Une Virago désigne initialement une femme qui a l'allure et les manières d'un homme.
Histoire
Le mot est construit sur la racine latine vir, homme, qui a donné en français l'adjectif viril. Il est utilisé par Jérôme de Stridon (dit saint Jérôme) dans la traduction latine du passage de la Genèse qui décrit la naissance d’Ève : « haec vocabitur virago quoniam de viro sumpta est ». Or virago en latin comme en français c'est la "femme forte", une femme qui a l'allure et les manières d'un homme, c'est donc en soi une mauvaise traduction de ce texte de la Genèse qui veut signifier la complémentarité homme - femme et non l'identification de la femme à l'homme.
Il est attesté au XIV siècle dans Le Livre de Leesce, de Jehan le Fèvre , long poème didactique qui prend la défense des femmes. (Jehan le Fèvre avait auparavant traduit du latin Les Lamentations de Mathéole, long plaidoyer anti-féministe de Mathieu de Boulogne)
« La femme est nommée virage
Par la vertu de son courage
Car la femme est superlative
Et a plus grant prérogative
De lieu et de formacion. »
L’auteur cite une longue série d’héroïnes légendaires, bibliques ou historiques qui lui permettent de réfuter les thèses anti-féministes sur la supériorité des hommes. Le terme va être associé aux femmes illustres qui se sont distinguées par un courage comparable à celui des héros masculins. La série des neuf preuses, qui cite des exemples aussi divers que les amazones, Judith et Sémiramis en constitue un bon exemple.
Le terme fait l’objet de jeux de mots Virgo/virago, qui rajoutent la chasteté à la liste des vertus viriles de la virago.
La littérature et l'actualité vont fournir de nouveaux exemples de virago. C’est par exemple le personnage de Bradamante, dans le Roland furieux de l’Arioste. La légende de Jeanne d’Arc, d'Élisabeth I d’Angleterre ou de Christine de Suède en font des figures de virago, actives et résolues, douées d’un intellect masculin, mais chastes et sans postérité.
Le mot apparaît dans l'édition du dictionnaire de l'académie française de 1694 : « Fille ou femme de grande taille, qui a l'air d'un homme. Il ne se dit que par dérision. » Il se charge en français de connotations négatives et au XIX siècle il est devenu franchement péjoratif.
Postérité
En 1972, Carmen Callil a l’idée de ce qui deviendra par la suite la maison d’édition britannique Virago Press, consacrée à faire connaître tout un pan de la littérature féminine tombée dans l’oubli et à promouvoir les auteurs féminins. La critique littéraire anglo-saxonne a redonné une certaine vogue au terme virago dans le milieu universitaire depuis les années 1960.
Pornographie
Dans un article du Dictionnaire de la pornographie, Noël Burch, désigne sous le terme de « viragophilie », le goût (essentiellement masculin) d’être dominé par une femme dans un combat au corps à corps érotisé. Il s’agit d’une forme particulière de masochisme où la dominante – la « virago » – peut (doit) être une « femme violente », « dotée d’une force surhumaine », parfois « rompue au jiu-jitsu », « catcheuse », « boxeuse », « bodybuildée », etc. Noël Burch précise également qu’aujourd’hui, « des films de tous budgets reconnaissent implicitement le caractère érotique du spectacle d’une belle femme qui bat les hommes ».