapies cognitivo-comportementales modernes.

Le stoïcisme s'appuie sur la distinction centrale entre d'un côté les choses qui dépendent de nous et sur lesquelles nous pouvons agir et d'un autre côté les choses qui ne dépendent pas de nous et sur lesquelles nous n'avons aucune influence. Pour vivre heureux et libre, selon les stoïciens, il ne faut pas lutter en vain contre ce qui ne dépend pas de nous, mais au contraire l'accepter et nous abstenir des vices et passions qui nous y exposent. Le stoïcisme est donc un eudémonisme basé sur la tempérance et le détachement qui part du postulat que « Ce qui trouble les hommes ce ne sont pas les choses mais les opinions qu'ils en ont. ». Il convient donc d'agir sur ces dernières.

À cette fin, le stoïcisme exhorte à la pratique d'exercices de préparation aux difficultés (praemeditatio malorum) et de méditation conduisant à vivre en accord avec la nature grâce à la raison (assimilée à la connaissance scientifique). L'objectif est de parvenir à l'ataraxie (« absence de troubles ») grâce à l'apatheia (« absence de passions »), conditions de la sagesse et du bonheur. Epictète résume cette conduite stoïcienne à travers la maxime Sustine et abstine qui signifie « Supporte et abstiens-toi ». En s'appuyant sur la «raison», les stoïciens adoptent une conception déterministe (fatum stoicum) de l'univers (Cosmos) conditionné par la succession des causes et de leurs conséquences (nexus causarum). L'individu, pour vivre heureux n'a d'autre choix qu'accepter ce déterminisme, cette attitude est appelée l'amor fati par Marc Aurèle. Associé à ce principe les stoïciens reprennent également le cosmopolitisme hérité des philosophes cyniques qu'ils approfondissent. Par extension, dans le langage courant, l'adjectif « stoïque » est utilisé pour désigner une personne inébranlable, qui ne s'effondre pas devant le malheur, la peur, la douleur, etc.

Avant-propos

Il ne nous reste que des fragments de texte des premiers stoïciens (Zénon de Cition, Cléanthe d'Assos), et les seules œuvres complètes que nous possédons sont celles de Sénèque, Épictète et Marc Aurèle. Cicéron nous a transmis des débats de l'époque hellénistique qui nous renseignent sur l'ancien stoïcisme. Les adversaires des stoïciens (Plutarque, Sextus Empiricus) nous ont également laissé des témoignages sur cette pensée. Ce que nous pouvons en savoir en logique, en physique et en éthique nous montre des esprits puissants et originaux qui ont marqué l'histoire occidentale jusqu'à aujourd'hui.

Le stoïcisme constitue l'une des principales philosophies de la période hellénistique, avec l'épicurisme et le scepticisme. Ce courant rationaliste se rattachant notamment à Héraclite et l'idée d'un logos universel au cynisme - Zénon de Cition fut élève de Cratès - reprend certains aspects de la pensée d'Aristote.

Étymologie

Le nom de Stoïcisme vient du grec Stoa poikilê ou « porte pœcile » c'est-à-dire « peinte », parce que ce portique était orné d'une fresque racontant la bataille de Marathon. En effet Zénon enseignait ses leçons sous un portique de l'Agora à Athènes où les stoïciens se réunissaient et enseignaient. De là vient que le stoïcisme est aussi nommé l'école du Portique. Ce mot désigne dans l'usage contemporain, l'aspect moral de cette philosophie : on entend en effet par stoïcisme une attitude caractérisée par l'indifférence à la douleur et le courage face aux difficultés de l'existence.

Sagesse et philosophie

Définitions de la sagesse et de la philosophie

Divisions de la philosophie

Les sciences, instruments du sage

Unité du système stoïcien

La philosophie stoïcienne est un tout cohérent : c'est une philosophie de la totalité qui se veut consciemment systématique, ce qui est l'un des traits caractéristiques des systèmes de pensées antiques. Cette doctrine procède à des divisions du discours philosophique, divisions qui servent à l'exposé de la doctrine, et à son enseignement. Il apparaît donc naturel de suivre ces divisions dans cet article.

Comme les autres philosophes hellénistiques, les stoïciens considèrent que la fin de la philosophie est éthique : pour eux, il faut « vivre en accord avec la nature ».

Définitions de la sagesse et de la philosophie

La sagesse (sophia) est la connaissance scientifique des choses divines et humaines.

Selon la distinction de Sénèque, cette sagesse est le bien de l'esprit humain, parvenu à sa perfection, alors que la philosophie est l'amour de la sagesse et l'aspiration vers elle par la pratique et la théorie : « La philosophie tend là où l'autre est parvenue ». Elle est ainsi la pratique (askesis) de l'art (techne) de l'utile qui est l'unité et le degré le plus élevé de la vertu.

La philosophie se divise en trois parties, suivant en cela la division des vertus à leur niveau générique : la vertu physique, la vertu éthique et la vertu logique.

Divisions de la philosophie

Le discours philosophique a trois parties :

la physique qui est une recherche sur le monde et les objets qu'il contient ;

l'éthique, qui concerne l'action ;

la logique (ou dialectique), qui concerne le discours.

Chacune de ces parties se divise à son tour en plusieurs parties (ces divisions seront exposées dans les sections correspondantes). Cette division générale, selon Diogène Laërce, fut inventée par Zénon de Cition dans son traité Du discours, et fut reprise par Chrysippe de Soles, Diogène de Babylone et Posidonios. Il semble que Cléanthe se soit écarté de cette division : il en donne six, la dialectique, la rhétorique, l'éthique, la politique, la physique, la théologie.

Ces parties sont appelées des espèces, des genres (ou des genres de théorèmes) ou des lieux suivant les philosophes. Les stoïciens utilisent, pour décrire cette partition de la philosophie, plusieurs comparaisons qui reflètent des désaccords au sein de l'école :

Selon la première, c'est la physique qui constitue le centre : la philosophie est comparable à un œuf : la logique est la coquille ; le blanc, l'éthique et la physique, le jaune.

la philosophie est comparable à un œuf : la logique est la coquille ; le blanc, l'éthique et la physique, le jaune.

Selon trois autres, c'est l'éthique qui occupe la place principale : la philosophie est un champ fertile : la terre est la physique ; les fruits, l'éthique et le mur qui l'entoure la logique. ils comparent enfin la philosophie à un être vivant, comparaison qui diffère des précédentes pour souligner que les parties de la philosophie ne sont pas séparables ; ainsi, par exemple, pour Posidonios : la physique est son sang et sa chair, la logique ses os et ses tendons, l'éthique est son âme. enfin, pour Sénèque, l'éthique "forme le cœur" de la philosophie.

la philosophie est un champ fertile : la terre est la physique ; les fruits, l'éthique et le mur qui l'entoure la logique.

ils comparent enfin la philosophie à un être vivant, comparaison qui diffère des précédentes pour souligner que les parties de la philosophie ne sont pas séparables ; ainsi, par exemple, pour Posidonios : la physique est son sang et sa chair, la logique ses os et ses tendons, l'éthique est son âme.

enfin, pour Sénèque, l'éthique "forme le cœur" de la philosophie.

L'image de l'être vivant paraît suggérer que la logique n'est pas un instrument ou une partie accessoire, seulement censée protéger l'essentiel : physique et/ou éthique. Elle n'est pas subordonnée à l'éthique ou à la physique comme une partie l'est à son tout (comme la coquille sert le jaune, ou comme le mur sert le fruit, en les protégeant tous deux). Elle est une partie première de la philosophie, et non une partie de partie.

Si nous suivons Posidonios et le témoignage d'Ammonios sur ce point, alors les trois parties sont à la fois distinctes, solidaires, et indissociables. Or, les textes ne sont pas clairs sur la question de savoir de quoi ces parties sont les parties : sont-ce les parties de "la philosophie", ou bien sont-ce les parties du "discours philosophique" seulement -étant donné qu'à côté du discours philosophique, il y a la vie philosophique- ? Si l'on s'en tient à ce que rapporte Sénèque, de même que le cosmos est un, la philosophie est une, et indivise en elle-même. Elle apparaît telle au sage. Mais pour le philosophe (l'apprenti-sage), qui ne peut pas encore en avoir une vue synoptique, il est bon de distinguer des parties. En ce cas, ces parties (logique, physique, éthique) seraient moins des parties de la philosophie, que des parties de l'apprentissage philosophique.

Pour certains stoïciens, il n'y a pas de hiérarchie entre ces genres et ils les enseignaient ensemble car ils sont mélangés ; mais d'autres commencent par la logique (Zénon de Cition, Chrysippe), par l'éthique (Diogène de Ptolémaïs) ou par la physique (Panétios de Rhodes, Posidonios) (Posidonius).

Les sciences, instruments du sage

Le sage cherche et connaît les causes des choses naturelles ; la science sera donc pour lui un auxiliaire. Mais, comme tout auxiliaire, elle ne fait pas partie de ce dont elle est un instrument et une aide (Sénèque, Lettres, 88, 25 - 28). La science n'est donc pas, pour le stoïcien, une partie de la sagesse. Que devra alors connaître le sage ? Si l'on suit Sénèque, il connaîtra par exemple le système des corps célestes, leur pouvoir et leur nature ; mais le sage stoïcien s'occupe des principes généraux, non de l'accumulation des connaissances ou des questions de fait particulières. En toutes choses, la philosophie ne demande donc rien à personne, mais donne les principes premiers aux autres sciences (aux mathématiques, par exemple) : les sciences spécialisées lui sont des moyens. La philosophie construit ainsi seule toute son œuvre.

La philosophie, en tant que science, diffère également de l'habileté, des aptitudes que les stoïciens appellent « occupations » (epitedeumata) : musique, belles-lettres, équitation, etc., et qu'ils caractérisent ainsi : « une méthode qui, par le moyen d'un art ou d'une partie d'un art, conduit au domaine de la vertu » (cf. Stobée, II, 67). Ces occupations ont une valeur instrumentale pour le sage, dont seul il possède l'habitus vertueux.

Unité du système stoïcien

Selon le traité du destin de Cicéron, la notion de fatum (destin) est commune aux trois parties de la philosophie, en ce sens qu'elle implique à la fois la physique (le destin est le principe de l'ordre cosmique), l'éthique (accord du destin avec la responsabilité morale) et la logique (problème des énoncés portant sur les futurs contingents). Le fatalisme est donc une notion fondamentale du stoïcisme :

« Conduisez-moi, Zeus et toi Destinée, vers où vous l'avez disposé pour moi. Car je suivrai sans faillir. Mais si je devenais méchant et si je ne le voulais pas, je ne suivrais pas moins. » (Cléanthe, cité par Épictète, Manuel, fin).

L'ontologie stoïcienne

Divisions de l'être

Les quatre genres Substrat Qualifié Disposé Disposé relativement

Substrat

Qualifié

Disposé

Disposé relativement

Les incorporels Le dicible Le vide Le lieu Le temps

Le dicible

Le vide

Le lieu

Le temps

Tableau récapitulatif

Divisions de l'être

Le genre suprême de la métaphysique stoïcienne est appelé, selon Sénèque « quelque chose » ; mais, selon Sextus Empiricus, le genre suprême serait l' « existant ». Néanmoins, malgré cette divergence, on admet généralement que les stoïciens divisent les choses en général en existant et subsistant.

Est dit « quelque chose » tout ce qui dans la nature existe ou n'existe pas. Le quelque chose a pour contraire les « non-quelques-choses », i.e., selon les stoïciens, les universaux. Tous les existants sont des corps. Au genre des non existants appartiennent les incorporels et les choses qui sont dans l'esprit, formées faussement par la pensée, comme les centaures et les géants, et d'une manière générale tout ce qui fait impression sur la faculté directrice sans avoir de substance. Ces incorporels sont dits « subsistant » - car, par exemple, une fiction dans l'esprit n'a de réalité que dans la pensée. Ce dernier cas semble néanmoins montrer l'existence d'une division supplémentaire du quelque chose : ce qui n'est ni corporel ni incorporel. Les corporels seuls sont dits existant.

Les « quelques choses » sont donc des corps (existants) ou des incorporels (subsistants).

Les stoïciens distinguent quatre espèces de corporels : le substrat, le qualifié (de façon commune ou de façon particulière), le disposé, le disposé relativement (Simplicius de Cilicie, Sur les Catégories d'Aristote, 66).

Ils distinguent quatre espèces d'incorporels : le dicible, le vide, le lieu et le temps.

Les existants sont des entités individuelles corporelles qui appartiennent à la fois aux quatre genres du corporel, mais tout « quelque chose » est une entité individuelle : être quelque chose, c'est donc être une chose particulière, corporelle ou incorporelle. Ainsi « quelque chose » est ou subsistant ou existant ; l'existant se prédique seulement des corps, mais « quelque chose » est prédiqué aussi des incorporels.

Puisque l'existence est chez les stoïciens corporelle, et que ce qui agit sur un corps est un corps, l'action est la propriété des corps seuls : la vertu et le savoir sont ainsi des réalités corporelles. Cette ontologie pose quelques problèmes pour expliquer l'action causale d'un incorporel sur un corps.

On retrouve quelques éléments de cette métaphysique au XIX siècle chez Alexius Meinong et Bertrand Russell.

Les quatre genres

Substrat

Dans son sens primordial, le substrat non qualifié est équivalent à la matière ; mais, comme dans la philosophie d'Aristote, il y a un sens dérivé, selon lequel une chose qualifiée peut avoir le statut d'un substrat ou de la matière par rapport à autre chose.

Choses qualifiées

Le qualifié est une substance ayant certaines qualités : la prudence est une qualité, l'individu prudent est le qualifié.

Choses disposées d'une certaine manière

Ces choses sont disposées d'une certaine manière...

Choses disposées d'une certaine manière en relation avec quelque chose

Ce genre contient les choses qui sont caractérisées par une relation extrinsèque. Disposition d'ailleurs incertaine.

Les incorporels

Le premier incorporel concerne la sémantique et la logique (voir cette section plus bas) ; les trois autres la physique.

Le dicible (ou exprimable)

En grec, lekta. Les stoïciens distinguent les émissions vocales, la parole (lexis) et le langage (logos). Les émissions vocales sont tous les bruits formés par la bouche ; la parole est une émission vocale articulée en phonèmes ; le langage est une émission vocale signifiante par laquelle est exprimée un état de chose. Ce sont ces états de choses qui sont dits dicibles. (Diogène Laërce, VII, 57). Ce dicible est défini :

« [...] ce qui subsiste en conformité avec une impression rationnelle [..] » (Sextus Empiricus, Contre les professeurs, VIII, 70).

Il y a deux sortes de dicibles : les dicibles complets, et les dicibles incomplets (Diogène Laërce, VII, 63). Les dicibles complets sont les propositions et les syllogismes dont l'expression linguistique est achevée ; ce sont ces dicibles qui sont aux fondements de la logique stoïcienne. Les dicibles incomplets sont inachevés (par exemple : il écrit).

L'impression rationnelle est une impression dont le contenu est exprimable par le langage. Les dicibles appréhendés par la pensée à la suite d'une impression sont seulement saisis par ceux qui comprennent le langage au moyen duquel ils sont exprimés, alors que tout le monde peut entendre l'émission vocale, même sans saisir ce qui y est exprimé. Il y a donc une différence d'être entre le signifié et le signifiant. Ce signifié qui est dévoilé dans le langage par la pensée est donc incorporel, alors que l'émission vocale et ce qui porte le nom sont corporels. Dans la mesure où le dicible est un état de chose pensé, il définit la sphère du vrai et faux : l'état de chose signifié et dicible est vrai ou faux.

Sénèque donne l'exemple suivant (Lettres, 117, 13) : la perception sensible me révèle que Caton est en train de marcher ; par des mouvements de la pensée, je peux énoncer que Caton est en train de marcher. Ainsi, alors que la perception sensible me révèle quelque chose de corporel, mon esprit donne son assentiment à une proposition (en latin Effatum, traduction du grec axiôma). Sénèque souligne alors la différence fondamentale qui existe entre nommer ce corps et parler à son sujet.

Le vide

Le vide, selon les stoïciens, est ce qui peut être occupé par un existant mais n'est pas occupé (Sextus Empiricus, Contre les professeurs, X, 3 - 4). Selon Chrysippe (Stobée, I, 161, 8 - 26), le vide est infini. En effet, le rien n'est pas une limite, et il n'a pas de limite ; il est donc un subsistant (c.-à-d. un incorporel) infini, qui reçoit une limite seulement s'il vient à être occupé.

Le lieu

Bien que le monde en lui-même soit dans un vide illimité, il est sans vide et forme un "tout continu" caractérisé par la "conspiration et la syntonie des choses célestes avec les choses terrestres" (Diogène Laërce, VII, 140). Dans ces limites, le lieu est un incorporel, sans être un vide, se définissant comme un intervalle toujours occupé par un corps ou par un autre, un lieu est un théâtre toujours rempli où des corps se succèdent ou se compénètrent. Ce que nous appelons aujourd'hui "espace" se caractérise donc chez les stoïciens, non en lui-même, mais à partir des corps qui l'occupent, en réalité le révèlent par leur seule présence, comme ce qui les tient et les diffère à la fois. L'espace stoïcien se dit relativement par rapport aux corps qui le constituent, tant en ce qu'ils sont en eux-mêmes que dans la distance qu'ils engendrent dans leur proximité.

Le temps

Pour les stoïciens, le temps est une dimension ou un intervalle du mouvement selon Zénon, et du mouvement du monde (selon Chrysippe). Le temps est « cette dimension du mouvement selon laquelle on parle de la mesure de la vitesse et de la lenteur. ». Toutes les choses se meuvent et sont dans le temps qui est infini dans les deux directions du passé et du futur. Mais le temps a deux sens : en un sens large, seul le présent est là, existe réellement pour ainsi dire, bien qu'il soit incorporel. Le passé et le futur sont alors des êtres subsistants, car ils ne sont pas là, ils ne sont pas présents. En un sens strict, aucun temps n'est complètement présent, car tout temps est sécable à l'infini.

Tableau récapitulatif

Quelque chose (en grec ti) Corps Incorporels Substrat Qualifié Disposé Disposé relativement Dicible Vide Lieu Temps

La logique

Note sur la formalisation des raisonnements : dans cette section, certains raisonnements des stoïciens sont formalisés à l'aide de symboles modernes ; on peut recommander au lecteur de lire l'article Calcul des propositions pour une introduction à cette logique.

La rhétorique

La dialectique

Les dicibles

Les propositions Propositions simples Propositions non simples

Propositions simples

Propositions non simples

Raisonnement et démonstration

la dialectique est la science de la discussion correcte dans les discours par questions et réponses ;

la dialectique est la science de ce qui est vrai, de ce qui est faux, et de ce qui n'est ni l'un ni l'autre.

Elle se divise en deux lieux : les signifiés et les émissions vocales ; le lieu des signifiés se divise à son tour en impressions et dicibles dérivées des impressions (cette partie est exposée à partir de la section suivante). Le lieu des émissions vocales concerne l'articulation selon les lettres, distingue les parties du discours, traite des solécismes, des barbarismes, etc.

Les dicibles

La notion de dicible est le fondement de la logique stoïcienne ; c'est un incorporel et, en tant que tel, il a été traité dans la section Le dicible de cet article.

Les propositions

Chrysippe, dans ses Définitions dialectiques (cité par Diogène Laërce, VII, 65), définit la proposition comme « ce qui est vrai ou faux, ou un état de choses complet qui, pour autant qu'il est lui-même concerné, peut être asserté. »

Ainsi, pour que quelque chose soit vrai ou faux, il doit être un dicible, un dicible complet, un dicible complet qui est une proposition. (Sextus Empiricus, Contre les professeurs, VIII, 74). Une proposition est ou vraie ou fausse ; une proposition qui n'est pas vraie est donc fausse (Cicéron, Du destin, 38). La contradictoire d'une proposition est une proposition qui l'excède d'une négation : « Il fait jour » « Non Il fait jour » (formalisable en : p ~p).

Une proposition vraie est ce qui est, et une proposition fausse est ce qui n'est pas (Sextus Empiricus, Contre les professeurs, VIII, 84) :

« Quelqu'un dit « il fait jour » semble proposer qu'il fait jour. Dès lors, s'il fait jour, la proposition avancée se révèle vraie, et sinon, elle se révèle fausse. » (Diogène Laërce, VII, 65).

La distinction la plus générale entre les propositions est celle qui sépare propositions simples et propositions non simples (Sextus Empiricus, Contre les professeurs, VIII, 93 - 98).

Les propositions simples

« Sont simples les propositions qui ne sont pas composées à partir d'une proposition unique énoncée deux fois ; par exemple, « il fait jour », « il fait nuit », « Socrate parle » [...] » (Sextus Empiricus, Contre les professeurs, VIII, 93 - 98).

Les stoïciens distinguent trois types de propositions simples : les définies, les indéfinies, les intermédiaires.

Les propositions définies s'expriment par une référence ostensive. Exemple : « Celui-ci est assis. »

Les propositions indéfinies ont pour sujet une particule indéfinie. Exemple : « Quelqu'un est assis. »

Les propositions intermédiaires ne sont ni indéfinies (elles déterminent le sujet), ni définies (elles ne sont pas ostensives). Exemple : « Socrate marche ».

Les stoïciens discernent des rapports de dépendance quant à la vérité entre ces types de propositions : par exemple, si une proposition définie est vraie, la proposition indéfinie qui peut en être dérivée est également vraie. Exemple : « Celui-ci marche » est vraie ; donc « quelqu'un marche » est vraie.

Diogène Laërce donne les distinctions suivantes (VII, 69) : les propositions simples peuvent être négatives, négatives assertoriquement, privatives, assertoriques, démonstratives et indéfinies.

Une proposition simple négative est composée d'une négation et d'une proposition : « Non il fait jour » (~p). La double négative en est une espèce : « Non : Non : il fait jour » (~~p), qui revient à « Il fait jour » (p).

Une proposition simple négative assertoriquement est composée d'une particule négative et d'un prédicat : « Personne ne marche ».

Une proposition privative est composée d'une particule négative et d'une proposition en puissance (Apollonios Dyscole, Traité des conjonctions).

Une proposition assertorique est composée d'un cas nominatif et d'un prédicat. Exemple : « Dion marche. »

Une proposition démonstrative est composée d'un cas nominatif ostensif et d'un prédicat. Exemple : « Celui-ci marche. »

Une proposition indéfinie est composée d'une ou plusieurs particules indéfinies et d'un prédicat. Exemple : « Quelqu'un marche ».

Les propositions non simples

TYPOLOGIE DES PROPOSITIONS NON-SIMPLES
TYPE Connecteur logique Equivalent en logique contemporaine Exemple
Proposition conditionnelle SI p \rightarrow q "S'il fait jour, il fait clair"
Proposition subconditionnelle PUISQUE (p \rightarrow q) \wedge p "Puisqu'il fait jour, il fait clair"
Proposition conjonctive ET p \wedge q "Il fait jour et il fait clair"
Proposition disjonctive OU (exclusif) (p \vee q) \wedge ~(p \wedge q) "Ou il fait jour, ou il fait nuit"

Raisonnement et démonstration

Selon Diogène Laërce (VII, 76 - 81) les stoïciens appelleraient argument (en grec logos) ce qui est constitué par une ou plusieurs prémisses (en grec lèmma), une prémisse additionnelle et une conclusion. Exemple :

« S'il fait jour, il fait clair ; mais il fait jour ; donc il fait clair » (formalisable en : ((p \rightarrow q) \wedge p) \rightarrow q).

Parmi les arguments, certains sont valides, d'autres invalides :

sont invalides ceux dont l'opposé de la conclusion ne sont pas en contradiction avec la conjonction des prémisses ;

il y a deux sortes de raisonnements valides : ceux qui sont simplement valides ; ceux qui sont syllogistiques : ceux-ci sont soit indémontrables, soit réductibles aux indémontrables.

ceux qui sont simplement valides ;

ceux qui sont syllogistiques : ceux-ci sont soit indémontrables, soit réductibles aux indémontrables.

L'implication

Les stoïciens confèrent un très grand rôle à l'implication (proposition conditionnelle) inventée par Diodore Cronos et son disciple Philon. En effet, pour eux, c'est la forme logique de toute définition. Pour eux, affirmer :

"L'homme est un animal rationnel mortel"

... c'est affirmer :

"Si quelque chose est un homme, alors cette chose est rationnelle et mortelle"

En d'autres termes, toute définition est une implication, c'est-à-dire une proposition conditionnelle. (cf.Sextus Empiricus, Contre les Professeurs, XI, 8-11)

La théorie de la connaissance

Les impressions

La vérité et la certitude sont dans les perceptions les plus communes qu'il s'agit de systématiser. Ainsi la connaissance part-elle de la représentation, ou image (phantasia), impression d'un objet réel dans l'âme (comme le cachet dans la cire pour Zénon). C'est là un premier jugement sur les choses auquel peut être ou non donné volontairement un assentiment par l'âme : si celle-ci est dans le vrai, elle a alors une compréhension, ou perception (katalepsis) de l'objet qui est immédiate : une certitude des choses en tant que telles.

La sensation est donc distincte de l'image puisqu'elle est un acte de l'esprit. Pour que la perception soit vraie, l'image doit être fidèle. L'image fidèle, en tant que critère de la vérité, est appelée représentation compréhensive. Elle est passive, mais capable de produire l'assentiment vrai et la perception.

Les critères de la vérité

La science sera alors la perception solide et stable, inébranlable par la raison : solidité due à l'appui des certitudes entre elles, à leurs accords rationnels. Ainsi la perception sûre et totale est la science systématique et rationnelle, système de perceptions rassemblées par l'expérience visant à une fin particulière utile à la vie. En dehors de ces réalités sensibles, il n'y a pas d'autres connaissances.

Pourtant, à côté des choses sensibles, il y a ce qu'on peut en dire. Ainsi la dialectique porte-t-elle sur les énoncés qui sont vrais ou faux, relatifs aux choses. Ces énoncés se disent sous la forme d'un sujet et d'un attribut exprimé par un verbe : « Socrate se promène ». C'est un jugement simple qui exprime un rapport entre des faits, celui-ci s'exprimant par un jugement complexe : s'il fait clair, il fait jour. Il s'agit donc d'une liaison de fait entre un antécédent et un conséquent.

Les critiques

La parrhésie est une vertu dans la Grèce antique hellénistique ; le mot est formé du grec ancien pan ("tout") et rhema ("ce qui est dit") trouvent ses origines dans la philosophie stoïcienne et épicurienne, doctrines qui prônent la nécessité de la liberté de parole entre amis.

La physique

Les principes de la physique stoïcienne

Selon Diogène Laërce, les stoïciens divisent la physique en général en trois domaines : le monde, les éléments, la recherche des causes. Mais l'étude de la nature est aussi divisée selon des lieux spécifiques : les corps ; les principes ; les éléments ; les dieux ; enfin les limites, le lieu et le vide.

Le monde et la nature

Le monde est totalement dominé par la raison et a en conséquence à chaque instant la plénitude de sa perfection. Par là on voit que l'activité de la raison est corporelle : seul existe ce qui a la capacité d'agir ou de pâtir - c'est-à-dire les corps). Or, la raison agit, donc elle est un corps. Ce qui subit la domination de la raison sera aussi un corps, la matière. Voilà les deux principes de la physique : l'un est la cause unique, l'autre reçoit cette causalité sans faire de résistance. Ces deux corps s'unissent donc et forment le mélange total qui explique l'action d'un souffle matériel (pneuma) traversant la matière pour l'animer.

Les éléments

Le cycle cosmique et l'éternel retour

L'ensemble du monde a un cycle : le feu, ou force active (Zeus), absorbe et réduit en lui-même toutes les choses. Tout recommence ensuite à l'identique, après la fin du monde dans une conflagration (apocatastase ou palingénésie) où toutes choses sont rentrées dans la substance divine. Cette conflagration est une purification du monde : l'Âme du monde absorbe toute la matière en restituant un état parfait par un changement conforme à la nature.

Du feu primitif, naissent les quatre éléments et le monde naît sous l'action d'un souffle divin. Ensuite, par la fragmentation du souffle, naissent les êtres individuels qui forment le système du monde. C'est ce souffle qui fait l'unité du monde, en le parcourant et en maintenant ses parties. Ce souffle est une force, une pensée et une raison qui contient tout et fait que sous l'action de sa tension l'être existe. Ce souffle crée une sympathie entre toutes les parties du monde. Quant à la Terre, elle est au centre, pressée de tout côté par l'air. Tout recommence exactement pareil et sans fin. C'est l'éternel retour :"Les stoïciens prétendent que lorsqu’après une certaine période de temps les planètes reviennent toutes exactement soit en longueur soit en hauteur au même point du ciel où elles étaient au commencement du monde, il en résulte l'embrasement et la destruction de l'univers, et qu'en suite tout recommence de nouveau. Or, comme le cours des astres est exactement le même qu'auparavant, toutes les choses qui ont eu lieu dans la période précédente se passent encore de la même manière. Ainsi, il y aura de nouveau un Socrate, un Platon, et chacun des hommes avec les mêmes amis et les mêmes concitoyens et ils conseilleront les mêmes choses, s'entretiendront avec les mêmes personnes et traiteront les mêmes questions. Et la Cité tout entière et le bourg et la campagne se renouvelleront pareillement... Il n'y aura rien d'étranger par rapport à ce qui s'était produit auparavant, mais toutes choses seront exactement pareilles, même jusqu'aux détails les plus infimes... Et cette restauration ne se produira pas une fois, mais plusieurs fois ; ou plutôt toutes choses seront restaurées éternellement".

La causalité et le destin

Tout ce qui arrive est conforme à la nature universelle, puisque tout agit suivant une cause totale, qui lie toutes les causes entre elles.

La théologie divise stoïciens et épicuriens. Les Dieux existent chez les épicuriens : ils sont matériels et confinés dans des arrières mondes tandis que le Stoïcisme est un panthéisme : l'ordre de la nature (c'est-à-dire celui d'une suite de causalités, un ordre de la nécessité) est identifié à l'action de ce que Marc Aurèle appelle Dieu, substance immanente au monde (Dieu est un corps).

C'est le fatum, le destin. Cela s'exprime par la métaphore du Chien et du Chariot. Un chien qui tire un chariot est libre d'épouser la trajectoire du chariot ou bien de s'y opposer vainement. Il n'y a pas ici fatalisme mais liberté d'acquiescement ou non à l'ordre du monde. Le choix des représentations associées aux évènements dépend de nous, malgré le fait que l'ordre dans lequel ils se déroulent est le fait de Dieu, de la volonté de la nature.

Ce qui dépend de nous, c'est l'atteinte de l'ataraxie, de l'absence de troubles et passions, une tranquillité de l'âme, une paix intérieure, que les stoïciens assimilent au bonheur véritable, résidant dans la parfaite maîtrise de nos représentations (c'est-à-dire conformes à l'ordre naturel et divin) que le sage stoïcien acquiert au moyen de sa vertu première : la tempérance.

Ainsi la théologie et l'éthique stoïciennes appellent l'Homme à une prise de distance, et à une certaine lucidité qui a parfois donné lieu à des mésinterprétations, certains arguant que l'éthique stoïcienne conduirait à une certaine inactivité comme l'a fait Hegel dans sa Phénoménologie de l'Esprit : ce dernier associe les stoïciens au concept de la belle-âme (le stoïcien est pour Hegel une conscience capable de nier la représentation sans pour autant l'extérioriser, et donc isolée dans le solipsisme).

Pourtant Sénèque, dans De La Constance du Sage, met en garde contre ceux qui échappent au reproche d'inconstance ( c'est-à-dire d'intempérance) par leur inactivité : si nous rompons avec tout lien social, alors notre conduite aura pour résultat un désœuvrement absolu qui s'ensuivra d'actions irréfléchies comparables à l'agitation stérile d'un enfant ; le renoncement est un signe de faiblesse et de lâcheté, c'est une fuite de soi-même.

L'éthique

Les fonctions propres

Le bien

La vertu

Les passions

Finalité de l'éthique

Le sage

La politique

L'éthique stoïcienne est en accord avec cette physique.

Nous connaissons plusieurs divisions de l'éthique stoïcienne :

« [Ils] divisent la partie éthique de la philosophie en plusieurs lieux : de l'impulsion, des biens et des maux, des passions, de la vertu, de la fin, de la valeur première et des actions, des fonctions propres, de ce qu'il faut conseiller et ce qu'il faut déconseiller. » (Diogène Laërce, VII, 84).

Diogène indique que cette division n'appartient pas au stoïcisme le plus ancien (Zénon de Cition et Cléanthe qui en ont traité, selon lui, de manière plus simple), mais à Chrysippe, Apollodore, Posidonios, etc. Sénèque nous apprend une tripartition de l'éthique stoïcienne :

« [...] vient en premier la valeur que tu attribues à chaque chose, en second l'impulsion, ordonnée et mesurée, que tu as vers les choses, en troisième la réalisation d'une convenance entre ton impulsion et ton acte, de façon qu'en toutes ces occasions tu sois en accord avec toi-même. »

Épictète indique trois sujets de l'éthique (Entretiens, III, 2), mais qui se rapportent aux exercices que l'on doit suivre pour devenir homme de bien :

Les désirs et les aversions : ne pas manquer ce que l'on désire, ne pas tomber sur l'objet de l'aversion

Les impulsions et les répulsions, c'est-à-dire ce qui concerne la fonction propre (agir avec ordre, raisonnablement et sans négligence)

Éviter l'erreur et la précipitation, c'est-à-dire ce qui concerne l'assentiment.

Les fonctions propres

L'expression fonction propre traduit le grec kathèkon, qui signifie « convenable », « devoir » (officium en latin). Ce mot a été utilisé pour la première fois en ce sens par Zénon, vraisemblablement dans un ouvrage nommé De la fonction propre (Diogène Laërce, VII 107). Selon Diogène, ce terme est dérivé de kata tinas hêkein, « convenir à certains » ; il définit la fonction propre comme une activité qui est appropriée aux constitutions conformes à la nature (Ibid.). Cette notion est le fondement de l'éthique stoïcienne ; en effet Archédème disait que la fin consiste à vivre en amenant les fonctions propres à leur perfection.

Stobée (II, 85, 13 - 86) donne cette définition de la fonction propre :

« La conséquentialité dans la vie, quelque chose qui, une fois qu'il a été accompli, a une justification raisonnable. »

Les fonctions propres s'appliquent aux plantes, aux animaux comme aux hommes. Les stoïciens distinguent deux types de fonctions propres, celles qui sont parfaites, et celles qui sont intermédiaires.

Cicéron, dans Des termes extrêmes des biens et des maux (III), nous livre une analyse détaillée de cette notion par la bouche de Caton. Nous aimons les premiers objets qui sont appropriés par nature ; ainsi préférons-nous que les parties de notre corps soient bien disposées et entières plutôt qu'affaiblies et déformées. Nous savons donc de manière spontanée distinguer ce qui est conforme à la nature de ce qui lui est contraire : le premier penchant de l'homme le porte vers les choses qui sont conformes à la nature. De là, cette distinction : ce qui a de la valeur est en accord avec la nature et, pour cette raison, est digne d'être sélectionné. Le contraire est dépourvu de valeur et doit être rejeté.

La première des fonctions propres est de nous conserver nous-mêmes. Ainsi notre corps se développe-t-il en appropriant ses propres facultés.

Le bien

Les premiers biens sont la santé, le bien-être et tout ce qui peut nous être utile. Mais ce ne sont pas des biens au sens absolu; au contraire, ce sont des adiaphora, ou biens moralement neutres. Le bien absolu se suffit à lui-même, il est le suprêmement utile. Il est découvert rationnellement par notre assentiment spontané à nos inclinations. Et c'est en considérant la nature universelle, en saisissant la volonté de la nature totale de se conserver que l'on comprend le bien comme raison universelle.

La vertu

Pour les stoïciens, vertu et bien sont identiques. La vertu est désirable pour elle-même et est parfaite : elle est donc atteinte d'un coup, d'une manière complète, c'est-à-dire avec toutes ses parties. Ses parties sont, selon Zénon de Cition, des aspects d'une vertu fondamentale, la prudence. Qui a une vertu, les a toutes.

Les passions

Mais les inclinations naturelles se pervertissent, sous l'influence du milieu social, et troublent l'âme : ce sont les passions. Pourtant, si l'âme est rationnelle, toute inclination n'est possible que si elle reçoit l'assentiment de la raison. Comment expliquer les passions ? La passion est une raison irrationnelle, un jugement qui nous dépossède de notre maîtrise : l'habitude et l'éducation nous persuadent par exemple que toute douleur est un mal. Mais ressentir la douleur physique et en éprouver de la peine (mal moral) sont deux choses différentes. Ainsi le stoïcisme montre que les passions sont de mauvaises raisons de croire. L'opposition radicale entre raison et passions qu'on lui attribue n'est donc pas exacte : si les passions sont mauvaises, ce n'est pas en tant qu'elles sont différentes par nature de la raison, mais parce qu'elles sont plutôt des raisons égarées ; à l'inverse, la raison peut-être vue comme une passion droite.

Finalité de l'éthique

La morale stoïcienne peut donc se résumer ainsi :

Chacun agit conformément à sa nature (kathekon), mais le sage agit toujours de façon parfaite (même, dans des circonstances exceptionnelles, en faisant des actes que la moralité ordinaire réprouverait) La fin de cette morale, c'est de vivre par des choix conformes à la raison universelle : vivre en suivant la nature, puisque tout arrive par la raison universelle. Cela permet d'atteindre l'aponie (absence de troubles corporels) et l'ataraxie. Mais la sagesse est un idéal très difficile à atteindre.

La fin de cette morale, c'est de vivre par des choix conformes à la raison universelle : vivre en suivant la nature, puisque tout arrive par la raison universelle. Cela permet d'atteindre l'aponie (absence de troubles corporels) et l'ataraxie. Mais la sagesse est un idéal très difficile à atteindre.

Le sage

À partir de là, les stoïciens définissent un modèle parfait de conduite, incarné par le sage :

Le sage choisit ce qui est conforme à la nature

Le sage choisit ce qui est conforme à la nature

Le sage accomplit un devoir parfait, c’est-à-dire qu’il accomplit sa fonction propre

Le sage est parfait en toute chose

Tous les autres hommes sont des « insensés » (stulti en latin).

Il n'y a pas de nuance entre la perfection du sage et le caractère insensé de la vie de tous les hommes. On peut donc dire que le stoïcisme recherche une transformation de l'homme dans sa totalité : un homme purement rationnel, non pas parce que ses passions seraient éteintes, mais parce qu'elles seraient elles-mêmes raison.

La politique

Marc Aurèle

Dans la section sur les divisions de la philosophie, nous avons vu que Cléanthe faisait de la politique une division à part entière de la philosophie. Nous savons également que Zénon de Cition écrivit un livre sur la République particulièrement célèbre et admiré dans l'Antiquité. Plutarque nous en donne une idée par la description du but visé dans cet ouvrage perdu :

« La République, ouvrage très admiré de Zénon, tend à ce point principal unique, que nous ne devrions pas vivre répartis en cités ni en peuples, chacun défini par ses propres critères de la justice, mais que nous devrions considérer tous les hommes comme des compatriotes et des concitoyens, et qu'il y ait un mode de vie et un monde uniques, comme pour un troupeau nourri ensemble dans le même pâturage sous une loi commune. Zénon a écrit cela comme s'il avait brossé le tableau d'un songe ou d'une image représentant une bonne législation et une république philosophiques. » (De la fortune d'Alexandre, 329 A - B).

La psychologie stoïcienne

Pour M. Pichat, Épictète enseigne que « ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les représentations qu’ils en fabriquent ». Cet adage est fondateur de l’approche psychologique cognitive de la relation d’aide (thérapie cognitive, coaching cognitif, etc.) En un sens, pour les stoïciens, la projection dans le psychisme que constitue la représentation est une élaboration active de la pensée humaine. La représentation stoïcienne n’est pas une image mentale qui copierait au niveau sensoriel les caractéristiques de l’objet perçu ; au contraire, elle est une reconstruction mentale (Muller, 2006). La représentation est ici pour les stoïciens le fruit du regard sensoriel déformant que nous portons sur l’objet.Épictète fournit des exemples d’opérations de pensée qui sont constitutives de cette ré-élaboration cognitive : « Non seulement nous sommes impressionnés par les objets sensibles lorsque nous les rencontrons, mais encore nous retenons certaines choses, nous en soustrayons d’autres, nous ajoutons, nous composons certaines choses de nous-même, nous passons de certaines choses à d’autres qui leur sont conjointes » (Épictète, Entretiens, I, 6, 10).

En ce sens, la représentation stoïcienne relève d’un processus qualifié par la psychologie de « descendant » : la représentation n’est pas une perception fidèle du réel mais une reconstruction de celui-ci, fruit d’une série d’opérations de pensée altérantes. Ces opérations de pensée consistent à réaliser des actions mentales sur les caractéristiques des objets auxquels s’appliquent la perception : les informations issues de ces derniers sont sélectionnées, retenues ou pas, coordonnées, comparées, transposées, pondérées différemment, hiérarchisées, etc.

Nous pouvons noter l'écho que la notion stoïcienne de représentation entretient avec la thématique moderne des biais cognitifs (Kahneman, Tversky, 2000), objet d’une intense activité de recherche de la psychologie cognitive. Les biais cognitifs sont en effet des modes singuliers d’analyse des caractéristiques du réel, des erreurs du traitement de l’information (pourtant) disponible, conduisant à des distorsions représentationnelles et à des perceptions non conformes au réel.

Influence du stoïcisme

L'influence du stoïcisme sur les cultures grecque et romaine est considérable, rares furent les penseurs antiques à ne pas critiquer cette doctrine.

Cette influence continua même après la conversion de l'Occident au christianisme, certains monastères ayant ainsi érigé le manuel d'Épictète, quelque peu modifié, en règles intérieures.

Le stoïcisme se perpétua aussi à travers des philosophes français tels Descartes, qui déclara que « il vaut mieux changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde » ; dans une optique chrétienne : Pascal et, plus proche de nous, Émile Bréhier, dont la vie et les études sont fortement teintées de stoïcisme.

Principales périodes du stoïcisme

Marc AurèleÉpictèteMusonius RufusSénèque le JeuneArius DidymeCicéronPosidonius d'ApaméePanétios de RhodesAntipater de TarseDiogène de BabyloneChrysippe de SolesCléanthe

On peut distinguer dans le stoïcisme diverses écoles ou périodes :

L’ancien stoïcisme : Zénon de Cition (le fondateur, en -301), puis Cléanthe d'Assos, premier scolarque du Portique en -262, Chrysippe, deuxième scolarque en -232, Diogène de Babylone, troisième en -205, et Antipater de Tarse, quatrième en -150

Le moyen-stoïcisme : Panétios de Rhodes, cinquième scolarque en -129, puis Posidonios d'Apamée, sixième en -110

Le stoïcisme impérial ou stoïcisme latin : Sénèque, qui écrit dès 41, Épictète, qui fonda une école à Nicopolis vers 94, Marc Aurèle, qui institua en 176 des chaires de philosophie à Athènes

Le stoïcisme pythagorisant : Posidonios d'Apamée, stoïcien, répandait le pythagorisme ; Diodote, chez Cicéron, bien que stoïcien, vivait le genre de vie pythagoricien. "La plupart des philosophes - académiques, stoïciens, péripatéticiens - pythagorisèrent de quelque façon à Rome"

Le stoïcisme platonisants, dont Antiochos d'Ascalon (13° et dernier scholarque de l'Académie de Platon en 86 av. J.-C.), Tryphon, Arius Didyme, Alcinoos (vers 150). "Depuis le I siècle av. J.-C., le stoïcisme et le platonisme se sont à ce point rapprochés que, sans risquer la contradiction, on pourrait dire d'un philosophe qu'il est en même temps stoïcien et platonicien".

Le stoïcisme aristotélisant, par ex. dans le Traité du monde (I siècle) d'un pseudo-Aristote alexandrin influencé par Posidonios d'Apamée.

Le stoïcisme christianisant, chez certains Pères de l'Église, dont Tertullien, Origène, Lactance, Clément d'Alexandrie, saint Ambroise (Sur les devoirs des clercs)

Le néo-stoïcisme de Juste Lipse (dès 1584), Guillaume Du Vair (Philosophie morale des stoïques, 1585), Pierre Charron (De la sagesse, 1601).

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斯多噶派始创人芝诺雕像

斯多葛主义(英语:Stoicism),斯多葛又译斯多噶,古希腊和罗马帝国思想流派,哲学家芝诺于西元前3世纪早期创立,传人有克雷安德与克吕西普;在罗马帝国,代表思想家有塞内卡、爱比克泰德与马尔库斯·奥列里乌斯。斯多噶派学说以伦理学为重心,秉持泛神物质一元论,强调神、自然与人为一体,「神」是宇宙灵魂和智能,其理性渗透整个宇宙。个体小「我」必须依照自然而生活,爱人如己,融合于与整个大自然。

历史

斯多葛派罗马皇帝马尔库斯·奥列里乌斯雕像 前3世纪早期,腓尼基人芝诺创立斯多葛派,学说继承人是克雷安德,再传给克吕西普。早期斯多噶派学者多是叙利亚人,后期则大多是罗马人。斯多葛派思想以伦理学为重心,与早期纯粹希腊哲学不同,芝诺是唯物主义者,强调德行,不重视形而上学,后来斯多噶派却渗入柏拉图主义,逐渐放弃唯物主义。斯多噶派比较投合统治者,亚历山大大帝以后的许多国王,都自称是斯多噶派。在罗马帝国,1世纪时的大臣塞内卡、出身奴隶的爱比克泰德,以及2世纪罗马皇帝马尔库斯·奥列里乌斯,都是斯多噶派的代表学者,最后者着有《沉思录》。亚历山大城的希腊文法学家迪斯科洛斯也深受斯多噶派影响。

思想

斯多噶派秉持泛神主义物质一元论,反对任何形式的二元论,特别是柏拉图的二元论、精神世界和物质世界的二元对立、灵魂与身体的二元对立,甚至理性与非理性的二元对立。斯多噶派认为,宇宙是完整的神圣实体,由神、人和自然世界共同组成。宇宙是一个统一体,自然、人和神也是一体的。斯多噶派将伦理学和灵魂论奠立在物理学上,「神」是宇宙灵魂和智能,此惟一的精神,分散于物质个体之中,神性的精粹和最崇高的智能,则存在于「以太」中。神的理性渗透整个宇宙,管理和掌握整个宇宙;人是由灵魂与身体共同组成,人的理性来自神的理性。因着理性,人意识到人的目的当是追求德行。人初生时,如同动物依照本能生活,及至成年,理性方发展出来。所有人都具有相同的理性,同属于人类大家族,人要对他人有责任,爱人如己。 斯多噶派认为世界有限而时间无限,世界不断起灭,其中发生的事件,每一次都会重演重现。个体小「我」只有踏进和通过永恒的时间,才能成为内在于世界整体的一部份。斯多噶派有一格言:「依照自然而生活」,「自然」即宇宙运行的律则,受理性支配。人是自然的一部份,灵魂在自然中最伟大最高贵,理性也是人的主要特征,成为人和禽兽的主要差别,「依照自然而生活」就是依照理性而行,使自然与人通为一。个体小「我」必须扩大自己,融合于整个大自然。小「我」的灵魂只有飞到高空,进入大自然的核心,才能成就最高度的充实和圆满。灵魂喜爱在星辰之间翱翔,在那里灵魂会得到丰富的营养,继续成长,解除所有的束缚,回归本源。

法法词典

stoïcien adjectif ( stoïcienne, stoïciens, stoïciennes )

  • 1. philosophie de la doctrine philosophique de l'Antiquité grecque qui prône la maîtrise de soi, l'entraide entre les hommes et la modération

    les lettres d'un philosophe stoïcien à son disciple

stoïcien nom commun - masculin, féminin ( stoïcienne, stoïciens, stoïciennes )

  • 1. philosophie adepte de la doctrine philosophique de l'Antiquité grecque qui prône la maîtrise de soi, l'entraide entre les hommes et la modération

    les stoïciens et les épicuriens

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