L'autonomie désigne la capacité d'un objet, individu ou système à se gouverner soi-même, selon ses propres règles. Dans d'autres cas, elle fait référence aux propriétés d'une entité qui est capable de fonctionner de manière indépendante, sans être contrôlée de l'extérieur ou sans des apports (matériels, énergétiques, etc) en provenance de l'extérieur. L'autonomie s'oppose au concept de dépendance.
Étymologie
Du grec autos : soi-même et nomos : loi, règle.
Droit que les Romains avaient laissé à certaines villes grecques, de se gouverner par leurs propres lois.
Par extension : indépendance.
hétéronomie : Fait de ne pas être autonome, d'obéir à des lois extérieures.
anomie : Absence d'organisation sociale résultant de la disparition des normes communément acceptées.
Philosophie
En philosophie morale, l’autonomie (du grec αὐτονομία, autonomia) est la faculté d'agir par soi-même en se donnant ses propres règles de conduite, sa propre loi. L'autonomie est synonyme de liberté, elle se caractérise par la capacité à choisir de son propre chef sans se laisser dominer par certaines tendances naturelles ou collectives, ni se laisser dominer de façon servile par une autorité extérieure.
Cependant, une proposition d'autonomie peut se construire à partir de l'éducation (éducation à l'autonomie, écocitoyenneté). La première forme d'autonomie consiste, pour un enfant, à devenir capable de reconsidérer les règles fixées par les milieux social et naturel. « Il ne faut pas agir et parler comme nous l’avons appris par l’héritage de l’obéissance. » Héraclite
Dans la suite des champs disciplinaires, cette idée se comprendrait mieux dans la relation entre autonomie et hétéronomie et avec l'anomie. En effet, ce sont des formes de relation dans les sciences sociales, de la psychologie à la sociologie.
Selon Auguste Comte, l'autonomie de l'homme est atteinte lorsqu'il réussit à s'affranchir de l'influence des religions et de la métaphysique pour atteindre l'« état positif », dans un processus qu'il appelle loi des trois états. Le positivisme du XIX siècle a permis à la sociologie de réorganiser la société en tenant compte de lois scientifiques.
Ivan Illich et Jean-Paul Berthelon ont, dans La convivialité (1973), inauguré la question de l'autonomie à travers les notions d'outils conviviaux et de simplicité volontaire : l'autonomie pourrait être une façon de vivre qui cherche à être moins dépendante de l’argent, de la vitesse et du système industriel, et moins gourmande des ressources de la planète.
Technologie
Pour un appareil ou une machine, l’autonomie est la durée pendant laquelle elle peut fonctionner sur ses réserves et avec ses capacités propres, soit en utilisant ses sources d'énergie internes, soit en utilisant une énergie tirée de l'environnement naturel (énergie solaire), sans recours à des sources d’énergie externes (recharge sur le réseau électrique ou ravitaillement en carburant). Il serait plus juste ici de parler d’autarcie provisoire, dans la mesure où les machines peuvent se suffire à elles-mêmes un certain temps - ce qui est la définition de l'autarcie -, mais non se gouverner selon des règles qu'elles ont elles-mêmes définies.
Politique
En politique, l’autonomie désigne l'auto-gouvernance d'un groupe ou d'une communauté et a pu prendre plusieurs sens :
La théorie classique de la philosophie politique distingue surtout l'autonomie d’un pays dans une situation dans laquelle l'administration locale dispose de nombreux pouvoirs, en matière de culture, d’éducation, de développement économique, mais où elle dépend d’un autre pour certaines compétences, généralement les affaires étrangères, la défense et la monnaie. Voir autonomie territoriale et autodétermination.
Dès 1881, Paul Lafargue remarque la polysémie du terme :
« Il y a autant d’autonomies que d'omelettes et de morales : omelette aux confitures, morale religieuse ; omelette aux fines herbes, morale aristocratique ; omelette au lard, morale commerciale ; omelette soufflée, morale radicale ou indépendante, etc. L'Autonomie, pas plus que la Liberté, la Justice, n'est un principe éternel, toujours identique à lui-même ; mais un phénomène historique variable suivant les milieux où il se manifeste. Parler d'établir l'autonomie sans tenir compte du milieu économique où elle doit être établie, comme le fait certain personnage, régicide en chambre et docteur en ignorance, qui traite les collectivistes et les communistes de sectaires, c'est démontrer qu'on n'a pas volé son titre ignorantin. Pour dépêtrer le mouvement ouvrier des phrases creuses avec lesquelles on essaie de l'embourgeoiser, nous allons examiner trois formes historiques d'autonomie : autonomie communale, autonomie municipale, autonomie des organismes industriels. »
L’autonomie a pris un sens plus radical pour désigner un courant politique pratiquant l'action directe, c'est-à-dire une action politique en dehors des structures des partis politiques et des organisations syndicales reconnues par l'État. Le mouvement autonome contemporain est apparu dans les années 1970 en Italie. Les premiers groupes, marxistes, se réclament d'un vieux principe, celui de l’autonomie ouvrière des syndicalistes révolutionnaires (comme Georges Sorel) et de l'anarcho-syndicalisme du début du XX siècle, reprise aussi sous le terme d’autonomie prolétarienne. L'autonomie se développe en France et en Allemagne à la faveur des premières crises sociales des années 1970. Le concept a été repris par la suite par des auteurs comme Hakim Bey (TAZ) ou pm (bolo bolo).
Le mouvement autonome en France des années 1970 et 1980 dont n'est issu en partie qu'un groupe armé (Action directe) a, en revanche, beaucoup influencé les résistances nouvelles au capitalisme (des « alter-mondialistes » non violents aux black blocs, en passant par les squatters) qui se réclament souvent d'une Autonomie mise à l'absolu.
Cornelius Castoriadis est connu pour avoir élaboré et promu une démarche d'auto-émancipation autonome visant à rompre avec l'imaginaire social construit sur la croyance en des autorités extra-sociales : Dieu, État, etc. (hétéronomie).
Les Communautés autonomes d'Espagne, sur lesquelles repose l'organisation territoriale décentralisée de l'État espagnol, sont également parfois nommées « autonomies ».
Les régions autonomes italiennes, visées par les conditions particulières d'autonomie attribuées par l'article 16 de la constitution italienne, sont également parfois nommées « autonomies ».
Médecine : autonomie et dépendance
Dans le domaine médical, l'autonomie peut avoir plusieurs sens. L'autonomie renvoie notamment à la liberté de choix du patient (Charte de la personne hospitalisée) ou, plus fréquemment, à la capacité pour une personne d'assurer les actes de la vie quotidienne. En cas de perte d'autonomie, on parle alors de dépendance. Dans ce cas, le concept d'autonomie est particulièrement utilisé concernant la personne en situation de handicap et la personne âgée.
L'autonomie se définit en fonction de l'indépendance fonctionnelle. La définition de l’autonomie est la même pour tous. Que l’on soit une personne valide ou une personne en situation de handicap, et cela quel que soit le handicap.
La notion d'autonomie renvoie à celle de la dépendance. Les notions de « dépendance » et d'« autonomie » ne sont pas opposées car se complétant mutuellement.
Composants de l’autonomie
Le terme autonomie a la même signification que l’on parle d’une personne valide que d’une personne ayant un handicap ou une déficience. Cela bien entendu sans différence de handicap. Afin d’établir la liste des items ainsi que le dictionnaire de données il est nécessaire de bien cerner l’autonomie et de tirer les éléments qui la composent. Pour cela, décomposons-la de la manière suivante : avant l’action, pendant l’action et après l’action.
avant l’action
Avant l’action, il est nécessaire que la personne en ait l’idée. Par idée, on entend le fait que la personne doit pouvoir penser seule à l’action qu’elle va ou qu’elle doit entreprendre. L’idée, va naître d’un ou de plusieurs besoins. Puis vient l’intention, qui est le fait de vouloir entreprendre cette action, et l’autodétermination qui est la volonté d’atteindre l’objectif menant à la réalisation de l’acte. La personne handicapée doit être capable d’anticiper face à la situation présente afin de pouvoir agir ou réagir dans les plus brefs délais, et de mettre en place les moyens nécessaires au bon fonctionnement de l’action qu’elle doit mener.
pendant l’action
La personne doit faire preuve de savoir-faire lors de l’accomplissement de l’acte. C’est-à-dire qu’elle doit maîtriser les actions faisant partie de l’acte, et pouvoir remédier aux éventuelles situations difficiles. Lors de contacts avec des tiers, elle doit avoir un comportement adapté. Lors du déroulement de l’action, la personne peut rencontrer certains problèmes et cela à différents niveaux: moteur, sensoriel, affectif et cérébral.
Grille de calcul de dépendance GIR / AGGIR
La grille AGGIR est utilisée par les professionnels de santé pour évaluer le niveau d'autonomie à partir des activités effectuées ou non effectuées par la personne. Les résultats de cette grille déterminent en France la pertinence de l'Allocation personnalisée d'autonomie (APA).
Stabiliser ou augmenter l'autonomie
L'autonomie peut être, dans certains cas, stabilisée ou même renforcée avec un mode de vie.
Renforcement mémoire ;
Renforcement musculaire : les chutes sont la cause principale de fractures avec ou sans complications. Il est fortement recommandé de faire une activité physique régulière, même en institution. Dans les recommandations des bonnes pratiques en EHPAD, le ministère de la santé recommande plus de 30 minutes de marche trois jours par semaine
Renforcement social : sentir une place dans la société et un apport à celle-ci, est essentiel pour garder la motivation à « être bien ».
Renforcement communication : Très lié au point antérieur, car la pratique de communiquer va toujours ensemble avec un rapport aux autres. Des solutions plus adaptées ergonomiquement aux personnes âgées commencent à apparaitre, comme des téléphones fixes ou mobiles (Doro par exemple , des services via un mobile (témo par exemple) ou un opérateur mobile destiné aux seniors, qui propose une combinaison de téléphones mobiles et de services adaptés (Bazile telecom).
Biologie
L'autonomie par rapport au milieu (cf. Claude Bernard) est ce qui caractérise les êtres vivants et les distingue des machines.
Sociologie
L'analyse sociologique et l'intervention sociale utilisent aussi beaucoup la notion d’autonomie pour définir dans un sens restreint l'aptitude d'une personne à s'intégrer de manière individuelle dans la société par opposition à la situation d'assistance de la part de tiers et des pouvoirs publics : autonomie des personnes âgées, des personnes en situation de handicap, des personnes en situation précaire, etc.
Au point de vue de l'analyse sociale, le terme d'autonomie correspond à la capacité à s'auto-suffire dans le sens strict ou à pouvoir s'auto-gérer dans le sens courant. Ainsi quand on parle d'autonomie pour une personne handicapée, on l'oppose à l'idée communément admise de dépendance. Une personne handicapée est dite autonome quand elle peut dépasser cette dépendance, « se débrouiller seule » sans devoir avoir systématiquement avoir besoin de l'aide d'autrui. Cela est également valable pour une personne valide, qu'elle soit dans une situation de handicap (stress, peine, douleur, solitude, dépression...) ou non. À la différence près que pour une personne valide, l'imaginaire collectif attribue automatiquement une autonomie et un droit à l'autonomie que l'on n'accorde pas à la personne handicapée. On ne met pas en avant l'autonomie d'une personne valide car « cela va de soi ». Pourtant, en dehors de toutes ses considérations et à y regarder stricto sensu, personne n'est vraiment autonome. L'être humain, être social par excellence, a toujours besoin d'autrui pour s'exprimer, se réaliser, se comparer, se comprendre, s'identifier... Et une personne handicapée dite autonome ne l'est que grâce à des "aides extérieures": des techniques apprises, des enseignements et des lectures, des lieux où trouver seule l'information désirée.