En France, les centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires ou CROUS sont des établissements publics à caractère administratif chargés principalement de l'aide sociale, de l'accueil des étudiants internationaux, du logement pour étudiants, de la restauration universitaire et de la vie culturelle étudiante. Ils sont animés, dans le cadre d'un réseau national, par le Centre national des œuvres universitaires et scolaires.
Plus concrètement, les CROUS instruisent les dossiers sociaux des étudiants (DSE : demande de bourse et de logement), gèrent les cités, les restaurants universitaires (appelés familièrement « restos U »), les bourses des étudiants étrangers et interviennent dans des domaines différents suivant les académies concernées (culture, transport, crèche, etc.).
Les CROUS sont répartis par académie plus que par région (l'Île-de-France est par exemple découpée en Crous de Paris, Crous de Créteil, Crous de Versailles). Certains sont formés d'un centre principal et d'un CLOUS (centre local des œuvres universitaires et scolaires, par exemple pour Le Havre qui dépend du CROUS de Rouen ou Mulhouse qui dépend de Strasbourg), ou même d'antennes administratives (ex. Nîmes, Évreux).
Ils sont régis par les articles L.822-3 et R.822-14 à R.822-25 du code de l'éducation.
Histoire
La gestion des infrastructures de la vie étudiante est issue de l'initiative des étudiants ou plutôt des associations étudiantes d'alors, réunies au sein de l'UNEF, qui fondent après la Première Guerre mondiale les premières résidences universitaires.
En 1936, le Comité supérieur en faveur des étudiants est créé par le ministre du Front populaire Jean Zay. Après la Seconde Guerre mondiale, on débat beaucoup du futur statut de l'organisme qui doit gérer les résidences universitaires, encore peu nombreuses, les restaurants universitaires et les bourses d'études : association loi 1901, fondation, établissement public à caractère administratif ?
Après la Seconde Guerre mondiale, le Comité supérieur en faveur des étudiants devient le Comité supérieur des Œuvres en faveur de la jeunesse scolaire et universitaire par arrêté du 8 août 1947 ; des centres régionaux sont créés dans chaque académie sous le statut de la loi 1901.
Le 16 avril 1955, des établissements publics à caractère administratif, le CNOUS et les CROUS, sont créés ; leurs conseils d'administration sont paritaires entre pouvoirs publics et étudiants, jusqu'à une modification par décret en 1987, qui réduit la représentation de ces derniers ; la création de vice-présidences étudiantes ne comble pas ce changement.
Dans les années 1990, le CROUS connaît des innovations majeures : la création de la contractualisation entre CNOUS et CROUS, le développement de nouvelles compétences telles que la culture, ou encore la création d'un vice-président étudiant du CA du CROUS, visant à réimpliquer les étudiants dans les instances des œuvres universitaires. Mais surtout depuis la rentrée 1995, les CROUS gèrent les bourses d'études via la gestion du dossier social de l'étudiant.
Organisation interne
À la tête de l'administration du CROUS, on trouve un directeur, qui représente le CROUS, signe les conventions, supervise les services centraux, prépare le travail du conseil d'administration et exécute ses décisions, un gestionnaire principal (aussi appelé secrétaire général ou directeur adjoint qui assiste le directeur et supervise les gestionnaires d'unités de gestion (restaurants universitaires et cités universitaires) et coordonne les services administratifs centraux, un agent comptable, comme dans tous les établissements publics, et des chefs de service : service social, communication et culture, vie de l'étudiant (dossier social étudiant), ressources humaines, marchés publics, contrôle de gestion, etc.
Le personnel des CROUS est composé pour une petite part de fonctionnaires d'État, issus des personnels ingénieurs, administratifs, techniques, sociaux et de santé et des bibliothèques, et principalement des filières de l'administration scolaire et universitaire, et des ITRF. Le reste, très majoritaire, des agents sont des contractuels (agents non titulaires de l'État, dénommés « personnels ouvriers »), liés par un contrat de travail de droit public avec leur CROUS d'exercice. Les contrats de travail sont pour la plupart à durée indéterminée (CDI). Mais les CROUS ont recours de plus en plus aux contrats à durée déterminée (CDD), du fait principalement des grandes variations d'activité durant l'année universitaire.
Ces agents contractuels travaillent exclusivement dans les établissements, restaurants et résidences (cuisiniers, magasiniers, agents de service, entretien des locaux, concierges, etc.). Les fonctionnaires exercent quant à eux pour la plupart dans les services administratifs (sièges des CROUS et des CLOUS), ou dans les unités de gestion (gestionnaires de résidence et/ou de restaurant universitaire), secrétaires d'unité de gestion (facturation, secrétariat de régie, gestion administrative du personnel, ces agents assistent les gestionnaires). Les CROUS font aussi appel régulièrement à des personnels sous contrats dits « aidés », du type contrat emploi solidarité (CES), ou « emplois-jeunes », par exemple. On y trouve aussi parfois quelques apprentis.
Le conseil d'administration
Le conseil d'administration du CNOUS et des CROUS était à l'origine paritaire. Cette parité a été mise en cause par plusieurs décrets, notamment celui de 1987 modifié par le décret du 29 novembre 2006, dont les dispositions désormais codifiées sont toujours en vigueur à ce jour, et fixent la composition actuelle du conseil d'administration du CNOUS et des CROUS.
Puis, en vertu de l'article 66 de la loi n 2004-809 relative aux libertés et responsabilités locales, qui a modifié l'article L. 822-2 du Code de l'éducation, les collectivités territoriales et leurs groupements sont désormais représentées dans les conseils d'administration du CNOUS et des CROUS.
Les conseils d'administration des CROUS sont présidés par le recteur de leur académie respective. Il est composé de :
6 représentants de l'État au niveau académique (nommés par le recteur) ;
7 représentants des étudiants élus (ces derniers seront les grands électeurs pour le CNOUS) ;
3 représentants du personnel (un personnel administratif, deux personnels ouvriers) ;
2 présidents ou directeurs d'établissements d'enseignement supérieurs ;
1 représentant de la région ;
1 à 4 représentants des communes et de leurs groupements ;
4 personnalités qualifiées dont deux désignées par les étudiants.
Le président du conseil est assisté par un vice-président étudiant élu par les membres du conseil d'administration.
Les élections d'étudiants
Les élections des élus étudiants ont lieu tous les deux ans dans chaque académie. Les étudiants (engagés dans tout cursus post-baccalauréat reconnu par l'État et inscrits à la Sécurité Sociale Étudiante) y élisent des représentants au conseil d'administration (CA) du CROUS. Chaque liste comporte deux fois plus de candidats que de sièges d'étudiants : chaque élu étudiant en CA du CROUS est accompagné d'un suppléant, qui peut siéger en cas d'empêchement du titulaire. Les élus au CA des CROUS élisent eux-mêmes leurs huit représentants au conseil d'administration du CNOUS.
Ces élections étudiantes font l'objet d'une intense préparation au CNOUS et dans les CROUS pour amener l'augmentation de la participation: distribution de flyers, panneaux placardés dans les universités, encarts publicitaires achetés dans les journaux...Le taux de participation varie entre 4 et 8 % suivant les années, il était néanmoins en augmentation jusqu'en 2006. En 2006, les élections, qui ont eu lieu en plein mouvement anti-CPE, ont été fortement perturbées, un certain nombre de points de vote ayant connu un ou plusieurs incidents comme des vols d'urnes et/ou de bulletins, voire une fermeture. Depuis la rentrée 2006, à la suite de recours administratifs, de nombreuses élections ont été annulées : Versailles, Paris, Dijon, Toulouse, Nancy-Metz, Lyon, etc. Ainsi, de nouvelles élections ont été organisées à la fin de l'année 2006, pour que la représentation des étudiants aux CROUS (mais pas au CNOUS) soit à l'image des réalités du milieu estudiantin.
Le taux de participation varie suivant les académies, au plus bas à Paris (guère plus de 5 %), au plus haut dans le Limousin et en Corse (plus de 30 %).