Charrue automobile en 1901.
La charrue est un instrument aratoire utilisé en agriculture pour labourer les champs.
L'étude des noms que portent la charrue et l'araire dans les dialectes germaniques et slaves permet d'assurer que la charrue était suffisamment connue pour posséder son nom particulier en Europe Centrale entre le V et le X siècle.
Elle s'est plus largement répandue en Europe lors de la révolution agricole du Moyen Âge (X-XIII siècle), où son utilisation, conjointement à celle du fumier, a permis d'augmenter la productivité agricole. La charrue se distingue de l'araire par le fait qu'elle est munie d'un versoir qui rejette la terre d'un seul côté (travail dissymétrique), et retourne ainsi la terre, au lieu de simplement la scarifier.
Le labour permet d'ameublir la terre et de la préparer à recevoir le semis. Il permet d'enfouir également les résidus des cultures précédentes, les mauvaises herbes, le fumier, et accélère la minéralisation de la matière organique en faisant augmenter la température du sol.
Les charrues modernes, mues par des tracteurs de plus en plus puissants peuvent comporter de nombreux socs travaillant en parallèle.
Charrue réversible à quatre corps portée à coutres circulaires
Éléments de la charrue à socs
Charrue simple portée 1. Age (ici courbé en étançon) 2. Système d'attelage 3. Dispositif de réglage 4. Coutre 5. Pointe 6. Soc 7. Versoir
La charrue à socs actuelle est fabriquée en acier et composée d'un bâti qui comprend les pièces de liaison et le système d'attelage et d'un ou plusieurs corps de labour qui rassemblent les pièces travaillantes.
le bâti est constitué par l'age, pièce longitudinale horizontale qui supporte les autres pièces, dont les étançons, fixés perpendiculairement à l'age et auxquels sont fixées les pièces travaillantes. Il comprend également l'avant-train qui était à l'origine un petit chariot et qui se limite souvent à notre époque au système d'attelage (cas des charrues portées) ainsi que éventuellement des roues de soutien, servant au transport ou au réglage de la hauteur de travail (jauge), et le système de sécurité. Dans le cas des charrues multi-socs, il peut y avoir plusieurs ages reliés par des entretoises.
le corps de labour est composé du soc, prolongé du versoir, et du coutre. Il peut être complété par une rasette, sorte de corps de labour en réduction, qui sert à retourner dans le sillon précédent une bande de terre superficielle ainsi que le fumier ou les résidus de culture. le coutre, placé en avant du soc, a pour fonction de découper verticalement la bande de terre. Il est fixé sur l'age au moyen d'un étançon. C'est généralement une lame droite, mais il existe aussi des coutres circulaires en forme de disque tranchant, plus adapté aux labours de prairie. Dans certains cas le coutre est remplacé par un aileron fixé directement sur le soc. le soc, réalisé en acier traité, est une pièce trapézoïdale dont le plus long côté a une arête tranchante qui coupe la terre horizontalement au fond de la raie. Il peut être équipée d'une pointe ou carrelet. le versoir, fixé dans le prolongement du soc a pour fonction de soulever et retourner la bande de terre. C'est une lame incurvée soumise à une usure importante, généralement réalisée en acier triplex. Il existe plusieurs formes de versoir : hélicoïdal, cylindrique ou mixte hélico-cylindrique. Il existe aussi des versoirs à claire-voie pour terres lourdes.
le coutre, placé en avant du soc, a pour fonction de découper verticalement la bande de terre. Il est fixé sur l'age au moyen d'un étançon. C'est généralement une lame droite, mais il existe aussi des coutres circulaires en forme de disque tranchant, plus adapté aux labours de prairie. Dans certains cas le coutre est remplacé par un aileron fixé directement sur le soc.
le soc, réalisé en acier traité, est une pièce trapézoïdale dont le plus long côté a une arête tranchante qui coupe la terre horizontalement au fond de la raie. Il peut être équipée d'une pointe ou carrelet.
le versoir, fixé dans le prolongement du soc a pour fonction de soulever et retourner la bande de terre. C'est une lame incurvée soumise à une usure importante, généralement réalisée en acier triplex. Il existe plusieurs formes de versoir : hélicoïdal, cylindrique ou mixte hélico-cylindrique. Il existe aussi des versoirs à claire-voie pour terres lourdes.
Soc et versoir sont fixés solidairement sur une pièce horizontale, le sep, elle-même fixée sur l'étançon. le sep peut être doté d'un contre-sep, pièce d'usure frottant contre la muraille. À l'extrémité du sep du dernier corps de labour, se trouve le talon dont le réglage permet de maintenir l'horizontalité du bâti de la charrue.
Une charrue moderne est réversible : lorsqu'on a creusé un sillon dans un sens et qu'on va parcourir le champ dans l'autre, il est nécessaire que la terre reste déportée dans la même direction que celle du sillon précédent, et donc cette fois-ci dans le sens inverse par rapport à la marche. De telles charrues réversibles sont visibles au Musée des Arts et Métiers de Paris.
Évolution de la charrue
Les éléments essentiels d'une charrue sont à peu près les mêmes que ceux de l'araire : age, sep et mancherons. Mais l'ajout d'autres pièces entraîne d'importantes modifications : c'est d'abord l'avant-train, muni de roues de dimensions souvent inégales pour permettre à la charrue de garder sa stabilité lors du labour (une roue passe sur le guéret, partie de la terre non encore travaillée, l'autre dans la raie précédemment tracée). Autre élément nouveau par rapport à l'araire, le coutre, lame de fer destinée à découper la motte de terre, qui sera ensuite soulevée par le soc et renversée par le versoir. La charrue, beaucoup plus lourde que l'araire, nécessite la présence de deux mancherons pour assurer une meilleure conduite par le laboureur. L'age devient un axe très long sur lequel sont fixées toutes les pièces travaillantes. Soc et versoir sont dans le prolongement l'un de l'autre, formant en fait une seule pièce reliée à l'age par les étançons et située sur le côté de celui-ci (n'oublions pas que le principe du labour à la charrue repose sur la dissymétrie).
Charrue primitive
Charrue au travail, tirée par deux bœufs, l'homme les dirigeant à l'aide d'une longue gaule. Les Très Riches Heures du duc de Berry, miniature du mois de mars, années 1440, musée Condé, Chantilly, ms.65, f.3
En sa forme primitive, la charrue est parfaitement adaptée au labour en billons et à sa variante la plus fréquente, le labour en planches. Le principe de ce labour est simple : une fois que la charrue a terminé sa première raie et qu'elle effectue le trajet en sens inverse, le versoir, qui se trouve orienté vers le sillon de terre soulevée par le premier passage, rejette à nouveau la terre sur celui-ci. Ce type de labour est excellent dans les sols humides, dont il facilite l'écoulement. Par contre, il n'est guère nécessaire en pays méditerranéen où on lui préfère le labour à plat : à chaque passage, on modifie l'orientation du soc et du versoir de façon à renverser la terre toujours dans la même direction. S'il était facile de modifier l'inclinaison d'un araire, muni de deux oreilles symétriques à l'axe, la chose se complique avec une charrue. Mais très vite sont nés des instruments de type tourne-oreille qui ont permis de simplifier la tâche du laboureur : l'oreille y est un versoir mobile, que l'on fixe alternativement d'un côté et de l'autre de l'age chaque fois que la charrue arrive à l'extrémité de la raie.
La mécanisation
Première Guerre mondiale. Labour traditionnel
Première Guerre mondiale. La mécanisation
Charrue Pluchet
La particularité de cette charrue, exposée au Compa (Conservatoire de l'agriculture) à Chartres, est de présenter un réglage du labour en hauteur et en largeur. Cette charrue mise au point par Vincent Charlemagne Pluchet en 1829, sera utilisée dans les fermes du plateau de Trappes jusqu'à l'arrivée des tracteurs dans les années 1950 .
Charrue Brabant
La charrue Brabant double
D'amélioration en amélioration, et toujours pour faciliter le labour à plat, on allait arriver à la charrue Brabant double. L'instrument est composé de deux corps de charrue superposés que le cultivateur, à l'aide d'une poignée, fait pivoter de 180° ou de 90° (cas du brabant dit 1/4 de tour) autour de l'axe quand il arrive à l'extrémité des raies. On se retrouve donc avec deux coutres, deux socs et deux versoirs, auxquels on a même ajouté deux rasettes placées en avant des coutres, qui permettent de nettoyer le sol avant son retournement (la rasette, formée d'un petit soc et d'un petit versoir, permet de retourner l'herbe à l'endroit où passera le coutre). L'avant-train automatique avec régulateur entraîne la suppression des mancherons, réduits le plus souvent à de simples poignées.
Particularités et options
Charrue varilarge (nom déposé). Cette option, de plus en plus présente sur les charrues actuelles, permet de varier la largeur de labour de chaque soc. Généralement, une charrue varilarge peut permettre d'aller de 12 à 20 pouces. Le réglage est fait hydrauliquement depuis la cabine ce qui permet d'ajuster la largeur du labour pendant l'utilisation. Les buts sont multiples : adapter la charrue à la puissance du tracteur, pouvoir finir une parcelle en bordure, récupérer des zig-zag, éviter un obstacle ou encore finir proprement des parcelles non rectangle.
Amortissement ou système optidrive (nom déposé). Système d'amortissement entre la liaison tracteur et le corps de la charrue. Bloqué pendant le travail, ce système devient actif pendant les manœuvres en amortissant les à-coups.
Sécurité non-stop hydraulique réglable depuis le tracteur. Ce système permet d'adapter la pression de rupture (50 à 150 bars) à la pointe du soc (de 600kg à 2 500kg). En sol léger, on utilisera une force de déclenchement faible afin d'éviter de remonter des pierres en surface.
Système de recentrage automatique en bout de parcelle.
Charrues spécialisées
Charrue à bascule vapeur (1921), tractée par locomobile
Parallèlement se sont développés d'autres types de charrues, adaptées à des travaux spécifiques (labours entre les arbres ou les souches de vigne). Ces charrues sont le plus souvent montées sur un support à une roue, avec des mancherons dissymétriques pour pouvoir passer le long des arbres (un mancheron se trouve placé dans le prolongement de l'age). Elles sont peu stables, et réclament beaucoup d'expérience de la part de leurs utilisateurs, dont certains avaient trouvé l'astuce de fixer une planchette de fer sur un côté de l'age afin de faire contrepoids au soc.
Dans ce domaine, les progrès sont venus de la viticulture, avec l'invention de la « bineuse universelle » Plissonnier, dont le bâti permet toutes les transformations : on peut y adapter notamment un corps de butteur, de tourne-oreille, de bisoc, d'arrache pommes de terre, de ratisseuse, ce qui permet au petit propriétaire de se procurer un outillage complet à peu de frais.
Notons enfin une dernière révolution, celle provoquée par l'apparition de charrues multisocs, à l'image de la canadienne qui, souvent sur un bâti de herse, se compose d'un ensemble de petits socs en nombre variable montés sur des dents souples ou semi-rigides, qui servent à ameublir la terre en surface ou à briser les mottes, et dont un seul passage peut remplacer plusieurs allées et venues de l'araire. Cette dernière invention, suivie du développement de la motoculture, allait achever de mettre au rancart les antiques instruments aratoires, dont l'araire, qui avait su pourtant se maintenir pendant des décennies face aux avancées du progrès.
Voir aussi : Charrue à disques, locomobile
Calendrier républicain
Dans le calendrier républicain, la Charrue était le nom attribué au 10 jour du mois de brumaire.