Vue de La Bastille et de la Seine lors de la Fronde en ** (œuvre de Sauveur Le Conte).
La Bastille ou Bastille Saint-Antoine, anciennement fort et bastide Saint Anthoine lez Paris, est une forteresse élevée à l'emplacement du débouché de la rue Saint-Antoine sur l’actuelle place de la Bastille à Paris. Elle fut entièrement détruite après la Prise de la Bastille le 14 juillet 1789.
Histoire
Forteresse
En 1367, le Roi Charles V ordonna la construction du fort. Il était destiné à défendre la porte Saint-Antoine et les remparts de l’est de Paris devenus plus vulnérables. Il servait aussi à protéger le roi en cas de révolte du peuple parisien car il pouvait sécuriser la route reliant la résidence du roi à l'hôtel Saint-Pol au château de Vincennes où le roi Charles V veut établir le centre administratif du royaume. La « Bastille » ou « Bastille Saint-Antoine » ou encore « fort et bastide Saint Anthoine lez Paris » était initialement un véritable château et un arsenal. La construction ordonnée en 1367, eut lieu durant le règne de Charles V, de 1370 à 1383, et fut établie sous la direction du prévôt de Paris Hugues Aubriot qui posa la première pierre le 22 avril 1370, sur le modèle à quatre tours courant à l’époque. Les autres tours furent ajoutées ultérieurement. Elle faisait 66 mètres de long pour 34 mètres de large et 24 mètres de hauteur au niveau des tours, et était entourée d’un fossé de 25 mètres de largeur par 8 mètres de profondeur alimenté par les eaux de la Seine. Les huit tours se nommaient tours du Coin, de la Chapelle, du Trésor, de la Comté, de la Bertaudière, de la Basinière, du Puits et de la Liberté. L’entrée se faisait par la rue Saint-Antoine et donnait sur la Cour de l’Avancée qui abritait des boutiques et une caserne. Son premier capitaine gouverneur fut nommé par Charles VI, dès 1386, en la personne de son chambellan Jehan de La Personne, vicomte d'Acy, ancien compagnon de Bertrand du Guesclin et qui avait été déjà chambellan sous les deux règnes précédents. À la même époque fut édifié le donjon de Vincennes. Le Château de Montagu, édifié par le surintendant des finances de Charles VI, Jean de Montagu, à Marcoussis, est un exemple proche des choix d'architecture retenus pour la forteresse de la Bastille.
La Bastille sur le plan de Truschet et Hoyau (c.1550).
Elle appartenait au système défensif de l'enceinte de Charles V mais très vite, son utilité militaire s’avérant médiocre – « assiégée, elle s’est toujours rendue » – une nouvelle enceinte fut construite. La forteresse fut occasionnellement prison d’État sous Louis XI puis utilisée comme entrepôt d'armes et lieu de réception par François I, comme coffre-fort des richesses royales sous Henri IV.
Durant la Journée des Barricades (huitième guerre de religion), la Bastille se rendit le 13 mai 1588 et Jean Bussy-Leclerc en devint le gouverneur. À la chute de la Ligue et l'entrée d'Henri IV à Paris le 22 mars 1594, le gouverneur de la Bastille refusa de rendre la forteresse qui fut assiégée et résista quatre jours.
Sully, nommé gouverneur en 1602, y abrita le trésor royal dans la tour du même nom, qu’on désigna alors sous le terme de « buffet du roi ».
La Bastille est à nouveau prise durant la Fronde en ** et un Frondeur en est nommé gouverneur : La Louvière, fils de Pierre Broussel. C'est à cette époque que se situe un des épisodes les plus rocambolesques de l'histoire de la forteresse. Le 2 juillet 1652, lors de la bataille du faubourg Saint-Antoine, le prince de Condé est en difficulté face aux troupes royales dirigées par le maréchal de Turenne. Sa cousine, M de Montpensier, dite la Grande Mademoiselle, obtient alors de son père Gaston d'Orléans l'autorisation de faire tirer les canons de la Bastille sur les troupes royales pour le sauver et lui permettre d'entrer dans Paris.
Prison
Oubliettes de la Bastille - Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle, par Eugène Viollet-le-Duc.
Plan de la Bastille
La Bastille fut utilisée occasionnellement comme prison dès le règne de Louis XI.
Pendant les troubles des guerres de religion, elle servit de prison à des Grands du royaume comme François de Montmorency (1574-1575), Charles d'Angoulême (1604-1616), ou encore le prince de Condé (1616-1619). Sous la domination de la Ligue, La Bastille abrite l'écrivain Montaigne (1588), les magistrats du parlement de Paris restés fidèles au roi dont le premier président Achille de Harlay, et l'artiste protestant Bernard Palissy qui y meurt.
C’est le cardinal de Richelieu qui la transforma en prison d’État à laquelle restent attachées les lettres de cachet, lettres signées du roi (ou le plus souvent de ses ministres) ordonnant un emprisonnement sans jugement. Paris dispose de plusieurs types de prisons : prisons ordinaires, Hôpital général et prisons d’État (Vincennes, For-l'Évêque). La Bastille était une prison plutôt confortable pour les personnes de qualité (nobles, grands bourgeois) emprisonnés dans les cellules (au nombre de 42), elles mangeaient tous les jours « à la table du gouverneur » (non avec lui mais bénéficiant du même repas que lui). Ces cellules disposaient de grandes pièces avec repas fins et d’un domestique si ce dernier acceptait (tel le domestique du banquier de Gérard Michel de La Jonchère qui a partagé le sort de son maître mais finit par ne plus le supporter, sans pouvoir ressortir), de meubles et d'une cheminée avec bois de chauffage (grâce à la « pistole »). Les prisonniers royaux sont autorisés à correspondre avec l'extérieur, recevoir des visites et jouissent d'une relative liberté de mouvement au sein de la forteresse. Le marquis de Sade y fut détenu cinq ans et demi. La Bastille comportait également depuis la fin du XVII siècle un quartier beaucoup moins agréable pour les prisonniers communs. Ceux-ci vivaient de la charité et du « pain du roi », y étaient parfois enchaînés ; on les appelait les « pailleux », car ils dormaient sur une paillasse dont on changeait la paille une fois par mois. La prison disposait aussi de six cachots (et non d’oubliettes), dont un aménagé en salle de torture, situés à six mètres de profondeur au niveau des douves et qui servaient de punition aux prisonniers insubordonnés comme le fameux Latude (Louis XVI fait supprimer ces cachots, tout comme la question et les lettres de cachet qu'il abolit le 26 juin 1789). Sous Louis XV qui adoucit le régime carcéral à partir de 1750, on retrouve beaucoup de convulsionnaires et jansénistes accusés de crime de lèse-majesté. Entre 1661 et 1789, un prisonnier sur six est embastillé pour « faits de lettres » (libraire, imprimeur, colporteur ou auteur de libelle).
Intérieur de la Bastille en 1785
L'arrivée d'un nouveau prisonnier est annoncée par une sonnerie de cloche. Les boutiques avoisinantes (notamment les échoppes le long du fossé qui sont louées au Gouverneur) ferment alors et les gardes se couvrent le visage pour ne pas voir le visage du nouveau venu. Ce culte du secret motive également l'enterrement des prisonniers de nuit sous de faux noms. Il participe grandement au mythe de l'homme au masque de fer.
Reconstitution de La Bastille médiévale par Theodor Josef Hubert Hoffbauer.
Le premier témoignage écrit sur la prison sont les pseudo-mémoires d'un calviniste, Constantin de Renneville, qui donne une vision noire de la Bastille et son arbitraire, l'opposant à la Tour de Londres. Les récits « antibastillonnaires » se multiplient : deux ouvrages publiés à l'étranger poursuivent cette dénonciation et participent à la construction de la légende noire (lettre de cachet en blanc, tortures, exécutions sommaires) de la Bastille : Mirabeau avec Des lettres de cachet et des prisons d'État (Hambourg, 1782) et Simon Nicolas Henri Linguet, Mémoires sur la Bastille (Londres, 1783). Un historien qualifie la Bastille de rendez-vous des intellectuels puisque s’y retrouvaient aussi bien Voltaire (par deux fois en 1717 et 1726) que des pamphlétaires comme Linguet ou Brissot, victimes de la censure. Cette mauvaise réputation de la Bastille qui a commencé dès avant la Révolution, est remise en cause par certains historiens du XIX siècle, tel Frantz Funck-Brentano, qui, par opposition à la tradition jacobine, ne craignent pas de parler « des égards, du confort, des bons soins » de cette prison.
C’était aussi un gouffre financier pour Louis XVI, en raison à la fois du traitement du gouverneur d’environ 60 000 livres mais aussi de l’entretien du personnel, nombreux, ou de la nourriture. Necker, qui avait déjà fermé le donjon de Vincennes, souhaitait la faire abattre dès 1784. Le peuple ne craint plus ce bâtiment en 1789, mais les cahiers de doléances de la ville, rédigés par des acteurs de la fronde des parlements, demandaient sa destruction et son remplacement par une place avec un monument à la Liberté retrouvée. Comme toute forteresse imposante, elle marquait le paysage parisien et rappelait l'autorité du roi (comme la tour du Temple).
La hiérarchie à l'intérieur de la prison
Le gouverneur, dont la charge est vénale, gère et dirige la prison. Il vit dans une maison d'une Cour de la Bastille, entourée d’un jardin à la française. Il est assisté par un lieutenant de roi responsable de la sécurité et d'un major chargé de l’économat, des archives. Les employés en contact direct avec les prisonniers (promenade, repas) sont les porte-clefs. Le « capitaine des portes » est l'officier responsable de l'entrée et la sortie de la prison. La surveillance de la forteresse est assurée par des « invalides », en faction de jour comme de nuit à l’intérieur et à l’extérieur de l'enceinte, tandis que le repas et les promenades des prisonniers sont assurés par les porte-clefs sous l’autorité des officiers. On trouve aussi comme personnel logeant un service médical, un chapelain et un confesseur.
Le nombre de prisonniers
Vu le nombre de ses cellules, la prison ne peut accueillir plus de 45 prisonniers en même temps, elle atteint un maximum d'une soixantaine de détenus sous Louis XIV, seuls 1,5 % d'entre eux y meurent officiellement. Du XIV au milieu du XVIIsiècle, elle aurait reçu 800 prisonniers, le nombre passe à 5 279 entre 1659 et 1789 (avec une durée moyenne de détention de quelques mois à deux ans : 57 % des prisonniers restent moins de 6 mois, 28 % entre 1 et 4 ans) : 2 320 sous Louis XIV, 1 459 sous la Régence, 1 194 sous Louis XV et 306 sous Louis XVI.
En 1789, il n'y avait que 7 prisonniers à la Bastille, et leurs conditions d'incarcération étaient assez souples : leurs cellules n'étaient même pas fermées. Ces prisonniers n'étaient d'ailleurs pas symboliques puisqu'il y avait 4 faussaires, 2 fous et un criminel. Aucun d'eux ne retrouvera d'ailleurs la liberté.
Gouverneurs de la Bastille
La Bastille fut achevée en 1383. Les premiers dignitaires, responsables militaires de la Bastille, étaient anciennement appelés capitaines gouverneurs du fort et bastide Saint-Antoine .
Enluminure parisienne. Le maître d'ouvrage fait visiter la fin du chantier à Charles VI, son chambellan La Personne, en rouge, et la Cour.
Prise de la Bastille le 14 juillet 1789
Prise de la Bastille, par Jean-Pierre Houël.
La Bastille fut prise d’assaut le 14 juillet 1789 par le peuple parisien (une grande majorité des émeutiers venant du faubourg Saint-Antoine) venu chercher de la poudre après avoir récupéré des armes aux Invalides. Ils libérèrent aussi les sept prisonniers de la forteresse.
Des délégations essayent de négocier avec le gouverneur de la Bastille Bernard-René Jordan de Launay, en vain. Après la prise de la forteresse, ce dernier fut emmené sur la place de Grève, où il eut la tête coupée. Les révolutionnaires auxquels se sont ralliés certains membres de la garde bourgeoise et des Gardes Françaises s'emparent notamment de ses archives, les dispersent en partie (avec les meubles et la vaisselle) dans les fossés de la forteresse mais les collectionneurs, notamment Beaumarchais, mettent rapidement la main sur certaines. Dès le 15 juillet, les autorités municipales tentent de les récupérer. Elles sont conservées à la Bibliothèque de l’Arsenal en 1798, dont le directeur est alors Hubert-Pascal Ameilhon, et cataloguées depuis le XIX siècle (60 000 dossiers comprenant 600 000 feuillets, essentiellement des lettres de cachet, interrogatoires, suppliques au roi, rapports de police, correspondances de l'embastillé).
La prise de la Bastille est aujourd’hui considérée comme le symbole de la Révolution française dont elle marque le commencement.
Cependant, la fête nationale française commémore la fête de la Fédération, le 14 juillet 1790, qui coïncidait avec le premier anniversaire de la prise de la Bastille.
Démolition de la Bastille
Pierre de la Bastille (conservée à la mairie de Pontoise)
Miniature de la Bastille sculptée dans une pierre de la Bastille (musée Carnavalet).
La Bastille fut abattue à partir du 15 juillet 1789 par un entrepreneur privé, Palloy, qui vendit une partie des pierres en guise de souvenirs (pierres sculptées représentant la Bastille en miniature), dont un certain nombre furent vendus en province (Palloy fit faire également des maquettes de l'édifice qui furent envoyées dans tous les chefs-lieux des départements français). Le chantier de démolition dura jusqu'en 1806.
On peut y ajouter la transformation en objets de piété et de culte, de tout ce qu’il put récupérer sur les boiseries et les ferronneries de la vieille forteresse. La plus grande part a servi à construire le pont de la Concorde. Le marquis de La Fayette envoya une des clés de la Bastille à George Washington, l’une des grandes figures de la Révolution américaine et premier président des États-Unis. Elle est aujourd’hui exposée à la résidence de Mount Vernon, transformée en musée. Une autre des clés fut envoyée à Gournay-en-Bray, lieu de naissance, du premier révolutionnaire à être entré dans la Bastille, Maillart. Cette dernière clé a depuis disparu.
C'est à la fonderie de Romilly, dans l'Eure, qu'ont été conservées jusqu'à sa fermeture l'horloge et les cloches de la forteresse. Le carillon quant à lui se trouve actuellement au Musée européen d'art campanaire, à L'Isle-Jourdain (Gers)
La disparition de la Bastille n'empêche pas son mythe de renaître dès la Révolution sous la forme d'une mode « à la Bastille » (bonnet, souliers, éventails…).
Détenus célèbres
La prison de la Bastille abrita entre autres :
Moyen Âge
Hugues Aubriot, fondateur de la Bastille
Jacques d'Armagnac, duc de Nemours
Louis de Luxembourg, connétable de Saint-Pol
Antoine de Chabannes
Guillaume de Haraucourt, évêque de Verdun
Guerres de religion
Anne du Bourg (1559)
le vidame de Chartres (1560), ancien favori de la reine Catherine de Médicis
François de Montmorency (de 1574 à 1575), beau-frère du roi Charles IX
Michel de Montaigne (1589), écrivain et ancien maire de Bordeaux
Achille de Harlay, premier président du parlement de Paris
Bernard Palissy, artiste protestant
Règne d'Henri IV et de Louis XIII
Biron, favori d'Henri IV (il est décapité dans la cour de la Bastille)
Charles d'Angoulême (de 1604 à 1616), fils naturel de Charles IX
Henri, prince de Condé (de 1616 à 1619), deuxième prince dans l'ordre de succession au trône de France
Éléonore Galigaï (1617), favorite de la reine Marie de Médicis
Louis, cardinal de Guise (1620), frère du duc de Guise
François de Bassompierre, ancien favori d'Henri IV
Bussy-Rabutin
Règne de Louis XIV
Louis d'Astarac de Fontrailles
Le mystérieux Masque de fer
Gatien de Courtilz de Sandras, emprisonné plusieurs fois
Nicolas Fouquet, Jean Pecquet et Paul Pellisson (décembre 1661 - 26 février 1665)
Louis-Isaac Lemaistre de Sacy, bibliste janséniste de 1666 à 1668.
les membres du complot de Latréaumont, en 1674, avant leur exécution : le chevalier de Rohan, la marquise de Villars, le chevalier des Préaux, et le philosophe Franciscus van den Enden.
le maréchal de Luxembourg, dans le cadre de l'Affaire des poisons, mais rapidement libéré.
John Vanbrugh, jacobite, prisonnier politique.
Jean Trouin, alchimiste.
Michel Boucheix, peintre et alchimiste.
Régence et règne de Louis XV
La Bourdonnais
Fréron
Lally-Tollendal
Latude
Laurent Angliviel de La Beaumelle
Jean-François Marmontel
Claudine Guérin de Tencin
Voltaire
Le Prévôt de Beaumont
André Morellet
Louis François Armand de Vignerot du Plessis, duc de Richelieu
Beaumarchais
Louis-René Caradeuc de La Chalotais
Règne de Louis XVI
Simon-Nicolas-Henri Linguet de 1780 à 1782
Le cardinal Louis de Rohan, la comtesse de la Motte, et le comte de Cagliostro, tous impliqués dans l'Affaire du collier de la reine
Armand Tuffin de La Rouërie, en 1788 avec les députés bretons.
Le marquis de Sade, transféré quelques jours avant la prise de la Bastille
Brissot, pour un libelle dont il n'était pas l'auteur, innocenté au bout de 4 mois.
Le comte Hubert de Solages (voir l’Affaire de Solages - de Barrau)
Marie Nicole Le Guay dite d'Oliva (1761-1789) impliquée dans l'affaire du collier de la reine.
Détenus à la Bastille le 14 juillet 1789
Ils étaient sept :
quatre faussaires : Jean Béchade, Bernard Laroche, Jean La Corrège et Jean-Antoine Pujade, accusés d'avoir falsifié des lettres de change. Leur procès était en cours d'instruction ;
le comte Hubert de Solages, criminel enfermé durant l'Affaire de Solages - de Barrau à la demande de son père, qui payait sa pension ;
Auguste Tavernier, supposé complice de Robert-François Damiens l'auteur d'une tentative d'assassinat sur Louis XV;
le comte de Whyte de Malleville, embastillé pour démence à la demande de sa famille.
Juste après leur libération, les deux derniers furent internés à l'asile de Charenton.
Les révolutionnaires sont tellement déçus de trouver ces prisonniers en nombre si faible et manquant de prestige qu'ils en inventent un faux, appelé comte de Lorges, « un malheureux vieillard qui fut trouvé chargé de chaînes, à moitié nu, avec des cheveux et une barbe de divinité fluviale, au fond d'un cachot où ne pénétrait pas la lumière et dont les murailles suintaient l'humidité (…). Le misérable vieillard, qui gisait là depuis des années et des années, fut comme de juste porté en triomphe par les amis de la liberté aux acclamations d'un peuple en délire ».
La Bastille aujourd’hui
Reste des murs de la Bastille déposés Square Henri-Galli
Plaque apposée sur un immeuble, côté 4, indiquant la position de l'ancienne forteresse par rapport à la place et aux voies actuelles.
L'emplacement de la forteresse est marqué par les pavés de la place de la Bastille.
En 1899, lors de la construction de la ligne 1 du métro parisien des vestiges de la forteresse furent redécouverts. Ainsi, les fondations de la tour de la Liberté (celle où fut enfermé Sade) qui était alors située au niveau du n 1 de la rue Saint-Antoine, ont été démontées et reconstituées dans le square Henri-Galli.
De même, on peut trouver également un morceau du mur de la contrescarpe du fossé de la Bastille sur le quai de la station homonyme de la ligne 5 du métro (en direction de Bobigny). L'autre côté de ce mur est visible derrière une vitre dans les couloirs du métro, dans un escalier provenant de l'entrée sur le boulevard Bourdon.
Enfin, un pavage spécial a été dessiné sur la partie ouest de la place de la Bastille afin de retracer sur le sol les contours de la forteresse.
Depuis 1880, la prise de la Bastille est commémorée tous les 14 juillet, jour de fête nationale. Elle est célébrée conjointement avec un autre évènement : la Fête de la Fédération qui eut lieu un an après la prise de la Bastille, le 14 juillet 1790, sur l’esplanade du Champ-de-Mars. En 1880, lors des débats parlementaires pour l'adoption d'une fête nationale, la date du 14 juillet 1789 ne faisait pas l'unanimité parmi les députés conservateurs de l'opposition. Pour la faire accepter, le gouvernement républicain a mis alors en avant la date du 14 juillet 1790. Le régime de la Troisième République qui veut créer un consensus a laissé le choix implicite aux Français de fêter soit la date de 1789, soit celle de 1790. Depuis, l’inconscient collectif français semble bel et bien associer la fête nationale à la prise de la Bastille : une immense majorité ne se souvient que rarement du 14 juillet 1790.
Sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, le traditionnel défilé militaire fut un temps déplacé sur la place de la Bastille au lieu de l'Avenue des Champs-Élysées. Et, les pays anglophones parlent de « Bastille Day » quand ils font référence à la fête nationale française.
Divers
Ce site est desservi par la station de métro Bastille.
L’Histoire de la Bastille a été écrite par Joseph Delort (1827) et par Arnold Pujol, et Marquet (1844).
La Bastille est une chanson de Jacques Brel.
La Bastille est aussi un quartier de Saint-Jean-de-Maurienne, en Savoie.