Le mot mandorle vient de l’italien mandorla qui signifie amande. Il désigne une figure en forme d’ovale ou d'amande dans laquelle s’inscrivent des personnages sacrés : le plus souvent le Christ, mais aussi la Vierge Marie ou les saints.
Histoire
Représentation d'Othon II dans une mandorle, miniature de l'école de Reicheneau, Aix-la-Chapelle, vers 975. Cette miniature de l'Évangile est commentée par Ernst Kantorowicz dans Les Deux Corps du roi .
La mandorle proviendrait d’un élément d'architecture romaine qui consistait à inscrire les personnages dans un cercle. Le clipeus affichant le portrait du défunt où une épitaphe apparaît rapidement sur les sarcophages chrétiens. Souvent l’image (clipeata) prend la forme d’une coquille.
En France, une des plus anciennes mandorles se trouve sur un sarcophage mérovingien dans la crypte de Jouarre. Au chevet du sarcophage de saint Agilbert, on trouve un tétramorphe entourant un Christ en gloire dans une mandorle. Les sculpteurs du VII siècle ont fixé ici l'image d'un Christ jeune, imberbe, figuration proche d'une représentation à la mode byzantine.
Une représentation assez ancienne se trouve dans l'église Saint-Michel de Saint-Genis en Roussillon. Installé en façade de l'église, le linteau (en marbre blanc de Céret) est une œuvre monumentale. Connu comme la plus ancienne sculpture romane datée dans la pierre (1019-1020), il représente le Christ bénissant entouré d'une mandorle perlée soutenue par de deux archanges et entourée de deux groupes de trois personnages bibliques.
On trouve de nombreux christs entourés de mandorles dans les églises romanes, par exemple à Mauriac, Sainte-Trophime d'Arles ou Saint-Sernin à Toulouse.
La mandorle a été largement utilisée dans les chapiteaux de l’abbaye de Cluny II (construite de 948 à 981). Parce ce qu'elle perd à cette occasion sa symbolique pour devenir un décor géométrique positionnant un bas-relief, on parle de corbeille.
On retrouve le même dispositif dans l'art iconographique byzantin orthodoxe, notamment dans l'icône de la transfiguration, celle de la descente aux limbes ou encore l'icône du Christ pantocrator (triple mandorle). Dans l'icône de la nativité, la Vierge est représentée aussi dans une mandorle qui se confond avec son lit. Par contre dans l'icône de la dormition de la Vierge, celle-ci n'est plus couchée dans une mandorle; c'est son âme que le Christ vient recueillir dans une mandorle.
La forme et sa symbolique
Christ en gloire dans une mandorle, cathédrale de Chartres
L'utilisation du cercle pour inscrire un personnage en plus de son implantation en hauteur dans l'architecture d'un lieu, évoque la sphère céleste.
La mandorle, elle, exprime une autre dimension : c'est une figure géométrique dessinée à l'aide de deux cercles. À l’intersection de ces deux cercles est installée une personne. Elle indique donc la personne par laquelle il faut passer pour parcourir le chemin entre les deux cercles, les deux hémisphères ou les deux mondes, l'un terrestre et l'autre céleste. L’implantation du Christ dans une mandorle sur le tympan de la porte de l'église révèle le symbolisme du passage de l'extérieur de l'église à l'intérieur de l'église et préfigure ainsi le passage des vivants du monde terrestre au monde céleste.
La mandorle est utilisée alors à chaque fois pour exprimer un passage ou une porte.
Dans l’architecture gothique, mis à part le bénéfice architectural de la croisée d'ogives permettant l’entrée de la lumière dans l’édifice, l’arc brisé des ouvertures a l’apparence d'une mandorle ouverte à la lumière du jour. Il permet d’utiliser encore la symbolique de la mandorle qui se trouve maintenant lumineuse (par rapport à son utilisation romane). Cette utilisation de la mandorle correspond à cette période de recherche de réalisme caractérisée aussi par sa statuaire morbide.