La menstruation (ou règles) est la manifestation la plus visible du cycle menstruel de la femme et des femelles de certaines espèces de primates (les Catarrhini). Elle consiste en la désagrégation progressive et irrémédiable de la couche superficielle de l'endomètre en l'absence de grossesse, véhiculée par des pertes de sang plus ou moins abondantes, évacuées par l'utérus.
Généralités
Le terme menstruation vient du mot latin mensis « mois » (proche du grec mene, la lune) qui évoque une parenté avec les cycles lunaires mensuels. L'aspect de la lune a aussi été évoqué pour expliquer cette étymologie.
La menstruation, apparaît entre la préadolescence et l'adolescence. La menstruation, que l'on appelle souvent période ou règles, est la transformation de l'utérus chaque mois lorsqu'il élimine, par le vagin, les tissus (endomètre) qui étaient en place pour accueillir un œuf fécondé. Le saignement peut aller jusqu'à sept ou huit jours. Les saignements sont communément absorbés par des protections hygiéniques.
Biologiquement parlant, les règles ne sont qu'une façon particulière de renouveler un tissu, en l'occurrence l'endomètre, qui se reconstitue de façon discontinue ; à la différence du renouvellement continu de la peau et des autres muqueuses. Entre deux grossesses et pendant l'allaitement, le renouvellement bascule en mode continu et les règles, tout comme les cycles, s'interrompent. L'absence de règle liée à la prise de certaines pilules progestatives traduit également un mode de renouvellement continu.
Chez les femmes, une fois les premières menstruations apparues et régulièrement établies, l'absence de menstruations, ou aménorrhée secondaire, traduit généralement une grossesse (ou, à partir de 40-50 ans, l'apparition de la ménopause). Toutefois, d'autres facteurs très fréquents peuvent causer cette disparition des règles : maladies graves, prises de certains médicaments, anorexie, pratique sportive intensive, troubles d'origines utérine ou ovarienne.
Lorsque plusieurs femmes vivent ensemble, il y a synchronisation des règles ou « effet McClintock », qui serait dû à l'émission par les glandes axillaires de substances volatiles. L'action éventuelle des phéromones dans l'espèce humaine fait l'objet de controverses, puisque l'organe voméronasal n'existe pas chez l'adulte. Toutefois, chez la souris, certaines phéromones peuvent activer des récepteurs présents dans l'épithélium olfactif.
Certains moyens de contraception permettent à la femme de décider d'être menstruée ou non : d'après certains, il ne serait pas dangereux de se passer de règles. Cependant, l'industrie pharmaceutique finançant de nombreuses recherches, il faut rester conscient du risque d'informations erronées même si ces dernières sont transmises par des médecins. Par ailleurs, les pilules sont des médicaments fabriqués et vendus par cette même industrie pharmaceutique. Pour ne pas avoir ses règles, la femme pourra, si elle le souhaite, choisir un moyen de contraception adéquat : pilule combinée prise sans interruption, pilule progestative prise en continu, DIU hormonal.
Jadis du fait des nombreuses grossesses ou de la longue durée de l'allaitement, les femmes étaient rarement réglées. Nous sommes passées en deux siècles de trente cycles par vie à plus de quatre cent cinquante voire six cents en cas de traitement de ménopause.
Globalement il existe une corrélation entre le nombre de cycles au cours d'une vie et le risque de cancer du sein .
L'impact du nombre de cycles sur le risque de cancer du sein est d'autant plus élevé que ces cycles « supplémentaires » se produisent tôt, du fait d'une charge hormonale des cycles qui diminue avec l’âge. Ainsi pour chaque année supplémentaire par rapport à une moyenne, le risque de cancer du sein augmente de 5% lorsque ces cycles se situent à la puberté, et de 3 % lorsqu'ils se situent vers la période de ménopause. En d’autres mots, le risque de cancer du sein augmente quand on est pubère tôt et ménopausée tard.
Douleurs
Chez certaines femmes, une douleur pelvienne (au niveau du bassin) ou des crampes de l'utérus, appelées dysménorrhées peuvent précéder et accompagner la période des règles. Elle s'inscrit dans le cadre du syndrome prémenstruel (ou SPM), qui associe douleurs, malaises, fatigues, dans certains cas anémie. Ces douleurs peuvent perturber la vie quotidienne, ou le sommeil et entraîner une irritabilité.
Certaines femmes peuvent également ressentir des maux de tête, une douleur dans le bas du dos ou une tension des seins, (qui peuvent augmenter de volume en fin de cycle), et rendre nécessaire le changement de taille de soutien-gorge.
On distingue généralement les dysménorrhées primaires, liées à l'effet des prostaglandines, qui affectent en priorité les adolescentes lors des premières années de leurs règles, et qui sont le plus souvent sans gravité, bien que pouvant être invalidantes, et les dysménorrhées secondaires, liées à de nombreuses pathologies possibles, dont l'endométriose. Dans le premier cas, les pharmaciens peuvent délivrer des traitements de type anti-inflammatoire non stéroïdien, en l'absence de contre-indications. Dans le second cas, ou lorsque les traitements sont inefficaces, il est nécessaire de consulter un médecin .
Période fertile
Les spermatozoïdes peuvent survivre dans le corps de la femme pendant une période de 2 à 5 jours. La période de fécondation (le zygote est la réunion des deux gamètes) commence donc six jours avant et se termine 24h environ après l'ovulation : en effet, l'ovule ne vit que 24 heures environ. Les méthodes de planification familiale naturelle utilisent ce principe, soit pour favoriser une grossesse, soit pour l'éviter.
La période de menstruation, lorsque les cycles sont régulièrement établis, est donc peu fertile.
Contrôle hormonal
Cycle Menstruel et hormonal
La fonction de reproduction, c'est-à-dire la production des gamètes et des hormones gonadiques, est contrôlée par l'axe hypothalamo-hypophysaire. L'hypothalamus synthétise et libère de manière pulsative une hormone peptidique (GnRH = hormone gonadolibérine) qui stimule la libération par l'hypophyse antérieure de deux hormones FSH et LH. Les hormones principales ovariennes impliquées dans le contrôle du cycle menstruel sont les œstrogènes, la progestérone et l'inhibine. Au début du cycle, l'hypophyse antérieure (glande pituitaire) libère la FSH (hormone stimulant la folliculogenèse) signalant au follicule immature de grandir dans les ovaires. Le follicule est un sac contenant l'ovocyte. Normalement, un seul ovule est produit par cycle. Il n'y a pas de coordination gauche/droite. Le même ovaire peut donc théoriquement émettre un ovule plusieurs mois de suite. En fait, la présence d'un corps jaune dans un ovaire perturbe fortement la sélection du follicule dominant, de telle sorte que chez 88 % des femmes, l'ovulation se produit alternativement dans un ovaire, puis dans l'autre. Le premier follicule à se développer sécrète de l'inhibine. Les niveaux d'œstrogènes montent quand l'hormone est sécrétée par le follicule qui se développe. Ce taux d'œstrogènes est à son maximum juste avant l'arrivée de l'ovulation. L'ovulation a lieu le 14 jour du cycle, environ 36 h après le pic de LH (hormone lutéotrophe) libérée par l'hypophyse antérieure. Ce pic de L.H est provoqué par l'importante quantité d'œstrogènes qui étaient présents juste avant l'ovulation
Après l'ovulation, œstrogènes et progestérone sont chacun sécrétés par le corpus luteum (ou corps jaune) qui se développe à partir du follicule rompu et reste dans l'ovaire. Le rôle de la progestérone est de préparer le corps pour une éventuelle grossesse. En particulier, la progestérone provoque une augmentation de la température basale d'environ 0,3 °C. Cette augmentation de la température peut être utilisée pour détecter l'ovulation.
Si aucune grossesse n'intervient le corpus luteum dégénère et le niveau des hormones chute brutalement, ce qui provoque l'élimination de l'endomètre lors de la menstruation.
S'il y a une grossesse, le placenta produit les hormones pour interrompre le cycle menstruel :
hCG (hormone gonadotrophine chorionique humaine) pour garder le corpus luteum ;
inhibine pour empêcher une autre ovulation.
Histoire et sociétés
La menstruation est un phénomène physiologique « spectaculaire », à l'origine de nombreuses croyances et tabous culturels ; Cesare Lombroso la liait ainsi à la criminalité féminine.
Dans les religions sémitiques (notamment juives et musulmanes), les femmes sont considérées en état d'impureté rituelle lorsqu'elles ont leurs règles. En Islam, l'intromission sexuelle est interdite pendant le cycle menstruel, en plus de ça, la femme musulmane a droit de ne pas faire sa prière ni son jeûne. Par ailleurs, pendant le pèlerinage, la circumambulation est interdite.
Dans la Bible, le Lévitique indique ainsi :
« La femme qui aura un écoulement de sang restera 7 jours dans la souillure de ses règles. Si quelqu'un la touche, il sera impur jusqu'au soir.
Tout lit sur lequel elle couchera pendant ses règles sera impur et tout objet sur lequel elle s'assiéra sera impur.
Si quelqu'un touche son lit, il lavera ses vêtements, se lavera dans l'eau et sera impur jusqu'au soir.
Si quelqu'un touche un objet sur lequel elle s'est assise, il lavera ses vêtements, se lavera dans l'eau et sera impur jusqu'au soir.
S'il y a quelque chose sur le lit ou l'objet sur lequel elle s'est assise, celui qui y touchera sera impur jusqu'au soir.
Si un homme couche avec elle, si la souillure des règles de cette femme vient sur lui, il sera impur pendant 7 jours et tout lit sur lequel il couchera sera impur.
La femme qui aura un écoulement de sang pendant plusieurs jours en dehors de ses règles, ou dont les règles dureront plus que d'habitude, sera impure pendant toute la période de son écoulement, comme pendant ses règles. »
Masters et Johnson rappellent :
« En 1878, le prestigieux British Medical Journal édita une série de lettres de médecins qui donnaient des « preuves » que le contact d’une femme qui avait ses règles pouvait abîmer le jambon qu’elle avait touché. »
Dans les sociétés traditionnelles, il existe également de nombreuses croyances liées aux menstruations. Par exemple, chez les Marquisiens :
« Les menstruations étaient entourées de plusieurs restrictions, et étaient la principale raison pour laquelle les femmes étaient regardées comme impures et impies. Les femmes ayant leurs règles devaient être évitées sous peine de contracter la lèpre, par contamination par contact avec elles, ou avec le fluide menstruel ou avec leurs vêtements. Les restrictions liées aux menstruations ont ensuite été étendues à toutes les femmes pubères à toutes les occasions. Il était interdit aux femmes de passer au-dessus de tout objet ou structure, ou de passer au-dessus de la tête d'une personne. Ainsi, une femme ne pouvait pas s'asseoir sur la selle d'un homme, aller en canoë, ou s'asseoir sur une chaise ou sous le porche d'une maison si un enfant était également en dessous. Car autrement elle contaminait l'objet ou la personne. Et la contamination ne pouvait être enlevée qu'en tuant la femme, ou en détruisant l'objet, ou en pratiquant le rituel ha'a tahe tahe. »