Le masochisme est la recherche du plaisir dans la douleur. Cette douleur peut être psychologique (humiliation) ou physique.
Formes
C'est Krafft-Ebing qui qualifie le premier le nom de « masochisme » comme symptôme qu'il considérait comme une pathologie : « L'invention du masochiste : un psychopathe au féminin ».
« Ou comment Krafft-Ebing, docte inventeur de perversions en tout genre, change Masoch en criminel du sexe pour avoir commis le pire des crimes : renier le primat du phallus (le privilège de la virilité). (...) Krafft-Ebing en fait un pervers, c'est-à-dire un exclu, un réprouvé (...). Dans Psychopathia sexualis le masochisme est décrit comme monstrueux »
. Le masochisme vieux comme le monde n'a été identifié en tant qu'anomalie sexuelle qu'au XIX siècle par Krafft-Ebing. Sa parenté avec le sadisme fut soupçonnée par le psychiatre. Mais c'est Sigmund Freud qui reliera, confirmera les termes sadisme et masochisme comme des contraires et une complémentarité avec le terme sadomasochisme.
Selon Sigmund Freud, il existerait trois masochismes distincts :
Le masochisme érogène : Comme forme d'excitation sexuelle.
Le masochisme féminin : Ce masochisme serait d'essence féminine. Soit lié au fonctionnement psychologique de la femme. Soit à l'homme devenu féminin parce que castré symboliquement face au phallus fantasmé de la mère. Exemple une femme en corset ou une femme « fétichisée ». « Mais si l'on a l'occasion d'étudier des cas dans lesquels les fantasmes ont connu une élaboration particulièrement riche, on découvre facilement qu'ils placent la personne dans une position caractéristique de la féminité et donc qu'ils signifient être castrés, subir le coït, ou accoucher. C'est pour cette raison que j'ai nommé, pour ainsi dire a posteriori masochisme féminin cette forme de masochisme dont tant d'éléments, pourtant, renvoient à la vie infantile. »
Le masochisme moral : Il a abandonné la libido pour vivre son masochisme dans la vie ordinaire. Il est celui qui, dans la vie de tous les jours, « tend toujours la joue quand il a la perspective de recevoir une gifle ».
Selon Benno Rosenberg, il y a deux masochismes :
Le masochisme mortifère ;
Le masochisme gardien de la vie :
Pour Benno Rosenberg, il n'y aurait pas de théorie possible du masochisme sans la pulsion de mort. Cependant dit-il : « le masochiste érotise et lie la destructivité issue de la pulsion de mort, la rendant ainsi supportable et, dans certaines conditions en limitant sa dangerosité. C'est ainsi que le masochisme devient gardien de la vie psychique. » Le masochisme ne serait donc pas seulement dans une dérivation interne de la pulsion de mort, mais se trouverait au carrefour de la pulsion de vie et de la pulsion de mort.
Theodor Reik emploie le terme de Masochisme social pour analyser le masochisme moral selon Sigmund Freud.
Pour Theodor Reik toujours, « le masochisme est une tendance instinctive commune en tant que possibilité et réalisation à tous les êtres humains, et ne devient pathologique qu'en dépassant certaines limites et en adoptant une nature qui exclut presque toutes les autres directions de l'instinct. »
Sigmund Freud avoue qu'« il est d'ailleurs rare que les tortures masochistes produisent la même impression de sérieux que les cruautés - fantasmées ou mises en scène - du sadisme ». Il pose ainsi une première pierre au concept deleuzien du « Monstre sémiologique».
Dans un entretien entre Jean Laplanche et Jacques André, Laplanche précise : « je n'ai jamais parlé d'une position originaire du sadomasochisme. J'ai parlé d'une position originaire du masochisme. Il peut y avoir masochisme sans sadisme ».
Enfin c'est Gilles Deleuze qui niera le lien entre le masochisme et le sadisme « Sado-masochisme est un de ces noms mal fabriqués, Monstre sémiologique ». Et il précise en cas de rencontre que « chacun fuit ou périt ».
Régis Michel confirme plus récemment : « Bataille est deleuzien avant l'heure » Il sait bien que les deux ne font pas la paire, fût-elle freudienne
Le masochisme moral ou social
Le masochiste social ignore le plus souvent qu'il est masochiste, Il se met en position de subir ses malheurs dans la vie ordinaire. Alors que le masochiste érogène connait presque toujours son état. « Le masochiste moral se distingue du masochiste érogène, il ignore les raisons de son comportement ».
Le masochiste social, c'est le « raté chronique » : « Il peut réussir dans sa vie sociale à condition d'échouer dans sa vie amoureuse. (...) Ce sont des êtres qui ne se pardonnent pas de réussir ».
« Tout se passe comme si ces personnes étaient leurs pires ennemies. Dans ce qu’elles font et dans ce qu’elles évitent, elles réussissent à gâter leur plaisir et leur travail, se refusant un bonheur mérité, et, dans les cas extrêmes, mettant en danger leur vie même. »
Avec la psychologie individuelle du sentiment d'infériorité d'Alfred Adler, le masochisme pourrait être aussi la réalisation de ce sentiment d'infériorité dans le phénomène humain des « prédictions autoréalisatrices », dont l'exemple biomédical est dans l'effet placebo. Alors, le sujet court d'échec en échec pour confirmer sa foi dans son incapacité ou son infériorité. Il s'agit dans ce cas précis de masochisme social. Plus ou moins corrélé, relatif à la névrose d'échec.
Pour Reik, c'est bien le masochisme sexuel qui est la forme primaire, dont les autres sont issues par un détournement. Le masochisme social serait un exutoire du masochisme sexuel, dont il suffit bien souvent à stopper les manifestations dans le comportement. Il décrit le cas de patients alternant entre des phases de masochisme sexuel et de masochisme social, le premier s'effaçant au profit du second avant d'être remis au goût du jour lorsque l'avancement de la thérapie faisait reculer ce dernier.
Pour Paul-Laurent Assoun, le masochiste se met en scène en se plaçant dans « la gueule du lion de la castration ». Il est même prêt à y laisser « la peau des fesses », dit-il. et il poursuit, « c'est là qu'il acquiert ses grades de champion. (...) D'être systématiquement perdant ne l'empêche pas, mais plutôt le fonde, en son "mythe individuel" et à se vouloir "magnifique". (...) Il est "déchet royal de l'Autre" (...) Victime triomphante à lui revient la palme du martyr. (...) Et il devient témoin héroïque "de la Passion de la castration" ».
Chez Job
D'après Ernest Renan : comment penser que Dieu donne l'autorisation à Satan de faire du mal à un homme bon ? Et, lui permet d'agir sur la terre en lui donnant le pouvoir d'agir sur les hommes ? Comment un homme, qui va subir les pires épreuves, les pires châtiments pour des fautes jamais commises. Comment Job non seulement ne va pas renier Dieu. Mais va adorer Dieu plus encore et adorer la haine de Dieu. Adorer le mal, la souffrance que lui inflige Dieu. Comment va-t-il jouir du mal surnaturel ? Tout cela traduit à quel point le Livre de Job est ambigu, équivoque. Et met en relief le désir de cruauté. Et l'on ne peut pas aller plus haut dans l'explication de la cruauté de la souffrance Comment Job va adorer Dieu ? Et comment en ayant terriblement mal. Job est en extase, en transe, en état de transcendance.
Pour Paul-Laurent Assoun : « Il jouit de lui-même comme un divin déchet ». « Les flèches du tout puissant m'ont transpercé. Les terreurs de Dieu sont rangées contre moi. (...) Je crie vers toi et tu ne me réponds pas, je me tiens là, et tu me regardes fixement. » Pour Paul-Laurent Assoun, Job est « inconsolable », mais « intarissable », « irréfutable ». Il se campe irrécusable sur sa misère. Puis il s'accuse, Dieu parle : « Où étais-tu lorsque je fondais la terre ? »
Selon René Girard, dans la Route antique des hommes pervers, ouvrage consacré à l'exégèse du livre de Job, les choses sont beaucoup plus simples et crédibles : l'attribution à Job d'un masochisme, accusation faite également à Jésus-Christ voire à tous les chrétiens, serait une idée "psychologisante", qui ne résiste pas à l'analyse proposée par la théorie mimétique. Job est dans son livre un notable, un équivalent de roi sacré, qui jouit d'une bonne popularité avant de se voir déchu par ceux qui l'adoraient, conformément au sort réservé aux rois sacrés en temps de crise (qu'il s'agisse de communautés archaïques ou de l'Œdipe-Roi de Sophocle). Job devient un simple bouc émissaire de persécuteurs tantôt présents (dans les passages où les auteurs ont naïvement ou honnêtement décrit le phénomène émissaire), tantôt absents, qualifiés d'"amis", ou assimilés à un dieu païen violent mélangé à la notion proprement biblique de Dieu (dans les passages où les auteurs ont cherché à cacher la violence de la foule). Les souffrances de Job viendrait ainsi d'une violence infligée par autrui, commises sur un être humain, qui tout naturellement déteste la souffrance, tout en l'acceptant par fidélité (attitude à rapprocher de la notion théologique de l'épreuve). Girard excuse ou explique facilement les lectures fallacieuses (ou plus exactement différentes de la sienne) dans la mesure où le texte est très hybride, écrit et réécrit par une multitudes d'auteurs qui ont voulu tantôt accuser, tantôt innocenter Job, en tout cas interpréter une réalité historique bien concrète, très répandue (les religions primaires étant fondées sur le sacrifice de boucs émissaires) quoique très déformée.
Dans les contes de fées
Griselidis traite de la misogynie, la haine inconsciente des femmes. Le marquis épouse Griselidis, une simple bergère qui vit dans la forêt. Et, dit-il, « il faudrait me jurer que vous n'aurez jamais d'autre volonté que la mienne ». Le Marquis refuse de laisser sortir sa femme, personne ne l’approche. D’ailleurs elle ne demande rien, sinon rester devant ses fourneaux, servir et obéir à son époux. Il la trouve trop belle, trop attirante. Il lui impose sans cesse des épreuves, la dépouille de ses bijoux, lui enlève sa fille et lui dit qu’elle est morte. « Il me choisit comme un enfant qu'il aime / Et s'applique à me corriger. / Aimons donc sa rigueur utilement cruelle, / On n'est heureux qu'autant qu'on a souffert. » Quand leur fille a quinze ans, il renvoie sa femme dans la forêt en lui disant qu’il va épouser cette jeune fille. Vaincu par l’amour absolu de Grisélidis qui accepte tout, il renonce à l’inceste, à la chasse cruelle et à sa défiance envers les femmes Selon notre société patriarcale, ce conte peut être interprété comme moral. Griselidis supporte toutes les souffrances et humiliations pour gagner le paradis. Aujourd'hui, Griselidis témoigne du masochisme moral.
Chez la femme
La femme masochiste moral ne différencie que peu avec l'homme masochiste moral. Cependant notre société prédispose la femme. « Les civilisations de type masculin ont imposé à la femme une situation de passivité, de soumission et de dépendance », selon Sacha Natch Pour Theordor Reik l'éducation dans nos milieux culturels favorise un léger masochisme de la femme. « La situation biologique la femme, les menstruations, la défloration, la maternité, etc., la dispose au masochisme. »
Pour Simone de Beauvoir la femme au foyer, souvent dominée par son époux, ses enfants, réduite au taches ménagères, vit une forme de masochisme social dans lequel elle se complait : « D'autres [femmes] se complaisent dans un rôle de victime, elles se font les douloureuses esclaves de leur mari, de leurs enfants et y prennent une joie masochiste »
Les contes de fées racontés aux petites filles font des ravages. Les contes les persuadent, très jeunes, qu'il faut attendre le prince charmant. Lequel va tout régler. Et quelquefois il finit par apparaître sous la forme d'un sadique charmant. Alors que rien ne les prédestinait au masochisme moral. Une rencontre avec un bourreau sadique et le risque est grand. Le bourreau sadique humilie, frappe sa proie. Le bourreau sadique isole sa proie. Il la persuade que sans lui, elle n'est rien. Le risque c'est qu'elle finisse par le croire et qu'elle tombe dans le masochisme moral. Plus encore que la peur du bourreau, il s'installe une peur de n'être rien sans le maître.
Pour Louis Ferdinand Céline : « Les femmes sont faites pour souffrir. Masoch est leur Dieu. Si on ne les viole pas, bat pas, cocufie pas, déchire de mille façons elles n’arrêtent pas de pleurnicher(...) ». (A Marie Canavaggia [avril 1947].)
Le masochisme érogène
Illustration du masochisme érogène
« La satisfaction érotique est recherchée sciemment, le sujet ayant établi consciemment un lien entre la souffrance et la satisfaction qu'elle lui procure. En cela il se distingue du masochiste névrosé (masochisme moral) qui ignore les raisons de son comportement. »
Scène originaire
Pour Sacher-Masoch, il s'agit principalement d'une scène dont il fut témoin, puis acteur dans son enfance. Dans son texte Choses vécues : Une scène avec sa tante : « Tout à coup, la comtesse, fière et superbe, dans la grande pelisse de zibeline entra, nous salua et m'embrassa, ce qui me transportait toujours aux cieux ; puis elle s'écria : "Viens, Léopold, tu vas m'aider à enlever ma pelisse." (...) Je ne me le fis pas répéter. Je la suivis... » Ensuite l'auteur raconte comment caché, il a espionné cette tante si fascinante qui trompait son mari. Comment il a assisté à l'humiliation de ce dernier. Puis, comment il fut surpris dans sa cachette par sa tante. Ce qui lui valut une magistrale raclée. Cette scène originaire photographiée, figée dans son imaginaire toujours vécue à nouveau sur un mode onirique. Cette scène déterminera non seulement son œuvre, mais aussi sa sexualité. Ses romans sont sillonnés de scènes fantasmées où sont présentes les fourrures, les fouets, les femmes qui humilient les hommes. Sacher-Masoch cherchera toujours à les mettre en scène dans sa vie privée.
Pour Jean-Jacques Rousseau, c'est mademoiselle Lambercier sa maîtresse d'école. « Cette récidive, que j'éloignais sans la craindre, arriva sans qu'il y eût de ma faute, c'est-à-dire de ma volonté, et j'en profitai, je puis dire, en sûreté de conscience. Mais cette seconde fois fut aussi la dernière, car mademoiselle Lambercier, s'étant sans doute aperçue à quelque signe que ce châtiment n'allait pas à son but, déclara qu'elle y renonçait et qu'il la fatiguait trop. Nous avions jusque-là couché dans sa chambre, et même en hiver quelquefois dans son lit. Deux jours après on nous fit coucher dans une autre chambre, et j'eus désormais l'honneur, dont je me serais bien passé, d'être traité par elle en grand garçon. (...) Qui croirait que ce châtiment d'enfant, reçu à huit ans par la main d'une fille de trente, a décidé de mes goûts, de mes désirs, de mes passions, de moi pour le reste de ma vie, et cela précisément dans le sens contraire à ce qui devait s'ensuivre naturellement ? » Rousseau avoue plus loin : « J’ai fait le premier pas et le plus pénible dans le labyrinthe obscur et fangeux de mes confessions ». Quand Jean-Jacques Rousseau s'exhibe devant les lavandières il exhibe « non l'objet obscène, mais l'objet ridicule ». « D'ailleurs si le souvenir - tout au moins conscient - d'une punition érotisée dès l'enfance se retrouve dans l'anamnèse de beaucoup de masochistes.(...) Ce n'est pas un fait d'observation générale.
Dans son livre Françoise Maîtresse, Annick Foucault cite trois scènes vécues dans son enfance. Le placard si mystérieux dans lequel elle découvre des fouets et des menottes. Une fessée reçue, une autre infligée.
« Une des origines érogènes de la tendance passive à la cruauté (masochisme) est l’excitation douloureuse de la région fessière, phénomène bien connu depuis les confessions de J.J. Rousseau. Les éducateurs en ont déduit avec raison que les châtiments corporels, qui sont généralement appliqués à cette partie du corps, doivent être évités chez les tous enfants qui, subissant les influences de la civilisation, courent le danger de développer leur libido dans des voies collatérales… »
Le sexe et le sacré
L'humain a toujours eu besoin d'idoles, de messes, de cérémonies. « Le masochisme est une expérience mystique » pour André Pieyre de Mandiargues. Le jeu masochiste lui permet de rentrer dans un autre état de conscience. Et, l'espace d'un moment devenir l'esclave qu'il n'est pas dans la vie réelle, une sorte de saturnales moderne. De même que Clifford Bishop confirme que « la flagellation, ou tout autre procédé semblable est utilisée pour unir l'esprit humain au divin. On peut l'employer aussi pour unir des esprits humains entre eux. En occident l'obsession d'une extase par la douleur est habituellement classé dans le sadisme ou dans le masochisme ».
« Le masochiste sexuel est prêt à acheter son plaisir fugace avec la gêne de la torture et même de sa vie. (...) En prévoyant les appréciations futures, sûr des éloges de la postérité, il savoure des extases divines. A un niveau plus élevé, mais relié à celui-ci dans un coin obscur de son âme, le martyr sent comme le masochisme pervers : un moment de paradis n'est pas trop cher payé par la mort. Ils sont tous deux poussés en dernier ressort par l'aspiration du plaisir».
Le masochiste singe les jeux d'enfants mais aussi l'oppression sociale - Jeux de rôles
Supplice de la roue vécu à nouveau sur un mode théâtralisé par Maîtresse Françoise.
Toute l'histoire de l'humanité dans son oppression sociale et religieuse a son pendant dans l'univers masochiste festif. « Tous les jeux masochistes ont leur pendant dans les jeux d'enfants. » Pour Michel Onfray : « Les hommes inventent des arrière-mondes. » Et « la religion procède à la pulsion de mort ». Mauvais calcul dit-il : « car deux fois on donne à la mort un tribut qu'il suffit de payer en une fois. » Si le masochiste moral est dans la pulsion de mort, le masochiste érogène est, lui, dans la pulsion de vie, dans « le masochisme gardien de la vie ». Car son masochisme, il ne le vit pas par projection dans un « arrière-monde », mais dans sa vie, sa sexualité. Freud nous dit que pour l'homme « l'adoption de la névrose universelle [la religion] le dispense de la tâche de former une névrose personnelle » Le masochiste préfère sa petite névrose personnelle et s'invente, dans la plupart du temps un dieu vivant à travers son dominant. « Seuls les hommes s'inventent des arrière-mondes, des dieux ou un seul Dieu ; seuls ils se prosternent, s'humilient, s'abaissent ; seuls ils fabulent et croient dur comme fer aux histoires fabriqués par leur soin. » Le masochiste se crée lui-même son dieu ou sa déesse devant lequel ou laquelle, il va « s'agenouiller, se prosterner, s'humilier, s'abaisser ». Le masochiste festif s'humilie selon son choix. Non seulement il reproduit la conduite d'un croyant monothéiste dans un espace païen, mais le masochiste y met du zèle. Il se met très souvent dans la peau d'une femme. La femme n'est-elle pas la victime par excellence de la société patriarcale ? Il s'habille en soubrette. Et lorsqu'il commet une bêtise, c'est parce qu'il veut être puni. Il ne néglige pas les compliments pour un travail zélé en tant que ménagère. Il attend des félicitations. Notre société pose l'opprobre sur la putain, il en devient une. L'inquisition a brûlé les sorcières, il se fait attacher et il subit la cire chaude. Notre société a utilisé la roue à titre de supplice, il réclame le même supplice sur un mode ludique. Et c'est ainsi qu'il rejoint un donjon où le supplice de la roue sera théâtralisé. Le masochiste cherche à prouver que son obéissance absolue anéantit les ordres de ses ennemis, « que son acceptation honteuse et ridicule des autorités (...) les rend impuissantes ».
Chasteté
Quelques hommes masochistes festifs utilisent la cage de chasteté pour calmer leur angoisse de la castration. Leur sexe captif, l'espace d'un moment, ils ne risquent plus rien. D'autres utilisent des situations pour préserver leur chasteté. Nombreux sont ceux qui considèrent symboliquement que la Maîtresse est vierge, une divinité "intouchable". Ils ne cessent de le répéter. D'autres considèrent que c'est le sexe de la maîtresse qui est divin et récitent des litanies en face de la maîtresse en s'adressant au sexe de la maîtresse. Et en considérant que leur sexe, à eux, est inutile. Bite inutile. D'autres se font attacher, mettre en cage, ligoter.
Dans le bondage l'homme règle aussi ses peurs. En se faisant attacher ou en attachant sa compagne lorsqu'il est dominant, il s'apaise. Pascal Quignard en parle de façon lumineuse dans Le sexe et l'effroi. Pascal Quignard explique la fascination dans le sens attirance/répulsion, parce que « Nous transportons avec nous le trouble de notre conception (...) Il n'est point d'image qui nous choque qu'elle ne nous rappelle les gestes qui nous firent (...) Or cette "chose regardée en même temps" nous ne pouvons en aucun cas la voir. Nous sommes venus d'une scène où nous n'étions pas. » pour Pascal Quignard le sexe de la femme représente, dans l'inconscient, le non être, la mort. En se faisant « bondager » l'homme s'interdit la femme. Tout comme lorsque Sacher-Masoch fantasme sur le corps de marbre de Vénus. Il en fait une femme de pierre castrée de sa dangerosité.
Il peut aussi prendre de la distance avec la femme en l'installant sur un piédestal, toujours « intouchable », bardée de cuir de la tête aux pieds, sur un autel de cuir. C'est « l'idole de cuir ».
Différence entre fantasme et programme
Le masochiste fantasme à partir d'une image, d'une scène vue ou vécue, d'un film, d'une image religieuse, etc. Il rêve, et bien souvent, il dépasse largement ses possibilités en cas de passage à l'acte. C'est cela un fantasme un rêve qui n'est que partiellement réalisable. À la différence du programme : « Maîtresse, 1) tu peux me ligoter sur une table, solidement serré 15 minutes le temps de préparer les instruments ; 2) cent coups de fouet au moins, quelques minutes d'arrêt ; 3) tu commences la couture... » cité par Gilles Deleuze et Félix Guattari . D'après Gilles Deleuze et Félix Guattari cette opposition apparaît clairement chez Michel de M'Uzan à propos d'un cas de masochisme et Gilles Deleuze et Felix Guattari citent de M'Uzan.
Le masochisme érogène chez la femme
Il y a plusieurs sortes de femmes masochistes sexuellement parlant.
La première serait la victime d'un homme à pulsions sadiques. Sadique qui, malgré tout, canaliserait ses pulsions. L'homme a envie de cette emprise sur la femme. Il initie sa compagne. Laquelle n'a jamais eu le moindre fantasme masochiste. Elle n'a pour programme que celui de son maître. C'est lui qui l'éduque. Elle n'est pas dans le contrat selon Gilles Deleuze. Le dominant emploie l'influence et quelquefois la violence. La dominée est la victime à l'état pur. Elle accepte par amour, pour satisfaire l'homme qu'elle aime. Il arrive qu'elle prenne du plaisir et bascule dans une sorte de masochisme de destiné. Mais il arrive aussi qu'elle y brûle ses ailes et bascule dans la déchéance la plus totale. Gilles Deleuze dit en parlant du sadisme et du masochisme : « Chaque personne d'une même perversion n'a besoin que de "l'élément" de la même perversion et non pas de l'autre perversion. » Vanessa Duriès ressemble à Justine de Sade. Vanessa Duriès se place, dans son livre, plus en tant que victime du sadisme que fille de Sacher-Masoch. L'héroïne du roman Le Lien est certainement un exemple du devenir masochiste sous influence. Elle avoua dans une émission de télévision ne jamais avoir pensé à être soumise à un homme. Si ce n'est par amour, pour satisfaire son maître. Dans son livre elle parle de la pantoufle de son père et de la ceinture en crocodile avec lesquelles il punissait. Elle parle d'un sentiment « étrange d'orgueil », mais aucune trace de ce qui pourrait être une fantasme originaire. Elle se positionne donc, toujours, en tant que victime. Elle n'éduque pas son bourreau et de ce fait ne dépend pas du contrat masochiste. À la sortie du livre, Vanessa déclara être âgée de vingt et un ans. Mais le doute subsistait quant à son âge réel au moment des faits. Elle avait le visage de l’innocence, un visage de jeune adolescente. C'est pourquoi, le livre suscita une énorme polémique entre les pratiquants qui se sont forgés une éthique et les libertins pervers sans foi ni loi. Ce livre a eu un énorme succès. Les sadiques rêvaient de posséder une Vanessa et les masochistes rêvaient d'être à sa place.
Intéressant le témoignage de Désirée dans Françoise Maîtresse. Désirée une masochiste morale qui met un temps à se découvrir. « Belle petite salope, dit-elle, maso sans le savoir, belle petite poupée qui trinque et qui se demande pourquoi. Belle petite paumée qui se détruit et qui détruit. » Elle rencontre « un prince charmant », ou plutôt dit-elle : « un mec style très macho (...) il va être ma force... ». C'est l'éducation sociale à plein temps, il pense à sa place, l'humilie, interdiction de manger avec ses doigts. À table, en famille Désirée subit l'humiliation. « Tu n'es qu'un tas de viande avariée quand tu baises. » Elle l'aime. Mais elle se révolte. Il perd son pouvoir. Il se suicide. La fusion continue, Désirée sort du cimetière l'urne chaude entre ses cuisses. Très vite, Désirée finit par comprendre qu'elle est une masochiste morale et passe de l'autre côté de son masochisme. Elle trouve un maître qui lui fait vivre son masochisme tout en restant à l'écoute et en la respectant. Une maso dit-elle « recherche une greffe vivante ». Comment ne pas penser à ces petits êtres, androgynes, si forts qu'ils tentèrent d'escalader le ciel pour combattre les dieux. Zeus les fit couper en deux : « nous sommes devenus deux ; aussi chacun cherche sa moitié ». Désiré termine son témoignage en écrivant qu'une masochiste a le droit de rester digne : « J'ai appris à dire non, je suis une masochiste digne. »
Lorsque Theodor Reik parle du masochisme chez la femme, il utilise le pléonasme « le nègre a une peau foncée ». Mais dit-il « on peut imaginer un nègre blanc comme une bizarrerie de la nature (l'anthropologie connaît une catégorie pareille) » ; et il poursuit : « nous parlons certainement du caractère masculin de certaines femmes. »
Peut-être pense-t-il à ces femmes qui sont des masochistes pures et dures et qui décident, draguent, en fonction de ce qu'elles cherchent. Exactement comme fonctionnent certains hommes. Theordor Reik finit par s'élever sur ce masochisme de la femme considéré comme sexualité un peu trop normale : « La passivité peut être aisément associée à la sexualité féminine, mais la souffrance, le désir d’être ligoté ou battu, humilié, n’appartiennent pas à la sexualité normale de la femme. (...) La question de savoir si la femme est plus ou moins masochiste que l’homme peut être décidée rapidement. Dans ce sens-là [celui de la perversion] la femme est certainement moins masochiste. »
Grandes castratrices. Elles ont, comme Sacher-Masoch, photographié un fantasme originaire resté figé. Elles sont dans le fantasme, puis elles élaborent un programme. Et le maître a intérêt à s'y tenir. C'est ainsi que l'on pouvait lire à l'époque du Minitel : « Femme maso, cherche soumis à maso ». Elles cherchent désespérément le « maître obéissant ». L'écriture de ces femmes, leurs annonces ressemblent à une démarche masculine. Tel ce texte écrit sur Minitel par Satis. Et cité par Annick Foucault dans Françoise Maîtresse : « Branlez-vous mes frères, je vais vous décrire un corps de maso (...) C'est un corps étranglé par les corsets, mordu par le fouet, étiré par les chaînes (...) Saignant parfois, mais un corps glorieux (...). »
Il y a aussi Agathe, drague virile qui se « tape » le maître qu'elle nomme « le baroudeur » : « Il a un physique de Maître ». Le maître veut lui emprunter trente mille francs. Par cette demande, il signe sa reddition. Et Agathe termine en disant : « Le maître voulait faire la putain, il avait enfilé son porte-jarretelles mité ». Ces femmes cherchent un maître Dieu, plus fort, plus intelligent, plus beau. Et surtout qui les domine. Elles sont souvent déçues. Est-ce l'image d'une partie des femmes d'aujourd'hui ? Agissent-elles ainsi parce que plus libérée ? À leur tour cherchent-elles une « ligne de fuite » ? Agathe et Satis représentent peut-être la femme libre. Libre de vivre un masochisme festif, dont elles sont - à la manière de Sacher-Masoch, et des hommes masochistes festifs en général - seules instigatrices.
Chez les guerriers, les émirs
Timour-Leng encore appelé Timour le Boiteux, Timour le Grand, devenu émir de Transoxiane, « Trouvait de la volupté à se faire fouetter par ses femmes »
Le masochisme dans l'Antiquité
Xanthippe vide le pot de chambre sur la tête de Socrate. À l'arrière-plan, un homme rudoie un couple âgé dans un bateau à voile.
Selon le docteur Sacha Nacht, Salomon, à un âge avancé, se faisait piquer par des femmes pour exciter une virilité défaillante. Josephus Flavius racontait que le frère d'Hérode, Phérosas, se faisait, lui, enchaîner et frapper par ses femmes esclaves dans le même but. Toujours selon Sacha Nacht, Socrate, dans ses relations avec son épouse Xanthippe, offre un exemple de masochisme plus complet. « Le fait que parmi les ex-voto offerts par les courtisanes de l'antiquité à Vénus se trouvait des fouets, des brides et des éperons dénonçant clairement l'usage érotique qu'elles pouvaient faire de cet appareil. » Pétrone dans le Satyricon, fait frapper Encolpe avec des orties qui stimulent la virilité. Dans le film de Frederico Fellini, Satyricon, Encolpe est fouetté avec des baguettes qui ressemblent à des cannes anglaises. Selon Raphaël Ledos de Beaufort Sacher-Masoch est loin d’être l’initiateur de la théorie dont il s’est fait le défenseur. « Et qui proclame que rien n’est si enviable que d’être frappé par l’être aimé : cette théorie de la jouissance dans la douleur a de tout temps existé, de tout temps a eu des adeptes et des défenseurs. » « L’histoire ancienne et les mythologies abondent en exemples semblables : Bacchus et les Ménades, Hercule et Omphale, Circé et les compagnons d’Ulysse, Attis et Cybèle, les sacrifices à Moloch et à Baal,Thomyris la reine des Massagètes, Sémiramis fouettant les princes captifs devenus ses amants.
Raphaël Ledos de Beaufort insiste dans un avant propos de La Vénus à la fourrure, il cite Samson et Dalila. et raconte qu'à Sparte les jeunes gens étaient élevés selon les principes du masochisme. Tous les ans, à la fête d'Artémise Orthosie, ils étaient fouettés en public. À Aléa, aux fêtes de Dionysos, pratiques semblables. Ainsi on retrouve des recherches de jouissance dans la douleur dans le culte de Cybèle à qui Athènes, Sparte, Corinthe, l'Asie mineure et même Rome, sur le Mont Palatin, ont érigé des temples. « C'était le premier des devoirs que de se martyriser en l'honneur de la Déesse ».
Trenel, a relevé des scènes masochiste (masochisme chevalin) sur des bas reliefs du XIII siècle. De même Aristote et Phyllis. Des images représentent le philosophe à quatre pattes, portant sur son dos une femme armée d'un fouet. Toujours d'après Sacha Nacht, « longtemps encore les auteurs ne verront dans ces pratiques que des moyens de stimulation. Une sorte d'aphrodisiaque ». Havelock Ellis, plus récemment serait enclin à accepter une origine biologique, instinctuelle, à la vertu de stimulant que peut prendre la douleur.
La question du masochisme chez les religieux
« La souffrance seule rend la vie supportable », selon Marie Alacoque ou Marie-Madeleine Pazzi, qui trouvait une bonheur suprême à être flagellée par la prieure du couvent comme consumée par ces flammes intérieures. Près de la crise elle clamait : « C'est assez ! N'attisez plus cette flamme qui me consume ! Ce n'est pas ainsi que je désire être mise à mort ! C'est trop de volupté et de félicité ! »
« Aucun psychologue, aucun analyste, n’a encore réussi à donner une description des qualités spécifiques de l’expérience masochiste comparées aux extases des ascètes et des saints du Moyen Age. La maladresse banale d’expression et le manque d’imagination de la psychologie scientifique deviennent encore plus évidents lorsqu’on les compare aux témoignages de ces illettrés, même en ignorant le fait que la pe****tion psychologique de ceux-ci prouve être supérieure à celle de la psychologie savante. Les essais de Thérèse de Jésus, les lettres de Catherine de Sienne, sont plus importants pour l’élucidation psychologique du Masochisme que la lecture de Krafft-Ebing. »
« La flagellation, qui servait d'abord à des fins de l'autopunition pour les premiers moines chrétiens et les acètes, devient par la suite un moyen d'excitation sexuelle. L'augmentation de la souffrance produit l'extase. L'Église est amenée finalement à défendre des pratiques expiatoires trop sévères parce qu'elle aboutissent fréquemment à la satisfaction sexuelle. (...) Le masochiste accueille la flagellation que lui inflige une prostituée avec la même joie qu'éprouve le martyr à recevoir les mauvais traitements libérateurs de ceux qui le persécutent».
L'utilisation perverse de l'hôpital
Tina Domina, dominatrice dans sa sexualité et cadre infirmier dans la vie, confie, dans un chapitre intitulé Sévices d'urgence ses aventures à l'hôpital. « Le summum de l'utilisation perverse de la structure hospitalière a été offert par un pseudo-patient », dit-elle. Une nuit un soi-disant médecin, chef de service téléphone en expliquant qu'il faut hospitaliser d'urgence son patient et qu'il faut lui poser une sonde vésicale et une sonde rectale. Suzette l'infirmière remplaçante ce soir là, croyant avoir eu affaire au médecin chef, ne se pose aucune question et ne fait pas passer le patient par les admissions. Elle applique la prescription à la lettre. Elle rase le patient. Elle lui pose une sonde rectale et vésicale, pourquoi les deux ? Suzette ne s'interroge toujours pas. Le pseudo patient inonde la chevelure de Suzette. Elle sort de la chambre scandalisée. L'homme à quatre heures du matin supplie qu'on le laisse sortir. Il a oublié des papiers importants dans sa voiture. Il ne reviendra pas.
Leopold von Sacher-Masoch
Il est désormais reconnu comme un grand écrivain. Le roman La Vénus à la Fourrure (abstraction faite des qualités de l’œuvre) est son programme masochiste. Il veut absolument réaliser ce qu'il a écrit dans la Vénus. Sacher Masoch n'a cessé de manipuler ses compagnes et notamment Wanda Sacher Masoch, afin qu'elles incarnent le rôle de la Vénus à la fourrure.
Dans La Vénus, il ne laisse pas parler la femme. C'est un pur reflet de ses fantasmes. La femme n'existe pas. C'est pour cela que lorsque le voyage dans l'imaginaire se termine, et qu'il retourne au réel, la femme est complètement descendue. La misogynie est explicite.
À la fin du roman, « j'ai été un âne et j'ai fait de moi l'esclave d'une femme, comprends-tu ? D'où la morale de l'histoire : qui se laisse fouetter mérite d'être fouetté... Mais, comme tu vois j'ai bien supporté les coups, le brouillard rose suprasensuel de mon imagination s'est dissipé et personne ne pourra plus me faire prendre les guenons sacrées de Bénares ou le coq de Platon pour l'image de Dieu. » Le voyage mystique est fini ; à ce sujet Gilles Deleuze reprend Theodor Reik, quand Reik cite le cas page 25 où toute la « magie de la scène masochiste s'évanouit », parce que le sujet a cru voir dans la femme prête à le frapper quelque chose qui lui rappelait le père. Gilles Deleuze poursuit : « C'est semblable à la Vénus en moins fort ». Wanda dans Confession de ma vie confirme à quel point elle fut manipulée pour incarner le personnage masochien. Gilles Deleuze écrit : « Elle sera sa compagne à la fois docile, exigeante et dépassée. »
Gilles Deleuze toujours dans sa présentation de Masoch : « Il faut que le masochiste forme la femme despote. Il faut qu'il la persuade, et la fasse "signer". Il est essentiellement éducateur ».
Emmanuel Dazin dit que « chez Masoch, la dominatrice affublée selon les désirs de l’esclave, les caractères qu’il lui attribue, est très vite stéréotypée. » Et il ajoute : « Elle peut aller jusqu’à ressembler à une poupée, entre les mains de sa "victime" manipulatrice. »
Daniel Leuwers a préfacé une Vénus à la Fourrure en livre de poche : « Le masochiste cherche à conditionner l'attitude de la femme en vue de la faire participer à un jeu dont il entend assumer seul la direction. Il s'agit de donner à la femme l'illusion du pouvoir alors qu'elle est sous le joug insidieux de l'homme qui la force à le battre ».
Masoch avait l'honnêteté de dire : « si une telle femme était dans ma vie, elle ne serait pas dans mes livres ». (Voir à ce sujet l'article Masochisme de Leopold von Sacher-Masoch.)
Le Donjon
Le donjon est un microcosme, un îlot hors du monde moral, hors du monde social. C'est une scène miroir où toute l'oppression sociale se rejoue sur un mode festif. C'est la cabane au fond du jardin, ou la cave, ou le grenier que certains couples aménagent afin de s'isoler pour vivre leurs expériences charnelles. Les dominatrices professionnelles appellent leur local aménagé un « donjon ».
Sources littéraires, philosophiques et psychanalytiques
Le corps-sans-organes
Pour Gilles Deleuze et Félix Guattari, le masochiste s'est construit un corps-sans-organes, un CsO. « Le masochiste se sert de la souffrance comme d’un moyen pour constituer un corps sans organes et dégager un plan de consistance du désir ». Le « corps sans organe » est un concept développé par les philosophes français Gilles Deleuze et Félix Guattari dans leurs œuvres communes : L'Anti-Œdipe et Mille Plateaux. L'expression de « corps sans organe » a d'abord été formulée par le poète français Antonin Artaud.
« L'homme est malade parce-qu'il est mal construit. Il faut se décider à le mettre à nu pour lui gratter cet animalcule qui le dérange mortellement, dieu et avec dieu ses organes. Car liez moi si vous le voulez, mais il n'y a rien de plus inutile qu'un organe. Lorsque vous lui aurez fait un corps sans organes, alors vous l'aurez délivré de tous ses automatismes et rendu sa véritable liberté. Alors vous apprendrez à danser à l'envers comme dans un délire de bal musette. Et cet envers sera son véritable endroit. » : Pour en finir avec le jugement de dieu »
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« L’organisme n’est pas la vie, il l’emprisonne. »
Selon Sigmund Freud
Dans Le problème économique du masochisme il mène un parallèle entre le sadisme et le masochisme.
Dans Pulsions et destins des pulsions, en 1915, il considère le masochisme comme un sadisme retourné. Dans Malaise dans la civilisation, en 1930, il déclare que le masochisme est la contrepartie du sadisme.
S'intéressant à la genèse, Freud fit du masochisme le fruit de la rencontre entre la libido et la pulsion de mort. Alors que la première détourne en partie la seconde pour la diriger vers le monde extérieur, une partie de la pulsion de mort reste tournée contre le moi, et se trouve alors « liée libidinalement », donnant naissance au « masochisme primaire, érogène ». C'est plus tard que le philosophe Gilles Deleuze répondra à cette énigme en faisant du sadisme et du masochisme deux mondes différents.
Selon Régis Michel, « Freud avoue d'emblée dès le début de son opuscule, qu'il n'y comprend rien. Le masochisme écrit-il est une énigme. (...) On est en droit de trouver énigmatique du point de vue économique l'existence de la tendance masochiste dans la vie pulsionnelle des êtres humains. En effet, si le principe de plaisir domine les processus psychiques de telle façon que le but immédiat de ceux-ci soit d'éviter le déplaisir et d'obtenir le plaisir, le masochisme est devenu inintelligible. »
Sans renier frontalement les théories de son maître, Theodor Reik s'employa à bâtir une théorie indépendante de celle de Freud, sans référence aux pulsions fondamentales définies par ce dernier telles que la libido et la pulsion de mort. Son parti-pris fut de baser son étude sur les enseignements recueillis auprès de ses patients en analyse beaucoup plus que sur des théories générales à haut niveau d'intégration. Dans une approche tout d'abord purement observative, il énumère quatre traits caractéristiques manifestant la psychologie masochiste :
La signification spéciale de la fantaisie, c'est-à-dire la forme du fantasme (le fantasme vécu pour lui-même, ou la scène rêvée, dramatisée, ritualisée, absolument indispensable au masochiste) ;
Le facteur suspensif (l’attente, le retard, exprime la manière dont l'angoisse agit sur la tension sexuelle et l'empêche de croître jusqu'à l'orgasme) ;
Le trait démonstratif, ou plutôt persuasif (par lequel le masochiste exhibe la souffrance, la gêne et l'humiliation) ;
Le facteur provocateur (le masochiste réclame agressivement la punition comme ce qui résout l'angoisse et lui donne le plaisir défendu). D'où la fascination du masochiste pour le sadique. Selon Theodor Reik « le masochiste envoie le sadique en éclaireur ».
Sur la question des causes, Reik fait naître le masochisme d'un sentiment de culpabilité inconscient, lequel occasionne chez le sujet une « blessure narcissique ». Theodor Reik dit que « la profondeur du problème du masochisme nous fait accepter la vérité et la plaisanterie du skieur : L'homme est un animal masochiste ».
La « forme du contrat » Pour Gilles Deleuze « Le masochisme ne peut pas se séparer du contrat, mais en même temps qu’il le projette sur la femme dominante, il le pousse à l’extrême, en démonte les rouages et, peut-être, le tourne en dérision ». Gilles Deleuze reprend les théories de Reik, mais en minimisant le rôle du père par rapport à celui de la mère dans la formation du masochisme. D'autre part, il introduit la notion centrale du « contrat », établissant une distinction forte entre les relations contractuelles instaurées par le masochiste et la violence sadique qu'il rapproche d'une « institution ». Pour le philosophe, la « forme du contrat » constitue une cinquième caractéristique à ajouter aux quatre définies par Reik :
« Le contrat masochiste n'exprime pas seulement la nécessité de consentement de la victime, mais le don de persuasion, l'effort pédagogique et juridique par lequel la victime dresse son bourreau ». Le masochisme festif est le masochisme de Leopold von Sacher-Masoch. Gilles Deleuze écrit dans sa présentation de Sacher Masoch : « Sado-masochisme est un de ces noms mal fabriqués, monstre sémiologique », et il considère que le sadisme et le masochisme ne sont ni d'absolus contraires, ni complémentaires. Sade, démontre un univers criminel, donc non contractuel. Alors que Sacher-Masoch, lui, est dans le contrat. Ce que décrit Sade, ce n'est pas pour le réaliser, mais pour démontrer la cruauté du monde. Pour démontrer que la nature est mauvaise. Alors que ce qu'écrit Masoch dans la Vénus à la fourrure, c'est ce qu'il veut réaliser. Donc deux mondes différents, deux couples : l’un masochiste dominé qui choisit son bourreau et pactise avec lui. Et, dans le sadisme, un sadique qui torture sa victime et qui en jouit d’autant plus qu’elle n’est pas consentante. Ainsi Gilles Deleuze nomme le dominant dans l’univers masochiste le (la) Masochisant(e). Cette pensée de Gilles Deleuze est confirmée par d'autres, dont Roland Jaccard : « Sacher Masoch n’est ni le contraire ni le complément de Sade, mais l’initiateur d’un monde à part ».
Paul-Laurent Assoun reprend les mots de Lacan et dit : « Le masochiste met en place un gigantesque trompe-l'œil : il pousse le semblant jusqu'au chiqué - ce qui va au-delà du fameux trait démonstratif de Reik. Mais par ce biais, c'est le réel de la jouissance qu'il exhibe. Ainsi telle est la vérité dénudée de masochisme, au delà de son déploiement imaginaire, que pour l'affronter, il ne faut pas avoir froid aux yeux ».
Plaisir sans responsabilité
Theodor Reik cite W.Stekel et Wilhelm Reich. L’exemple fourni par Theodor Reik est : « son patron rentre dans la chambre où il se trouve et, revolver en main, donne au rêveur l’ordre de copuler avec sa femme (celle du patron). Cela semble être un exemple parfait de la catégorie : plaisir sans responsabilité (...). » La dominatrice est celle qui prend le rôle du patron. Armée d’un fouet, usant de paroles dures, de menaces, de chantage, humiliant son sujet. Elle oblige son sujet à prendre le plaisir défendu et elle endosse la faute.
Plaisir sans responsabilité et le Devenir femme
L'exemple le plus stupéfiant est celui du président Schreber. Daniel Paul Schreber est un grand puritain, complètement assujetti au système très répressif de sa société. Il est président de la cour d'appel, puis de la cour de cassation de Dresde en Allemagne. Nous sommes au XIX siècle. Le président Schreber a un rêve : vivre en femme. « En appuyant sur cette trame, je suis à même, surtout si je pense en même temps à quelque chose de féminin, de me procurer une sensation voluptueuse correspondant à celle d'une femme. » Il se donne l'impression de seins et d'organes féminins. « J'ai tellement pris l'habitude de dessiner un derrière féminin à mon corps. »
Au début « il s'insurge contre ce rêve avec un indignation très virile ». Très vite il va affirmer qu'il obéit à Dieu et qu'il est la femme de Dieu. Dieu voulait qu'il se transforme en femme, afin de sauver le monde. Les rayons du Soleil n'étaient autres que le sperme de Dieu qui allait le féconder. Le président Schreber est enceint de Dieu. Extrait du Jugement qui rendit la liberté à Schreber : « Il se considérait comme appelé à faire le salut du monde et à lui rendre la félicité perdue. Mais il ne le pourrait qu'après avoir été transformé en femme. » L'expertise de 1899 parle de Schreber en ces termes : « Il ne semble actuellement présenter ni confusion, ni inhibition psychique, ni diminution notable de l'intelligence - Il est calme, sa mémoire est excellente, il dispose d'un grand nombre de connaissances, non seulement en matière juridique, mais encore dans beaucoup d'autres domaines. » Il fait marcher tout le monde à la baguette.
Gilles Deleuze et Félix Guattari se sont intéressés au président Schreber Les Mémoires du Président Schreber ont passionné Freud et Jung. Ils en témoignent dans leur échanges épistolaires. Aujourd'hui les hommes qui partagent les rêves du président Schreber possèdent des tenues féminines. Ils se travestissent secrètement chez eux. Ou, ils le font avec la complicité d'une dominatrice qui prend pour eux le rôle de la Dieu-esse Ils ne se dessinent plus un derrière féminin. Ils enfilent leur faux derrière, leur faux sexe féminin, leurs faux seins. Ils se maquillent ou ils cachent leurs traits virils derrière des masques. La grande mode est au masque Rubber Doll, sorte de cagoule en latex moulée à l'image d'un visage féminin et maquillée comme le visage d'une poupée.
Lignes de fuite
« Chez Sacher-Masoch, l’esclave éduque le maître. Le contrat est d’abord un contrat d’apprentissage. La violence permet la rédemption et le vice y est, comme dirait Cioran, "une envolée de la chair hors de sa fatalité". » Gilles Deleuze parle à plusieurs reprises des lignes de fuite. Pour Gilles Deleuze « fuir ce n'est pas fuir la vie, mais trouver une arme ». Pour Gilles Deleuze il existe une différence entre le traitre et le tricheur. Le traitre peut-être un traitre à l'ordre établi sans être un tricheur. « L'histoire de Caïn, c'est la ligne de fuite de Caïn. (...) C'est l'histoire de Jonas : le prophète reconnaît à ceci qu'il prend la direction opposée à celle que Dieu lui ordonne, et par là réalise le commandement de Dieu, mieux que s'il avait obéi. (...) La fuite peut se faire sur place, c'est le voyage immobile. (...) Une fuite c'est une espèce de délire. Délirer c'est exactement sortir du sillon comme déconner, etc. (...) C'est être outsider. La ligne de fuite c'est lorsque le masochiste se construit un corps-sans-organes. »
La stupéfaction de Michel de M'Uzan
Dans ses livres Ainsi que dans L'Énigme du masochisme, Michel de M'Uzan évoque la visite d'un patient peu ordinaire. Il s'agit de « M. le Maso ».
M. Le Maso a le corps couvert de tatouages visage excepté, il est entaillé, automutilé, il est couvert d'inscriptions que Michel de M'Uzan consigne dans ses diverses interventions écrites ou orales. Il cite : « Un tatouage postérieur, "Aux rendez-vous des belles queues" latéralement avec une flèche : "Entrée des belles pines" ; devant, en plus des pénis tatoués sur les cuisses, une liste impressionnante : "Je suis une salope". (...) Le sein droit a littéralement disparu, il a été brûlé au fer rouge, traversé par des pointes et arraché. (...) Du plomb fondu a été introduit dans l'ombilic. (...) Des lanières avaient été découpées dans le dos afin que M. Le Maso puisse être suspendu. (...) Des aiguilles de phonographe étaient fichées à l'intérieur des testicules (...) pénis bleu à la suite d'une injection d'encre de Chine dans un vaisseau (...). »
Michel de M'Uzan conclut qu'il s'agit d'un homme parfaitement bien dans sa peau ne réclamant aucune thérapie. L'homme est intelligent, ouvrier hautement qualifié en électronique. Il voulait juste mieux comprendre. Anne Larue va confirmer : « M. Le Maso n'est pas un analysant mais un homme curieux de savoir si la psychanalyse peut lui fournir des explications sur ce qu'il est. » Elle conclut : « M. Le Maso laisse entendre qu'entre le doux lait qui coule dans les veine du mouton normal, et le malaise douloureux du malade psychique à claquemurer, il existe un sang étrange, celui des êtres libres et forts, âpres et énergiques, qui n'ont pas besoin de thérapie ».
Déconstruction du masochisme par René Girard
La théorie mimétique de René Girard permet notamment de ramener toutes les observations des psychanalystes à un principe unique : le mimétisme. Pour ce qui est du masochisme, la théorie mimétique le fait apparaître comme un moment particulier de la dynamique du désir humain. Nous devons donc partir d'un bref exposé de la théorie mimétique pour aborder ensuite progressivement le point de vue de René Girard sur le masochisme.
Le désir est par nature mimétique : nos désirs sont les imitations des désirs d’un modèle, appelé également médiateur du désir. Le modèle jouit auprès du sujet d’un prestige particulier, qui dépend de l’illusion de l'autonomie métaphysique. Le modèle prestigieux désire un objet et le sujet, imitant son modèle, désire le même objet. Mais il le désire sans savoir que son désir est médiatisé. Le triangle du désir mimétique a donc trois sommets : le modèle, l’objet et le sujet. Freud avait perçu ce triangle mais d’après lui, ce n’était que la répétition du triangle archétypal œdipien : père, mère, enfant.
Le modèle peut être éloigné, imaginaire ou appartenir à un monde de valeurs inaccessible qui transcende le nôtre : c’est le cas d’Amadis de Gaule pour Don Quichotte, et Girard parle alors de médiation externe. Il peut aussi être proche et réel : c’est le cas de Pavlovitch pour Veltchaninov dans L'Éternel mari de Dostoïevski, et Girard parle alors de médiation interne. Dans la médiation interne, il y a concurrence entre le modèle et le sujet pour la possession de l’objet du désir. Le modèle se transforme donc en rival. Mais le sujet, n’ayant jamais reconnu son modèle en tant que tel, ne voit que l’objet, son désir pour l’objet, et le rival qui se dresse entre lui et l’objet. Cette situation est d’ailleurs si fréquente que Girard parle de modèle-rival.
À un stade plus avancé du mimétisme, plus le modèle-rival est rivalitaire, plus il est capable d’inspirer le désir pour l’objet. L’objet va devenir d’autant plus fascinant qu'il est inaccessible. Plus le modèle fait obstacle, plus le désir s'exacerbe. Plus le désir s’exacerbe, plus la valeur de l'objet grandit.
À un stade encore plus avancé, celui identifié comme le masochisme, le sujet en vient à voir dans l'échec à la possession de l'objet le signe le plus sûr de sa valeur. Le sujet en vient à ne désirer que des objets inaccessibles et à ne choisir que les rivaux les plus prestigieux et les plus capables de lui faire obstacle. D’un point de vue extérieur, et sans le concours de la théorie mimétique, nous avons l’impression que le sujet se complait dans l'échec : nous préférons créer la catégorie spéciale du masochisme que reconnaître que le mimétisme est le principe des relations humaines. Il est absurde de croire qu’il existe un désir sain et un désir malsain et que des gens puissent chercher la souffrance pour elle-même. Dans ce que les psychanalystes appellent le masochisme, après avoir mené à l’échec, le désir a l’air de faire de l’échec son objet. Le "masochiste" ne fait que prendre pour point de départ un stade avancé du désir. Il faut donc renoncer à l’étiquette de masochisme, qui brouille les pistes là où elle croit les révéler.
La théorie mimétique en vient à déconstruire les mythologies psychanalytiques. Selon Girard, les observations de Freud et ses conclusions sont admirables mais il échoue à conceptualiser ce qu’il étudie. Freud, à l’imitation de Platon, pose l’existence d’archétypes que les gens sont censés ensuite reproduire toute leur vie. Là où Freud échoue à expliquer la reproduction du triangle, Girard propose un désir qui apprend de lui-même.
Le masochisme, gardien de la vie
Benno Rosenberg dédie son travail, Masochisme mortifère et masochisme gardien de la vie, « à ceux, trop nombreux, qui ont subi, pendant la Deuxième Guerre mondiale, la destructivité et le sadisme de certains ».
Culture
Brünhild beobachtet Gunther (Brunehilde observant Gunther), peinture de Johann Heinrich Füssli, (1807).
Samson se soumet à Dalila, elle lui coupe les cheveux, le prive de sa force. Peinture de Rubens (1609).
Prométhée enchaîné par Rubens, (1611-1612)
Saint Sébastien par Le Sodoma (1525). Huile sur canevas, 206 x 154 cm, Galleria Palatina, Florence
« Les amours chez Masoch trouvent leur source dans l'œuvre d'art. » Sacher Masoch écrit : « je dévorais les légendes des saints et la lecture des tourments endurés par les martyrs me jetait dans un état fiévreux ». Il est le prototype de nombreux masochistes. « Les saintes, attachées, brûlées vives, les martyres ont été les premières images à provoquer chez moi des émotions érotiques »
Cinéma
Le masochiste est fasciné par le sadique. Le sadique est dans l'imaginaire du masochiste. Le sadique est dans le fantasme masochiste. Le sadique n'est pas dans le programme. Le passage à l'acte est pratiquement impossible. « Jamais un vrai sadique ne s'intéressera au masochiste.» (...) « La figure du masochiste est hermaphrodite, comme celle du sadique est androgyne. Chacun dans son monde dispose de tous les éléments qui rendent impossible et inutile le passage dans l’autre monde. On évitera en tout cas de traiter le sadisme et le masochisme comme d’exacts contraires - sauf pour dire que les contraires se fuient, que chacun fuit ou périt... »
Il existe très peu de films, des films underground, entièrement explicites dans l’univers masochiste tels que :
Maîtresse, de Barbet Schroeder
Sick: The Life & Death of Bob Flanagan, Supermasochist : Sick est un documentaire. Se sachant atteint d’une maladie douloureuse et incurable, Bob Flanagan va soulager le mal par le mal. Ce documentaire met en scène des pratiques extrêmes dans lesquelles le sujet atténue la douleur de la maladie en se livrant à la douleur orgiaque.
Preaching to the Perverted : Royaume-Uni, 1997, de Stuart Urban avec Guinevere Turner, Christien Anholt, Tom Bell, Julie Graham.
La Secrétaire : États-Unis, 2002, de Steven Shainberg avec James Spader, Maggie Gyllenhaal, Jeremy Davies, Amy Locane, Lesley Ann Warren.
La Frusta e il Corpo: Italie-France, 1963, de Mario Bava (aka John M. Old) avec Christopher Lee, Daliah Lavi, Tony Kendall.
Histoire d'O: France-Allemagne-Canada, 1975, de Just Jaeckin avec Corinne Cléry, Udo Kier, Anthony Steel.
Quant au cinéma grand public, on y rencontre de nombreuses femmes fatales, du travestissement innocent. On voit, désormais, moins souvent ce genre de films, où plus ou moins ingénument on nous montrait des scènes de fouet, de galères, de bondage de fessées, de martyrs. L’auteure de Françoise Maîtresse l’évoque dans son livre : « la Chose innommable rayonna en moi avec son monde qui tourne à l’envers. Cette Chose allait au cinéma depuis mon enfance et éprouvait la volupté en regardant les grands films de sévices : cow-boys, sexes d’étalons, tortures de pirates, viols d’Apaches, femme attachée au mât d’un navire pour y recevoir le fouet. »
Dans la liste qui suit, il ne faudra pas, forcément, considérer ces films comme entrant dans le cadre du contrat masochiste. Ni y voir l'acceptation totale de la victime. Ces films sont des films « grand public » comportant une ou plusieurs scènes qui peuvent, éventuellement être à l'origine d'un fantasme originaire chez un sujet sensible, peuplant ainsi l'univers fantasmatique du masochiste. Ainsi, certaines de ces images cinématographiques qu'elles soient dans le sadisme ou dans le masochisme peuvent, quelquefois, déterminer la sexualité du masochiste festif en herbe.
Voici une liste non exhaustive de ces films :
If... - Lindsay Anderson - Palme d’or, 1969, Cannes, non seulement l’acteur principal prend une gifle monumentale par une fille dans la cafétéria, mais il y a dans ce film une scène de châtiment à la canne anglaise (caning), où l’élève victime est placé penché sur une table, poitrine collée à la table.
The Halfway House (2004) Kenneth J. Hall
Solo pour deux USA, 1984. Un film de Carl Reiner, avec Steve Martin (Roger Cobb), Lily Tomlin (Edwina Cutwater), Victoria Tennant (Terry Hoskins).
Au-delà du Missouri, un film de William A. Wellman, avec Clark Gable (Flint Mitchell), María Elena Marqués (Kamiah), Ricardo Montalban (Ironshirt), John Hodiak (Brecan), Adolphe Menjou (Pierre), J. Carrol Naish
Le Grand McLintock, un film de Andrew V. McLaglen, avec John Wayne (G. W. McLintock), Maureen O'Hara (Katherine McLintock), Patrick Wayne (Devlin Warren), Stefanie Powers (Becky McLintock).
100 dollars pour un shérif - Un film de Henry Hathaway, avec John Wayne (Rooster Cogburn), Glen Campbell (La Bœuf), Kim Darby (Mattie Ross), Jeremy Slate (Emmett Quincy), Robert Duvall (Ned Pepper).
Le corps et le fouet, réalisé par Mario Bava. Avec Christopher Lee, Daliah Lavi, Tony Kendall, Ida Galli, Harriet Medin, Gustavo de Nardo, Luciano Pigozzi, Jacques Herlin. Scénario : Ernesto Gastaldi, Ugo Guerra, Luciano Martino.
Le corrupteur, un film de Michael Winner avec Marlon Brando (The Nightcomers, 1972) bondage et fouet : une jeune gouvernante attend chaque nuit la venue du valet de chambre Marlon Brando pour se laisser ligoter, écarteler. Une grande scène d'amour très chaude qui commence par une scène de bondage au moins aussi chaude. La morale est que les enfants de la famille sont voyeurs et corrompus par ce voyeurisme. Ils reproduisent la brutalité amoureuse sans garde-fous et donc ils en viennent au crime. La fin du film sauve la bonne morale et conclut cette sexualité animale, « ce n'est pas bien ».
« Brando est sans conteste un original. Une des plus étranges singularités de son existence de vedette est le besoin évident, dans ses films, à des traitements brutaux. Or Brando est un non violent et ses amis s'accordent pour le reconnaître... »
La Vengeance aux deux visages (film, 1961) - Marlon Brando est fouetté par Karl Malden
Reflet dans un œil d'or, Marlon Brando est cravaché par Elizabeth Taylor
La Poursuite impitoyable (1966) - Réalisation Arthur Penn (scène de flagellation)
Sur les quais, (1954) Marlon Brando se fait massacrer - Film d'Elia Kazan avec Terry Malloy, Karl Malden le père Barry, Eva Marie Saint Edie Doyle, Rod Steiger Charley Malloy, Lee J. Cobb Johnny Friendly
Viva Zapata! - Marlon Brando est promené corde au cou comme un animal.
The appaloosa (1966) - Marlon Brando est pendu - Réalisateur : Sidney J. Furie.
Attache-moi ! (1990) de Pedro Almodóvar avec Antonio Banderas et Victoria Abril. Après avoir été Kidnappée, l'Héroïne atteint une sorte d'extase provoquée par la violence de son bourreau et la peur qu'elle a de lui. Paradoxalement comme dans les cas de syndrome de Stockholm, elle tombe amoureuse de son Kidnappeur, devient une masochiste de destinée, c'est, alors qu'elle lui dit « Attache-moi. »
Portier de nuit : avec Dirk Bogarde C******te Rampling - Ces films, Attache-moi et Portier de nuit, sont plus proches du Syndrome de Stockholm, la victime tombe amoureuse de son bourreau.
Boulevard du crépuscule (Sunset Boulevard) : un film de Billy Wilder, 1950 avec William Holden, Gloria Swanson, Erich von Stroheim. Norma Desmond interprétée par Gloria Swanson et dirigée par Billy Wilder fut une grande gloire du cinéma muet. Elle vit enfermée dans une prestigieuse demeure. Pour Billy Wilder il n’est question que des affres du temps qui ont abîmé la star et délabré la demeure. Il s’agirait d’un film culte pour certains masochistes. Norma Desmond agit comme une Idole. Elle a perdu son physique de jeune première, mais a largement gagné en personnalité. Capricieuse, autoritaire, attitude, sa manière de diriger son valet, sa manière de recevoir l’homme égaré à sa porte, sa manière de fumer, son narcissisme etc. Pour les fétichistes de la cigarette elle est fumeuse et fume en dominatrice. Billy Wilder nous la montre, comme aucune femme ne se montrerait jamais, bain chaud où son visage est dégoulinant de sueur, masques de beauté terrifiants. C’est sans compter sur le masochiste qui veille en coulisse et qui veut coûte que coûte qu’elle reste sur son piédestal. C'est évidemment le valet interprété par Erich von Stroheim. Il l’a transformée, formée, sans qu’elle puisse s’en rendre compte. Elle est le bourreau, un bourreau éduqué à la sauce de l’esclave. Le maître du fantasme c’est lui et lui seul. On apprend au cours du film qu’il fut son premier mari et son impresario. « Son bureau était tapissé de cuir vernis noir. » Tout au long du film Max le valet n’est pas vraiment maltraité. On reconnaît en lui un homme brillant, mélomane, pianiste. Mais Max est vraiment humilié en tant que vrai valet. Il se ferait tuer pour elle. Il la protège de tout au point de lui envoyer des fausses lettres d’admirateurs. Qui permettent à la star de continuer à rêver. Il filtre les appels de façon à ne pas distraire l’homme qu’elle aime. Il montre par moment un visage douloureux. Mais il reste fidèle et imperturbable. Puis Norma tire sur le journaliste et le tue. Lorsque les flics et toute la presse arrivent, Norma continue à rêver, elle croit qu’elle tourne à nouveau. Elle descend l’escalier en star et son fidèle valet est en bas. Il joue le jeu : « les caméras vous attendent, Madame ! Lumière ! Tournez ! »
Rivière sans retour (1954) - Film d’Otto Preminger, Marilyn Monroe, Robert Mitchum À première vue rien qui puisse faire fantasmer un masochiste, à l’exception d'une scène dans le film : l’enlèvement par Robert Mitchum de la chanteuse de cabaret interprétée par Marilyn Monroe. Non seulement, le masochisme de la femme est titillé par l’enlèvement de l’homme fort qui décide, qui prend, le maître en quelque sorte. Mais, les hommes masochistes en devenir femme, eux aussi, ont rêvé d’être la Marilyn d’un jour. La psychanalyse y trouve son compte, car le film se termine sur l’image des escarpins, en lamé rouge, tombés dans la boue. La belle a abandonné son phallus. La castration est consommée.
La Femme et le Pantin - Avec Marlène Dietrich Un film de Sternberg dont le titre original est The Evil is a Woman, « le Mal est une Femme » ; voilà qui en dit long au sujet d’une certaine vision de La Femme Libre.
L’Ange bleu : réalisé par Josef von Sternberg, en 1930. Avec Emil Jannings : le professeur Emmanuel Rath - Marlène Dietrich : Lola-Lola. Le professeur Emmanuel Rath tombe amoureux fou de Lola-Lola, une artiste de cabaret. Il se marie avec elle. Il sera victime de la femme fatale. Elle sera sa perte. Licencié de son poste d’enseignant, bafoué, trompé, humilié, ridiculisé, il se suicide dans sa salle de classe tant regrettée.
Bataille sans merci : réalisé par Raoul Walsh en 1953 avec Rock Hudson et Donna Reed Lart de maltraiter sainement une femme selon Raoul Walsh. Le cavalier traîne une femme au bout d’une corde.
Belle de jour : Réalisation : Luis Buñuel. Avec Catherine Deneuve : Séverine - Jean Sorel : Pierre Sérizy - Michel Piccoli : Henri Husson - Geneviève Page : Madame Anaïs - Pierre Clémenti : Marcel - Macha Méril : Renée. Séverine a des fantasmes masochistes d’humiliation et de prostitution. Une partie se passe dans son imaginaire. Quant à la prostitution, elle passe à acte dans la vie réelle.
Le Combat mortel de Tarzan : Réalisé par H. Bruce Humberstone avec Gordon Scott, Eve Brent, Rickie Sorensen, Jil Jarmyn, James Edwards, Carl Benton Reid, Harry Lauter, Woody Strode. « Tarzan ligoté, crucifié, comme il se doit, un héros esclave ».
Le Colosse de Rhodes : Film de Sergio Leone, avec : Rory Calhoun - Lea Massari - Georges Marchal - « ligotage et suspension deux principes du masochisme ».
Les Implacables : Film de Raoul Walsh, sorti en 1955, avec Clark Gable, Jane Russell en dominante implacable, Robert Ryan, Cameron Mitchell, Juan Garcia.
Simon le pêcheur
A Dangerous Method
Littérature
Sade, évidemment, agit en tant que « déclencheur » mais toute référence à Sade est dangereuse. Car Sade démontre la société cruelle, le crime et le viol d'enfants. Sa démonstration sert à dénoncer que la nature est mauvaise. Dans le sadisme, il n'y a pas de consentement et le sadique jouit de ses violences d'autant plus que la victime n'est pas consentante. « Jamais un vrai sadique ne supportera une victime masochiste ». « Ils veulent être certains que leurs crimes coûtent des pleurs, ils renverraient une fille qui se rendrait à eux volontairement » précise une des victimes des moines dans Justine ou les Malheurs de la vertu. - La comtesse de Ségur : visible. Histoire d'O : très clair.
À part certains ouvrages phares très explicites, il est évident que la littérature regorge de fantasmes sadiques ou masochistes et fétichistes. Gustave Flaubert dans La tentation de saint Antoine, son fétichisme dans Salammbô, Octave Mirbeau, Jean Genet, Émile Zola, etc.
Dostoïevski abordé par Freud, grand masochiste moral devant l'éternel et selon Paul-Laurent Assoun, il pourrait être le Sacher-Masoch du masochisme moral.
Selon Roland Villeneuve, dans Nana, lorsqu'Émile Zola décrit la relation entre Nana et le comte Muffat, il est inspiré par la légende d'Aristote. Les images qui représentent le philosophe à quatre pattes, portant sur son dos Phyllis armée d'un fouet.
C'est Jean-Paul Sartre qui parle du masochisme de Jean Genet : « L'enfant devine qu'une femme l'a arraché à soi, tout vivant, tout sanglant pour l'envoyer rouler au bout du monde et il se sent maudit : dès la naissance il est le mal aimé, l'inopportun, le surnuméraire. Indésirable jusque dans son être, il n'est pas le fils de cette femme : il est l'excrément. Et l'on verra avec quelle insistance, avec quel plaisir masochiste, Genet se comparera plus tard à une ordure, à un produit de déchet. »
Jean Genet est victime de l'oppression sociale, Mais, dit-il « ne comptez pas sur moi pour critiquer les institutions » : Genet ne veut rien changer du tout, « il en a besoin comme Prométhée a besoin de son vautour ». C'est un moteur à sa création littéraire. L'auteur de Françoise Maîtresse nous dit : « Un livre, c'est légèrement sanglant. (...) Un livre c'est un maître, un esclave, un amant. Ces mots que l'on met bout à bout sont autant de joies, de douleurs, d'orgasmes, de coups de fouet. » Elle confirme l'expérience mystique et le côté masochiste de la création. C'est aussi ce que nous dit Friedrich Nietzsche : « Je vous le dis, il faut avoir encore du chaos en soi pour enfanter une étoile dansante. »
Le masochisme est au cœur de toute création artistique. La littérature de Masoch est le plus souvent dans le fantasme. Le fantasme est ce qui est irréalisable. Dans ses deux grands livres : Mardona La Mère de Dieu et La Pêcheuse d'âmes Sacher-Masoch évoque la mort. Dragomira, personnage romanesque par excellence dans La pêcheuse d'âmes a pour religion la mort. Elle offre à la mort le sacrifice des hommes qu'elle rencontre. Mardona La Mère de Dieu, elle, crucifie, plante les clous. Elle est la rédemptrice : « parce que c'est par la femme que le péché est entré dans le monde. Aussi assurent-ils que de la femme seule peuvent venir la rédemption et le rétablissement du paradis ».
Quant à la Vénus à la fourrure, ce que Sacher-Masoch écrit c'est pour le réaliser, c'est son programme.
Peinture et art graphique
Le Martyre de sainte Agathe par Sebastiano del Piombo
La Mort de Sardanapale Artiste Eugène Delacroix Date 1827 Technique huile sur toile Dimensions(H × L) 392 × 496 cm Localisation Musée du Louvre
« Déjà, enfant, nous dit Sacher-Masoch, j’avais pour le genre cruel une préférence marquée, accompagnée de frissons mystérieux et de volupté (...), je dévorais les légendes des saints et la lecture des tourments endurés par les martyrs me jetait dans un état fiévreux... » Sacher-Masoch en parle pour la première fois dans la Revue bleue.
Sainte Agathe de Catane, subit la torture des seins avec des tenailles. Dans les rapports masochistes festifs, il arrive souvent que le dominant pose des pinces sur les seins de son sujet. Un avatar de la torture des seins de sainte Agathe, et que le masochiste érotise. Le sacrifice de la douleur que sainte Agathe offre à Dieu. Le (la) masochiste le propose à celle ou celui qu’il ou elle a placé symboliquement au rang de Dieu.
Saint Sébastien est le patron des homosexuels. Pénétré par les flèches, « piercé ». Dans son livre, Lorène avoue sa fascination pour les nones et aussi pour le visage extasié de sainte Thérèse d’Ávila
C’est ce visage extasié que l’on retrouve, souvent, dans les peintures des grands maîtres :
Pierre Paul Rubens : Le rapt de Ganymède, visage extasié du bel adolescent Ganymède, « sous le masque de celui qui approuve tout (le constant "Yes man"). », L’Enlèvement des filles de Leucippe, La Charité romaine (Cimon et Péro) côté masochisme, c'est la représentation de la mère nourricière. Enfin, aux pieds de Jésus, c'est Marie Madeleine qui s'abandonne.
Eugène Delacroix : La Mort de Sardanapale, La Barque de Dante ou Dante et Virgile aux Enfers, Les Scènes des Massacres de Scio.
Mythologie
Sphinx funéraire archaïque, vers 570 av. J.-C., Musée national archéologique d'Athènes
Circé offrant la coupe à Ulysse, par John William Waterhouse
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Les Déesses-Mères
Selon Theodor Reik : « Elles sont la personnification de la « Beauté » et de la « Terreur », pour le masochiste moderne, la femme qui tourmente a le même charme que ces idoles. Elle est l'Astarté des temps modernes ».
Astarté : déesse phénicienne de la destruction.
Athéna : déesse vierge qui ne connaît pas d'aventures. Elle gicle de la tête de Zeus, brandissant en armure de guerrière sa lance et son bouclier. Elle est la protectrice d'Athènes. Elle est déesse de la guerre, de la pensée, des armes et de la sagesse.
Isis : l'égyptienne, elle est la Grande Déesse par excellence. « Je me représente la femme comme la personnification de la nature, la déesse Isis et l'homme comme son prêtre et son esclave. J'ai reconnu en elle la cruauté analogue à celle de la nature... »
Minerve : protectrice de Rome et patronne des artisans. Elle est associée à Athéna dans la mythologie grecque.
Circé : magicienne, elle fait boire aux hommes un cycéon, breuvage composé de gruau d’orge, de miel et de lait caillé. Dès qu’ils ont bu, elle les transforme d’un coup de baguette en pourceaux. On la retrouverait au Moyen Âge dans les légendes populaires d’Italie, mêlée à la figure d’Hérodiade sous le nom d’Aradia, fille de Diane et de Lucifer. L'écrivain James Joyce a ré écrit le périple d'Ulysse. Joyce y apporte clairement l'élément masochiste. Cela se passe à Dublin. Stephen Dedalus et Léoplod Bloom en sont les héros. Bella Cohen mère macquerelle d'un bordel domine, maltraite, humilie Léopold. Bella ne le transforme pas en pourceau comme dans l'Odyssée. Mais elle le féminise, il devient Léopoldine. Elle le propose à ses clients. La mère macquerelle se virilise. Elle promet de le féconder et de l'accoucher.
Diane : elle est fille de Latone (Léto) et de Jupiter, sœur jumelle d'Apollon. Jupiter l'arma d'un arc et de flèches et la fit reine des bois.
Artémis : assimilée dans la mythologie romaine à la déesse Diane. Elle est la déesse de la chasse et une des déesses associées à la Lune. Artémis est une déesse vierge. Elle punit sévèrement les hommes qui tentent de la séduire. Quand Actéon la surprend par hasard dans son bain, elle le métamorphose en cerf et le fait déchirer par ses propres chiens. Elle surveille également la chasteté de ses compagnes.
Brunehilde : elle est une valkyrie de la mythologie nordique et germanique. Elle est d'abord fiancée à Siegfried avant d'épouser Gunther. Elle provoque l'assassinat de Siegfried.
Ishtar : babylonienne, elle est déesse de la guerre, de la chasse et de la prostitution.
Athéna Varvakeion, copie de l'Athéna chryséléphantine de Phidias.
Kâlî : déesse hindoue.
Déesse aux serpents : déesse minoenne.
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Les dominés
Déesse aux serpents
Sisyphe : « et je vis Sisyphe qui souffrait de grandes douleurs et poussait un énorme rocher avec ses deux mains. Et il s'efforçait, poussant ce rocher des mains et des pieds jusqu'au sommet d'une montagne. Et quand il était près d'en atteindre le faîte, alors la masse l'entraînait, et l'immense rocher roulait jusqu'au bas. Et il recommençait de nouveau, et la sueur coulait de ses membres, et la poussière s'élevait au-dessus de sa tête ».
Hercule : Hercule le grand, se vend comme esclave à Omphale qui l'habille en femme alors que les gravures la représentent dans des accoutrements masculins à ses côtés. Le dieu Pan, amoureux d'Omphale... se glissa un jour dans leur lit, et en fut chassé... Jaloux il répandit dans toute la Grèce, la rumeur d'un Hercule efféminé, filant la laine aux pieds d'Omphale. Juste Duits qualifie Hercule aux pieds d'Omphale de « mythe fondateur » ou « emblématique » du sadomasochisme. Selon Jean Pierre Vernant, Hercule est avant tout le héros qui passe les limites et brave les interdits. « Il le fait tout aussi bien en devenant doux et soumis.»
Prométhée : Prométhée fut accusé d'avoir volé le feu aux dieux, depuis le char du Soleil. Jupiter furieux demande à Vulcain de l'enchainer à un rocher, où un aigle devrait lui dévorer éternellement le foie.
Hermès : il se travestit et apparaît souvent sous les traits d'une jeune femme.
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Viriliser l'image de la femme
Le Sphinx « La forme du vrai Sphinx est identique à celle de la femme, et l'addition du corps et des griffes du lion une plaisanterie ? » - Maurice Heine.
La Bible
Samson et Dalila
Judith et Holopherne
Opéra
L'affiche originale de l'opéra Turandot en 1926.
Salomé dansant pour Hérode par Franz von Stuck (1906).
« C'est aussi le moment de citer la longue lignée de femmes cruelles, mythiques, comme Salomé, Brunehilde, Turandot, qui menaçaient généralement de tuer ou de faire décapiter l'homme, et qui se sont substituées à la mère primordiale dans la fantaisie masochiste. Le développement individuel pourrait ainsi être une réflexion de la préhistoire humaine. La discipline et la sévérité du père qui règne dans les coulisses de la scène masochiste ne sont que la continuation de pouvoir pédagogique de la mère, de même que la domination du père avait remplacé la matriarchie primitive ».
Carmen - Don José, fou d'amour pour Carmen, va jusqu'au bout de sa propre déchéance.
Salomé - Ils sont tous fous d'elle. Pour elle les hommes qui l'entourent sont des esclaves, même couronnés. Hérode son beau-père, le roi de Judée, la désire intensément et veut la faire sienne. Il est néanmoins la figure dominée non seulement de son épouse Hérodias, mère de Salomé, mais aussi de Salomé. Elle obtient par vengeance la tête de Jean le Baptiste : Iochanaa, qui s'était refusé à elle.
La Walkyrie - Brunehilde était une déesse vierge guerrière ; à partir du moment où l'on ne considère plus sa mère comme non sexuée (donc « vierge »), elle devient une femme et tombe de son piédestal.
Turandot - Dans une Chine médiévale imaginaire, la cruelle princesse Turandot, dont la beauté est légendaire, attire à Pékin de nombreux prétendants, lesquels doivent se soumettre à une terrible épreuve : s’ils élucident les trois énigmes que leur propose la princesse ils gagnent la main de celle-ci ainsi que le trône de Chine ; s’ils échouent, c’est la décapitation qui les attend.
Citations
« Il y a des plaisirs dans la vie psychique, comme il y a des douleurs; mais on aura beau retourner sous toutes leurs faces les idées de plaisir et de douleur, jamais on en tirera la forme d’un principe d’après lequel nous cherchons le plaisir et fuyons la douleur. » Hume.
« Si la souffrance, si même la douleur a un sens, il faut bien qu’elle fasse plaisir à quelqu’un. Dans cette voie, il n’y a que trois hypothèses possibles. L’hypothèse normale, morale ou sublime ; nos douleurs font plaisir au dieux qui nous contemplent et nous surveillent. Et deux hypothèses perverses : la douleur fait plaisir à celui qui l’inflige, ou à celui qui la subit. Il est évident que la réponse normale est la plus fantastique et la plus psychotique des trois. » Nietzsche.
« (...) de ce bon romancier autrichien qui vint au monde cent ans après Sade, dont les héroïnes cruelles étaient vêtues d'une cravache, et parfois de manteau de vison. Je sais bien que tous les goûts sont dans la nature, et toutes les manies. Celle-ci n'est pas dangereuse ni plus déplaisante qu'une autre. Elle ne l'est pas moins non plus. Mais pour être mystérieuse, elle l'est ! Exactement, elle est la seule manie que l'on ne puisse châtier sans lui venir en aide, ni punir sans la récompenser. Parfaitement incompréhensible : absurde. Reste que de cette absurdité le critique peut se faire (comme on dit) une raison ». J. Paulhan.
« L'amour, c'est que Tu sois pour moi le couteau avec lequel je fouille en moi. » F. Kafka.
« L'homme est un apprenti, la douleur est son maître. Et nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert. » - A. de Musset.
« Je suis la plaie et le couteau ! Je suis le soufflet et la joue ! Je suis les membres et la roue, Et la victime et le bourreau ! » Baudelaire.
« Les chances de souffrir sont d'autant plus grandes que seule la souffrance révèle l'entière signification de l'être aimé. » - Georges Bataille. »
« Elle verra que j'accepte mon châtiment. » - Pierre Klossowski.
« L'âme éprouve la chair, qui éprouve ses chaînes. » Emily Brontë.
« Quelle étrange chose, mes amis, paraît être ce qu'on appelle le plaisir et quel singulier rapport il a naturellement avec ce qui passe pour être son contraire, la douleur. Qu'on poursuive l'un et qu'on l'attrape, on est presque toujours contraint d'attraper l'autre aussi... »
« Seul ce qui ne cesse de nous faire souffrir reste dans la mémoire. »
Chanson
Leopold von Sacher-Masoch n'écrivait plus quand Wanda ne le fouettait plus.
Mathieu Chedid nous dit tout :
Faites-moi Souffrir
La Vénus à la fourrure a inspiré une chanson du Velvet Underground, Venus in furs, composée par Lou Reed.