Le catalan (en catalan : català) est une langue romane, parlée par environ 10 000 000 de personnes dans d'anciens territoires de la couronne d'Aragon : en Catalogne, dans la Communauté valencienne (où on le nomme traditionnellement valencien, valencià), aux Îles Baléares, dans une petite partie de l'Aragon (la Franja de Ponent), en Andorre, dans la majeure partie des Pyrénées-Orientales et à Alghero en Sardaigne. Il est issu du latin vulgaire introduit au II siècle av. J.-C. par les colons romains au nord-est de la péninsule Ibérique et au sud de la Gaule narbonnaise. Il partage des caractéristiques, notamment morphologiques et **, avec les langues ibéro-romanes, tandis que ses traits phonétiques et une partie de son ** le rapprochent du groupe gallo-roman. Il est notamment particulièrement proche de l’occitan, en particulier son dialecte languedocien, avec lequel il partage une même origine et une tradition littéraire ancienne.
Depuis 1993, il est la seule langue officielle de la principauté d'Andorre. Depuis la transition démocratique espagnole et la mise en place de l'État des autonomies (autonomies régionales), le catalan est reconnu comme langue coofficielle avec le castillan dans les principaux territoires d'Espagne où il est parlé.
Le catalan est constitué de divers dialectes (on en a recensé jusqu'à 21), qui restent néanmoins très proches et largement intercompréhensibles. On distingue traditionnellement deux grands blocs dialectaux : le bloc oriental d'une part, qui comprend le catalan central, parlé à Barcelone et à Gérone, le catalan insulaire, parlé dans les îles Baléares et le roussillonnais, parlé dans les Pyrénées-Orientales ; et d'autre part le bloc occidental, regroupant le catalan nord-occidental, parlé dans les régions occidentales de Catalogne ainsi qu'en Andorre, et le valencien.
La langue catalane dispose de deux principaux standards : le standard général contrôlé par l'Institut d'Estudis Catalans, basé sur l'orthographe et les normes établies par Pompeu Fabra, et celui régi par l'Académie valencienne de la langue, limité à la Communauté valencienne et qui prend pour base les Normes de Castellón, établies en 1932, reprenant les normes de Fabra mais adaptées aux principaux traits distinctifs des modalités valenciennes.
Classification
Catalan
Le catalan appartient à la branche romane occidentale (en) des langues indo-européennes. Son classement plus précis au sein des langues romanes est néanmoins variable selon les sources consultées et n'est pas exempt de débats voire de polémiques. Ainsi, il est extrêmement proche de l'occitan (du groupe gallo-roman, selon la classification traditionnelle) et partage également des traits importants avec le castillan (langue ibéro-romane).
Le catalan fait son apparition au sein de la famille gallo-romane et le catalan littéraire du **I siècle est profondément influencé par la langue des troubadours, sorte de koinè d'occitan alors connue sous la dénomination de « provençal » ou « limousin ». Toutefois, il reçoit à partir du XV siècle une forte influence ibéro-romane accrue pour des raisons politiques (union de la Couronne de Castille et de la Couronne d'Aragon). Dans Gramàtica del català contemporani (2002), le catalan est classé dans les langues romanes occidentales, comme un intermédiaire entre les groupes gallo-roman et ibéro-roman. D'autres études récentes classent le catalan dans le diasystème occitano-roman.
Certaines positions, en particulier au sein de l'école linguistique occitane, tendent à inclure le catalan comme dialecte de l'occitan, sur la base d'une similitude générale et d'une tradition littéraire communes. Certains pères de la romanistique, comme Wilhelm Meyer-Lübke ou Friedrich Christian Diez, incluaient ainsi le catalan comme élément de l'ensemble occitan ; d'ailleurs, il est à noter que l'ancien catalan utilisait bien le terme oc (souvent écrit hoc) pour marquer l'affirmation, et non pas le si castillan qui n'a intégré la langue catalane que tardivement, remplaçant alors progressivement l'usage du oc. Le catalan est donc bien initialement, stricto sensu, une langue occitane (une langue d'oc).
Du côté catalan, cette séparation est admise dès le premier congrès international de la langue catalane en 1906 puis entérinée officiellement depuis la proclamation solennelle de 1934 dans le manifeste Desviacions en els conceptes de llengua i de pàtria. Le catalan, auparavant perçu comme l'un des rameaux de la langue d'oc par les poètes de la Renaixença qui adhérèrent pleinement au Félibrige, est dès lors majoritairement représenté comme une langue distincte (considéré par certains comme une langue ausbau).
Toutefois, il e**ste encore dans les pays catalans un mouvement extrêmement minoritaire militant pour l'inscription du catalan dans une grande langue occitano-romane et défendant une conception nationaliste panoccitane. Par ailleurs, les théories "panoccitanistes" sont parfois mises à profit par les secteurs blavéristes (anticatalanistes valenciens), qui appuient leur argumentaire sur la prétendue contradiction des linguistes catalans, lesquels refusent au valencien ce qu'ils ont eux-mêmes appliqué précédemment au catalan par rapport à l'occitan et renvoient valencien et catalan à un sous-ensemble d'une langue plus large, prétendant les mettre ainsi sur un pied d'égalité. D'autres blavéristes ont également développé l'argumentation selon laquelle le catalan (au sens restreint de langue de Catalogne) serait un dialecte de l'occitan, mais non le valencien.
Caractéristiques
La langue catalane présente des traits (communs ou différentiels) qui la caractérisent au sein des langues romanes. Les caractéristiques présentées ci-dessous sont quelques-unes des importantes évolutions historiques du latin dans la consolidation du catalan.
Vocalisme
Trait commun avec le groupe gallo-roman :
Chute des voyelles atones finales à l'exception de -A (MURU-, FLORE- → mur [muɾ], flor [flɔ]/[flɔɾ] ; occitan mur [myɾ]/[myʁ], flor [flu] ; français mur [myʁ], fleur [flœʁ]) ; ce trait l'oppose au groupe ibéro-roman, qui conserve les voyelles finales à l'exception de -E (muro mais flor en castillan et en portugais) ou italo-roman qui les conserve toutes (muro, fiore en italien). Derrière certains groupes consonantiques, la syncope est compensée par l'ajout d'un e final épenthétique (amuï en français standard moderne) : TEMPLU > temple.
Trait commun avec l'occitan :
Importance des diphtongues et nombreux mots monosyllabiques ([aj] rai, [ej] rei, [aw] cau, [ew] beu, [ow] pou, etc.)
Trait commun avec le groupe ibéro-roman :
Conservation du u latin (catalan oriental lluna [ˈʎunə], catalan occidental lluna [ˈʎuna] ; ce trait l'oppose au gallo-roman : occitan luna [ˈlynɔ], français lune [lyn]). Dans le catalan parlé au Capcir, le u prend en revanche la même prononciation que dans de nombreux parlers occitans [ˈʎønə].
Traits qui l'opposent partiellement à l'occitan :
Réduction de la diphtongue AU en o ouvert [ɔ] (CAULIS, PAUCU- → col, poc ; occitan : caul, pauc) et de AI en e fermé. Ces formes e**stent toutefois dans certaines variétés de gascongascon.
E**stence de mots proparoxytons (accentués sur l'antépénultième syllabe), bien que peu nombreux (principalement des mots savants et certaines formes verbales) ; trait commun avec le castillan. L'occitan niçard et l'aranais ont seuls maintenu d'anciens proparoxytons.
Trait caractéristique du sud de l'ensemble roman occidental (languedocien méridional et groupe ibéro-roman) :
Le groupe -ACT- devient -ET (LACTE-, FACTU- → *lleit, *feit → llet, fet ; castillan : leche, hecho).
Trait commun avec le portugais :
Absence de diphtongue (maintien de la prononciation ouverte) des voyelles toniques Ĕ et Ŏ (voyelles brèves en latin) du latin vulgaire : [ɛ] et [ɔ] respectivement (TERRA → terra [ˈtɛrə]/[ˈtɛra/ɛ] ; FOCU- → foc [ˈfɔk]). Ce trait l’oppose au castillan (qui diphtongue dans tous les cas) et au français (qui diphtongue dans le cas où la syllabe finale est ouverte). En occitan le phénomène est affecté de nombreuses variations dialectales.
Consonantisme
Trait commun à la plupart des langues romanes modernes :
Fricatisation de C et G devant E ou I : /k/ + [e], [i], [j] → *[ts] → [s] ; CAELU- → cel [ˈsɛɫ] (occitan : cèl [ˈsɛɫ] ; castillan : cielo [ˈθjelo]/[ˈsjelo] ; français : ciel [ˈsjɛl] ; portugais : céu [ˈsɛw] ; italien cielo ['tʃɛlo] ; roumain cer ['ʧer]) ; /g/ + [e], [i], [j] → [dʒ] → [ʒ]/[dʒ] ; GELU- → gel [ˈʒɛɫ]/[ˈdʒɛɫ] → [dʒ] → [ʒ]/[dʒ] ; GELU- → gel [ˈʒɛɫ]/[ˈdʒɛɫ] (occitan : gèl [ˈdʒɛɫ]).
Trait commun avec le domaine roman occidental :
Voisement des occlusives sourdes intervocaliques : -P-, -T- et -C- > -b-, -d-, -g- (CAPRA, CATENA, SECURU- → cabra, cadena, segur ; castillan : cabra, cadena, seguro ; italien [roman oriental] : capra, catena, sicuro)
Traits communs avec le gallo-roman :
Maintien des groupes initiaux PL-, CL-, FL- (PLICARE, CLAVE-, FLAMMA- → plegar, clau, flama ; occitan identique ; français : « plier », « clef », « flamme »). Ce trait l'oppose au groupe ibéro-roman (castillan : llegar, llave, llama ; portugais : chegar, chave, chama).
Liaison et voisement des consonnes sourdes finales lorsque le premier phonème du mot suivant est une voyelle ou une consonne sonore, par exemple (prononciation en valencien général) : els homes [eɫs] + [ˈɔmes] → [eɫˈzɔmes] ; peix bo [ˈpe(j)ʃ] + [ˈbɔ] → [ˈpe(j)ʒˈβɔ] ; blat bord [ˈblat] + [ˈboɾt] → [ˈbladˈboɾt].
Traits communs avec l'occitan :
Chute du -N intervocalique devenu final à la suite de l'apocope de la voyelle finale (PANE-, VINU- → pa, vi) ; trait absent du gascon et du provençal. À la différence du languedocien toutefois, les pluriels conservent cette consonne (sauf en roussillonais) : pans, vins.
Dévoisement des consonnes sonores finales : verd [t], àrab [p].
Chute de r final (sauf en valencien), notamment dans les infinitifs. Ce trait est commun à l’ensemble du domaine occitan. Seul le valencien et le vivaro-alpin ont maintenu ce trait archaïque.
Chute de /z/ et /s/ intervocaliques prétoniques (RATIONEM, RECIPERE, COQUINAM, SPATIUM, SERVITIUM, VICINUS > raó, rebre, cuina, espai, servei, veí ; castillan razón, recibir, cocina, espacio, servicio, vecino ; occitan général rason, recebre, cosina, espaci, servici, vesin mais ce trait e**ste partiellement en provençal maritime, en niçard (coina et espai).
Traits spécifiques :
Le -D- intervocalique devenu final donne -u : PEDE →peu
En position finale, -CE, -CI →-u (CRUCE- →creu)
Vocalisation en -u [w] des terminaisons en -TIS des fle**ons verbales de deu**ème personne du pluriel : MIRATIS → miratz → mirau → mirau/mireu.
Nombreuses palatalisations (que l'on retrouve de façon éparse dans les autres langues romanes) :
Palatalisation de L- initial (LUNA, LEGE → lluna, llei), trait commun avec l'astur-léonais.
Palatalisation de -is- [jʃ]/[ʃ] issu de -X-, SC- (COXA, PISCE- → cuixa, peix). On retrouve ce trait en gascon (où la palatale résultante est notée sh) et dans le parler de Foix (languedocien de transition vers le gascon).
/j/ → *[dʒ] → [ʒ]/[dʒ] ; IACTARE → gitar [ʒiˈta]/[dʒiˈta(ɾ)].
-ly-, -ll-, -c'l-, -t'l- → ll [ʎ] ; MULIERE- → muller ; CABALLU- → cavall ; AURICULA → *oric'la → orella ; UETULU- → *vet'lu → vell. On retrouve ce trait en occitan, hormis dans les cas où le groupe s'est retrouvé en position finale, où il a donné [l] (noté lh dans tous les cas : cavalh, vièlh, aurelha > [kaˈβal], [ˈbjɛl], [awˈɾeʎo]). Dans certains cas comme villa → vila, la géminée s'est simplifiée.
-nn-, -ni-, -gn- → ny [ɲ] ; ANNU- → any, LIGNA → llenya (comme en castillan : año, leña, ainsi qu'en occitan dans le cas où le groupe est resté intérieur : lenha [ˈleɲo] mais an [ˈan]).
D'autres traits que l'on retrouve de façon éparse dans le domaine roman sont :
Réduction des groupes consonnantiques -MB-, -ND→ -m-, -n- (CAMBA, CUMBA, MANDARE, BINDA> cama, coma, manar, bena), comme en gascon et en languedocien méridional.
Présence de géminées : setmana [mm], cotna [nn], bitllet [ʎʎ], guatla [ɫɫ], intel·ligent [ɫɫ]>[ɫ]. À l'exception de [ʎʎ], qui est particulier au catalan, on ne retrouve ces géminées que dans une partie de l’occitan et dans les variétés italiques.
Morphologie
Au niveau morphologique on peut relever :
Marque des pluriels masculins par le suffixe -os derrière consonne (phénomène d'origine médiévale, à l'origine, le morphème était -es comme en occitan général).
Multiplicités des formes et de combinaisons de pronoms personnels.
E**stence d'un pronom objet neutre ho (comme en occitan).
Contraction de combinaisons « préposition + article » (comme en portugais, français, italien et en occitan) : a + el/els → al/als ; de + el/els → del/dels ; per + el/els → pel/pels. Les formes contractées al/als, del/dels, pel/pels (per+el) sont identiques en languedocien et en catalan.
E**stence, comme en italien, en occitan et en français, de pronoms personnels et adverbiaux hi et en.
Restes d'accord entre le participe-passé et l'au**liaire dans les temps composés.
E**stence d'un couple ésser/estar, analogue au castillan. Les usages sont néanmoins très variables selon les dialectes.
Les substantifs catalans sont, à de rares exceptions près, issus de l'accusatif latin, comme dans les autres langues romanes occidentales. Le pluriel est par conséquent marqué par s. Il e**ste des cas de constructions de pluriels analogiques.
Les formes réduites des possessifs mon/ma/mos/mes, ton/ta/tos/tes et son/sa/sos/ses sont archaïques ou dialectales (valencien, notamment central, nord-occidental) et ont été supplantées par les formes avec article el meu, el teu, el seu, etc.
Maintien des formes des trois degrés de démonstratifs : aquest/est, aqueix/eix, aquell.
En Catalogne, le couple prépositionnel per (cause) / per a (but) est réduit à per, ce qui n’est pas sans poser de problème d'usage à l'écrit. L'opposition est maintenue avec vitalité en valencien.
Morphologie verbale
Il e**ste trois groupes de verbes en catalan : -ar, -er/-re et -ir, les deux derniers présentant de grandes irrégularités. Les deux principaux groupes productifs sont le premier groupe (-ar) et les verbes du troisième groupe dits inchoatifs (terminaisons de troisième personne en -eix [ˈeʃ]/[ˈejʃ]). Le deu**ème groupe rassemble moins de 100 verbes.
Sauf très localement, le seul au**liaire employé dans l’actualité est haver. En catalan médiéval, on trouve néanmoins ésser dans les constructions pronominales et avec certains verbes intransitifs, comme en français et en occitan.
La construction d'ascendance médiévale « anar + infinitif », propre au catalan, a pratiquement supplanté les formes de passé-simple issues du parfait latin. Le passé-simple est néanmoins maintenu en baléare et partiellement en valencien, notamment central.
Dans l’actualité, il e**ste d'importantes divergences dialectales dans la morphologie verbale de la langue, et cela n'est pas sans poser de problèmes de compatibilité notamment dans le cas du valencien.
Citons en exemple les terminaisons de la première personne du singulier au présent de l'indicatif :
Absence de terminaison (cant), forme ancienne propre du catalan, conservée en baléare et alguérois.
o (canto), prononcé [u] en central et [o] en nord-occidental, en Catalogne.
e > [e] (cante) en valencien.
i (canti) en roussillonnais.
En valencien, ce sont les formes du subjonctif imparfait en -ra qui se sont imposées, sous doute sous l'influence du castillan, contre les formes en -és, semble-t-il plus étymologiques.
Syntaxe
Le catalan se caractérise, comme le castillan bien que de façon moins prononcée, par la grande liberté de l'ordre synta**que et pratique facilement l'inversion du sujet. L'usage de la préposition a devant les compléments personnels, comme en castillan, n'est pas normatif mais est présent localement et dans des documents anciens.
L'adjectif qualificatif est généralement placé après le substantif mais peut néanmoins être devant avec une valeur stylistique.
Le**que
Une caractéristique importante du catalan au niveau le**cal, qui le différencie nettement du groupe ibéro-roman, est un fond le**cal ancien gallo-roman, qui le rapproche fondamentalement de l'occitan. Pour de nombreux termes de la vie courante, le catalan retient des formes latines modernes, là où le castillan et le portugais utilisent des formes plus archaïques.
On remarque que lorsque le catalan partage un étymon avec les langues ibériques, on retrouve en général le même en occitan.
Le le**que catalan inclut de nombreux arabismes, issus des contacts séculaires entre la Catalogne et Al Andalus, particulièrement dans les parlers occidentaux et notamment en valencien. Bon nombre d’arabismes et mozarabismes ont été transmis par l'intermédiaire de l’aragonais.
De nombreux termes adaptés du latin ou du grec ancien ont été introduits dans la littérature catalane par Raymond Lulle (1232-1315).
Les deux blocs dialectaux du catalan, basés sur le traitement différencié des voyelles atones, présentent également un le**que spécifique. Nombreux sont les cas où un terme généralisé en valencien différent du terme oriental se retrouve également dans les zones méridionales et occidentales du bloc occidental (en particulier dans la frange d'Aragon).
Le catalan insulaire présente de nombreux archaïsmes.
Le valencien, notamment sa variante centrale, mais également le parler de la Frange d'Aragon sont marqués par un important taux d'emprunts au castillan (hasta au lieu de fins, abuelo pour avi, etc.). Les variantes catalanes n'en sont néanmoins pas démunies, mais la politique de normalisation linguistique très volontariste de la Generalitat a permis de faire reculer certains hispanismes très anciens, notamment dans les grandes zones urbaines. Bien souvent, la variante autochtone et l'emprunt persistent dans les usages comme synonymes.
Histoire
Chronologie
Le catalan en Europe
Carte chronologique montrant le développement et l'évolution des langues parlées dans la péninsule ibérique de l'an 1000 à nos jours.
Les Homilies d'Organyà (**I siècle), premières traces écrites du catalan.
Décret d'Interdiction Officielle de la Langue Catalane.
IX siècle : le catalan est une forme de langue romane issue du latin vulgaire, parlée dans la Marche hispanique établie par l'empire carolingien, dont fait également partie l'Andorre.
Début du **I siècle : premières traces écrites du catalan retrouvées sur des fragments de versions du Liber Iudiciorum et du livre de sermons Les Homilies d'Organyà.
1229 et 1232 : Jacques I d'Aragon « le Conquérant », originaire de Montpellier, conquiert les îles de Majorque et Ibiza ainsi que Valence sur les Musulmans Almohades. Le catalan, non encore différencié de l'occitan médiéval, remplace la langue arabe comme langue officielle.
1275 : Raymond Lulle (Ramon Llull) (1235-1315) écrit le Livre du Gentil et des trois Sages (Llibre del gentil i els tres savis), dont le sujet est la théologie des trois monothéismes. On considère qu'il s'agit là de l'acte de naissance du catalan comme idiome reconnu et comme langue littéraire indépendante de l'occitan.
Du **I au **V siècle, influence de la littérature occitane et des troubadours.
1490 : publication à Valence du roman chevaleresque Tirant le Blanc (Tirant lo Blanc), écrit par Joanot Martorell.
Après l'anne**on du Roussillon, du Conflent, de la Cerdagne et du Vallespir, Louis **V interdit le catalan dans l'administration par son édit du 2 avril 1700.
**X siècle : après une éclipse au XVI siècle et au XVIII siècle, on assiste à une renaissance (Renaixença) des lettres catalanes, induite par le romantisme, tant en poésie avec Jacint Verdaguer (1845-1902) ou Joan Maragall (1860-1911), que théâtre avec Àngel Guimerà (1845-1924) et roman avec Narcís Oller (1846-1930).
1912 : Pompeu Fabra (1868-1948), grammairien et le**cographe, publie sa grammaire qui unifie l'orthographe catalane (Gramàtica de la llengua catalana).
le 29 avril 1931, la Seconde République espagnole, deux semaines après sa naissance, décrète le bilinguisme catalan-espagnol dans l'enseignement en Catalogne.
1934 : des intellectuels catalans proclament solennellement que le catalan contemporain était une langue distincte de l'occitan dans le manifeste Desviacions en els conceptes de llengua i de pàtria rejetant ainsi l'idée d'une nation panoccitane incluant les pays catalans.
le 29 juillet 1936, pendant la Révolution Sociale est institué, notamment avec Joan Puig i Elias, le Conseil de l'École Nouvelle Unifiée (es) (CENU) qui généralise l'enseignement en catalan.
1967 : premier concert du chanteur catalan Lluís Llach (1948-), symbole de résistance de la langue catalane contre le franquisme (chanson L'Estaca).
1979 : avec l'autonomie de la Catalogne et des autres communautés autonomes de langue catalane, le catalan regagne son statut de langue coofficielle, perdu depuis la fin de la II République espagnole (1931-1936).
1993 : premier discours en catalan à l'Organisation des Nations unies, prononcé par Òscar Ribas Reig, lors de l'entrée de l'Andorre à l'ONU.
2005 : le 16 novembre, le président du Comité des régions Peter Straub signe un accord qui pour la première fois, permet l'usage du catalan, du basque et du galicien dans une institution de l'Union européenne. L'ex-président de la Généralité de Catalogne, Pasqual Maragall (qui a été président du Comité des régions de 1996 à 1998) s'est adressé officiellement et pour la première fois au Comité des régions en catalan.
Écriture et orthographe
Le catalan utilise l'alphabet latin enrichi de digrammes, de signes diacritiques (accent aigu, accent grave, point médian dans le digramme l·l (appelé : ela geminada), cédille sous c, tréma) et de lettres diacritiques (u après g et q, i devant x et g). Il e**ste de nombreuses diphtongues, représentées par des paires de voyelles.
L'alphabet est le suivant :
a (à), b, c (ç), d (dj), e (é, è), f, g (gu, ig), h, i (í, ï), j, k, l (ll, l·l), m, n (ny), o (ó, ò), p, q (qu), r (rr), s (ss), t (tg, tj, tx), u (ú, ü), v, w, x (ix), y, z
Les lettres entre parenthèses sont les variantes possibles (avec diacritiques, dans des digrammes…) qui ne comptent pas comme lettres indépendantes. On classe les voyelles portant un accent aigu après les simples et avant celles portant le grave puis le tréma.