L’agnosticisme ou pensée de l'interrogation est une attitude de pensée considérant la vérité de certaines propositions concernant notamment l'existence de Dieu ou des dieux comme inconnaissable : à la différence des croyants, considérant probable ou certaine l'existence de telles divinités, ou des athées l'estimant improbable ou impossible, les agnostiques refusent de trancher. Si le degré de scepticisme varie selon les individus, les agnostiques s'accordent pour dire qu'il n'existe pas de preuve définitive en faveur de l'existence ou de l'inexistence du divin, et affirment l'impossibilité de se prononcer.
Si les agnostiques refusent de se prononcer quant à l'existence d'une intelligence supérieure, ils n'accordent, en revanche, ou du moins tendent à n'accorder, aucune transcendance et aucune valeur sacrée aux religions (prophète, messie, textes sacrés...) et à leurs institutions (clergé, rituels et prescriptions diverses...). Ceux-ci voient en effet les religions comme de pures constructions sociales et culturelles qui auraient surtout pour fonction historique d'assurer la cohésion et l'ordre dans les sociétés humaines traditionnelles via par exemple la menace de l'enfer, la promesse du paradis ou encore la notion de péché ou par le mécanisme du bouc émissaire. En d'autres termes, les religions, aux yeux d'un agnostique, seraient bien trop « humaines » de par leurs modes de fonctionnement et de par les dynamiques anthropologiques sur lesquelles elles se basent (soutien psychologique face à la mort, analogie très anthropocentrique d'un Dieu bâtisseur de l'univers...) pour qu'elles aient un quelconque lien direct avec toute forme d'intelligence supérieure, tout en n'excluant pas non plus pour certains le fait que ce soit malgré tout possible. D'où cette interrogation constante propre à l'agnostique.
Termes proches
Les termes suivants sont proches, mais néanmoins distincts, de l'agnosticisme :
Le déisme : qui postule un être transcendant – un « dieu » indéfinissable – qui n'interagit pas avec le monde, tout en restant à l'écart de toute religion révélée et ritualisée. Même s'il peut considérer que la vérité religieuse est inconnaissable, le déisme prend position en faveur de l'existence d'un être suprême. C'était la position officielle de Benjamin Franklin, reflétée par son épitaphe.
L'athéisme : qui considère qu'il n'y a pas de dieu, ou en tout cas pas de raison de supposer qu'il y en ait un. Richard Dawkins présente le déisme comme simplement la version politiquement correcte de l'athéisme, montrant qu'elle ne s'en distingue en rien concrètement.
Le scepticisme philosophique : attitude considérant que la vérité sur ce qui échappe à l'expérience ne peut être connue avec certitude. Selon cette attitude philosophique, et selon la formule de Bertrand Russell « on ne doit prendre position que sur preuve, et s'en abstenir lorsque la preuve fait défaut ».
L'apathéisme : qui considère que la question de l'existence ou de l'inexistence de divinités ne possède pas d'intérêt ni d'utilité pratique. Un exemple est la célèbre réponse du mathématicien Pierre-Simon de Laplace interrogé par Napoléon sur l'absence de Dieu dans son système du monde : « Sire, je n'ai pas eu besoin de cette hypothèse ».
Étymologie
Thomas Henry Huxley, l'inventeur du mot « agnostique ».
Le terme « agnosticisme » (parfois incorrectement écrit « agnostisme » par une fausse étymologie), vient du grec αγνωστικισμός, agnôstikismós, lui-même tiré de agnôstos (ignorant), la gnôsis étant la connaissance ; il désigne la privation de connaissance ou l'impossibilité de connaître ce qui dépasse l'expérience. Il s'agit donc d'une position plutôt épistémologique qui met éventuellement en question la légitimité de la métaphysique, de la révélation, de la divination, etc. L'agnosticisme n'est pas à confondre avec une opposition systématique et spécifique au gnosticisme, qui est une doctrine liée aux débuts du christianisme, mais elle a un sens beaucoup plus général. Antérieurement au christianisme, le mot « agnostique » désignait une personne qui n'avait pas été initiée à la « gnose », c'est-à-dire une croyance mystique en un « savoir parfait et absolu ».
Le mot « agnostique » a été forgé en 1869, dans une intention « polémique », par Thomas Henry Huxley (1825-1895) pour signifier :
« l'antithèse évocatrice du « gnostique » dans l'histoire de l'Église, qui professait en savoir tant sur les choses mêmes à propos desquelles j'étais ignorant… »
Il voulait que le terme fasse comprendre que la métaphysique est « vide de sens » ; comme le pensait déjà le philosophe empiriste David Hume qui recommande, à la fin de son « Enquête sur l'Entendement Humain », de jeter aux flammes les livres de théologie ou de métaphysique scolastique.
Positions philosophiques
« Peut-être qu'il sera possible, un jour, de savoir si Dieu existe ou non. Les éléments dont nous disposons à l'heure actuelle sont encore insuffisants, mais l'on peut espérer que des preuves indiscutables et scientifiquement établies seront un jour acquises. »
C'est là la position de ce qui peut être nommé l’APP, ou Agnosticisme Provisoire en Pratique. L'APP estime que si un ou des dieux ont « créé » le monde, ils l'ont fait en cohérence avec les principes qui régissent « leur propre dimension », de manière que leur œuvre (donc, l'univers) soit « en cohérence » par rapport à leur intention, et surtout, que d'éventuelles interventions divines postérieures à cette « production » initiale (illustrées par exemple, par « des révélations à des prophètes consignées dans des Écritures », « des miracles », « des personnes s'affirmant en contact direct avec Dieu ») soient envisageables. De cette manière, on peut supposer que l'existence d'une divinité reste à la portée de notre Raison, et cette hypothétique existence constitue donc une question que la Science pourra éventuellement résoudre un jour, notamment par le moyen de l'étude de ses éventuelles interventions sur notre Terre. En attendant, les partisans de cet agnosticisme peuvent établir des probabilités sur l'existence de(s) Dieu(x) en se basant sur les seuls éléments de preuves accessibles pour l'instant (récits, miracles, fossiles...), et en confrontant les arguments des diverses positions. L'APP prendra fin quand sera apportée à la question du divin une réponse scientifiquement irréfutable.
« Il est impossible de savoir si un ou des Dieux existent, que cette question soit abordée de manière scientifique ou non. La vérité à ce sujet est en dehors des lois scientifiques, rationnelles, physiques et matérielles qui régissent cet univers présent et toutes les « prétendues » preuves avancées par l'Homme sont insuffisantes. L'existence de Dieu ne peut donc être démontrée. »
Cette phrase précédente synthétise le courant agnostique qu'est l'ADP, ou « Agnosticisme Définitif de Principe ». Cette thèse s'appuie sur certains phénomènes et paradoxes que la Science, la logique se révèlent actuellement incapables d'expliquer, mais surtout sur l'idée que l'Humanité vivant sur la planète Terre ne représente qu'une part infime de l'univers, et même tellement infime qu'elle ne sera jamais en mesure de l'appréhender totalement et de prouver l'existence ou non de(s) Dieu(x). Aussi, si un ou des Dieux avaient créé le monde, ses intentions « divines » ne devraient guère se concentrer sur nous, et donc notre Esprit ne peut absolument pas être le reflet du sien ou des leurs. Plus on se rend compte de la complexité du monde dans lequel nous vivons, plus le(s) Créateur(s) supposés en être à l'origine doivent être complexes et puissants comparés à nous, et moins alors il devient probable que l'Humanité bénéficie d'une attention divine particulière (et encore moins donc un individu). La notion de preuves devient ainsi complètement ridicule : même si un croyant argue des miracles décrits dans ses textes sacrés (et même si un prophète en faisait la démonstration), il pourra toujours lui être objecté qu'il s'agit d'une technologie inconnue ou magie qui n'a pas nécessairement de lien avec une divinité. L'ADP insiste sur « la vanité » de l'Homme se croyant capable de répondre à la question de l'existence de(s) Dieu(x). Pour les tenants les plus extrêmes de l'ADP, la question de l'existence de(s) Dieu(x) est extra-rationnelle et ne peut donc faire l'objet d'une étude rationnelle et, pour ce motif même, elle ne peut point être discutée.
En pratique, les tenants de l'APP auront plutôt tendance à regarder les religions et leurs témoignages avec le même scepticisme que d'autres preuves plus scientifiques ; leurs convictions étant ouvertes à l'arrivée de toutes preuves infirmant ou confirmant l'existence de Dieu. En revanche, si les tenants de l'ADP partagent la même indécision quant à l'existence d'une existence supérieure (au-delà de l'aspect 'rationnel'), ils auront tendance à rejeter totalement et définitivement tout caractère sacré des religions (clergé, livres sacrés, miracles mis en avant dans la liturgie...). Et ce, à la fois parce qu'ils considèrent ces institutions comme de pures constructions sociales mais aussi parce que, pour eux, l'Univers est si immense, si complexe et nos capacités de perception et de compréhension si limitées, que postuler une intervention divine sous la forme de messie ou de prophète est une absurdité, qui devrait par elle-même nous rappeler le caractère humainement construit et non divinement révélé des religions. Il faut donc bien distinguer au sein du débat agnostique la question de l'existence d'une intelligence supérieure, de celle du caractère transcendental ou non des religions et des institutions religieuses humaines.
N.B. : Attention, le refus de se prononcer, dans l'ADP, n'implique pas une mise en équiprobabilité des hypothèses d'existence et d'inexistence de Dieu. On parlera plutôt dans ce cas d'un APP parfaitement neutre et impartial, car quand bien même il s'affirmerait aussi sceptique que l'ADP face à toute éventuelle preuve à venir sur la question, à partir du moment où sont fixées des probabilités, il fait l'hypothèse d'un Dieu intra-rationnel, c'est-à-dire qui peut être appréhendé par la raison. L'agnostique peut choisir par convention sociale de s'affilier, malgré tout, à une croyance religieuse, alors qu'il n'a ni la certitude de l'existence d'une intelligence supérieure ni le respect religieux du aux rituels et aux hommes d'Église ; mais cela lui évitera une éventuelle exclusion sociale, plus ou moins probable en fonction de la religiosité de son groupe social d'appartenance. Certains agnostiques peuvent même se revendiquer ouvertement chrétiens ou musulmans dans une logique d'affirmation identitaire et culturelle sans rapport avec la croyance religieuse. Et ceci par cynisme politique ou encore par croyance en une supériorité civilisatrice de sa religion. L'agnosticisme n'est pas lui-même un système unifié, et donc sujet à interprétation dans sa pratique.
Religions
La conception philosophique même de l'agnosticisme fait qu'un agnostique ne peut pas éprouver de « l'animosité » à l'égard d'un croyant. L'agnostique peut toutefois être « critique » quant à certains préceptes religieux, et quant aux actions des fidèles qui revendiquent « l'accomplissement de la volonté divine ». Mais la plupart des agnostiques y sont totalement indifférents. L'agnosticisme n'est donc pas antithéiste. À l'inverse, toute tentative de prosélytisme à leur égard est mal perçue car nul ne peut prétendre apporter la preuve de l'existence de Dieu (en l'état actuel des connaissances de l'Homme ou à jamais, selon les individus). Un croyant croit autant en Dieu qu'un agnostique assume sa conception philosophique, même si ce dernier la considère comme plus objective. En fait, l'attitude d'un agnostique est surtout fonction du « degré de scepticisme » de sa position. Un partisan de l'APP aura tendance à être plutôt tolérant et compréhensif, car il « conçoit » les arguments des croyants, et reconnaît, plus ou moins, la possibilité de leur position. Tandis qu'à l'opposé, un partisan de l'ADP tendra vers une attitude plus critique, considérant les arguments religieux comme intégralement infondés et irrecevables, et n'affiche donc au mieux que de l'indifférence, si ce n'est, parfois, du mépris. Les plus radicaux en appellent d'ailleurs à une certaine restriction de l'activité publique des institutions religieuses, car ils estiment qu'elles ne devraient pas être autorisées à véhiculer des théories cosmogoniques infondées (aujourd'hui, ou, à jamais) en les présentant comme « vérité absolue ». L'agnosticisme est donc souvent attaché au concept de laïcité ; et, sans être antireligieux, il reconnaît souvent sa conviction comme étant plus ou moins teintée d'anticléricalisme.
En réalité, il faut savoir que l'opposition entre croyants et agnostiques concerne davantage la question de l'intervention de Dieu dans les affaires humaines que celle de son existence. La plupart des religions affirment tenir leur savoir de révélations par leur Dieu, ce qui en fait une « connaissance sacrée », hors de portée de l'analyse scientifique. Or, un agnostique tient d'abord compte des informations apportées par les sciences (c'est-à-dire les connaissances démontrées ou prouvées) et, malgré la difficulté pour elle d'étudier le domaine religieux (en vertu du principe du NOMA), la Science apporte, chaque jour, d'importantes informations fiables sur la nature de notre environnement et nous enseigne à relativiser la place de l'homme dans l'univers. L'écart observé tend à devenir tellement grand qu'il discrédite l'hypothèse de l'ingérence des dieux dans les affaires humaines, et donc aussi la plupart des révélations dont se prévalent les religions. Il est envisageable que le(s) Dieu(x) des religions puissent être des entités de nature supérieure, mais il est invraisemblable qu'ils aient créé l'Univers en s'intéressant d'aussi près à l'humanité de la manière que cela est décrit dans les Écrits religieux, qui font presque toujours référence d'une part à la « création » et « au fonctionnement du Monde » et, d'autre part, à des interventions ponctuelles et localisées de leur(s) Dieu(x). Il y a donc un problème de disproportion dans les rapports Dieu(x)/Hommes tels que décrits par les religions. Par conséquent, l'agnosticisme tend plutôt à considérer les religions comme des constructions sociales et culturelles, qui auraient surtout la fonction de permettre la cohésion sociale (le mot « religion » vient entre autres du latin « religare »=relier: Relier Dieu et les hommes, mais aussi les hommes entre eux). En l'absence de preuves établies scientifiquement, l'agnosticisme soutient qu'on ne peut prendre au sérieux les affirmations des religions comme des indices objectifs de l'existence de(s) Dieu(x).
L'agnosticisme adopte ainsi une attitude de « parfaite neutralité » envers les religions, du moins tant qu'elles respectent les droits fondamentaux de la personne humaine. L'annulation des sacrements ou assimilés (telle la débaptisation dans le Christianisme) n’est nullement nécessaire aux agnostiques, ces derniers n'attachent pas d’importance aux divers rites religieux. Les fêtes religieuses, comme Pâques, Noël, Yom Kippour, ou l'Aïd el-Kebir peuvent être tout aussi bien célébrées. Elles sont perçues, tout simplement, comme des fêtes traditionnelles. De même, un agnostique peut se rendre à l'intérieur des édifices religieux si bon lui semble afin, par exemple, d'y contempler l'architecture, ou pour des raisons de convention sociale. Il n'y a aucune interdiction ou doctrine liée au fait d'être agnostique, puisque l'agnosticisme ne suit, par définition, aucun « précepte absolu », si ce n'est « suivez votre raison aussi loin qu'elle vous mènera et ne prétendez pas que des conclusions sont certaines quand elles ne sont pas démontrées ou quand elles sont indémontrables ». C'est pourquoi l'agnosticisme peut se concilier avec une certaine pratique religieuse ; chacun étant libre, à défaut de certitude scientifique, de suivre sa foi, comme il lui plaira. En cela, l'agnosticisme rejoint l'adage de Blaise Pascal : « Le Cœur a ses raisons que la Raison ne connaît pas. » Il faut donc plutôt assimiler l'agnosticisme à un courant de pensée philosophique qu'à une religion.
Religions théistes
Ces religions sont les premières visées par la pensée de l'agnosticisme. Ce sont leurs conceptions de Dieu que l'agnosticisme a d'abord étudiées, et à partir desquels il a construit sa pensée. Néanmoins, on remarquera que les controverses sont presque toutes restées limitées au Christianisme.
Judaïsme
La plupart des penseurs et exégètes Juifs considèrent que l'on peut arriver à « trouver » Dieu par sa seule raison, l'exemple type étant le patriarche Abraham. Cependant, selon la Bible, Dieu fait des miracles pour que l'on croie en lui et en son omnipotence, notamment dans l'Exode.
Christianisme
Les relations entre le christianisme et l'agnosticisme sont faites à la fois de confrontations et de tolérances. L'exemple le plus évocateur en étant le débat qui eut lieu entre les représentants des Églises et les défenseurs de la théorie de l'évolution de Charles Darwin. Après quelques débats passionnés, l'Église catholique reconnut la plausibilité de la théorie (en admettant qu'Adam et Ève pouvaient être des symboles) d'abord comme hypothèse, puis comme davantage qu'une hypothèse. Il n'en existe pas moins dans quelques milieux protestants une persistance du créationnisme, entre autres chez les mouvements évangéliques américains, qui est en totale opposition avec la conception philosophique de l'agnosticisme. En effet, le créationnisme se propose de donner une valeur scientifique à des affirmations purement dogmatiques (comme la Création du monde en une semaine), relevant de la foi et non d'une démarche inductive et rationnelle, comme le relève la position agnostique. L'agnosticisme se montre alors d'autant plus critique que le « créationnisme » se rend coupable de confusion entre foi et empirisme (rompant ainsi avec le NOMA).
Islam
Le Coran condamne les « mécréants » ainsi que les « faux croyants », nommés les « hypocrites », mais pas spécifiquement les agnostiques. Concrètement, l'histoire de la théologie musulmane est jalonnée de doutes : au VI siècle, Burzoe, ministre du roi sassanide Khosro I, exprime ses doutes concernant la vérité des religions de son époque, soupçonnant leurs enseignements d'être vides de sens, et considérant les croyants comme les victimes d'une illusion. Cette pensée a influencé très tôt l'Islam, initiant une tradition de libre-pensée et de littérature sceptique qui a conduit au scepticisme des missionnaires ismaëliens, ainsi qu'à celui de Al-Ghazâlî au XI ‑ XII siècle. Cependant, le doute, en Islam, ne porte pas sur l'existence même de Dieu, mais sur la définition d'une pratique de son culte sur Terre. Si comme le pensent des théologiens de plusieurs religions et quelques philosophes comme Platon ou Plotin le sentiment du Dieu unique est inné en la nature humaine, il n'y a pas besoin de preuve de son existence ; les révélations ne concernent alors que les modalités du culte à lui rendre, par gratitude d'abord, et accessoirement pour obtenir une éventuelle rédemption dans la vie éternelle.
Toutefois, il reste possible que, dans la recherche intellectuelle de Dieu, le doute quant à son existence même soit temporairement toléré par l'islam (soit dans le cadre de la pensée spéculative, soit dans un moment de désarroi), mais la condition reste d'aboutir, finalement, au monothéisme définitif, et donc la reconnaissance soumise à Allah par le biais des enseignements attribués à Mahomet son prophète. De ce fait, ce sont plus particulièrement l'athéisme et l'ADP, c'est-à-dire le refus inébranlable de reconnaître Allah, qui sont absolument condamnés. Mahomet a conseillé ses disciples (« sahâba », compagnons) de ne pas se polariser sur des questions qui les dépassent. Selon le livre « At-Targhîb wa At-Tarhîb », Mahomet conseille à ses compagnons : « Méditez sur la création de Dieu, ne méditez point sur Son Essence, car vous ne l’estimerez pas comme Il doit l’être ». Concrètement, cette idée a été reprise par les théologiens musulmans rationalistes sous la forme d'un « agnosticisme religieux », qui affirme l'existence d'un fossé infranchissable entre Dieu et sa création qu'il transcende, rendant impossible toute prédiction ou connaissance à son sujet. En cela, ils rejoignent partiellement l'ADP, qui préconise de délaisser totalement les réflexions sur le divin. Cet agnosticisme partiel, en rappelant les limites conceptuelles humaines, s'accorde sur ce point avec les religions dites de la révélation. En effet, la révélation ne se définit pas comme un phénomène objectif librement observable par tous, mais comme une « confidence » divine seulement adressée à une minorité très restreinte d'humains ayant la chance d'être élus pour recevoir des révélations inaccessibles humainement, par la grâce de Dieu. Hors de la révélation, personne n’a le droit dans cette optique d’affirmer - a fortiori imposer - quelque interprétation que ce soit concernant des questionnements dépassant en principe l'entendement humain ; de sorte que l'on ne pourrait rien attendre de l'analyse scientifique et rationnelle sur ces sujets.
Religions non-théistes
Certaines traditions religieuses réfutent la croyance en un dieu créateur. Parmi les religions non théistes, sont encore pratiquées de nos jours le bouddhisme et le jaïnisme, tandis que le courant athée du Sâmkhya ne le serait plus. Ces trois points de vue non théistes partagent la même croyance dans la loi du karma, loi de causalité correspondant à ce qui pourrait être attribué à un créateur dans le contexte théiste. Ces religions sont plus difficiles à appréhender pour l'agnosticisme car elles ne font pas référence expressément à une ou des divinités. Or, si l'agnosticisme s'intéresse à toute religion, il se penche plus sur « les signes de l'existence de Dieu(x) créateur(s) et/ou interventionniste(s) » à travers les faits allégués par les religions que sur leurs contenus dogmatiques, d'où dérivent les rites et traditions (qui ont un aspect d'abord et surtout social). Cependant, les religions au sens large, ont toutes en commun de proposer une « autorité » morale dont elles présentent souvent l'origine comme transcendante à l'Homme, c'est-à-dire divine. La vision agnostique consiste toujours à douter de la divinité de cette « source d'autorité. »
Le bouddhisme, même s'il ne vénère pas forcément de dieu, propose néanmoins une cosmogonie (une organisation du monde) et une vision de la vie après la mort, c'est-à-dire des affirmations fondées uniquement sur des « dogmes », ce qui peut en faire une « religion ». Le concernant, l'agnosticisme s'intéresse surtout à la notion de karma, fondamentale dans la pensée bouddhiste, selon laquelle tous les êtres vivants sont pris dans un cycle de réincarnations perpétuelles, dans lequel ils ne peuvent « progresser » que par la réalisation d'actions vertueuses, et cela, dans l'espoir d'échapper à ce cycle des réincarnations pour atteindre le Nirvāna. L'agnostique pourrait remarquer que si la progression des individus est conditionnée par la valeur de leurs actions, cela signifie qu'il existe « quelque chose » (une entité transcendante) définissant le Bien et le Mal, et régulant les parcours des individus en fonction de la proportion de Bien et de Mal présents dans leurs actions. Le point de vue agnostique consiste à mettre en doute l'existence de ces entités transcendantes, et moins à contester l'idée de cycle de réincarnation (difficilement formalisable en l'absence de définition claire de l'identité là où la mémoire ne subsiste pas), ainsi que les idées de hiérarchisation et de progression des êtres telle qu'elles sont définies dans beaucoup de variantes du bouddhisme, compte tenu des éléments de connaissance actuelle (avec une plus ou moins grande perspective de recueillir de nouveaux éléments selon les points de vue). Quant à l'affiliation, elle reste affaire de convention sociale, comme indiqué plus haut.
Autres positions philosophiques sur Dieu
L’agnosticisme est, à l’origine, en opposition aux religions, induisant le doute sur la connaissance de(s) Dieu(x), dans le sens où il doute de son(leur) existence, avant de douter de son(leur) inexistence. Il va donc, dans un premier temps, dans le même sens que l’athéisme. Cependant, à partir du moment où l’athéisme affirme l’inexistence de(s) Dieu(x), l’agnosticisme ne peut encore aujourd’hui, ou à jamais, le suivre, en l’absence de preuves suffisantes. Inversement, il ne peut pas suivre non plus les diverses formes de déismes, qui affirment l’existence d’un être suprême, d’un(de) Dieu(x) indéfinissable(s), dans le sens où nulle personne ou nul mouvement religieux ne peut se prétendre être le dépositaire exclusif de sa volonté ; car eux aussi affirment sans preuves. Dans les deux cas, aucune certitude n’est établie, car il n’existe encore ou n’existera jamais aucun fait reconnu et établi scientifiquement qui permettrait de statuer sur la question. Quant aux démarches de purs raisonnements formulés par les deux partis, ils sont inutiles car impuissants à prouver quoi que ce soit, car ils ne relèvent que de la « Raison pure », et ne peuvent pas, de toute façon, surpasser la valeur, déjà insuffisante, de l’argument ontologique.
Cependant, cette position ne relève pas exclusivement de l'indifférence religieuse (comme c'est le cas de l'apathéisme), car l'agnosticisme reconnaît malgré tout l'impact que pourrait avoir l'existence d'une divinité, ne serait-ce qu'en termes d'eschatologie (ce sont peut-être l'Au-delà et l'éternité qui sont en jeu). Selon les degrés de scepticisme, les partisans restent plus ou moins attentifs à l'arrivée de tout nouvel élément sur la question. Concrètement, du moins dans l'APP, il n'y a pas réellement d'agnostiques qui accordent personnellement une valeur égale aux deux hypothèses. On parlera d'agnostiques athées pour ceux qui penchent en faveur de l'inexistence de(s) Dieu(x) et d'agnostique théistes pour ceux qui penchent en faveur de son(leur) existence.
Critiques
Un reproche récurrent contre les agnostiques est que leur philosophie consiste à demeurer dans l'indécision, le compromis de l'entre-deux, le mol oreiller du doute mentionné par Montaigne dans ses Essais. En refusant de prendre position sur un sujet aussi sensible que le divin, ils chercheraient à ne se fâcher avec personne. La plupart des religions y voient d'ailleurs un réservoir d'incroyants à convertir, tandis que les athées les considèrent comme coincés dans une progression inachevée vers l'athéisme, voire le qualifient d'« athéisme faible », comme le reste des irréligions, d'ailleurs. Cette raillerie contre une posture dite de l'« hésitation » simplifie évidemment le non-choix agnostique, qui se rapproche plutôt d'une forme de sagesse de la prudence face à l'ignorance. Selon l'expression de Bertrand Russell dans ses « Essais sceptiques » : « l'attitude rationnelle consiste à n'admettre que sur preuves, et à suspendre son jugement là où la preuve fait défaut ».
Selon Friedrich Engels, dans l'introduction anglaise de Socialisme utopique et socialisme scientifique, l'agnosticisme est un matérialisme « honteux », c'est-à-dire que l'agnostique comme Thomas Huxley a honte de son matérialisme et rejette dès lors moralement le matérialisme, ainsi pour le lecteur anglais de la fin du XIX siècle, « Agnosticisme serait tolérable, mais matérialisme est absolument inadmissible. ».
Nombre d'adeptes
639 millions de personnes dans le monde se déclarent agnostiques d'après l'Atlas des Religions de La Vie et Le Monde et de l'étude Atlas of Global Christianity 2010 réalisée par Todd M. Johnson et Kenneth R.Ross de l'Université d'Édimbourg. Un sondage de l'institut Harris Interactive, publié par le Financial Times, daté de décembre 2006, dénombre 32 % d'agnostiques en France soit autant que d'athées.
Médias
Protagoras est resté célèbre pour son agnosticisme avoué et un certain relativisme.
D'éminents artistes, intellectuels et scientifiques se sont revendiqués agnostiques. On peut par exemple citer : Blaise Cendrars, Charles Darwin, Émile Durkheim, Thomas Edison, Albert Einstein, Charlie Chaplin, Carl Sagan, Marie Curie, Thomas Henry Huxley, Claude Bernard, Émile Littré, Clarence Darrow.
不可知论,或称不可知主义,是一种哲学观点,认为形而上学的一些问题,例如是否有来世、天主是否存在等,是不为人知或者根本无法知道的想法或理论。不可知论包含着宗教怀疑主义,不像无神论者一样否认神的存在,只是认为人不能知道其存在。不可知论者认为人类不可能得到真理,他们通常被算作非宗教的、世俗的,但是不一定没有信仰。
在一些人口统计中,不可知论者常被认为是无神论者,或是没有宗教,事实上一些有宗教信仰的人也可以是不知论者:一些人对于他的信仰未必坚定,但是受到社会风气或自小的环境影响,他们把他们的宗教当作是常识或是信念。
名字的来源
英语中agnostic这个词来源于希腊语a(没有)和gnosis(认识),是最早在1869年由英国的托马斯·亨利·赫胥黎创造的,用于描述他的哲学。
分类
强不可知论(Strong agnosticism):神是否存在的问题天生就是不可以被了解的,而人类缺乏根据一些所谓证据来得出这方面结论的能力。
弱不可知论(Weak agnosticism):神是否存在的问题现在没有答案,但并非完全不可能有结论。在没有更多的证据之前人们应该不要轻易做出判断。
消极不可知论(Apathetic agnosticism):没有证据可以证明神是否存在。但神即使存在也对整个宇宙毫不相干,所以神是否存在只是个学术问题。
漠视主义(Ignosticism):神的概念没有意义,因为它不能产生可以用科学方法检验的结果,因此对它的讨论毫无意义。
现代不可知论:哲学和形而上学的问题不能被证明或否定,但理性思维可以为其中的有意义假设建模,这一派不可知论不侧重讨论神的存在。
不可知有神论(Agnostic theism):不声称知道神的存在,而只是相信其存在。
不可知心灵主义(Agnostic spiritualism):认为神是否存在都有可能,并不信仰某一具体宗教,但过着一种不是唯物的心灵主义的生活。
不可知无神论(Agnostic atheism):认为神的存在与否是不可知的,所以不相信宗教。
一些哲学观点
著名的不可知论哲学家们有:托马斯·亨利·赫胥黎、查尔斯·达尔文和伯特兰·罗素。有人从大卫·休谟的著作,特别是《自然宗教对话录》认为他是不可知论者。但这一说法还正在争议之中。 中国 中国的某些传统,从某种程度上说是一种不可知论。例如在论语中,孔子说:「子不语怪力乱神」,但并没有说,「子不信鬼神」,亦曾说过:“未知生,焉知死”,很典型地说明了东方的不可知论。 古希腊 不可知论在古希腊哲学中以怀疑论的形式出现,并占有一席之地。它的支持者有普罗泰格拉斯(智者着有《论神》,这本书一开头就说:“至于神,我没有把握说他们存在或者他们不存在,也不敢说他们是什幺样子;因为有许多事物妨碍了我们确切的知识,例如问题的晦涩与人生的短促。”),皮洛(极端怀疑主义哲学家)和Carneades。 托马斯·亨利·赫胥黎 虽然不可知论的基本观点和怀疑主义一样古老,但是赫胥黎特别创造了“不可知”和“不可知论”这两个词,用来概括他对同时代形而上学主义,特别是无条件(哈密尔顿)和不可知晓(赫伯特·斯宾塞)这两个新发展的看法。因此弄清赫胥黎本人的看法很重要。他在1869年才开始使用“不可知”这一词,但他本人的意见成型要早于此。在给查尔斯金斯利的一封信(1860年9月23日),他广泛地讨论了自己的观点: “ 我不肯定也不否认人的永生性。我一方面没有理由相信它,另一方面没有反驳它的证据。我也没有先验的原因来反对这个教条。人到了每日每时都要用来对付自然环境的时候,就没心思关心什幺“先验”的困难了。只要和其他我相信的事物一样给我足够的证据,我就相信它。有什幺不信的理由呢?要论奇妙玄奥的话,这个永生论还没有力的守恒论或者物质不灭论的一半…… ” “ 不用跟我打比喻或者讲什幺概率。当我说我相信反平方定理的时候,我知道我指的是什幺。我不会把我的生命和希望寄托在更脆弱的信条上…… ” “ 在我知道可能为真的事物中,我的个性是我最有把握的。但我一试着思考这到底是什幺,就陷入语言的微妙之处中。我经常是在自我和非我、本体和现象等的废话上折腾了那幺久,还没觉察到:试图思考这些问题的过程已经出乎了人类智力所能及的深度…… ” 查尔斯·达尔文 1879年,当达尔文撰写他的自传的时候,收到一封来信,询问他,是否有神论和演化论兼容,他是否相信神。他回复说“可能会是个热心的有神论者和演化论者”,例如以金斯利(Charles Kingsley)和亚萨格雷(Asa Gray)引证为例,对达尔文自己来说他"永远不是一个否认神存在的意义上的无神论者"。他还附加说“我觉得一般来说(随着我的年龄增长)但不总是,‘不可知论者’对我的想法是一个更加正确地描述”。 勃特兰·罗素 勃特兰·罗素的小册子《我为什么不是基督徒》是对不可知论信条的经典阐述。这本同名小书是基于他1927年发表的演说。文章首先简单阐述罗素反对有神论论据,然后详细论述其对基督教教义之道德反对。最后他更呼吁他的读者要用「无惧的态度和开放的智能」「独立自主、公平正直地看世界」。在罗素后来的小册子《我是一个无神论者或者不可知论吗?》(副标题:对面对新教条所持容忍态度的辩论)中,他确认,他在哲学意义上是一个不可知论者,不知道神是否真的存在。然而在同一部作品中,他也接纳,无神论者这一称呼能更加好的表达非哲学追随者的宗教姿态。
与其他哲学思想的关系
怀疑论 虽然不可知论与怀疑论类似,但不可知论不同于怀疑论,不可知论同实证主义方法相一致,而怀疑论则与实证主义方法相反。实证主义强调自然科学和社会科学的成就和可能性。怀疑论者甚至会和无神论(Atheism)、有神论(Theism)、创造论(Creationism)、智能设计论(Intelligent Design)一样反对不可知论。 不可知论另外一个与怀疑论不同的地方是,怀疑论的质疑对象是知识(真理的途径),不可知论的质疑对象则是真理(通常指神)。 无神论 无神论果断的否认了神的存在,因而也反对不可知论对神的存在抱着的可能性。不可知论则主张人类没办法能得知世上的真理,认为无神论武断和鲁莽。 逻辑实证主义 逻辑实证主义者,如卡纳普(Rudolph Carnap)和艾耶尔(A. J. Ayer),对不可知论的想法是「谈论本身就是一种错误的」他们提出论据维根斯坦的名著《对于那些不可言说的,必须保持沉默》,视任何有关神的言论(确定或否定)都为纯粹的谬论。逻辑实证哲学家和类似的思想学派的拥护者认为,有关宗教或其他超然存在经验的陈述没有事实价值,也被视为毫无意义。包括一切有关神的言论,甚至是那些否定对神的认识的可能性的不可知论也一样。在《语言、真理与逻辑》中,艾耶尔明确地反驳不可知论——基于不可知论一方面声称对上帝的知识是根本无法知道的,另一方面却声称神是有意义的,因为加以讨论。