La polyandrie désigne le système d'accouplement par lequel la femelle d'une espèce animale s'accouple avec plusieurs mâles au cours d'une saison de reproduction. Les chercheurs en écologie comportementale distinguent : la polyandrie séquentielle (la plus commune) dans laquelle la femelle se reproduit successivement avec plusieurs mâles (ayant un unique partenaire sexuel à chaque fois, elle pond des œufs puis stoppe la relation et passe à un autre partenaire) ; la polyandrie simultanée dans laquelle la femelle possède un grand territoire incluant de petits territoires de reproduction de deux mâles ou plus (ayant simultanément plusieurs mâles qui s'occupent des œufs et élèvent leur progéniture respective). Une variante de cette dernière est la polyandrie coopérative simultanée dans laquelle une couvée mixte est élevée par une femelle et par plusieurs mâles.
Le terme polyandrie est aussi employé par abus de langage pour désigner une femme mariée simultanément à plusieurs hommes. Le terme correct demeure ici celui de polygamie, désignant toute personne ayant simultanément plusieurs époux ou épouses, comme son étymologie l'indique : les polygames ont plusieurs mariages et non plusieurs épouses. Si la précision s'impose, il convient de spécifier polygamie féminine ou polygamie masculine.
Étymologie
De création récente et d'inspiration pédante, le mot polyandrie est formé à partir de deux mots grecs, polus qui signifie « plusieurs » et andros, signifiant « homme (mâle) ». Il n'est donc pas l'antonyme de « polygamie » qui ne signifie pas "plusieurs femelles" mais « plusieurs mariages », qu'il s'agisse indifféremment d'hommes ou de femmes. Le mot polyandrie est donc étymologiquement et sémantiquement incorrect, mais est de plus en plus usités pour distinguer cette pratique de son hyperonyme, et de son antonyme « polygynie », d'origine similaire.
Polyandrie dans les espèces animales
À l'échelle du règne animal, la polyandrie n'est pas un phénomène exceptionnel avec de nombreux exemples documentés (insectes sociaux, crapauds, chimpanzé, mammifères tels que le lynx roux, l'ours polaire, le lièvre, le phoque gris…). Elle est plus rare chez les poissons (épinoche) et les oiseaux (0,4 %, notamment chez le jacana et le bécasseau). De nombreuses femelles de mammifères solitaires, comme le putois d'Europe, peuvent consentir à des accouplements avec plusieurs mâles de suite. Plus souvent, on observe une forme de polyandrie sexuelle dans une monogamie sociale. Ainsi chez certains oiseaux vivant de façon monogame (vie sociale entre un mâle et une femelle partageant un territoire et élevant leurs petits), les chercheurs ont observé un grand nombre de femelles se reproduisant avec un mâle qui n'était pas celui avec lequel elles partageaient le nid (plus de 10 % chez la mésange bleue et jusqu'à 76 % chez le mérion superbe). Dans les espèces plus strictement polyandres, les rôles sociaux sont souvent inversés : les mâles assurent souvent la majeure partie de l'investissement parental et les femelles présentent des caractères sexuels secondaires plus exubérants que les mâles (comme chez le phalarope).
Les principales explications pour expliquer la polyandrie dans le règne animal repose sur l'avantage évolutif pour la femelle de se reproduire avec différents mâles. D'une part, cela peut être un moyen d'obtenir des avantages de la part du mâle courtisan qui peut offrir de la nourriture, de l'aide ou sa protection, lors de la parade nuptiale ; ou alors ce peut être une façon pour la femelle d'économiser des ressources énergétiques sinon consacrées à repousser les avances des mâles. D'autre part, il peut s'agir d'une stratégie pour la femelle d'améliorer le sort de sa descendance quand, par exemple, le mâle courtisan subvient à la protection ou à l'alimentation des petits nés de l'accouplement de la femelle avec un précédent mâle.
La polyandrie animale trouve directement son origine dans le conflit sexuel (Voir aussi la guerre des sexes chez les animaux) et pose des problèmes à la théorie néodarwinienne de l'évolution. On considère toutefois que la principale force évolutionnaire expliquant la polyandrie résiderait dans l'intérêt pour la femelle qu'il y a à augmenter la qualité génétique de sa descendance :
Amélioration : Il peut s'agir d'une stratégie de coping (ou de remédiation) par laquelle la femelle se reproduit avec un mâle de meilleure qualité que le mâle avec lequel elle s'était accouplée au préalable
Diversification : Le fait de se reproduire avec plusieurs mâles augmente la diversité génétique dans la descendance de la femelle
Compatibilité génétique : la femelle cherche par ce biais le mâle dont les caractéristiques génétiques sont les plus compatibles avec son propre génome.
Sélection postcopulatoire : En mettant ainsi le sperme de plusieurs mâles en compétition, elle s'assure que celui qui fécondera ses gamètes sera celui disposant du meilleur capital de fertilisation.
Polyandrie dans les sociétés humaines
La polygamie féminine a pu être observée, comme forme légitime d'union, dans différentes sociétés humaines.
Dans l'Antiquité ou au Moyen Âge : Elle était courante autrefois chez les Guanches aux îles Canaries. Elle est également attestée à Sparte (placée sous l'autorité de son législateur légendaire Lycurgue) dans l'Antiquité, au témoignage de Xénophon, de Nicolas de Damas et de Plutarque, alors que Polybe la décrit en sa forme adelphique ou fraternelle. On la retrouve à la même époque chez les Scythes, peuple nomade originaire des steppes de l'Asie centrale. César attribue cette pratique aux Bretons.
Elle était courante autrefois chez les Guanches aux îles Canaries.
Elle est également attestée à Sparte (placée sous l'autorité de son législateur légendaire Lycurgue) dans l'Antiquité, au témoignage de Xénophon, de Nicolas de Damas et de Plutarque, alors que Polybe la décrit en sa forme adelphique ou fraternelle.
On la retrouve à la même époque chez les Scythes, peuple nomade originaire des steppes de l'Asie centrale. César attribue cette pratique aux Bretons.
Au XIX siècle et au XX siècle, elle était encore pratiquée entre autres : chez les Lélé du Kasai, chez les Abisis et d’autres tribus du centre du Nigeria, chez les Zo'és de la forêt amazonienne, chez les Guayaki du Paraguay (étudiés par Pierre Clastres), il est attesté qu'elle était dominante dans les Îles Marquises jusqu'à l'achèvement de la colonisation.
chez les Lélé du Kasai,
chez les Abisis et d’autres tribus du centre du Nigeria,
chez les Zo'és de la forêt amazonienne,
chez les Guayaki du Paraguay (étudiés par Pierre Clastres),
il est attesté qu'elle était dominante dans les Îles Marquises jusqu'à l'achèvement de la colonisation.
Aujourd'hui, la polyandrie, bien que désormais illégale, est toujours fréquente au Tibet. Au Bhoutan, la pratique est par contre légale mais peu pratiquée.
La disparité entre la polygamie masculine, plus courante dans les sociétés humaines, et polygamie féminine, plus rare, n'est pas bien expliquée par les sociologues. Néanmoins, quelques pistes existent :
le déséquilibre numérique entre hommes et femmes (il naît davantage d'hommes, mais ils meurent plus tôt), ou une activité dangereuse exercée par les seuls hommes (guerre) peut inciter la polygynie, que ce soit dans le cadre ou non du lévirat ;
à l'inverse, des cas de polygamie féminine sont relevés de nos jours en Inde, imposés aux femmes (rapt éventuel) dans les régions où elles manquent. (voir article sur la démographie de l'Inde) ;
les sociétés matriarcales (qui semblent à certains une exigence préliminaire de la polygamie féminine, cf. point précédent) sont rares parce que les hommes se seraient accaparés les moyens de production les plus sophistiqués, et les armes, selon l'anthropologue Paola Tabet
chez les mammifères, le temps mis par le mâle dans l'acte de procréation est très inférieur à celui de gestation de la femelle; les mâles fécondant plusieurs femelles ayant davantage de descendance que les autres, ils pourraient leur transmettre cette disposition, selon Stephen Jay Gould; un autre point de vue tout aussi empirique invoque les changements hormonaux de la grossesse pour expliquer une polyandrie naturelle en réponse aux sauts hormonaux qui donnent à beaucoup de femmes enceintes un appétit sexuel plus grand ;
la forme adelphique ou fraternelle de la polyandrie favorise le non-partage de la propriété familiale entre plusieurs frères par le sang, ou même classificatoires (Tibet, Népal, Inde).