Le russe (en russe Русский) est une langue appartenant au groupe slave oriental de la famille des langues indo-européennes, auquel appartiennent aussi l'ukrainien et le biélorusse. Il compte plus de 280 millions de locuteurs (comme langue maternelle ou langue seconde). Il est la langue officielle de la Fédération de Russie et l'une des langues officielles des républiques de Biélorussie, du Kazakhstan et du Kirghizistan, langue de communication au sein de la Communauté des États indépendants (CEI), dominante dans certaines régions d'Ukraine (notamment le Sud et l'Est ukrainien ainsi que la capitale Kiev). Il est également une des langues officielles de l'ONU.
Il est régi par l'Académie des sciences de Russie (russe : Росси́йская Акаде́мия Нау́к).
Histoire de la langue russe
La langue russe est issue du groupe des langues slaves formalisé dans le vieux-slave. De cette langue commune slave sont issues une langue commune aux ecclésiastiques, le slavon d'Église ou vieux-slave liturgique, et les multiples langues vernaculaires à l'origine des différentes langues slaves.
Le vieux russe est ainsi parlé du X au XIV siècle dans le groupe des langues slaves orientales (Russie, Biélorussie et Ukraine). La langue russe moderne en est issue, en subissant une forte influence du slavon d'Église.
La langue russe au début du XXI siècle
Le russe dans l'espace post-soviétique
Dans les années 2000, le russe est parlé par plus de 280 millions de personnes, dont quelque 145 millions le parlent comme langue maternelle. Il est utilisé par la grande majorité des Russes de Russie. À la suite de la russification intense menée lors de la période soviétique, son usage est toujours très important en Ukraine, en Biélorussie, au Kazakhstan, au Kirghizistan, en Lettonie, en Lituanie, en Estonie ou encore dans les régions séparatistes d'Abkhazie, d'Ossétie du Sud ou de Transnistrie, pas seulement par l'importante minorité russe encore présente, mais aussi par une grande partie de la population de l'ethnie dominante, surtout dans les grandes agglomérations ou dans des régions proches de la Russie (Est de l'Ukraine, Nord et Ouest du Kazakhstan, etc.). Dans les républiques du Caucase et d'Asie centrale, le russe sert toujours de langue véhiculaire entre les différentes ethnies. Les peuples non russes de l'ancienne URSS, particulièrement dans les grandes villes, ont souvent une meilleure maîtrise écrite de la langue russe que de leur propre langue, ce qui permet à la presse russophone de subsister. Dans les pays baltes, le retour à l'indépendance a fait perdre au russe son rôle hégémonique, et la minorité russe se voit aujourd'hui obligée de se battre pour maintenir sa langue dans ces pays, comme n'importe quelle minorité linguistique (bien qu'en Lettonie, le russe soit parlé par 44 % de la population).
Le russe en Europe centrale
En Europe centrale, les pays du bloc de l'Est, où l'apprentissage du russe était autrefois obligatoire, se tournent aujourd'hui vers l'anglais. On estime que la partie de la population, quel que soit le pays, qui avait plus de vingt ans lors de l'effondrement de l'URSS, en 1991, garde une maîtrise courante et parfois très approfondie de la langue russe. C'est notamment le cas en ex-RDA (Allemagne de l'Est) où il était enseigné. Il a également été enseigné en Yougoslavie durant la période communiste. En Pologne, le russe est largement devancé depuis 1989 par l'anglais et l'allemand. En revanche, le russe est souvent une langue véhiculaire pour les gens qui avaient plus de 15 ans avant 1989; dans les ex-républiques populaires de l'Europe de l'Est, et par exemple, un citoyen de Pologne qui avait plus de 15 ans en 1989 peut le plus souvent, communiquer avec un citoyen Bulgare, qui tout comme lui, avait appris le russe à l'école. En France, et en Allemagne, ainsi qu'en Grande-Bretagne, le russe est resté une langue véhiculaire pour les immigrés, ou réfugiés originaires de l'Europe de l'Est. Ainsi, à Londres, il n'est pas rare, par exemple, de voir un immigré Polonais parler en russe en s'adressant à un réfugié Tchétchène, ou de surprendre un Bulgare communiquer en Russe avec un Roumain.
Le russe dans le monde
Du fait de l'immigration, Israël, l'Allemagne, le Canada, les États-Unis et quelques autres pays comptent aussi d'importantes communautés russophones. En Israël en particulier, plus d'un million des 7 millions d'Israéliens sont des russophones originaires de l'ex-URSS, ils pratiquent encore beaucoup le russe.
Malgré une perte d'influence certaine après l'effondrement du régime soviétique, l'importance de la langue russe ne s'est nullement démentie, que cela soit des points de vue scientifique (restant une langue de communication de première importance dans la conquête de l'espace), culturel, ou géopolitique (la Russie restant une puissance militaire de premier ordre). Son état d'idiome véhiculaire en Asie centrale, dans le Caucase voire dans les marches slaves de l'ex-Union soviétique demeure, quoique amoindri, vivace.
Dans les pays de l'ex-Asie centrale soviétique (Tadjikistan, Ouzbékistan, etc.), le russe est désormais en concurrence surtout avec l'anglais, et dans une moindre mesure, avec le chinois (mandarin) pour l'apprentissage d'une seconde langue, pour les plus jeunes, et aussi avec le Farsi (Persan), la langue de l'Iran, qui est la puissance régionale et économique principale de l'Asie centrale. Pour pouvoir émigrer vers les États-Unis, l'Australie, ou le Canada, ou pour travailler dans le secteur du tourisme, une partie des plus jeunes misent sur l'anglais. Le chinois souffre de ne pas être la langue d'un pays d'immigration et des faibles salaires pratiqués en Chine. Aux États-Unis ou en Australie, les rémunérations (salaires) sont au contraire, bien meilleures qu'en Russie. Toutefois, la Russie est encore la première destination des émigrés d'Asie centrale.
Dialectes russes
Il existe trois groupes de dialectes en Russie d'Europe : le russe septentrional, central et méridional. Chacun de ces groupes se décompose lui-même en plusieurs dialectes. Il fait considérer également, bien que ne relevant pas des aspects dialectaux : la langue russe sous sa forme argotique. La « langue verte », le mat venu des prisonniers et zek est utilisée au quotidien. Son lexique est riche, hormis les aphérèses, apocopes et autres dérivations, et les polysémies étendues.
Russe septentrional
Situé au Nord-Est d'une ligne reliant le lac Ladoga à Iochkar-Ola en passant par Novgorod et Iaroslavl. Ce groupe se distingue par une prononciation du o non accentué comme un /o/, le g est guttural et le t des terminaisons de verbe se prononce dur.
Russe central
La limite septentrionale passe par Saint-Pétersbourg, Novgorod, Ivanovo et Nijni Novgorod jusqu'à Tcheboksary. Au sud, cette région comprend Velikié Louki, Moscou et Penza. L'accent local comporte des traits empruntés tant au russe septentrional qu'au russe méridional. On distingue la partie septentrionale (prononçant /o/, même hors accent) et la partie méridionale (prononçant le o, non accentué, /a/).
Russe méridional
La région s'étend au sud de Velikié Louki et passe par Riazan et Tambov. On y prononce le 'o' non accentué /a/, le 'g' est fricatif et le 't' mouillé des terminaisons de verbe.
Données linguistiques sur le russe
Prononciation et écriture
Le russe est une langue accentuelle ; l'accent tonique des mots est variable (il peut se déplacer d'une forme à l'autre) et conditionne la prononciation des voyelles selon un phénomène d'apophonie accentuelle : les voyelles non accentuées sont brèves et réduites (la syllabe non accentuée précédant l'accent étant moins réduite que les autres).
Le russe s'écrit avec une version de l'alphabet cyrillique comportant 33 lettres. La phonologie du russe y est rendue de façon particulière : la plupart des lettres-consonnes représentent en fait deux phonèmes distincts, l'un vélarisé (« dur »), l'autre palatalisé (« mou » ou « mouillé ») ; la graphie de la lettre-voyelle qui suit (ex. : a/я pour [a]) indique de quel phonème consonantique il s'agit :
les consonnes dures sont suivies de а, е (dans les mots étrangers), э, о, у, ы, ъ (graphie ancienne), ou l'absence de voyelle.
les consonnes molles sont suivies de я, е, ё, и, ю, ь (qui dénote une mouillure en l'absence de voyelle). En début de mot, après une autre voyelle, ь ou ъ, ces voyelles sont précédées d'un [j] (я ia, е ié, ё io, ю iou). И se prononce [ji] après les ь ou ъ.
les consonnes ж, ш, ц sont toujours dures et ч, щ sont toujours molles. On n'écrit jamais я, ю, э, ъ après ces consonnes.
Tableau de l'alphabet cyrillique dans sa version russe actuelle Majuscule Minuscule Nom Prononciation (API) Prononciation (équivalent français approché) Translittération (norme ISO 9) Transcription (usage français) А а a [a] a a a Б б be [b] ~ [bʲ] b b b В в ve [v] ~ [vʲ] v v v Г г ge [g] ~ [gʲ] g dur g g, gu Д д de [d] ~ [dʲ] d d d Е е je [ʲe] ~ [je] ïé e e, ie, ye Ё ё jo [ʲo] ~ [jo] ïo ë e, io, yo Ж ж že [ʐ] j ž j З з ze [z] ~ [zʲ] z z z И и i [i] i i i Й й i bref и краткое [j] y j ï К к ka [k] ~ [kʲ] k k k Л л el [k] ~ [lʲ] l dur ~ l mouillé l l М м em [m] ~ [mʲ] m m m Н н en [n] ~ [nʲ] n n n О о o [o] o o o П п pe [p] ~ [pʲ] p p p Р р er [r] ~ [rʲ] r roulé r r С с es [s] ~ [sʲ] s dur s s, ss Т т te [t] ~ [tʲ] t t t У у u [u] ou u ou, u Ф ф ef [f] ~ [fʲ] f f f Х х ha [x] ~ [xʲ] ch allemand, ﺥ arabe, j espagnol h kh, h Ц ц ce [t͡s] ts c ts Ч ч če [t͡ɕ] tch č tch Ш ш ša [ʂ] ch š ch Щ щ šča [ɕː] ch mouillé long ŝ chtch Ъ ъ signe dur твёрдый знак vélarisation muet " — Ы ы y [ɨ] i postérieur y y Ь ь signe mou мягкий знак palatalisation mouillure ’ ' Э э è renversé э оборотное [ɛ] è è e Ю ю ju [ʲu] ~ [ju] ïou û iou, ïou, you Я я ja [ʲa] ~ [ja] ïa â ia, ïa, ya
À quelques exceptions près, l'orthographe est de type phonologique (toutefois, la place de l'accent n'est habituellement pas notée) : le russe s'écrit globalement comme il se prononce, à condition de tenir compte de certaines modifications phonétiques prévisibles :
l'apophonie accentuelle : les voyelles inaccentuées sont prononcées réduites, mais écrites comme si elles avaient leur forme « pleine » accentuée. Hors accent, a et o se confondent en [ɐ] ou [ǝ] selon la position : par exemple, говорить « parler » se prononce [gǝvɐ'ritʲ] ; хорошо « bien » se prononce [xǝrɐ'ʂɔ] où seul le dernier o se prononce vraiment [ɔ]. Le e et le я hors accent tendent vers [j] : comparer нет « non » prononcé ['nʲɛt, et семья « famille » prononcé [sʲɪ'mʲa].
l'allophonie « molle » : l'élévation ou centralisation des voyelles basses et postérieures après les consonnes molles. Les [a], [o], [u] se font [æ], [u], [ʉ].
le dévoisement final : comme dans la plupart des langues slaves, les consonnes sonores s'assourdissent en fin de mot : д est alors prononcé [t], б prononcé [p], etc. Exemples : город [ˈgorət] « ville », нож [noʂ] « couteau ».
l'assimilation régressive : les consonnes sourdes se font sonorisées devant les consonnes sonores (à l'exception de в) : сделать [ˈzdʲelətʲ] « faire », mais свет [svʲet] « lumière » , творить [tvɐˈrʲit] « créer ». Les consonnes sonores s'assourdissent devant des consonnes sourdes : все [fsʲe] « tout », ложка [ˈloʂkɐ] « cuillère ».
les groupes de consonnes sont plus nombreux qu'en français, mais les suites trop longues sont réduites : par exemple, dans чувствовать [ˈt͡ɕustvəvətʲ] « sentir, ressentir », le premier 'v' de la suite la suite vstv ne se prononce pas.
la lettre г peut prendre plusieurs valeurs : [g] généralement, mais [v] dans les terminaisons de l'adjectif -его, -ого et dans le pronom его (ainsi que dans сегодня « aujourd'hui »), [x] dans la racine легк- (« léger »), мягк- (« mou ») et le mot бог « dieu » (au nominatif), muet (ou [f] ?) dans les interjections (ага « aha », гм « hum », …). La prononciation [ɣ] de г est la marque caractéristique de l'accent du sud.
L'orthographe actuelle est le fruit de la grande réforme de 1918 (qui avait été proposée avant la Révolution russe, mais qui a été mise en œuvre par les bolcheviks) et de la codification de 1956. La ponctuation, provenant initialement du grec byzantin, a été modifiée aux XVIIetXVIII siècles par analogie avec le système allemand et français. Les guillemets utilisés sont « et » sans espace.
Vocabulaire
Traduction |
Mot |
Rapport étymologique au grec, au latin ou au français |
À l'anglais et/ou allemand |
Indo-européen |
terre |
земля |
humus |
- |
*dʰéǵʰōm |
ciel |
небо |
nimbus, français nimbes, nuage |
Nebel |
*nébʰos |
eau |
вода |
unda, français onde |
water/Wasser |
*wódr̥ |
feu |
огонь |
ignis, français ignition |
- |
*h₁ngʷni- |
une personne |
человек |
- |
- |
|
homme |
мужчина |
- |
- |
|
femme |
женщина |
génitrice, grec γυνὴ |
queen |
*gʷḗn |
manger |
есть |
edere |
eat/essen |
*h₁ed- |
boire |
пить |
potare |
- |
*peh₃- |
grand |
большой |
de-bilis (affaibli - "dé-grand-i") |
- |
*bel- |
petit |
мaленький |
malus |
- |
|
nuit |
ночь |
nox, nuit (notte en italien) |
night/Nacht |
*nókʷts |
jour |
день |
dies |
- |
*dyeu- |
maison |
дом |
domus |
(home/Heim) |
*dṓm |
frère |
брат |
frater |
brother/Bruder |
*bʰréh₂tēr |
mère |
мать |
mater |
mother/Mutter |
*méh₂tēr |
Déclinaison
Déclinaison
Le russe est une langue flexionnelle. La déclinaison russe ne comporte plus aujourd'hui que six cas :
Nominatif (Именительный Imenitel’nyï)
Génitif (Родительный Roditel’nyï) qui traduit souvent la préposition 'de' (origine, article partitif, objet de certains verbes, complément de nom, etc.) ;
Datif (Дательный Datel’nyï) destination, attribution ;
Accusatif (Винительный Vinitel’nyï) destination, objet direct ;
Instrumental (Творительный Tvoritel’nyï) moyen, durée ;
Locatif (Предложный Predlojnyï) (ou prépositionnel) localisation ou dans l'espace.
Au singulier, l'accusatif des noms n'a de forme propre que dans la déclinaison des noms masculins ou féminins se terminant en а au nominatif et celui des noms féminins se terminant en ь au nominatif est identique au nominatif. Au singulier dans toutes les autres déclinaisons et au pluriel dans toutes, il se confond avec le génitif si le nom désigne un être animé ; avec le nominatif s'il désigne un être inanimé.
L'accusatif des adjectifs n'a de forme propre qu'au féminin singulier. Aux masculin et neutre singuliers et au pluriel, il se confond avec le génitif si le nom qualifié par l'adjectif désigne un être animé ; avec le nominatif s'il désigne un être inanimé.
Le vocatif (Звательный Zvatel’nyï), qui était autrefois le septième cas de la déclinaison russe, ne subsiste plus que dans l'invocation religieuse (Отче наш « Notre Père »), dans quelques rares expressions figées (Боже мой « Mon Dieu », батько « petit père ») et (très rarement) dans la littérature (chez Alexandre Pouchkine, par exemple : « старче » pour « старец » ― « vieillard »). La forme courte populaire des prénoms (« Тань » Tan’ pour « Таня » Tania) et des mots « мам » et « пап » (m’man, p’pa) peut être considérée comme un vocatif.
Noms
Il y a trois genres (masculin, féminin, neutre) et deux nombres (singulier, pluriel). Généralement, les trois genres sont indifférenciés au pluriel (sauf pour la déclinaison des noms au génitif). La terminaison du nominatif singulier indique généralement le genre : consonne, й ou -ь pour le masculin ; -а, -я ou -ь pour le féminin ; -о ou -е pour le neutre. Il existe quelques exceptions (notamment des mots masculins d'origine étrangère comme кофе ), et en particulier les noms de personne en -а se déclinent comme des féminins mais prennent le genre en cohérence avec leur sens (папа papa masculin, коллега collègue masculin ou féminin).
Le russe a perdu le duel. Il garde cependant un système complexe d'accord des noms précédés d'adjectifs cardinaux :
nominatif singulier pour les nombres terminés par один un : двадцать один этаж vingt-et-un niveaux (c'est-à-dire vingt étages), mais : одиннадцать этажей onze niveaux ;
génitif singulier pour les nombres terminés en два deux три trois четыре quatre : два этажа deux niveaux (on peut rencontrer dans ce cas le nominatif pluriel pour des noms féminins) ;
génitif pluriel pour les autres nombres et les quantités indéfinies : много этажей beaucoup d'étages ;
nominatif pluriel en l'absence de quantifieur : этажи des étages.
Quand le quantifieur est dans un cas oblique (c'est-à-dire quand il n'a pas la forme du nominatif), le nom prend le même cas et le pluriel : около трëх часов "vers trois heures".
1 : On écrit и après une chuintante, г, к ou х.
2 : On écrit ей après une chuintante.
3 : Après une consonne molle on écrit ё sous l’accent, sinon e.
4 : L’accusatif est identique au génitif pour les noms animés, au nominatif pour les inanimés.
5 : Après une chuintante on écrit о sous l’accent, sinon e.
6 : Pour les substantifs se terminant en ие au nominatif singulier on écrit ии.
7 : Pour les substantifs se terminant en ие au nominatif singulier on écrit ий.
1 : Ces noms sont presque tous féminins, quelques-uns sont masculins, aucun n'est neutre.
2 : On écrit и après une chuintante, г, к ou х.
3 : Après une chuintante, on écrit о sous l’accent, sinon e.
4 : Après une consonne molle, on écrit ё sous l’accent, sinon e.
5 : L’accusatif pluriel est identique au génitif pour les noms animés, au nominatif pour les inanimés
au génitif pour les noms animés,
au nominatif pour les inanimés
1 : Les substantifs dans ce groupe en -ь sont tous féminins
2 : Le substantif masculin путь (chemin), se décline ainsi sauf à l'instrumental sing. où il prend -ём.
3 : Au singulier, l’accusatif est identique au génitif que le nom soit animé ou inanimé.
4 : Au pluriel, l’accusatif est identique au génitif pour les noms animés, au nominatif pour les inanimés.
Neutres en -мя
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Sing. |
Plur. |
|
Il s'agit, sans exception, de tous les substantifs se terminant au nominatif singulier par -мя. |
Nominatif |
-я |
-ена |
Accusatif |
-я |
-ена |
Génitif |
-ени |
-ён |
Datif |
-ени |
-енам |
Instrumental |
-енем |
-енами |
Locatif |
-ени |
-енах |
Déclinaison et noms étrangers
Indéclinables |
|
Déclinables |
Plusieurs mots d’origine étrangère qui se terminent par une voyelle ont la même forme dans tous les cas. Ces mots appartiennent généralement au neutre: шоссе (chaussée), метро (métro), кино (cinéma), mais peuvent être aussi du masculin ― шимпанзе (chimpanzé), кенгуру (kangourou), ou du féminin ― кольраби (chou-rave) etc. |
Les substantifs étrangers animés terminés par а se déclinent : я Фатиму встретил(а) (j'ai rencontré Fatima) |
Adjectifs
Le système adjectival russe, tout comme le système verbal au passé, connaît trois genres :
au nominatif singulier, le masculin, le féminin et le neutre sont distincts;
aux génitif, datif, instrumental et locatif singuliers, le féminin se distingue des masculin et neutre qui sont confondus ;
au pluriel, il n'existe qu'une seule forme pour les trois genres.
Une spécificité du russe, par rapport aux autres langues slaves, est l'existence à côté de la forme dite longue (déclinée) d'une forme courte. La forme courte n'est utilisée que quand l'adjectif est attribut du sujet, et n'existe donc qu'au nominatif.
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Sing. |
|
Plur. |
Masc. |
Neut. |
Fém. |
Forme courte |
ø |
-о |
-а |
-и |
Nominatif |
-ый |
-ое |
-ая |
-ые |
Accusatif |
N/G (1) |
-ое |
-ую |
N/G (1) |
Génitif |
-ого |
-ого |
-ой |
-ых |
Datif |
-ому |
-ому |
-ой |
-ым |
Instrumental |
-ым |
-ым |
-ой |
-ыми |
Locatif |
-ом |
-ом |
-ой |
-ых |
1 : L’accusatif est identique au génitif pour les noms animés, au nominatif pour les inanimés.
2 : Tous les neutres sont inanimés (sauf дитя - enfant) (donc l'accusatif a la forme du nominatif).
Les adjectifs masculins se terminent en ой sous l'accent (ex. : большой - grand). Pour les adjectifs en chuintante et en ж qui n'ont pas l'accent en finale (c’est-à-dire tous sauf большой et чужой) le o suivant la chuintante est remplacé par e. (Par exemple : хороший donne хорошего, хорошему etc) Après les chuintantes ou les lettres г, к et х on écrit и à la place de ы. Dans les mêmes cas, on n'écrit jamais я mais a, ni jamais ю mais у.
Une voyelle mobile (о ou е) apparaît souvent au masculin singulier court : краткий/краток.
On distingue de plus les adjectifs à racine dure (cf. ci-dessus) et ceux à racine molle. Pour ces derniers :
La forme courte est en ø, е, я, и.
Pour les adjectifs masculins se terminant au nominatif par ий et les adjectifs neutres en ее on décline comme suit его, ему, им et eм.
Les adjectifs féminins en яя se déclinent юю et ей.
Les adjectifs pluriels en ие se déclinent их, им, ими etих.
Pronoms personnels
Pronoms personnels
|
|
Singulier |
|
Pluriel |
|
Réfléchi |
1 |
2 |
3 |
1 |
2 |
3 |
Masc. |
Fem. |
Neut. |
Nominatif |
я |
ты |
он |
она |
оно |
мы |
вы |
они |
|
Accusatif |
меня |
тебя |
(н)его |
(н)её |
(н)его |
нас |
вас |
(н)их |
себя |
Génitif |
меня |
тебя |
(н)его |
(н)её |
(н)его |
нас |
вас |
(н)их |
себя |
Datif |
мне |
тебе |
(н)ему |
(н)ей |
(н)ему |
нам |
вам |
(н)им |
себе |
Instrumental |
мной
(мною) |
тобой
(тобою) |
(н)им |
(н)ей |
(н)им |
нами |
вами |
(н)ими |
собой
(собою) |
Locatif |
мне |
тебе |
нём |
ней |
нём |
наc |
вас |
них |
себе |
Quand le pronom de la troisième personne est régi par une préposition, il est préfixé d'un н-: у него, с неё, etc. S'il est simplement précédé d'une préposition qui ne le régit pas (par exemple lorsqu'il sert de traduction à un possessif français), il conserve son initiale vocalique : у его брата, chez son frère.
Les pronoms personnels ne connaissent pas la différence entre animés et inanimés. L'accusatif est toujours identique au génitif.
Démonstratifs
Déclinaison des démonstratifs
|
|
этот, celui-ci, ceci, ce |
|
тот, celui-là, cela, ce |
Singulier |
|
Pluriel |
Singulier |
|
Pluriel |
Masc. |
Neut. |
Fém. |
Masc. |
Neut. |
Fém. |
Nominatif |
этот |
это |
эта |
эти |
тот |
то |
та |
те |
Accusatif |
N/G (1) |
это |
эту |
N/G (1) |
N/G (1) |
то |
ту |
N/G (1) |
Génitif |
этого |
этого |
этой |
этих |
того |
того |
той |
тех |
Datif |
этому |
этому |
этой |
этим |
тому |
тому |
той |
тем |
Instrumental |
этим |
этим |
этой |
этими |
тем |
тем |
той |
теми |
Prépositionnel |
об этом |
об этом |
об этой |
об этих |
о том |
о том |
о той |
о тех |
* 1 : L’accusatif est identique au génitif pour les noms animés, au nominatif pour les inanimés. |
Possessifs
Le russe dispose de cinq possessifs, мой, твой, наш, ваш et свой qui sont chacun à la fois adjectif et pronom. Comme tout pronom ou adjectif, se déclinent en fonction du genre, du nombre et du cas du nom qu'ils remplacent ou déterminent (donc de la chose possédée). Il en existe deux modèles de déclinaison, l'un pour мой, твой et свой, l'autre pour наш et ваш.
1 : мой renvoie à un possesseur première personne du singulier ;
2 : твой renvoie à un possesseur seconde personne du singulier ;
3 : свой renvoie à un possesseur sujet (de la proposition concernée) quels qu'en soient le genre, le nombre et la personne;
4 : наш renvoie à un possesseur première personne du pluriel ;
5 : ваш renvoie à un possesseur seconde personne du pluriel ;
6 : L’accusatif est identique au génitif pour les noms animés, au nominatif pour les inanimés.
Pour renvoyer à un possesseur troisième personne qui n'est pas sujet de la proposition concernée, le russe utilise le génitif du pronom personnel non réfléchi de la troisième personne, à savoir
его pour un possesseur masculin singulier ou neutre singulier ;
её pour un possesseur féminin singulier ;
их pour un possesseur pluriel.
Exemple d'emploi du réfléchi свой :
Я люблю свою жену = j'aime ma femme ;
Я люблю его жену = j'aime sa femme.
Interrogatifs
1 : L’accusatif est identique : au génitif pour les noms animés ; au nominatif pour les inanimés.
au génitif pour les noms animés ;
au nominatif pour les inanimés.
Conjugaison
La conjugaison russe ne connaît que deux formes simples – le présent et le passé – et quatre modes – indicatif, impératif, gérondif et participe. Le futur simple n'existe que pour les verbes perfectifs (voir § suivant). Il y a au présent six personnes (trois au singulier et trois au pluriel), et les formes verbales sont suffisamment différentes les unes des autres pour que les Russes emploient assez peu les pronoms personnels au présent (я, ты, он [она, оно], мы, вы, они). Les verbes au passé n'ont que quatre formes : masculin, féminin, neutre et pluriel, ils ne s'accordent pas en personne. D'autres temps sont composés : le futur imperfectif se construit avec l'auxiliaire être (быть) au futur + l'infinitif ; le conditionnel se construit avec le passé + la particule бы, l'impératif, hors deuxième personne, se construit avec пусть (soit) ou давай (de давать qui, dans d'autres emplois, signifie donner ou peut encore servir d'auxiliaire factitif, c'est-à-dire jouer le rôle de faire dans l'expression faire faire). Exemples :
Пусть всегда будет солнце ! « Que le soleil soit toujours (là) ! »
Давайте петь ! « Chantons ! » Давай убежим ! « Sauvons-nous ! »
Comme dans les autres langues slaves, à l'exception du macédonien et du bulgare, l'aspect du verbe russe, perfectif ou imperfectif ne ressortit pas à la conjugaison, mais au lexique. Dans une très grande majorité de cas, les verbes russes vont par paire : à chaque verbe imperfectif son verbe perfectif, ce que les dictionnaires indiquent (exemples : voir видеть/увидеть ; ouvrir открывать/открыть ; poser класть/положить ; parler/dire говорить/сказать). Cette particularité est une des difficultés du russe pour l'étudiant des pays d'Europe occidentale. L'aspect imperfectif est utilisé pour indiquer une action présente, une action passée non terminée ou une action qui se répète dans le temps. Le perfectif, lui, est utilisé pour décrire une action passée qui est complètement finie, une action future qui n'existe pas encore ou une action unique. Les verbes de mouvement possèdent aussi une troisième forme dite indéterminée, pour décrire les déplacements qui ne se font pas dans une direction déterminée (exemples : aller à pied идти/пойти - ходить; aller avec un véhicule ехать/поехать - ездить).
Cas particulier du verbe être (быть). Si tout le reste de la conjugaison a subsisté, le présent (я есмь, ты е́си, он [она, оно] есть, мы е́смы, вы е́сте, они́ суть) ne s’emploie plus en russe moderne, sauf la forme есть qui n’est utilisée que dans des cas rares, ou pour signifier « il y a » en russe (voir ci-dessous).
Quant au verbe avoir (иметь), il est rarement employé. Pour traduire l'appartenance, les Russes utilisent une forme particulière : у меня есть… (pour dire : j'ai…), littéralement chez moi est…
Syntaxe
Article et ordre des mots
Comme la plupart des langues slaves, le russe ne possède aucun article. Le caractère défini ou indéfini d'un substantif est indiqué, indirectement, par sa position par rapport au verbe.
Exemples :
« Девушка пришла » (littéralement : « Jeune fille est arrivée »), la phrase insiste sur le verbe (c'est la forme standard) ; si l'agent « jeune fille » a déjà été introduit, l'ordre des mots suggère qu'il s'agit de la même personne. La phrase se traduira en français par : « La jeune fille est arrivée ».
« Пришла девушка » (littéralement : « Est arrivée jeune fille »), la phrase insiste sur le sujet ; normalement l'agent « jeune fille » n'a pas encore été introduit dans la discussion. La phrase se traduira en français par : « Une jeune fille est arrivée », « c'est une jeune fille qui est arrivée ».
Omission de mots
Grâce en particulier à ses nombreuses flexions, le russe peut omettre certains mots qui seraient essentiels en français, comme les pronoms personnels ou même le verbe :
– Откуда вы? « – D'où êtes-vous ? » (littéralement : d'où vous ?)
У нас не курят « Ici, on ne fume pas » (littéralement : chez nous ne-pas fument)
Мне во Францию « Je dois aller en France » (littéralement : pour-moi en France (direction))
– Пришёл? – Пришёл. « – Il est venu ? – Oui. » ou, en s'adressant à un homme « – Tu es venu ? – Oui. » (littéralement : Venu ? Venu.)
Négation
Voir : La négation en russe
Réponses oui, non, si
En russe, pour répondre en un mot à une assertion ou interrogation quelconque, on dispose de deux adverbes, да et нет :
on emploie да pour signifier son accord avec l'interlocuteur sur la forme dans laquelle il a exprimé son assertion ;
on emploie нет pour signifier son désaccord avec l'interlocuteur sur la forme dans laquelle il a exprimé son assertion.
Dans le cas d'une assertion ou question à la forme affirmative, да traduira donc le français « oui » et нет le français « non ». Exemples :
QUESTION Идёт дождь? « il pleut ? » ;
RÉPONSE AFFIRMATIVE Да, идёт. « oui (, il pleut) » ;
RÉPONSE NÉGATIVE Нет, не идёт. « non (, il ne pleut pas) ».
Dans le cas d'une assertion ou question à la forme négative, donc le français « non » se traduira par да et le français « si » par нет, toutefois suivi d'un mot ou d'une phrase affirmative. Exemples :
ASSERTION NÉGATIVE Дождь не идёт. « il ne pleut pas » ;
ACCORD AVEC L'INTERLOCUTEUR Да, не идёт. « non (, il ne pleut pas) » ;
DÉSACCORD AVEC L'INTERLOCUTEUR Нет, идёт. « si (, il pleut) ».
Mais au contraire de la grammaire française, la russe préfère des réponses plus compliquées, par utilisant нет « non » dans tous les suivi par l'affirmation ou négation. Dans ce cas, les mots нет « non » et да « si» ne portent pas du sens réel et ne sont pas suffisants pour déterminer les intentions de personne répondant la question et on doit avoir l'information supplémentaire. Exemples :
ASSERTION NÉGATIVE Вы не профессор? « vous n'etes pas un professeur ? »;
ACCORD AVEC L'INTERLOCUTEUR 1. Нет, я не профессор. 2. Да, я не профессор « non, je ne suis pas un professeur » ;
DÉSACCORD AVEC L'INTERLOCUTEUR 1. Нет, я профессор. 2. Да нет, я профессор « si je suis un professeur ».
Dans le cas de désaccord, on tend d'utiliser un mot spécial (comme « Да нет » dans l'exemple), au lieu d'un simple « Да ».
Il y a, il n'y a pas
Il y a se dit есть et se construit avec le nominatif.
-
EX : – Есть суп ? – Есть. « Il y a de la soupe ? – Oui. » (litt. : – Est soupe ? – Est.)
Il n'y a pas se dit нет (contraction de не есть) et se construit avec le génitif.
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EX : – Есть суп ? – Супа нет. « Il y a de la soupe ? – Il n'y a pas de soupe. » (litt. : – Est soupe ? – De soupe n'est-pas.)
Tests de connaissance du russe
Les compétences en russe des étrangers sont certifiés par le ТРКИ (« test de russe comme langue étrangère », souvent désigné hors de Russie par son acronyme anglais TORFL) de niveau I à IV, correspondant aux niveaux B1 à C2. Les niveaux A1 à A2 sont également testés mais ne donnent pas droit à un certificat.
Le certificat de niveau I est nécessaire pour l'inscription dans une université russe. La connaissance d'environ 2 300 mots est nécessaire pour son obtention.
Le certificat de niveau II requiert la connaissance de près de 6 000 mots, dont 4 000 mots de vocabulaire actif (liste publiée par le Ministère de l'éducation et de la recherche de Russie).
Le certificat de niveau III peut être exigé pour les métiers liés à la langue, comme le journalisme, l'édition, la traduction ou l'interprétariat. Il peut également être exigé pour l'obtention d'un diplôme de troisième cycle universitaire.
Le certificat de niveau IV peut donner la possibilité d'enseigner le russe, de mener des recherches littéraires et linguistiques en Russie, etc.
Les six niveaux du TORFL sont très proches des six niveaux du DELF ou du CILS.