Deux cigarettes industrielles avec bout filtre.
Une cigarette est un petit cylindre de papier rempli d'un matériau combustible, le plus souvent des feuilles de tabac hachées et traitées, ainsi que des additifs. Elle peut être roulée à la main ou fabriquée en série de manière industrielle, et peut éventuellement comporter un filtre à une de ses extrémités.
Son utilisation consiste à l'allumer afin qu'elle se consume pour en inhaler la fumée. Une cigarette peut parfois ne pas contenir de tabac du tout, ou renfermer d'autres produits végétaux, y compris d'autres agents psychotropes tels que le cannabis, ou des clous de girofle (kreteks).
Une cigarette se distingue d'un cigare par sa dimension, l'utilisation de tabac expansé, son entourage en papier et par l'éventuelle présence d'ingrédients (agents de saveurs, humectants) et/ou d'un filtre à l'une de ses extrémités. Les cigares sont habituellement composés uniquement de feuilles complètes de tabac. Un cigare ayant à peu près la taille d'une cigarette est appelé cigarillo.
La fumée de cigarette contient de nombreuses substances toxiques, dont au moins une soixantaine sont reconnues comme cancérigènes (comme du goudron, de l'arsenic, du méthanol, de l'ammoniac ou encore du plomb). L'Organisation mondiale de la santé estimait en 2012 que le tabagisme avait provoqué la mort d'environ cinq millions d'adultes de plus de 30 ans dans le monde en 2004 (et de 600 000 décès par tabagisme passif), et que ce nombre devrait dépasser 8 millions par an au cours des vingt années suivantes. Le tabagisme est également responsable de nombreuses maladies (maladies cardiovasculaires et certains cancers par exemple). Par ailleurs, les cigarettes sont impliquées dans le déclenchement d'incendies. Pour ces raisons, les législations sur le tabac dans le monde deviennent de plus en plus restrictives, qu'il s'agisse de la vente, des lieux de consommation ou du design.
Composition
Tabac
1. Fumée principale (inhalée) ; 2. Filtre ; 3/4. Adhésif du filtre ; 5. Encre ; 6. Adhésif latéral ; 7. Fumée latérale ; 8. Filtre ; 9. Emballage du filtre ; 10. Tabac et ingrédients ; 11. Papier ; 12. Zone de combustion
Il existe en pratique deux grandes familles de cigarettes :
les Virginia, essentiellement composées d'un assemblage de tabac de cette variété (Virginie, du nom de l'État d'origine), et qui ne contiennent pas ou peu d'additifs. Elles constituent l'essentiel du marché dans les pays du Commonwealth ;
les cigarettes dites américaines (ou American blend), à base de tabac Burley, moins goûteux mais ayant une meilleure faculté d'absorption des sauces, qui donnent le goût propre à chaque marque (y compris le menthol). Ce sont les plus vendues en Amérique du Sud et en Europe continentale.
Un troisième type de cigarettes, au tabac dit « Oriental », est commercialisé dans le sud et l'est méditerranéen.
Les récoltes de tabac sont mélangées (souvent par répartition de récoltes successives) afin de conserver une uniformité de goût d'une année sur l'autre. Les sauces appliquées au Burley permettent d'assurer une saveur uniforme entre les lots et empêcher le dessèchement trop rapide du tabac. La soumission aux autorités de la liste des ingrédients utilisés dans la fabrication des cigarettes est obligatoire dans un nombre croissant de pays (au Canada, en Thaïlande et dans l'Union européenne) ; elle est aussi publiée directement par certains fabricants.
En plus des additifs, les fibres de tabac sont amalgamées à des degrés divers avec la poussière de tabac produite lors du traitement et avec les nervures broyées des feuilles (tabac reconstitué et expansé).
Quelques marchés ont développé des formes locales de cigarettes.
Additifs
Depuis les années 1950, les fabricants d'Américan blends ont ajouté aux cigarettes une variété d'additifs destinés à caractériser leur produit (la variété Burley utilisée étant moins goûteuse que les Virginia blend), une pratique destinée à accroître ou accélérer l'apparition du phénomène de dépendance au tabac selon la plupart des acteurs anti-tabac. Par exemple, selon une étude de l'ASH 1999, « des composés ammoniaqués peuvent jouer ce rôle en augmentant l’alcalinité de la fumée », augmentant le ratio de nicotine-base dans la fumée, qui atteint dès lors plus rapidement le cerveau pour procurer la sensation de satisfaction du fumeur. D'autres composés d'ammoniac modifient le pH de la nicotine (plus alcalin), et en facilitent aussi l'absorption tout en renforçant la dépendance à celle-ci (ouverture plus importante des récepteurs à la dopamine).
Un rapport de l'association britannique Action on smoking and health (en) de 1999 relève dans certaines marques la présence d'additifs qui dilatent les bronches favorisant l'absorption de la nicotine : « Des additifs tels que le cacao peuvent être utilisés pour dilater les voies respiratoires, permettant à la fumée de pénétrer plus facilement et plus loin vers les poumons, ce qui expose l’organisme à plus de nicotine et à des niveaux plus élevés de goudrons. »
La liste des additifs retrouvés dans les cigarettes inclut aussi des additifs sucrés (miel, sucre, cacao, etc.) qui, pyrolysés par la combustion de la cigarette, produiraient des inhibiteurs de monoamine oxydase (IMAO). La qualité et la quantité exacte d'IMAO que l'on peut retrouver dans une cigarette reste à déterminer, et il n'est pas dit que cela suffise pour induire un quelconque effet psychotrope.
Substances contenues dans la fumée
Des substances contenues dans la fumée de cigarette agissent sur le consommateur de tabac, mais également sur les individus se trouvant à proximité : on parle de tabagisme passif. La fumée de cigarette contient entre 3 000 et 5 000 constituants différents, dont au moins 70 (les analytes d'Hoffmann) ont été identifiés comme toxiques ; le chiffre réel est très probablement supérieur. Quarante de ces composés doivent être annuellement mesurés et rapportés à Santé Canada pour les marques vendues sur ce marché.
Il n'existe aucune étude démontrant une différence de toxicité entre les cigarettes avec et sans additifs.
Irritants majeurs contenus dans la fumée de cigarette Substance Contenu inhalé par cigarette Rapport de la quantité émise au contenu inhalé Concentration atmosphérique en atmosphère enfumée dans des conditions ordinaires Principal effet nocif connu Acroléine 10–140 μg 10–20 6–120 ppb Toxique Formaldéhyde 20–90 μg ~ 50 30–60 ppb Cancérigène 1 Monoxyde de carbone 1–43 ppb Reprotoxique 1 Ammoniac 10–500 μg 44–100 1 000–4 580 ppb Toxique Oxydes d'azote 16–600 μg 4,7–50 1–370 ppb (monoxyde) 0–50 ppb (dioxyde) Pyridine 32 μg 10 ? Herbicide Dioxyde de soufre 1–75 ppb ? 1–69 ppb Très toxique Phénol 20–150 μg 2,6 7,4–115 μg·m Corrosif Toluène 108 μg 5,6 40–1 040 μg·m Toxique Microparticules 100–4 000 μg 1,3–1,9 55–962 mg·m
Ici 1 ppb = 0,001 ppm. Ne figurent pas dans ce tableau :
l'acide cyanhydrique, principe actif de la Forestite et du Zyklon B, allant de 134 à 379 μg par cigarette ;
le benzène, allant de 39 à 88 μg par cigarette ;
l'acrylonitrile, allant de 10 à 25 μg par cigarette.
Cigarette et santé
Généralités
La consommation de cigarettes et l'apparition du cancer du poumon dans la population adulte sont étroitement corrélés.
En France, comme dans la plupart des pays industrialisés, la cigarette est la première cause évitable de maladie et de mortalité.
66 000 individus meurent de manière directe à cause du tabac chaque année en France (chiffre INSEE de 2000).
Un fumeur sur deux décédera d’une maladie causée par la consommation de cigarettes, après, la plupart du temps, une maladie longue et douloureuse et dans un cas sur deux avant 65 ans.
Fumer diminue en moyenne de dix ans l’espérance de vie d'un fumeur de plus de 15 cigarettes par jour âgé de 25 ans.
Les fumeurs risquent 18 fois plus d’être victimes d’un cancer du poumon que les non-fumeurs. Le risque de faire un infarctus avant 65 ans est 3 fois plus élevé chez les fumeurs.
95 % des cancers du poumon sont détectés chez des fumeurs ; l'usage de cigarettes « légères » ou de filtres ne réduit pas le risque de manière significative. Seuls 13 % des individus chez lesquels on diagnostique un cancer du poumon (causé par le tabac) aujourd’hui seront encore vivants dans cinq ans.
Les non-fumeurs vivant avec un fumeur augmenteraient de 26 % leur risque de cancer du poumon, de 23 % leur risque d’infarctus.
85 % des fumeurs « passifs » souffrent souvent de problèmes respiratoires.
Maladies
Cancer de la langue pouvant être en rapport avec la consommation de tabac.
Chez l'adulte, l'apparition du cancer du poumon est, dans 95 % des cas, liée à la consommation de tabac. Celle-ci est également une cause majeure du cancer de la gorge, même si la cause précise de tel ou tel type de cancer n'a pas été identifiée. Le risque est de fait inhérent à la combustion, en particulier aux goudrons cancérigènes qui entrent dans la composition de la fumée, et ce quelle que soit sa méthode de prise (pipe, cigarettes ou cigare) ou la composition du produit consommé (tabac, herbes, avec ou sans additifs).
Fumer est particulièrement déconseillé pendant la grossesse : entre autres, les risques de fausse couche, de mortalité périnatale, de poids du nouveau né inférieur à la moyenne augmentent sensiblement, de même que les risques de mort subite du nourrisson.
Les risques du tabagisme sont une augmentation de la probabilité de contracter une des maladies suivantes (liste non exhaustive) :
la plupart des types de cancer et particulièrement du poumon, de la bouche, du larynx, de la gorge, du rein, de la vessie, du sein, de l'estomac et de l'intestin grêle ;
maladies cardio-vasculaires ;
maladies du poumon, y compris l'emphysème, la bronchite chronique qui aboutissent à long terme à une insuffisance respiratoire chronique ;
maladies de la cavité buccale.
En France, depuis le 1 janvier 2004, certains de ces dangers sont signalés sur les paquets de cigarette par des avertissements écrits, de même que dans les autres États de l'Union européenne : la règlementation est liée à la directive 2001/37/CE du 5 juin 2001 « relative au rapprochement des dispositions législatives, réglementaires et administratives des États membres en matière de fabrication, de présentation et de vente des produits du tabac ».
Effets psychotropes
La nicotine a différents effets psychotropes, comme de réduire l'appétit. Un tiers de ceux qui arrêtent de fumer prennent provisoirement de l'embonpoint. Toutefois, il existe des stratégies, basées principalement sur l'augmentation des dépenses énergétiques, pour empêcher ou limiter la prise de poids à l'arrêt de la cigarette.
La nicotine contenue dans la cigarette agit aussi, indirectement, sur le système de récompense. Elle active les récepteurs à acétylcholine, ce qui entraine la libération de dopamine. D'autres substances augmentent également la quantité de dopamine, dont certains stupéfiants tels que la cocaïne.
La cigarette a aussi un effet antidépresseur, et c'est cet effet, combiné au plaisir procuré par l'activation du système de récompense, qui va donner à la cigarette son fort pouvoir addictif. C'est pour cela aussi que l'arrêt de la cigarette provoque chez beaucoup d'individus une grande tristesse. L'effet antidépresseur est dû à l'harmane et la norharmane, résultant de la combustion du tabac. Ces deux molécules ont pour effet une inhibition des monoamines oxydases, ce qui correspond à l'effet de certains antidépresseurs.
Le pouvoir addictif de la cigarette est comparable à celui des drogues dites « dures » comme l'héroïne par exemple. La présence d'additifs contribue à renforcer encore les phénomènes de dépendance : par exemple l'ammoniaque est soupçonné de favoriser le transfert de la nicotine au cerveau en abaissant le pH de la fumée. Même chose pour la théobromine : cet extrait du cacao agirait comme bronchodilatateur, augmentant la surface d'échange dans les poumons entre l'air et le sang.
Risque radioactif
Les cigarettes contiennent un élément radioactif, le polonium 210. Selon le quotidien français Libération en 2008, cette présence aurait été accrue depuis les années 1950 par l'apport de phosphates dans les cultures (apatite). Son effet sur la santé serait très réduit par rapport à celui des goudrons, mais elle renforcerait le risque de cancer du poumon. La présence de cet isotope, que l'on trouve dans d'autres produits agricoles, est connue depuis le milieu des années 1960, mais les cigarettiers auraient préféré taire le résultat de recherches internes n'ayant pas réussi à réduire les taux.
Controverses
Les militants anti-tabac contestent certaines études, affirmant que « des scientifiques indépendants ont été recrutés par les compagnies de tabac pour publier moyennant de confortables cachets des travaux rassurants ». Les cigarettiers affirment que ces scientifiques restent indépendants et restent avant tout guidés par leur éthique professionnelle.
Les liens entre le monde scientifique et l'industrie du tabac, en particulier aux États-Unis, ont été également dénoncés par l'historien des sciences Robert N. Proctor. Ce dernier s'appuie en particulier sur la masse de documents internes à l'industrie qui ont été versés dans le domaine public à la suite du procès fédéral les opposant au gouvernement américain. Ces documents démontrent clairement le financement important de grandes institutions académiques et de scientifiques renommés depuis les années 1960 par l'industrie du tabac, ainsi que le rôle de certains scientifiques ainsi subventionnés dans les politiques publiques et les procès contre les cigarettiers.
En France les scientifiques Jean-Pierre Changeux, Robert Molimard ou Jean-Pol Tassin ont ainsi vu leurs recherches en partie financées par l'industrie du tabac.
Économie
Production
Les cinq plus importants fabricants de cigarettes en volume étaient, en 2005 :
China National Tobacco Corporation (monopole d'État chinois) : 1 947 milliards d'unités ;
Altria : 955 milliards ;
British American Tobacco : 678 milliards ;
Japan Tobacco (+ Gallaher) : 583,5 milliards ;
Imperial Tobacco (+ Altadis) : 310,4 milliards.
Le total des ventes pour cette année s'élevant à 5 457 milliards d'unités.
En 2012, l'industrie du tabac reste dominée par l'oligopole de ces cinq entreprises, le « Big Tobacco (en) », détenant 83 % du marché : 43 % par China National Tobacco Corporation qui en 2012 a produit 2 500 milliards de cigarettes (essentiellement pour le marché chinois qui compte 300 millions de fumeurs, soit 30 % du milliard de fumeurs dans le monde), 40 % par les « Big Four ».
Consommation
Au début du XX siècle, le tabac est cultivé et consommé sur tous les continents. Les progrès techniques et industriels font évoluer sa production et la consommation de cigarettes supplante dès lors la chique, la prise, la pipe et le cigare. En 1880, il est vendu cent millions de cigarettes dans le monde, en 1900 un milliard de cigarettes. Sa consommation se diffuse massivement au milieu du XX siècle avec l'essor de la publicité. En 1940, 1 000 milliards de cigarettes sont vendues dans monde, 2 000 milliards en 1960, 5 000 milliards en 1980, 6 000 milliards en 2014.
Les cigarettes sont généralement vendues en paquets de 20 à 25 unités, ou à l'unité dans certains pays pauvres. Les paquets peuvent à leur tour être vendus en cartouches (ou cartons) de 8 à 12 unités.
En France, environ 13,5 millions de fumeurs sont recensés en 2007 (15 millions en 2003), parmi lesquels 16,5 % fument plus de 20 cigarettes par jour. 54,4 milliards de cigarettes ont été vendues en 2008, pour un montant d'environ 14 milliards d'euros (calcul effectué sur une base de 5,30 € le paquet de 20 cigarettes soit 0,265 €/cigarette). Le revenu généré par les taxes sur le tabac (un paquet de cigarette est taxé par l'État français à hauteur de 80 %) est d'environ 11 milliards d'euros.
Prix et taxation
La taxation des cigarettes est l'objet d'une attention toute particulière des gouvernements soucieux de maximiser l'efficacité de la collecte de revenus et des politiques de santé publique. Par rapport à d'autres produits, la variation de consommation reste cependant relativement peu élastique et toute augmentation des prix ne se traduit pas forcément par une baisse du nombre de fumeurs - une partie des consommateurs se dirigeant vers d'autres produits du tabac plus faiblement taxés (tabac à rouler par ex.), ou vers les cigarettes de contrebande.
Une grande partie du prix des cigarettes est composé de taxes gouvernementales indirectes. Celles-ci se décomposent en trois grandes catégories : droits d'accise, taxes sur les ventes (TVA par ex.) et, éventuellement, droits de douane. Les droits d'accise prélevés peuvent en outre être exercés sur différents aspects de la marchandise, qu'il s'agisse du poids, du nombre ou de la valeur des cigarettes vendues. Enfin, cette imposition peut être ad valorem (un pourcentage de la valeur déclarée) ou spécifique (un montant fixe pour une quantité donnée).
Il n'existe pas réellement d'approche uniforme en matière de taxation de par le monde, ce qui conduit à de vastes différences de prix d'un pays à l'autre. Ainsi, le prix d'un paquet de cigarettes Marlboro, marque la plus vendue au monde, varie de un à onze dollars par paquet selon les pays que ce soit en Mongolie ou en Norvège.
Histoire
Apport des conquistadors
Les Amérindiens fumaient le tabac enroulé dans différentes feuilles végétales, les classes supérieures fumant plutôt la pipe. Lors de son introduction en Espagne par les conquistadors au XVI siècle, la consommation de tabac se diffusa en Europe où il était prisé, mastiqué (tabac à mâcher et à chiquer), fumé à la pipe (pratique typique chez les marins et les militaires) ou au cigare dont la feuille de maïs devint la norme sur le continent européen, avant d'être remplacée par du papier fin à partir du XVII siècle. Le tabac roulé dans du papier était appelé papelate et est illustré dans diverses œuvres de Goya comme La Cometa, La Merienda en el Manzanares et El juego de la pelota a pala.
Il est possible que l'origine des premières cigarettes provienne de la pratique dès la seconde moitié du XVII siècle par le petit peuple de récupérer les mégots de cigare jetés par les riches espagnols. Ce type de consommation se répandit alors dans l'Europe, à l'exception notable de la France qui lui préféra la prise nasale jusqu'au XIX siècle, période qui vit la cigarette s’imposer vers 1830 après qu'elle fut ramenée d’Espagne par les soldats de Napoléon I : tabac et papier à rouler étaient alors vendus séparément et les cigarettes préparées manuellement.
Les premières cigarettes manufacturées apparurent en Espagne vers 1825, en 1833 les paquets de cigarettes furent vendus sous la dénomination cigarrillo ou cigarrito, qui dérive du mot cigarra (« cigale ») par similitude de forme et de taille avec l'insecte. En France, le mot cigaret (petit cigare) se féminisa en cigarette dès 1831.
En 1845, le monopole d'État fut instauré en France pour la fabrication des cigarettes. Cette même année 1845, un industriel proposa une machine d'appartement à rouler les cigarettes, sous l'appellation de Cigaretta-Factor. Mais, jusqu'en 1870, c'est la pipe en terre qui réunissait encore les faveurs des consommateurs, sans parler des autres modes de consommation, la chique par exemple, qui subsistaient.
Il fallut attendre la fin du XIX siècle et la multiplication de machines permettant la fabrication industrielle de cigarettes pour que sa consommation se démocratise : alors que les cigaretteuses produisaient jusqu'à 1200 cigarettes par jour, ces machines en fabriquaient 600 à la minute au début du XX siècle.
Produit de grande consommation (XX siècle)
« Carotte » signalant un point de vente de tabac en France
La distribution gratuite de tabac gris aux soldats de la troupe pendant la Première Guerre mondiale généralisa sa consommation.
En France, en 1926, le service d'exploitation industrielle des tabacs et allumettes (SEITA) fut créé pour gérer le monopole. Les bénéfices du service étaient versés à la caisse autonome pour l'amortissement des emprunts d'État.
La production de cigarettes passa de 10 milliards d'unités en 1923 à 19 milliards en 1940, à 86 milliards en 1980.
Mais la consommation de tabac n'a vraiment commencé à prendre de l'ampleur que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale avec l'arrivée des « américaines ».
La cigarette filtre, inventée en Suisse dans les années 1930, se généralisa dans les marchés occidentaux dans le courant des années 1950.
En 1982, la production mondiale de cigarettes atteignait 4 600 milliards d'unités.
Fume-cigare
Un fume-cigarette est un accessoire de mode en forme de tube légèrement évasé, à l’extrémité duquel on insère une cigarette de manière à la fumer sans qu’elle touche aux lèvres. La personne qui l'utilise respire alors à travers l'embout du fume-cigarette. Souvent fabriqué en argent, en or, en jade, en ivoire ou en bakélite (puis remplacé par du plastique), il était populaire chez les femmes mondaines et à la mode, du milieu des années 1910 jusqu'aux années 1970. Il s'est fait beaucoup mieux accepter chez les hommes dans les années 1930.